Le psaume: une terre sacrée

le 23 novembre 2020, la Virginie,

Semaine de la fête de Thanksgiving, pandémie, rumeurs post-élections, guerre en Éthiopie, manifestations en France contre la loi de sécurité etc…. etc…la roue tourne…

De la valeur des psaumes

Rien de mieux que de commencer la semaine avec un psaume. Je ne sais pourquoi j’aime tant les psaumes … pourquoi ils me parlent autant.

Est-ce parce-qu’ils sont des textes sacrés que je les aborde avec une anticipation et une attente particulière comme le font tant de croyants avant de lire leurs écritures ?

Est-ce leur familiarité qui leur donne cette saveur bien caractéristique du mets que l’on déguste avec un plaisir renouvelé d’autant plus qu’y est associé une myriade de souvenirs et de moments inoubliables ?

Est-ce que les mots ont acquis cette patine du temps qui couvre les objets anciens et leur donne ce lustre cuivré, poli par l’usage répété de ceux qui nous ont précédé dans cette longue lignée d’ancêtres de la famille des croyants ?

Ou est-ce parce qu’on y entend le cri de l’humanité toute entière qui au milieu de ses joies et de ses peines se tourne vers des cieux qui ne seraient pas vides…

En fait, c’est cela qui me touche

Ce lieu privilégié de rencontre

entre la terre et les cieux

entre Dieu et l’être humain,

où l’on entend autant la voix de Dieu que celle de l’homme

Terre sacrée

Que celle du psaume

* * *

Psaumes 103:1 De David.
Que tout mon être loue l’Éternel!

Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Pause

Avec ça on a de quoi méditer toute une journée…

Tout ce que je suis, tout mon être...

Ça me rappelle le premier commandement «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée »

Il n’y a de place pour rien d’autre…

Aucune autre pensée que celle-là

Il n’y a de place pour personne d’autre

aucune autre personne… aucun autre être

Personne d’autre n’est digne de recevoir les louanges de tout notre être,

De recevoir toute notre admiration, toute notre dévotion, toute notre loyauté

Aucun homme, aucune femme, aucun enfant,

Aucune idéologie…

Et surtout aucun des grands de ce monde,

présidents, premiers ministres, rois, reines, empereurs,

papes, popes, pasteurs, patriarches, rabbins, imams, Dali lamas etc.…

Aucun

Que tout mon être loue l’Éternel!
Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!


Dieu est premier en tout,

C’est le pilier de notre sécurité

C’est le pilier de notre sérénité

C’est le pilier de notre liberté

Après, on peut regarder le reste…

Les vicissitudes du quotidien, notre lot de déceptions et de préoccupations,

Nos espoirs et nos désirs du jour,

Nos indignations et nos colères aussi

Mais rien ne peut entamer

Cet élan premier

Que tout mon être loue l’éternel,

Et le second qui renforce le premier

Sans oublier aucun de tes bienfaits

et comme c’est Thanksgiving c’est l’occasion de les égrener

Mais ça risquerait d’être long

Alors ce sera pour une autre fois

Mieux vaut s’arrêter là

Psaumes 103:1 De David.
Que tout mon être loue l’Éternel!

Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Gratitude

(photo: le soleil se lève une fois de plus)

Le 27 novembre,2020, banlieue de Washington (black Friday)

Hier c’était Thanksgiving : on n’a pas suivi les recommandations du ministère de la santé et on s’est déplacé… on s’est retrouvé en famille…. et on n’était pas les seuls…

. sauf quand même qu’on n’a pas changé de région (à peine un rayon de 200 km ) , que ce n’était pas toute la famille, que les enfants des familles présentes ont tous leurs classes en ligne, que tout le monde met bien son masque pour sortir et que le membre de la famille le plus âgé…a déjà eu le Covid…

Bref, la situation est quand même dramatique dans le reste du pays mais d’un autre côté peut-être maintenant que les procès devant les tribunaux pour contester les élections n’ont pas abouti, on va revenir à un monde où la vie politique à la Maison Blanche, n’est plus un spectacle constant, et où tous les matins on ne se demande plus quelle nouvelle insulte va être proférée par le tweeter en chef

du lieu…

* * *

J’en reviens au psaume 103 qui est d’actualités que ce soit le lendemain de Thanksgiving ( black Friday…qui est devenu populaire en France si j’en crois les journaux) ou un tout autre jour…

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Tous ses bienfaits… et il y en a beaucoup !

La liste, en tout cas pour moi est longue tellement longue que quelquefois je me demande pourquoi, quand je pense à un tel ou à une telle …quand je continue à recevoir des intentions de prières pour des gens dont la situation est tellement difficile et douloureuse, et il semble que ce soit une catastrophe après une autre…

Je me demande pourquoi moi et pas les autres…

Remercier Dieu pour tous ses bienfaits, c’est tellement facile et naturel quand tout va bien…

Mais aussi ça me fait me sentir coupable, quand je me mets à penser que je ne mérite pas de recevoir tous ces bienfaits que les autres n’ont pas…

(Penser qu’on ne mérite pas ce que l’on a n’est pas une mauvais chose en soi, plutôt que de dire que l’on a tout mérité, tellement on a travaillé, tellement on s’est sacrifié, tellement… tellement…)

Le problème, par contre c’est de ne pas recevoir les dons qui nous sont offerts parce-qu’on se laisse envahir par une culpabilité stérile, celle ne pas avoir droit au bonheur, ou une mentalité mater dolorosa, qui est de penser que si l’on ne souffre pas on n’est pas un ou une bonne chrétienne…

Le salut par la souffrance (tendance catholique) le salut par le travail (tendance protestante) : les deux sont faux…

Mais quelque fois aussi, l’obstacle à surmonter vient d’autre part : on pense aux bienfaits que l’on n’a pas et qu’on aimerait avoir….

Tout ce que l’on a souhaité ( ou même demandé en prière) et qui ne s’est pas réalisé, et que les autres semblent-ils ont reçu et pas nous…Et à ce moment là ce n’est plus la culpabilité mais l’amertume qui nous envahit, un sentiment d’injustice envers soi et sa famille et la question devient alors,

Pourquoi pas moi et pourquoi les autres ?

* * *

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Pour l’heure c’est le moment de la gratitude….

De prendre le temps de les égrener, un par un,

tous ses bienfaits

Et laisser de côté tout ce qui viendrait le parasiter,

la culpabilité autant que l’amertume,

Pour se laisser envelopper tout entier

par la reconnaissance!

Pas si facile que ça de le faire…

Mais tellement nécessaire

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

C’est à vous: qui dites-vous que je suis?

le 18/20 novembre 2020

Journées avec des couchers de soleil, magnifiques, la photo a été prise le 19

Marc 8 : 27:33

Jésus s’en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis?

Ils répondirent: Jean Baptiste; les autres, Élie, les autres, l’un des prophètes.

Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es le Christ.

Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.

Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre.

Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.

On en arrive maintenant aux choses sérieuses… tout à coup, le monde bascule : on commençait à s’habituer à une certaine prévisibilité du récit : polémique avec des pharisiens hostiles, explications pour des disciples durs d’oreille, guérisons, expulsion de démons, multiplication de pains et la foule…la foule qui vient de tous cotés et qui presse Jésus et les disciples…

Et vous qui dites-vous que je suis?

En lisant ce passage j’ai l’impression d’entrer en terre sacrée… cette question, et vous qui dites vous qui je suis ? est tellement centrale à tout l’évangile, que je ne peux que l’aborder avec un immense respect, en avançant sur la pointe des pieds.

Pourtant, elle arrive comme ça, sans introduction, sans coup de tonnerre annonciateur, sans crier gare…

«En chemin » précise le texte…

Pas assis confortablement à la fin d’un repas, pas au cours d’un sermon prononcé sur le versant d’une colline, mais en route avec ses disciples…

Jésus s’en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis?

La question n’est pas étonnante, humainement parlant…le rapport de Jésus avec les gens n’était pas le même que celui des disciples, qui étaient au milieu de la foule ou qui en tout cas essayaient de faire barrière entre elle et lui. En l’absence de Jésus, ils entendraient discuter très naturellement de cet homme devenu populaire et que tout le monde voulait approcher, peut-être que même, certains leur auraient demandé plus de détails sur sa personne pour se faire une idée de qui il pouvait bien être.

Ils répondirent: Jean Baptiste; les autres, Élie, les autres, l’un des prophètes.

Les réponses données sont en accord avec ce qui a été dit, précédemment à savoir qu’Hérode croyait que Jésus était le Jean Baptiste qu’il avait fait décapiter et était « revenu ». Le nom d’Élie montre le très grand respect que Jésus avait acquis auprès des foules, étant donné qu’Élie était un prophète profondément révéré où dans le livre des chroniques il est raconté qu’il n’est pas mort mais a été emporté dans les cieux.. mais aussi dans le livre de Malachi, où il est dit qu’il reviendrait avant la venue du Messie.

Le fait donc que Jésus était un prophète était une évidence pour tous mais en plus qu’on voyait en lui, un prophète d’antan montre bien que les gens qui gravitaient autour de lui, lui reconnaissaient des pouvoirs surnaturels qui le mettait dans une catégorie à part…au-dessus du simple rabbin ou même d’un nouveau prophète qui n aurait pas le prestige, l’aura ou le sceau d’authenticité de ceux mentionnés. En tout cas, l’opinion des foules sur qui était Jésus, était certainement positive contrairement à celle des pharisiens qui remettaient en cause, le fait même qu’il puisse être un envoyé de Dieu. Mais qu’elles soient positives ne veut pas dire qu’elles soient justes.

Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es le Christ.

Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.

Le qu’en dira-t-on, ou qu’en dit-on, les rumeurs, qu’est-ce qu’on dit autour de vous, qu’est-ce que les médias rapportent, ou les réseaux sociaux…on se cache derrière les opinions des autres, experts vrais ou faux, pour éviter de dire ce que l’on pense, pour ne pas se mouiller, prendre ses responsabilités, pour ne pas s’engager, prendre ses distances, rester en spectateur…

Mais les disciples ne sont pas des spectateurs qui regardent Jésus de loin, ils sont « en chemin » à ses côtés et sa question est comme un deuxième appel, en quelque sorte la question de savoir pourquoi, ils continuent à le suivre, quelle est leur motivation…

Jésus ne leur laisse pas le choix : il les oblige à se définir en leur adressant une question directe et personnelle à laquelle ils sont obligés de répondre… Pourtant, il ne suggère pas une réponse...Il ne leur demande pas s’ils croient qu’il est le Messie…Il leur pose une question ouverte.

Et la réponse de Pierre ne se fait pas attendre

Tu es le Christ

La réponse est claire mais succincte : ce n’est pas une réponse de catégorie philosophique ou théologique, tu es le Christ ( Kristos est la traduction grecque du mot Messie qui vient de l’hébreu), tu es celui qu’on attend, celui qui es venu pour remplir toutes les promesses de Dieu, pas un prophète quelconque, L’Envoyé de Dieu, écrit en lettres majuscules. En bon juif, Pierre donne une réponse qui se suffit à elle-même. Tout le monde sait ce que ça veut dire. La promesse de la venue du Messie faite au peuple juif à travers les âges, est fondamentale et elle est décrite en des termes idylliques dans les écritures…On en citera un des plus connus d’Isaïe

Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur

qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs.[…]

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.[. . .]

Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main.

Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer [. . .]

 Oui je suis le Messie, mais tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois

Et c’est là la surprise, non pas qu’il leur demande de ne le dire à personne mais que tout de suite après, Jésus rectifie le tir, « oui je suis le Messie, mais tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois… je ne suis pas le Messie que tu imagines….je ne serai pas le triomphant… je vais souffrir d’abord...je vais être condamné à mort par ces gens avec lesquels je polémique tout le temps : finalement,je vais perdre et ils vont gagner…ils vont avoir le dessus…

Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre.

La réaction de Pierre ne se fait pas attendre, sa déception n’en est que naturelle : non ce n’est pas possible, si tu es le messie tu vas triompher, tu vas toujours gagner et nous avec toi ! Le fait que Jésus mentionne qu’il va ressusciter ne l’impressionne pas du tout ou en tout cas il ne réagit pas à cette victoire sur la mort, tellement la possibilité pour Jésus de perdre est choquante… Il n’est pas possible que Pierre lui se soit trompé, que Jésus ne soit pas le Messie qu’il attendait, celui qui jusqu’à présent gagnait tous ses matchs contre les pharisiens, qui expulsait les démons et guérissait les malades, qui calmait les tempêtes, le Jésus populaire que tout le monde voulait connaître et dont tout le monde voulait s’approcher…Une autre réaction que celle-là n’aurait pas été normale ou authentique étant donné le contexte politique et religieux de la Palestine du premier siècle, étant donné le mode de penser et de croire des juifs de l’époque…

Par contre, la réaction de Jésus, et sa virulence, elle, elle est déconcertante  au premier abord:

Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.

Mais en fin de compte, on a envie de dire « touché ». On peut très bien penser que la réaction de Jésus montre qu’il n’a pas du tout envie de souffrir, qu’il ne se réjouit pas à l’idée de ce qui va lui arriver. Éviter la souffrance et la mort, c’est une vraie tentation, que la réaction de Pierre lui fait miroiter et qui est tellement attrayante qu’il doit s’en défendre à corps défendant. Il n’est pas étonnant que c’est la voix de Satan qu’il reconnaît dans cette suggestion … Jésus réagit comme il se doit face à un danger si grand. Confronté à son propre désir, Jésus ne fais pas les choses à moitié : il rejette la suggestion de toutes ses forces.

* * *

Et vous qui dites-vous que je suis?

Évidemment, l’historicité de ce passage a été remis en cause comme il s’agit d’une question aussi centrale que celle que pose Jésus : qui dites vous que je suis ? Toute la foi chrétienne dépend de la réponse que l’on fait à cette question là. Malheureusement, au lieu d’être posée comme une question existentielle, elle est trop souvent posée comme une question théologique, ce qu’elle n’était pas. C’était une question posée en chemin…pas une question statique à décortiquer. Et la réponse de Pierre était un cri du cœur !

La question du Jésus, fils de Dieu, pour Pierre, ne se posait pas dans les termes du dogme de la Trinité quand l’évangile a été écrit, et encore moins quand Jésus l’a faite. Devenue plus tard un objet de supputations théologiques sur la divinité de Jésus elle fausse notre regard sur ce passage et on croit y trouver un enjeu qui n’y est pas. Quand on l’aborde sous cette angle, elle nous empêche d’y répondre sincèrement et personnellement, autrement on ne voit pas pourquoi on devrait douter de son historicité surtout avec l’échange difficile entre Jésus et Pierre qui s’en suit.

La question aujourd’hui est simple et toujours la même : qui est-ce que tu crois que je suis ? Un sage, un homme bien, un maître à penser et à vivre, un guérisseur, un gourou, un bouddha, un prophète ( les identités que l’on donne à Jésus sont multiples aujourd’hui, des vies de Jésus, il y en a plein les rayons des librairies) ou est-ce que tu crois comme Pierre que Je suis Celui-Là, Le Seul, en qui tu peux mettre toute ta confiance, celui que ton cœur désire et qui peut répondre à toutes tes attentes, le Messie, l’Envoyé de Dieu ?

Oui je suis le Messie, mais pourtant tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois.

D’un côté, Jésus est celui qu’on attend, mais pour autant il n’est pas une projection de nos désirs, il n’est pas façonné à notre image, il n’est pas notre créature, il ne nous appartient pas. Jésus nous prévient tout de suite, pour que nous ne nous enthousiasmons pas trop vite, qu’il n’est pas le héros auquel nous aspirons, celui qui gagne toujours et qui ressort indemne de ses confrontations avec l’ennemi. L’idée de la gloire que vous voulons lui donner, des victoires que nous voulons qu’il gagne, ne sont pas les siennes : elles passent par la souffrance. Et une fois posée ce rectificatif important, sur le qui il est vraiment, viendra la question de si l’on veut dans ces conditions, faire chemin avec lui.

Mais ça, ce sera pour une autre fois…

(Les douze coups de minuit ont déjà sonné depuis longtemps!)

Un miracle singulier

(image: el Lazarillo de Tormes colección del museo del Prado)

le 17 novembre, 2020,

( le thermomètre va descendre au-dessous de 0 ce soir)

Marc : 22-26

Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu’on le pria de toucher.

Il prit l’aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s’il voyait quelque chose.

Il regarda, et dit: J’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent.

Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l’aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement.

Alors Jésus le renvoya dans sa maison, en disant: N’entre pas au village.

On en était resté avec le Jésus impatient, énervé devant l’incompréhension des disciples avec cette phrase : « Ne comprenez-vous pas encore? » question qui ne trouve pas de réponse, car elle est suivie tout de suite par la mention de leur arrivée à Bethsaïda, une indication de lieu et comme on l’a déjà remarqué, si le est bien souvent précisé dans ce récit le quand lui, ne l’est que très rarement…

En tout cas, on est en terrain familier, avec le récit d’une guérison et je dois avouer qu’a priori ça ne m’intéresse pas particulièrement…une guérison de plus…assortie d’une demande de ne pas la divulguer et de faire de cette guérison une affaire privé en s’éloignant du village? Ça on l’a déjà vu avant :qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de nouveau ?

Peut-être que ce qu’il y a de différent est que Jésus ne réussit pas du premier coup…et qu’il doit s’y prendre à deux reprises pour que la guérison soit totale ?

Toujours est-il que cet aspect là de l’histoire, tout le monde l’a remarqué : J’ai entendu des tas d’interprétations sur ce texte dans les milieux où la pratique de la guérison est monnaie courante et qui cherchent une méthodologie ou une explication quand une guérison qu’on a demandé n’a pas eu lieu. .. Est-ce que cela veut dire qu’une guérison peut se faire en étapes et qu’il faut de nouveau imposer les mains sur un malade s’il n’est pas guéri du premier coup ?

(Ou plus simplement qu’il n’y a pas de méthode qui tienne et que si Jésus ne guérit pas deux fois de la même manière c’est qu’il n’est pas un simple guérisseur professionnel qui suivrait un protocole bien précis… en demandant en plus des cadeaux ou de l’argent…pour obtenir des résultats)

Mais aussi dans les études exégétiques les analyses sur le sujet abondent et optent pour une interprétation symbolique ( la cécité spirituelle qui est levée peu à peu) ou la marque d’une composition subtile de la part de l’auteur Et on évoque bien d’autres choses encore. pour expliquer cette guérison en deux étapes…

Mais cette fois-ci, les explications et analyses que j’ai lues ne m’ont pas convaincu et m’ont semblé artificielles, convenues… a priori cet épisode me semble tenir seulement sur la foi de l’événement sans besoin de commentaire… alors je préfère le laisser tel quel et ne pas en rajouter..

* * *

Plutôt donc que de me concentrer sur le miracle lui-même, même si son déroulement apparaît comme singulier, ce sont les rapports humains autour de l’épisodequi me semblent notoires. Tout d’abord, ce n’est pas l’homme qui est frappé de cécité qui est venu chercher Jésus mais des gens de son entourage, ce qui me rappelle la condition des handicapés dans beaucoup de sociétés encore, où ils dépendent totalement de la bonne volonté d’autrui.

( L’image de l’aveugle évoque à mon esprit toute une littérature espagnole comme dans El Lazarillo de Tormes, mais aussi africaine où un aveugle et son compagnon, sont au centre de nombreuses histoires, où souvent l’aveugle y est victime de la malveillance et de la cruauté de son entourage, surtout dans la littérature espagnole mais beaucoup moins dans la littérature africaine. )

La deuxième remarque, c’est l’interaction de Jésus avec cet aveugle qu’il prend par la main et qu’il conduit hors du regard des autres, et j’ai envie de dire loin du regard voyeur des autres dirigé à la fois sur l’homme handicapé et sur Jésus…Jésus ne veut pas donner à voir ni sur lui ni sur celui qui va recouvrir la vue. Et là, j’y vois une marque de respect envers celui qui cesse à ce moment là d’être « l’objet » de sa charité.

La troisième remarque, c’est cette intimité physique qui s’établit entre l’homme et Jésus quand il utilise sa salive pour lui frotter les yeux…, et qui décrit un Jésus très proche qui n’a pas peur de toucher mais qui en plus, est attentif et à l’écoute d’un homme habituellement passif quand il lui demande de décrire ce qu’il voit… C’est comme si en lui posant cette question, il voulait qu’il participe lui-même au processus de sa guérison. Il lui redonne sa dignité, sa voix dans une relation de tu à tu, ayant refusé auparavant de faire de leur rencontre un spectacle et de l’utiliser pour sa gloire à lui, de l’instrumentaliser pour prouver qui il est.

( après, il aura le choix de témoigner s’il le veut mais Jésus ne fait pas comme ces prédicateurs qui demandent à ceux qui ont été l’objet de leur ministère de déclarer devant les foules et en leur présence la grandeur du pouvoir qui leur a été donné)

Après l’avoir vu affronter les pharisiens et s’énerver contre les disciples…c’est le Jésus tendre, attentif, plein de compassion mais surtout respectueux de la dignité d’autruique l’on retrouve dans ce récit. C’est une belle image de lui que nous donne Marc dans le détail de ses gestes, de ses paroles, de son interaction avec une personne handicapée, dans cette guérison  qui ne manque pas de rester singulière…

Peut-être que l’intention de Marc était tout autre mais moi c’est cette image que je retiens de cet épisode…

Les limites du pouvoir des lois

Le 16 novembre lundi, la Virginie,

(la photo est prise à l’aube: le soleil continue à se lever tranquillement malgré tout)

On est lundi, une nouvelle semaine commence..

Toujours pas de concession de la part de Trump… Combien de temps ça va durer  encore?

J’espère que les journaux se trompent et que la place que l’on donne aux personnes qui soutiennent son attitude ne sont pas aussi importantes que ça…

* * *

Je continue à enrager et à me poser des questions

Cette situation aurait été impensable, il y a 4 ans même au moment de son élection en 2016. Que s’est il passé en 4 ans pour qu’aujourd’hui ce soit possible ?…C’est vraiment affolant de penser que dans un pays comme les États Unis avec toutes les lois qui existent pour empêcher la dictature du pouvoir, une telle chose soit possible…ces mêmes lois qui semblent maintenant impuissantes face aux fausses rumeurs qui alimentent cette situation

Je dois dire que j’en veux à cette communauté évangélique (blanche) d’avoir milité et travaillé tellement pour sa réélection et convaincu tellement de monde de voter pour lui , particulièrement la communauté de ceux originaires de l’Amérique latine qui ont cru en leur croisade pour la défense des valeurs chrétiennes et ont accepté de faire alliance avec un homme qui se révèle de plus en plus dangereux !

Mais aussi j’ai honte et je leur en veux quand je pense à toutes ses fausses prophéties divulguées haut et fort qui donnaient le président sortant comme vainqueur ! Je leur en veux d’avoir sali ce beau terme d’évangélique en faisant de tous ceux qui adhèrent à un conservatisme religieux raisonné, des hypocrites de première classe et des superstitieux arriérés ! ( et Je n’ai aucun doute que Jésus aurait été le premier à les dénoncer)

Le messianisme politique, qui dira son pouvoir…qui pourra s’en préserver si les chrétiens eux-mêmes s’en rendent coupable ?

* * *

Et pourtant, c’est vieux comme le monde, pour les autorités religieuses, de s’allier au gouvernement en place pour s’assurer de garder leur pouvoir surtout quand ils sentent qu’ils sont en train de le perdre…Ce n’est pas d’hier que ça date que les chrétiens et surtout leurs dirigeants croient qu’un autre que Jésus peut sauver l’église: des empereurs aux rois en Europe et plus près de nous, tous ces dictateurs d’Amérique latine qui justifiaient leur maintien au pouvoir par la torture systématique pour sauver leur pays chrétiens des dangers du communisme athée

(Ce n’est pas d’hier non plus de penser que la révolution va pouvoir enfanter un monde messianique nouveau et sacrifier ses idéaux chrétiens pour en faire partie… ça résulte de la même tentation…)

C’est clairement de l’idolâtrie qui est condamné dans le premier commandement : « tu aimeras ton Dieu de toutes te forces de toute ton âme et de tout on esprit » et pas quelque grand homme que ce soit…au service duquel tu ne te prosterneras pas pour arriver à des fins aussi nobles semblent-elles…

Le premier commandement, seul vrai rempart contre le populisme religieux ( non pas la laïcité ni l’athéisme)

Et puis Jésus, le Messie qui est venu et s’est laissé condamner à mort plutôt que d’en appeler à la force des armes ou même en appeler à ses droits devant un tribunal.

Ce ne sont pas seulement les disciples de l’époque qui ont été déçus, ce sont tous les Pierre qui s’en sont suivis et ont oublié de se repentir de leur lâcheté cachée derrière leurs pieuses justifications.

* * *

Qui pourra sauver l’être humain de ses désirs les plus vils, de l’attrait de l’homme fort, dominateur que beaucoup rêvent d’être… le désir de devenir millionnaire, de dire tout haut toutes les turpitudes que l’on pense tout bas, de se moquer des plus faibles sans être censuré, de se faire applaudir quand on tient des propos outranciers ou mensongers, de se vanter d’être au-dessus des lois.

( tout ce qu’il a incarné à travers ses meetings et ses tweets : rien ne lui a été interdit….dans son parti, personne ne lui a reproché publiquement après d’avoir franchi les limites de l’inacceptable et surtout pas son très pieux et très religieux vice-président…)

* * *

Si les lois permettent théoriquement d’être un garde fou contre la tyrannie, elles ne peuvent sauver personne. Elles deviennent lettre morte si les hommes qui devraient les garder, cherchent à les détourner pour obtenir ce qui est contraire aux principes qu’elles étaient censées défendre…comme dans le cas présent.

En fait ce qui sauvera la démocratie américaine, ce ne sont pas ses lois, ce sont les gens de bien qui y habitent…ceux qui sont prêts à se sacrifier pour faire respecter le droit..

Ça ne sert a rien d’écrire la loi sur les tablettes quand on ne peut pas l’inscrire dans le cœur des hommes : elle n’est jamais qu’un garde fou qui risque toujours d’être renversé par une autre loi, celle du plus fort comme le disait le sieur La Fontaine («  la loi du plus fort est toujours la meilleure »)

Les lois non plus ne sont pas une panacée…

(pas plus que les miracles)

Nouvelle méditation sur la méditation

le 13 novembre, 2020, Virginie

Ce que je refuse…

créer ou imaginer un lieu artificiel où c’est nous qui sommes au centre,

un lieu qui soit le résultat de nos efforts, de nos techniques de méditation

un lieu où l’on invente Dieu et sa présence

où l’on met en jeu des ressorts psychologiques

pour créer une atmosphère particulière….

d’antichambre du spirituel

Je ne sais pas pourquoi mais,

ça me fait penser aux séances de médium,

où l’on doit se concentrer

où l’on doit suivre des protocoles bien précis

pour que l’esprit parle

( j’ai vu trop de films là-dessus.. en particulier l’un de Hitchcock dont je ne me souviens plus le titre.)

* * *

La Révélation c’est tout le contraire

C’est Dieu qui vient nous chercher là où l’on est…

* * *

Comme dans le buisson ardent

Comme Samuel qui entend une voix l’appeler au milieu de la nuit,

Comme les disciples que Jésus appellent par leur nom

Comme Paul sur le chemin de Damas

ou comme les compagnons d’Emmaüs

qui n’y croyaient plus…

Le but de la méditation

c’est de nous enseigner à nous taire

et taire tout ce qui est en nous,

toutes ces voix mensongères,

trompeuses

flatteuses quelquefois,

critiques d’autres

fausses de toute façon

pour écouter celle de Dieu

la seule qui soit vraie

la seule qui soit juste

la seule qui ne mente jamais

(Alors c’est sûr, pour pouvoir faire silence on a besoin d’aide, de pratique régulière, de rituels, de gymnastique du corps et de l’esprit )

Mais ne nous y trompons pas

Ne confondons pas les élans mystiques

Ni les extases spirituelles

avec la présence de Dieu.

Dieu vient quand il veut

et où il veut

(Même quelquefois pendant les temps de méditation ! )

Les miracles ne sont pas une panacée

le 11 novembre 2020,

(On continue à vivre dans l’inimaginable dans un espèce de limbo…toujours pas d’admission d’avoir perdu les élections de la part du président…ça commence à être pénible….en France, la pandémie continue…heureusement pas d’attentats à déplorer. On est le 11 novembre des deux côtés de l’Atlantique mais on ne fête plus la même chose…C’est bien l’armistice en France que l’on commémore, mais avec l’encensement de l’armée depuis quelques années, ici on célèbre les anciens combattants…l’armistice, la paix elles sont passées à la trappe..)

Marc 8 : 12-21

Le Jésus énervé

 Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit: Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de signe à cette génération.

Puis il les quitta, et remonta dans la barque, pour passer sur l’autre bord

Les disciples avaient oublié de prendre des pains; ils n’en avaient qu’un seul avec eux dans la barque.

Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d’Hérode.

Les disciples raisonnaient entre eux, et disaient: C’est parce que nous n’avons pas de pains.

Jésus, l’ayant connu, leur dit: Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez pas de pains? Etes-vous encore sans intelligence, et ne comprenez-vous pas?

Avez-vous le cœur endurci? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles, n’entendez-vous pas? Et n’avez-vous point de mémoire?

Quand j’ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers pleins de morceaux avez-vous emportés? Douze, lui répondirent-ils.

Et quand j’ai rompu les sept pains pour les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées? Sept, répondirent-ils.

Et il leur dit: Ne comprenez-vous pas encore?

Après avoir vu un Jésus excédé envers les pharisiens qui traitent ses miracles comme des tours de magie et lui demande de leur offrir un spectacle à sensations, on le retrouve avec ses disciples dans l’intimité particulière qu’est celle de la barque, un lieu protégé où il peut s’exprimer en toute liberté, loin des foules mais aussi de ses détracteurs. On dirait en jargon journalistique, il s’exprime « off the record » ou officieusement, ou encore en privé tenant des propos qui ne seront pas « rapportés » .

Sauf que…quand il s’agit de Jésus, il n’y a rien qu’il soit tabou de rapporter et je m’étonne quand même de la candeur du narrateur qui nous présente de nouveau un Jésus énervé…Ça ne semble plus un trait passager de sa personnalité surtout quand il se lance dans toute une diatribe envers les disciples qui n’ont pas compris ce qu’il voulait leur dire….

(en parlant avec mon mari qui lui a été élevé dans un milieu protestant/évangélique, au contraire de moi élevée dans un milieu catholique, ce trait de caractère ne le choque pas du tout alors que moi, il me gêne…est-ce par qu’il est homme et moi je suis femme ou la différence vient-elle d’un regard protestant versus un regard catholique…je me le demande. Pour autant il ne nie pas la divinité de Jésus…)

Le qui-pro-quo

Même si on n’est jamais sûr qu’il y ait une véritable continuité temporelle dans le récit de Marc, on peut imaginer que dans la barque, Jésus continue à penser à son échange avec les pharisiens qui lui ont demandé un signe et que cet échange est source de préoccupation car il montre une incompréhension totale de son ministère et représente un danger pour ses disciples. Voir en Jésus quelqu’un qui devrait être prêt à faire des miracles pour satisfaire un désir du sensationnel mais aussi une démonstration de puissance est une tentation sérieuse.

Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d’Hérode.

La mise en garde de Jésus en utilisant l’image du levain, montre qu’il s’agit d’un danger qui n’est pas apparent au premier abord mais vient d’intentions et d’insinuations, cachées, enfouies, qui se mélangent à la pâte sans qu’on se rende compte à quel point elles sont nocives… quand peu à peu toute une communauté s’en retrouve infectée.. C’est le coté pernicieux, indétectable qui le rend si dangereux. Pourquoi demander des signes entrerait dans cette catégorie?

L’exemple qui me vient à l’esprit c’est un type de théologie qui aurait besoin de miracles constants pour attester du pouvoir de Dieu et dont l’absence serait une marque d’impuissance. Un peu comme un évangile de la réussite et de la prospérité qui sous prétexte que Dieu a le pouvoir de faire des miracles, assure que tout revers ne peut être qu’un contre témoignage et le résultat d’un manque de foi.

(Certains prédicateurs garantissent à leurs adeptes des guérisons au nom de Dieu et quand ils ne se produisent pas,  ils décrédibilisent son pouvoir et plus grave encore, ils accablent celui qui n’est pas guéri ou n’obtient pas ce qu’il désire en l’accusant d’un manque de foi)

Mais les disciples ont la tête ailleurs, à des besoins plus prosaïques et plus immédiats. Une fois dans la barque, ils se rendent compte qu’ils ont oublié de prendre suffisamment de nourriture  : ils n’ont qu’un seul pain!  Ils imaginent donc que ce que Jésus dit est un reproche à leur égard.  Ce qui me rappelle à quel point,quand on se sent coupable et on croit avoir commis une faute, on interprète ce que disent les autres à la lumière de nos sentiments de culpabilité. On croit que tout le monde nous reproche un manque que nous, en réalité nous nous reprochons…

Mais Jésus ne leur reproche pas du tout d’avoir oublié des pains il s’étonne de leur préoccupation : comment pouvez être préoccupé de ne pas avoir assez à manger, quand vous savez ou devriez savoir que je peux pourvoir à vos besoins…Ne vous souvenez-vous donc pas que……. ?

Et effectivement, ça semble énorme… car on a tendance à penser que si on avait été là avec Jésus, on aurait cru plus facilement!  Mais c’est une illusion.. .Finalement, comme on a eu l’occasion de le dire auparavant, les miracles ça ne convainc personne de quoi que ce soit, même pas les disciples…

Croire n’est pas facile même quand ça nous pend au nez…

Comme je ne peux pas prétendre m’identifier à Jésus ce sont dans les réactions des pharisiens et dans celles des disciples que je me reconnais…

D’abord, demander un signe…, demander un miracle pour prouver que Dieu existe aux autres, ou pour prouver qu’on a raison, que notre théologie est la bonne ou que sais-je encore ….pour satisfaire notre goût du spectaculaire que l’on veut mettre soit disant au service de l’évangile quand c’est à notre service… …c’est ce qu’exprime le feu Henri Nouwen dans sa candeur caractéristique…

« quelquefois, je me rends compte que je suis déçu parce que je veux entendre parler d’histoires extraordinaires et impressionnantes, du style de celles qui font la Une des journaux pour en discuter avec des amis Mais il (Dieu) ne répond jamais à mon goût pour le spectaculaire Il continue à me dire : j’ai vu quelque chose de très petit et de très beau… »

La deuxième chose, c’est le « souvenez-vous » de Jésus…Le reproche qu’il fait aux disciples c’est qu’ils ne lui fassent pas confiance pour leurs besoins matériels alors qu’ils ont été témoins de deux miracles de multiplication des pains…Il les oblige à se souvenir en leur posant des questions sur des détails de l’événement…et leur demandant à y répondre, l’air de dire : mais vous étiez bien là , vous avez bien vu !

On ne voit pas quelquefois ce qui est juste sous nos yeux…et on peut peut être ne pas reprocher aux disciples de ne pas croire en Jésus, du fait même qu’ils vivaient avec lui tous les jours… .et qu’il ne portait pas d auréole, et avait  l’air »de quelqu’un d’ordinaire, d’un homme comme les autres, même si de temps en temps, il faisait des choses assez extraordinaires… c’est ça le génie de cet évangile, c’est de nous faire vivre les incertitudes et les questionnements que les disciples ont eu alors qu’ils marchaient à ses côtés dans la réalité du quotidien..,

Mais que l’on ait été les disciples qui ont vu de leurs yeux de chair les miracles qu’il a fait ou que ce soit maintenant plus de 2000 ans après sa mort et résurrection quand il a fait toutes ses preuves… il semble que quand il s’agit de miracles, on oublie et on est insatiable… On prie, Dieu répond à nos prières et nous permet de vivre des expériences miraculeuses mais le lendemain on se remet à paniquer quand on a à affronter une nouvelle crise…..

Alors il faut rappeler que bien avant la venue de Jésus les écritures demandaient au peuple juif de constamment se rappeler des miracles que l’Éternel avait fait pour eux

Mon âme, bénis l’Éternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits ! C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies ; c’est lui qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde c’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l’aigle. (psaume103)

Une bonne piqûre de rappel!

(Mais Jésus, lui qui était-il pour que ces disciples puissent croire en lui ?)

L’idéal féminin de Jésus

Marc 7: 24-30

Le 15 octobre 2020, la Virginie,

( la confirmation de la très catholique Amy Barretmère de 7 enfants.. .dont deux noirs adoptés de Haïti... à la cour suprême des États Unis va bon train.. .c’était gagné d’avance, de toutes façons…politique obligemais où la maternité prolifique de la candidate, est à l’honneur et est vantée tout particulièrement par les hommes,contrairement à Jésus dont ils se revendiquentet qui n’a jamais exprimé son admiration pour les qualités maternelles des femmes qu’il a rencontrées, les jugeant uniquement avec les mêmes critères que les hommes et qui ni leur a pas parlé non plus de leur devoir de procréation ni ne leur a enseigné à être soumise ou passive)

Jésus et les femmes..

Jésus, étant parti de là, s’en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché.

Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds.

Cette femme était grecque, syro-phénicienne d’origine. Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit:

Laisse d’abord les enfants se rassasier; car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.

 Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants.

Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille.

Et, quand elle rentra dans sa maison, elle trouva l’enfant couchée sur le lit, le démon étant sorti.

On en arrive maintenant à un épisode dans l’histoire de Jésus qui nous met tous mal à l’aise ( y compris moi a priori), l’histoire de la rencontre de Jésus avec la femme syro-phénicienne…Je dois avouer que cette fois-ci, j’ai consulté de nombreux commentaires avant d’étudier plus à fond ce passage car je voulais savoir comment les autres s’en étaient sortis…

Alors vive la traduction et la linguistique ! Beaucoup se sont concentrés sur le mot « chien » (en grec, bien entendu) en disant que le mot voulait dire « petit chien ou chiot »ce qui pouvait être interprété comme ayant une valeur adoucissante puisque le mot utilisé était un diminutif . D’autres par contre étaient sceptiques quant à cette interprétation de ce mot…un chien petit ou grand, n’en reste pas moins un terme déshumanisant…

Certains ont dit que cet épisode montrait comment Jésus avec cette rencontre « découvre » son appel envers les païens et que c’est l’occasion pour lui de remettre en cause ses propres préjugés qui faisait de lui un homme comme les autres..(alors comme on vient juste de célébrer le 12 octobre, fête de la « découverte » de l’Amérique, le mot découvrir me fait toujours un peu sourire tant il exprime un point de vue, comme si l’Amérique n’existait pas auparavant)

D’autres affirment que la divinité de Jésus fait que l’épisode tout entier était « prédestiné » à savoir que Jésus est allé dans cette maison, dans cette région particulière car il savait que cette femme allait venir lui demander de chasser le démon de sa fille et qu’il voulait montrer aux disciples que sa mission s’étendait aussi aux non juifs…

Un Jésus raciste ?

Jésus, étant parti de là, s’en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché.

Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds.

La scène en elle-même n’a rien d’étrange ( on parle de péricope en langage biblique) car l’auteur a déjà mentionné d’autres occasions où Jésus va dans une maison pour essayer d’échapper à la foule mais la précision du lieu où il se trouvait est intentionnelle même si l’auteur ne nous explique pas pourquoi Jésus se trouvait là. Il annonce aux auditeurs qu’il ne se trouvait pas en territoire juif…ou pour essayer de le mettre dans notre contexte contemporain, on dirait qu’il était dans un quartier arabe et/ ou musulman, les deux ne se superposant pas automatiquement comment on a tendance à le croire…(sauf que le rapport des forces n’étant pas le même aujourd’hui, on ne sait pas qui représente le groupe minoritaire, les juifs ou les arabes…ce qui fait que les comparaisons historiques ne sont jamais tout à fait légitimes)

Qu’on vienne déranger Jésus au milieu d’un repas (le texte ne le dit pas mais la conversation qui suit semble le suggérer) n’est pas non plus étonnant et apparaît tout à fait conforme à d’autres épisodes. Ce qui est notable cependant c’est que l’auteur insiste sur l’identité ethnique et donc l’appartenance religieuse qui y ait attaché, de la femme qui vient voir Jésus : elle n’est même pas une samaritaine qui au moins aurait des origines communes avec les juifs, il s’agit d’une appartenance à un peuple païen avec tout ce que cela pouvait représenter pour un juif religieux de rejet, de préjugés et de mépris.

 Cette femme était grecque, syro-phénicienne d’origine. 

On peut donc dire que le fait que cet épisode soit inclus dans le récit de Mark n’est pas du tout gratuit : on est en plein dans un monde qui représente l’altérité totale et une altérité qui n’est pas neutre mais au contraire ignominieuse. Confronté avec cette réalité il va falloir lire le texte jusqu’au bout pour se rendre compte comment le but du récit n’est pas du tout d’entériner les préjugés raciaux et religieux de l’époque mais au contraire de les défier…

Historiquement parlant, la teneur de la conversation entre Jésus et la femme étrangère apparaît authentique et reflète bien le type de relations qu’ils entretenaient . Cependant, en répondant à sa demande en citant un proverbe ou une sorte de dicton, Jésus prend ses distances avec ce qu’il dit : il ne fait pas une déclaration sur son infériorité il souligne que sa demande est étonnante, étant donné le mépris que les juifs ont des gens de sa race… en d’autres termes, c’est comme s’il lui disait « comment se fait- il que tu me demandes à moi une faveur, sachant que pour nous les juifs tu n’es qu’un petit chien à peine digne d’être sous la table, pour quoi croirais-tu que moi je serai différent des autres ?» (certainement, elle avait entendu les juifs utiliser ce genre de terminologie envers eux, ce qui n’enlève pas le caractère désobligeant du vocabulaire de Jésus)

D’une certaine manière, c’est le même type de réaction que celui de la Samaritaine quand Jésus lui demande à boire, elle lui rappelle que ce n’est pas normal que Jésus lui fasse cette demande, étant donné les conventions sociales (plutôt les préjugés) de l’époque…

La femme samaritaine lui dit: Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine? -Les Juifs, en effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains. –

(Alors évidemment, ici les rôles sont renversés car c’est Jésus qui demandait de l’aide à la femme et non pas le contraire, c’est donc elle qui pouvait lui tenir la dragée haute… mais elle lui rappelle clairement qu’elle est considérée comme ayant un statut inférieur.)

Une femme syro-phénicienne impertinente ?

Mais la femme ne se laisse pas démonter par ce rappel, elle ne se laisse pas se faire remettre à sa place ( contrairement à l’autre femme qui avait des pertes de sang et que l’on a rencontré plus tôt dans le récit de Marc et qui touche le manteau de Jésus pour être guérie et devient toute tremblante quand Jésus l’interroge) sa réplique est impertinente, insolente presque, elle répond à Jésus du tac au tac.

Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants.

Et c’est ici que l’on voit une femme devenir le héros ( la héroïne) de l’histoire comme il n’y en a pas beaucoup dans les évangiles car elle a l’audace de répondre à Jésus : elle ne baisse pas les yeux,elle ne reste pas silencieuse, elle est tout sauf une femme soumise, passive, qui accepte son statut d’infériorité, telle qu’on la décrit encore aujourd’hui dans les magazines chrétiens ( on nous a dit que l’Amy Barret en question, en plus d’être belle, intelligente, bien élevée, mère qui n’élève jamais la voix était de plus soumise à son mari…) et que pendant des siècles on a donné en exemple aux femmes chrétiennes…

On a raison d’en faire une héroïne, et je me demande pourquoi c’est seulement maintenant qu’on reconnaît sa valeur et qu’on veuille en faire une icône, un modèle en allant jusqu’à dire que c’est elle qui a enseigné a Jésus à ne pas avoir de préjugés ( ça va un peu trop loin) , plutôt que de nous donner comme exemple à imiter, une Vierge Marie à l’eau de rose, qui s’est soumise à la volonté de Dieu oui, mais à la volonté d’un homme, non ! (Elle n’a même pas eu besoin de se soumettre à la volonté d’un homme pour être enceinte…bon je pousse un peu trop le bouchon).

Mais c’est là que Jésus nous surprend : Jésus est admiratif ou on peut dire qu’il reste bouche bée, et en tout cas ne lui reproche pas son audace, il ne la remet pas à sa place au contraire, il lui concède sur le champ sa requête, ce qui est certainement un acte d’approbation plus parlant que quelque déclaration sur l’égalité que ce soit.

Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille.

L’audace, chez les femmes n’est pas un péché comme on nous le fait croire. Avec Jésus , elle devient vertu  !

En tant que femme, c’est cela que je vais retenir de cet épisode, non pas le choix du vocabulaire désobligeant de l époque que Jésus utilise pour s’adresser à elle, non pas ce que ça nous dit de son humanité ou de sa divinité, mais sa réaction à la réplique qu’elle fait qui met un sceau d’approbation à un type de femme qui n’a pas froid aux yeux et ne s’en laisse pas conter. Et je la retiens d’autant plus qu’elle est contraire, encore aujourd’hui au modèle de la femme parfaite et donc passive, mise en valeur dans bien des milieux chrétiens…

Étonnant que Jésus ait réagi de cette manière après avoir été corrigé et défié par une femme, étonnant aussi que l’épisode ait été rapporté dans cet évangile qui suit la vie d’un Jésus entouré d’hommes qui ont regardé la scène, étonnant Esprit Saint qui (je le crois) a présidé à la rédaction de cet évangile !

Du pouvoir politique et….des lâches

le 10 novembre, Virginie, 2020

(Il fait encore beau, l’automne s’achève et le bois est coupé)

Du jamais vu !

On continue à vivre dans le jamais vu, dans l’histoire des États Unis : un président sortant qui ne reconnaît pas avoir perdu et qui crie à la fraude dans les États où il a perdu, les mêmes États où les candidats de son parti pour le sénat ou la chambre des députés ont été élus, résultats qu’il ne conteste pas (alors qu’ils viennent des mêmes bulletins de vote )… D’une mauvais foi évidente ! on s’attendait à cela de la part de Trump, mais moi ce qui m’étonne c’est que les autres… les ténors de son parti laissent planer le doute et vont dans son sens…

(Alors effectivement légalement parlant, les résultats n’ont pas été encore certifiés mais à ce stade là, l’issue ne faisant plus de doute, la reconnaissance de la victoire de l’un et de la défaite de l’autre est une évidence…)

Ce qui m’étonne tellement, c’est le pouvoir qu’il puisse encore exercer auprès des élus de son parti qui savent très bien que les nombreuses dénonciations de fraude qu’il a fait auprès de différents tribunaux ne changeront rien ( il faudrait qu’il y en ait des milliers de votes annulés et cela dans plusieurs États, et les recours qu’il a déjà fait ont été rejetés par les juges des différents tribunaux comme étant injustifiées). Je pensais que son pouvoir se serait dégonflé comme un ballon de baudruche après sa défaite et qu’ils se rangeraient du côté de la raison et du droit.

Du coup je suis intriguée en pensant au pouvoir immense qu’ont les personnes qui exercent une autorité et combien au faîte de leur pouvoir ils apparaissent indestructibles et menaçants. Menaçants…c’est ça le mot clef, menaçants. Quand le sieur en question est colérique, on frémit à l’idée d’en être la cible.

« Rien n’est plus dangereux que la fière alliance du courroux et de la puissance » disait un certain Charles Perrault…..(et Dieu sait si ce président est colérique!)

* * *

Comment peut-on résister au pouvoir des autorités ? Quelles sortes de qualités faut-il avoir pour les confronter et les défier ? Où trouve-t-on la force et le courage pour les renverser ? Il forcent mon admiration tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont bravé le pouvoir, journalistes souvent mais dirigeants de groupes d’opposition ou simple citoyens engagés et dont beaucoup d’entre eux pour avoir dénoncé les autorités en place, ont perdu la vie.

Des hommes et des femmes de bien, des justes, il y en a toujours eu qui se sont levés contre les dictateurs, contre la tyrannie, certains sont des martyres de la foi, mais beaucoup justifient du même titre, martyres de la justice ou de la liberté.

D’où leur vient leur courage ? Quelle est leur motivation ? Comment se fait-il qu’il sont prêts à mourir pour leur cause ? Sont-ils de ceux que Jésus qualifie de « bienheureux » parce-qu’ils ont soif et faim de justice ?

* * *

Par contre à côté de ceux-la, il y en a beaucoup d’autres, le plus grand nombre d’ailleurs qui courbent l’échine devant le pouvoir, par peur ou par attrait de la puissance … les lèche-bottes comme on les appelle et tous les autres… qui sont des lâches tout simplement…

Franchement quand on y pense, les disciples de Jésus étaient de ceux-là, Pierre le plus connu qui a nié le connaître après qu’il ait été arrêté et interrogé par une simple servante d’un de ces grands de ce monde investi qui plus est d’une autorité toute religieuse…

Étonnante cette lâcheté de Pierre, étonnant que Jésus ait choisi parmi ses disciples un homme qui confronté à une crise se révélerait un de ceux-là, un de cette catégorie qui nous dégoûte tellement, celle des lâches…(pire même que celle des traites par certains côtés)

Ça veut dire qu’il y a de l’espoir pour nous,

Nous, tous qui savons si souvent être lâches…

A chaque jour suffit sa joie même en temps apocalyptique

En vrac…

le 11 septembre, Washington, 2020

Commémoration du 11 septembre, campagne présidentielle oblige, le président sortant veut montrer qu’il sait se comporter comme un président (après des révélations scandaleuses de plus sur sa manière de gouverner par dans un livre écrit par un journaliste de renom dont personne ne conteste l’intégrité mais qui n’entamera pas sa popularité auprès des inconditionnels du trumpisme) et l’autre qu’il sait être présidentiel…

Où étiez-vous ce jour là titre la méditation du jour d’un site américain ? Moi, j’étais à Nairobi et c’est une voisine (d’origine indienne en l’occurrence) qui est venue frapper à ma porte et m’a invitée à voir la télévision car nous on n’en avait pas…Étant donné les guerres en Iraq et la rhétorique agressive américaine, je n’étais pas étonnée…ce à quoi je ne m’attendais pas par contre c’est qu’au retour aux États Unis, on soit reçu avec indifférence voire hostilité dans l’église, semble-t-il parce qu’on venait de passer presque 7 ans dans des terres à majorité musulmane et ils n’avaient pas envie d’entendre dire que les musulmans n’étaient ni des monstres ni des ennemis… On s’est pris la réaction patriotique (ou nationaliste selon) en pleine figure…Les principes évangéliques en temps d’Attaque terroriste, on ne veut pas en parler

Maintenant l’ennemi n’est plus au dehors, il est au dedans, on se retrouve dans une ambiance de guerre civile, conflits raciaux mais surtout politiques qui divisent la population, tout cela combiné avec les ravages de la pandémie crée des conditions favorables à des débordements qui peuvent vite devenir incontrôlables. Cette campagne a un mauvais goût de veillées d’armes avec toutes ses milices qui se forment un peu partout et tous ses gens armés… on se demande si la démocratie américaine qui avait été exemplaire pendant tant d’années va tenir le coup.

Et malheureusement, les gens d’église au lieu de pacifier les débats jettent de l’huile sur le feu avec des sermons apocalyptiques (au sens populaire du terme) où les différences entre libéraux ou progressistes et conservateurs s’exacerbent … je préfère ne pas savoir les horreurs qui circulent sur les réseaux sociaux..

( comment pourrais-je me ranger dans la catégorie de chrétiens conservateurs quand ils luttent tellement pour le droit à avoir des armes ( your God given right to own a gun)…même si je ne suis pas une fanatique des droits de l’avortement…on a l’impression quelquefois, qu’on nous demande de choisir entre la peste et le choléra )

Pendant ce temps là, les écoles ont rouvertes… enfin, rouvertes c’est une façon de parler car ici toutes les écoles ont rouvert virtuellement ( dans celles qui ont ouvert leurs portes, on compte déjà une dizaine de profs morts du coronavirus…) Alors cette semaine, j’ai pu assisté aux aventures ou plutôt mésaventures de ma petite fille de 5 ans qui a commencé l’année devant un écran !

* * *

Enseigner à des adultes en ligne soit…mais a des enfants en CP…ça c’est une autre histoire… ! Il faut d’abord tout un protocole compliqué pour se brancher … impossible qu’un enfant puisse le faire sans l’aide d’un adulte (même si les enfants sont souvent plus doués que les adultes pour la tech) et on voit apparaître sur l’écran en plus du professeur, le visage dans un petit carré des autres élèves… Le prof essaie toutes les techniques possibles et imaginables pour faire participer les élèves et créer une ambiance de classe en demandant à chacun de se présenter ey de lever la main devant son écran ….sauf que… ça tombe à plat on n’est pas dans une salle de classe, les autres enfants ne sont pas là…

On les voit chacun chez eux certains assis sur un divan, d’autres sur une chaise un peu trop basse ou leur visage arrive juste au-dessus de la table, d’autres encore qui à peine grimpès sur la chaise redescendent pour aller faire autre chose…(la mienne finalement s’allongera par terre, et heureusement que l’ordinateur est portable, car on pourra voir quand même ses jambes et ses bras qui s’agitent, témoins de sa présence pendant que lui le professeur continuera à parler…)

Malgré tous les efforts qui sont faits pour que chaque enfant ait un ordinateur et puisse avoir un accès internet, il est évident que sans l’aide d’un adulte compétent, c’est vraiment mission impossible ce qui fait que les plus pauvres sont les plus pénalisés et l’école ce lieu privilégié où l’on peut mitiger les inégalités sociales en temps normal, quand elle est en ligne devient le lieu de l’inégalité par excellence où seuls les enfants dont les parents peuvent se payer un tuteur, pourront apprendre quoi que ce soit…

(Au moment de la grande peste de la fin du Moyen Age, maintes illustrations dans les églises insistaient sur l’égalité des conditions face à la maladie et à la mort…nobles et serfs se retrouvaient tous aux portes de l’au-delà sur un pied d’égalité… dit sous-entendu que les nobles n’avaient plus les privilèges dont ils bénéficiaient leur vie durant et enfin, les autres, les serfs corvéables à merci sur terre pouvaient enfin retrouver une forme de justice…Mais avant d’en arriver là, avant la mort…en période de peste, les inégalités au contraire se creusent…Faudrait y penser peut-être Seigneur avant debalancer des pandémies sur les êtres humains…ou de les laisser s’y installer!)

* * *

Pendant ce temps, la Californie et l’État de l’Oregon brûlent…et on attend l’arrivée de nouveaux ouragans sur la côte sud-ouest

Et en France ?

La pandémie repart, parait-il

Et puis, il y a eu des émeutes en Colombie…

Il semble que seul le Japon, dans mon tour du monde familial, en ressort indemne..

On en revient sans le vouloir au texte de l’apocalypse…la fin des temps, on a l’impression qu’on y est…

Mais fin des temps ou pas qu’est-ce que ça change ?

On continue à ne pouvoir vivre qu’un jour à la fois…

C’est toujours à chaque jour suffit sa peine

Ou à chaque jour suffit sa joie…

Et aujourd’hui (14 septembre de retour chez moi) quand je suis sortie, il faisait frais..et je me suis réjouie que l’automne arrivait…