Le Psaume: terre sacrée

le 23 novembre 2020, la Virginie,

Semaine de la fête de Thanksgiving, pandémie, rumeurs post-élections, guerre en Éthiopie, manifestations en France contre la loi de sécurité etc…. etc…la roue tourne…

De la valeur des psaumes

Rien de mieux que de commencer la semaine avec un psaume. Je ne sais pourquoi j’aime tant les psaumes … pourquoi ils me parlent autant.

Est-ce parce-qu’ils sont des textes sacrés que je les aborde avec une anticipation et une attente particulière comme le font tant de croyants avant de lire leurs écritures ?

Est-ce leur familiarité qui leur donne cette saveur bien caractéristique du mets que l’on déguste avec un plaisir renouvelé d’autant plus qu’y est associé une myriade de souvenirs et de moments inoubliables ?

Est-ce que les mots ont acquis cette patine du temps qui couvre les objets anciens et leur donne ce lustre cuivré, poli par l’usage répété de ceux qui nous ont précédé dans cette longue lignée d’ancêtres de la famille des croyants ?

Ou est-ce parce qu’on y entend le cri de l’humanité toute entière qui au milieu de ses joies et de ses peines se tourne vers des cieux qui ne seraient pas vides…

En fait, c’est cela qui me touche

Ce lieu privilégié de rencontre

entre la terre et les cieux

entre Dieu et l’être humain,

où l’on entend autant la voix de Dieu que celle de l’homme

Terre sacrée

Que celle du psaume

* * *

Psaumes 103:1 De David.
Que tout mon être loue l’Éternel!

Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Pause

Avec ça on a de quoi méditer toute une journée…

Tout ce que je suis, tout mon être...

Ça me rappelle le premier commandement «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée »

Il n’y a de place pour rien d’autre…

Aucune autre pensée que celle-là

Il n’y a de place pour personne d’autre

aucune autre personne… aucun autre être

Personne d’autre n’est digne de recevoir les louanges de tout notre être,

De recevoir toute notre admiration, toute notre dévotion, toute notre loyauté

Aucun homme, aucune femme, aucun enfant,

Aucune idéologie…

Et surtout aucun des grands de ce monde,

présidents, premiers ministres, rois, reines, empereurs,

papes, popes, pasteurs, patriarches, rabbins, imams, Dali lamas etc.…

Aucun

Que tout mon être loue l’Éternel!
Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!


Dieu est premier en tout,

C’est le pilier de notre sécurité

C’est le pilier de notre sérénité

C’est le pilier de notre liberté

Après, on peut regarder le reste…

Les vicissitudes du quotidien, notre lot de déceptions et de préoccupations,

Nos espoirs et nos désirs du jour,

Nos indignations et nos colères aussi

Mais rien ne peut entamer

Cet élan premier

Que tout mon être loue l’éternel,

Et le second qui renforce le premier

Sans oublier aucun de tes bienfaits

et comme c’est Thanksgiving c’est l’occasion de les égrener

Mais ça risquerait d’être long

Alors ce sera pour une autre fois

Mieux vaut s’arrêter là

Psaumes 103:1 De David.
Que tout mon être loue l’Éternel!

Que tout ce que je suis loue le Dieu saint!

Que tout mon être loue l’Éternel,
sans oublier aucun de ses bienfaits.

Le sexe des anges ou le Dieu vivant?

le 12 juin 2021,

“Je suis le Dieu des vivants””

C’est bientôt l’été mais c’est aussi le temps des coquelicots…ils sont vraiment magnifiques et on a envie d’en faire des bouquets…mais malheureusement ils ne tiennent pas : dès qu’ils sont cueillis ils meurent ! Et pourtant dit Jésus, Dieu les a habillés mieux que ne le seront jamais les grands de la terre, alors pourquoi vous préoccupez du lendemain…

Marc 12 : 18-25

Du sexe des anges ?

Tout le monde connaît l’histoire des discussions sur le sexe des anges…il a fallu que je me rafraîchisse la mémoire pour me rappeler des détails : on est à Constantinople en mai 1453, la ville est assiégée par les turcs et pendant ce temps -là les théologiens du moment discutent du sexe des anges….et évidemment la ville tombe entre leurs mains ( des turcs… pas des anges!)

Même si à l’époque, Jérusalem n’était pas assiégée ( elle était déjà tombée entre les mains des romains) la discussion qui suit dans cette partie du récit de l’évangéliste me fait penser à ces discussions oiseuses et futiles qui pourtant enthousiasment beaucoup et qui non seulement ne servent à rien mais pire encore détournent les gens de l’essentiel. Les auto-nommés théologiens sont les rois dans la matière, surtout pour ce qui à avoir avec la mort et l’au-delà (qui fascine car il restera toujours une part de mystère) et gare à celui qui ne croit pas exactement comme eux, il sera tout de suite mis dans la catégorie des hérétiques, cette catégorie qui perdure de nos jours même si on ne les brûle plus au bûcher. Mais rien de nouveau sous le soleil, les chrétiens d’aujourd’hui et d’hier ne sont ni les derniers ni les premiers à déblatérer sur des sujets stériles…

Les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette question:

Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si le frère de quelqu’un meurt, et laisse une femme, sans avoir d’enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à son frère.

Or, il y avait sept frères. Le premier se maria, et mourut sans laisser de postérité.

Le second prit la veuve pour femme, et mourut sans laisser de postérité. Il en fut de même du troisième,

et aucun des sept ne laissa de postérité. Après eux tous, la femme mourut aussi.

A la résurrection, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme? Car les sept l’ont eue pour femme.

Jésus leur répondit: N’êtes-vous pas dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu?

Car, à la résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux.

Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu, dans le livre de Moïse, ce que Dieu lui dit, à propos du buisson: Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob?

Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes grandement dans l’erreur.

Après avoir été incapables de faire tomber Jésus dans leurs pièges, venant à la suite des représentants des sacrificateurs, ce sont maintenant les sadducéens qui prennent la relève ( intéressante la note de l’évangéliste qui doit savoir que ses auditeurs/lecteurs ne savent pas qui ils sont et donc explique qu’ils ne croyaient pas en la résurrection ce qui permet aussi d’anticiper la mauvaise foi de la question …une vraie note d’auteur ! ) Ils viennent non pas pour le piéger à proprement parler, cette fois-ci, mais se moquer de lui et de ses croyances (et celles des pharisiens en l’occurrence ) en utilisant un type d’argumentation qui ridiculise les idées d’autrui, en poussant leurs affirmations à des extrémités qui la rendent absurde.

Ça me fait penser à tous ces raisonnements nuls que l’on utilise pour prouver que Dieu ne peut pas exister et que s’il existe ile ne peut pas être Tout Puissant ! Ce qui me vient à l’esprit est celui qu’on entendait dire quand j’étais jeune… Si Dieu existe et est tout puissant alors pourrait-il créer un rocher tellement grand qu’il puisse l’écraser ?

(Maintenant que j’y repense, je me rends compte à quel point c’était bête mais je me souviens aussi à quel point ceux qui avançaient ce genre d’arguments se croyaient intelligents…bref… c’est du même ordre)

Pour mieux comprendre leur question et leur attitude, il faut se souvenir qu’ils faisaient partie, socialement parlant de l’aristocratie étant donné semble-t-il qu’il étaient considérés des descendants du grand prêtre, une appartenance à une caste religieuse certainement prestigieuse. Les détails qu’ils donnent en allant jusqu à 7, un chiffre symbolique montrent le plaisir qu’ils ont à présenter leur argumentation et ajoute au ton moqueur sur lequel est présenté leur question. Jésus les attaquent donc sur les deux fronts qui selon eux faisait leur grandeur.

(La réponse de Jésus, il faut le dire sur le fait qu’il n’y ait pas de mariage dans l’au-delà a donné lieu aussi à toutes dsortes d’interprétation :j’ai entendu citer ce texte par des gens qui voulaient à tout prix justifier un divorce arguant que comme il n’y aura pas de mariage dans l’au delà, donc le mariage ne compte pas, ni non plus la différence sexuelle )

Évidemment, le plus important, c’est la dernière remarque que Jésus fait sur Dieu, qui est d’une beauté à vous en coupler le souffle…à propos d’une question bidon, inutile et ridicule, il rappelle à ceux qui l’entoure qui est le Dieu d’Israël

Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu, dans le livre de Moïse, ce que Dieu lui dit, à propos du buisson: Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob?

Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes grandement dans l’erreur.

Il cite directement la Torah et ce passage magnifique de la rencontre emblématique entre Dieu et Moise, où Dieu révèle qui il est . Jésus montre qu’il est un théologien de première classe et pas un homme ignare qui vient du petit patelin de Nazareth, mais qui est au niveau des érudits de la grande et prestigieuse ville de Jérusalem en les ramenant aux fondements de la religion juive… la nature de leur Dieu.

Chapeau !

Et il semble que parmi les spécialistes qui l’écoutaient, il y en au moins un qui a apprécié sa réponse ( un scribe nous dit-on) et qui va lui poser une autre question, pas pour le piéger ni non plus pour le mépriser ou se moquer de lui cette fois-ci, mais parce qu’il cherche à apprendre de cet homme qui a forcé son admiration….Et la discussion qui va suivre aura un ton très différent : elle sera un vrai dialogue un vrai échange entre deux personnes sincères et honnêtes …

Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s’approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les commandements?

Cette fois-ci Jésus va se prêter au jeu sans arrière pensée et répondra directement à sa question…mais ce sera pour la prochaine fois…

* * *

Il y a beaucoup à apprendre de la méthode Jésus , pour ceux d’entre nous qui avons à défendre notre foi, qui sommes souvent interpellés pour nos croyances et qui nous nous trouvons volontairement ou involontairement engagés dans des discussions religieuses surtout avec des gens de religions différentes, ou de tradition chrétienne différente…

L’essentiel semble-t-il est de pouvoir discerner l’intention de l’interlocuteur, ce qu’il y a derrière la question qu’il pose…y- a-t-il une recherche réelle de la vérité ou un désir de piéger et de polémiquer pour polémiquer ? Comment ne pas entrer dans des discussions vaines et inutiles et couper court à ces débats sans fin sur l’existence de Dieu ou la Trinité ( ou la question de Marie entre protestants et catholiques) ou de qui sera sauvé, mais surtout de qui ne le sera pas… comment ne pas se laisser piéger par ces discussions où l’on essaie de satisfaire son ego en voulant à tout prix convaincre à coup d’arguments plus ou moins valides son adversaire plutôt que de l aider à découvrir qui est Dieu ?

Jésus démontre que débattre, ce qu’il ne refuse pas de faire, est un art que lui manie avec brio parce qu’il ne met pas son ego au centre… Il va détourner ses interlocuteurs et ceux qui l’écoutent des discussions inutiles dans lequel on veut l’engager en les recentrant sur l’essentiel :

Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants.

Vous êtes grandement dans l’erreur. !

À ça, il n’y a rien à ajouter !

Béatitudes (suite)

Le 8 juin 2021, Auvergne,

Maître nous savons que tu ne juges pas selon les apparences…

Même les détracteurs de Jésus lui reconnaissaient cette qualité, cité dans l’évangile de Marc quand les scribes sont venus le flatter pour mieux le piéger après…

Ce qui me fait me rendre compte encore combien, moi je juge selon les apparences…

A quel point mon regard sur les autres est encore entaché du milieu dans lequel j’ai été élevée,

La manière dont les gens s’habillent, dont ils se tiennent à table, s’ils sont beaux ou s’ils sont moches, s’ils sont trop gros ou trop maigres, la manière dont ils s’expriment, l’accent qu’ils ont ou qu’ils n’ont pas, le vocabulaire qu’ils utilisent et les idées qu’ils professent, leurs connaissances, leur réussite universitaire, professionnelle ou même familiale … et bien d’autres choses encore…

Bref,

Tout, sauf ce qui compte vraiment…

Il faut constamment revenir aux béatitudes, pour se remettre les pendules à l’heure,

Ça sert à ça aussi les béatitudes….

Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés,
car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice,

car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice,
car le Royaume des Cieux est à eux.

Se souvenir de ce qui compte vraiment sans oublier la fin :


Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

On a du pain sur la planche !

Béatitudes, vraiment?

7 juin, 2021, Auvergne

( Il fait frais et humide, on a rallumé le feu!)

Aujourd’hui, lundi 7 juin, la lecture du jour est un des plus beaux textes de l’évangile, on l’a appelé la carta magna du christianisme. Un texte de bénédiction qui nous inclut tous ou plutôt qui inclut toutes les personnes de bonne volonté, tous les « justes », un beau terme que les juifs ont donné à tous ceux qui avaient sauvé la vie de membres de leurs familles au temps de la Shoah, dont beaucoup ont payé de leur vie et de celles de leurs proches pour leurs actions héroïques.

Les traductions varient et on peut en préférer une plus qu’une autre mais c’est avec grand plaisir qu’on les relit car qui ne trouve pas dans une béatitude, un réconfort, un baume, une consolation, un encouragement pour poursuivre ce que nous savons tous est bien et bon. Ce texte qui met en exergue ce qu’il y a de plus noble dans l’être humain nous rappelle en même temps que le Dieu qui existe, lui aussi est du côté du bien, de la justice et de la paix et que si l’Histoire est entre ses mains, oeuvrer et désirer la justice c’est être du bon côté de l’histoire…

Heureux les pauvres en esprit,

car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux les doux,

car ils recevront la terre en héritage.

Heureux les affligés,

car ils seront consolés.

Heureux les affamés et assoiffés de la justice,

car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux,

car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs,

car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix,

car ils seront appelés fils de Dieu.

Qui ne voudrait pas être, pauvre en esprit, qui ne voudrait pas avoir le coeur pur, être artisan de paix, qui ne voudrait pas être passionnés de justice, ou miséricordieux pour recevoir tous ces bénéfices : le Royaume des cieux, la terre en héritage, voir Dieu, être appelé de ce beau mot de « fils de Dieu » sans mentionner de pouvoir être consolé quand on pleure et qu’on est affligé. N’importe qui est prêt à recevoir cet enseignement, à faire sienne ces valeurs nobles, à vouloir écouter et suivre quelqu’un comme Jésus…

SAUF QUE, SAUF QUE….

Après ça se gâte…d’ailleurs souvent on ne va pas jusqu’au bout du texte, on préfère s’arrêter en chemin…après la liste des récompenses/bénéfices que l’on reçoit, le texte prend une toute autre tournure

Heureux les persécutés pour la justice,

car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.

Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

Ces dernières déclarations, on pourrait s’en passer (d’ailleurs on s’arrête souvent avant la fin car il y a tellement à dire sur ce qui précède que l’on peut esquiver les dernières béatitudes ). Tout à coup, l’idée de bénédiction prend un virage radical…on a plus envie du tout d’être béni ! Tout à coup, ce fameux évangile de la prospérité ne colle plus, on ne peut plus faire du racolage en promettant aux nouveaux prosélytes toutes sortes de bonnes choses pour les encourager à joindre le mouvement…et ce n’est plus sur terre qu’on nous promet des bénédictions, c’est dans l’au-delà…

Heureusement, Jésus n’est pas venu seulement pour les chrétiens confortables et repus que nous sommes souvent, gâtés et jamais contents, en voulant toujours plus, il est venu pour les autres aussi, ceux qui sont persécutés, pour ces justes qui dans les époques sombres de Shoa qu’elles soient juives ou chrétiennes souffrent à cause de leur engagement et de leur foi….(et puis pour nous aussi qui ne savons pas quand viendra notre tour de marcher dans l’ombre de la mort)

Heureusement, Jésus lui ne nous ment pas et ne nous fait pas de fausses promesses mais nous prévient que le suivre  encourt des risques et peut-être dangereux ….

Heureusement!

Mais quand même «  être dans la joie et l’allégresse », quand on nous insulte et on nous calomnie, c’est beaucoup demander !

Je préfère moi aussi méditer sur le début !

Je suis le Messie

le 20 avril 2021, la Virginie

Marc 11: 1-11

( Alors qu’on s’apprête de nouveau à retourner en France je n’y comprends rien avec ce qui se passe avec le coronavirus là-bas …ça n’en finira jamais cette histoire…)

Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,

en leur disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est encore assis; détachez-le, et amenez-le.

Si quelqu’un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il le laissera venir ici.

les disciples, étant allés, trouvèrent l’ânon attaché dehors près d’une porte, au contour du chemin, et ils le détachèrent.

Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet ânon?

Ils répondirent comme Jésus l’avait dit. Et on les laissa aller.

Ils amenèrent à Jésus l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus s’assit dessus.

Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.

Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!

Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!

Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze.

Un épisode bien connu, avec tous les titres qu’on lui a donné, l’entrée triomphale à Jérusalem et qui est devenu, dans la liturgie « le dimanche des rameaux », tellement connu qu’il a été l’occasion de nombreuses représentations qui suscitent dans notre esprit des images multiples qui risquent d’obscurcir le texte…La rançon de la gloire : le rite qui fait revivre des milliers de fois un événement basé sur une réalité historique, le transforme en autre chose, lui donnant une dimension mythique allégorique qui finit par nous faire douter de son authenticité.

Un événement à contre-courant ?

Autre épisode qui arrive sans crier gare sauf, la localisation : on était en marche vers Jérusalem où Jésus a annoncé qu’il serait fait prisonnier et qu’il mourrait, ce qui est encore difficile à croire, et finalement maintenant, on est arrivé dans ce lieu fatidique.

Il y a peu d’événements dans le récit de Mark où l’on voit Jésus prendre l’initiative de « faire quelque chose » de précis. S’il est évident qu’il se sait et se veut en mission, qu’il décide où il veut aller, et qu’il est en général celui qui dicte sa volonté à ses disciples qui le suivent, on le voit souvent interrompu et approché par la foule qui le presse et dont il essaie quelquefois de s’échapper. Le récit est une série de rencontres et d’échanges à la fois avec des personnes demandeuses et des personnes qui le remettent en cause. C’est à l’occasion de ces rencontres bien souvent qu’il n’a pas sollicitées qu’il prodigue ses enseignements aux disciples et à la foule qui le suit de près ou de loin.

Dans cet épisode, on voit Jésus prendre une initiative qui semble ne pas être en cohérence avec ce qu’il enseigne : il veut entrer dans Jérusalem, pas à pied, mais assis sur un ânon, nous dit-on. Il y a une véritable mise en scène de sa part : il a tout prévu, il a déjà demandé à quelqu’un de lui prêter l’animal sur lequel il va s’asseoir et il donne l’ordre à deux de ses disciples d’aller le chercher.

Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,

en leur disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est encore assis; détachez-le, et amenez-le.

Si quelqu’un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il le laissera venir ici.

Cette partie de l’histoire s’inscrit bien dans les coutumes de l’époque : on pouvait emprunter un animal de somme pour transporter des biens ou des personnes et promettre à son propriétaire de le lui rendre après l’avoir utilisé, ce qui était réglementé dans les lois juives. L’emprunt pouvait être fait gratuitement ou il pouvait y avoir paiement mais en tout cas l’emprunteur était responsable de l’animal pendant son utilisation et devait dédommager le propriétaire au cas où il soit blessé..

Il n’y a pas de suggestion que l’emprunt soit motivé pour une raison pratique. Aucun indice de la part de l’évangéliste, sur le pourquoi de cet emprunt, sauf qu’aussitôt que l’animal lui est apporté, les disciples jettent leur manteau pour que Jésus s’assoie. Certainement un geste pour honorer Jésus et tout à coup la foule dont la présence n’est pas mentionnée auparavant, fait son apparition et forme un cortège autour de lui en l’acclamant.

Ils amenèrent à Jésus l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus s’assit dessus.

Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.

Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!

Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!

C’est une vraie procession qui est décrite, une procession où Jésus se laisse acclamer comme futur roi sans que l’on sache pourquoi. Autant pour moi, les autres scènes rapportées étaient plausibles où semblaient découler naturellement de leur contexte culturel et religieux, autant ici, j’ai du mal à le situer surtout étant donné ce qu’on a vu de la personnalité de Jésus, de ses enseignements et de l’annonce de sa mort infâme.

C’est peut-être pour ça que l’on a ajouté ou imaginé tant d’interprétations différentes à cette scène, la plus traditionnelle étant celle de l’accomplissement d’une prophétie de l’ancien testament qui est d’ailleurs mentionnée dans les autres évangiles ;  « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d’une ânesse » . Il me semble que, Jésus roi des juifs, fils de David est un concept totalement nouveau dans cet évangile à part, le cri qu’on vient juste d’entendre de l’aveugle Bartimée.

On en revient à l’énigme Jésus, avec ses titres différents, ses identités multiples, un maître qui d’une part enseigne à ses disciples à être serviteur, qu’il faut donner sa vie pour les autres mais qui d’autre part se met en situation pour être acclamé par la foule …

En tout cas, il me semble naturel de penser que ce moment d’enthousiasme des foules (programmé orchestré ou encouragé par Jésus) a nécessairement inquiété les chefs religieux qui ont vu la possibilité d’un soulèvement politico-religieux autour de lui qui mettrait en péril à la fois leur pouvoir mais aussi  l’équilibre précaire de compromis qu’ils avaient établis avec le pouvoir romain. Jésus dans cet épisode apparaît être un agent provocateur face aux autorités, dans ce temps de fête à Jérusalem, où l’on venait de partout et la ville était pleine à craquer…

Pourquoi cette provocation ? Pourquoi se payer cette entrée triomphale à Jérusalem ( même si ce n’était qu’un ânon) sachant les conséquences possibles de son acte ? Pour se faire plaisir attiré lui aussi par l’adulation de la foule ou volonté de provoquer cette arrestation le plus vite possible ?

On ne le sait pas… (et c’est un peu rageant…)

Je suis le Messie légitime

Pas de réponse psychologique, seule, un réponse théologique est possible et on ne peut pas ici éviter de l’aborder : la seule « explication plausible » nous renvoie à la question de l’identité de Jésus en faisant appel à des attributs qui relèvent de sa « divinité » de sa qualité de « sauveur de l’humanité » , de « Messie » mais aussi de « Fils ». Cette entrée à Jérusalem nous oblige à le penser comme quelqu’un qui se savait faire partie d’un dessein précis, d’une mission qui lui aurait été donnée par le Père, dont il était pleinement conscient et qu’il faisait par obéissance….

Le Jésus de Marc commence à ressembler au Jésus de la foi chrétienne dans le sens qu’on l’entend encore aujourd’hui. Il cesse ici d’être ce prédicateur juif itinérant quelconque, avec des prétentions de prophète, il assume son identité de fils de David, de « Messie », de roi légitime : significatif que le texte note que la procession termine au temple, le cœur de la vie religieuse juive. Alors qu’il ne dit pas un mot, il se déclare visiblement et clairement, le Messie du peuple juif sans que le texte ne le relève…( ce pourquoi on devrait lui être gré peut-être, lui permettant ainsi d’être simplement un témoin de l’authenticité de l’épisode.) L’évangéliste ne tire pas de conclusion de l’événement, ni ne nous donne la réaction des disciples qui avaient participé à la liesse de la foule, la seule remarque est que comme il se faisait tard, Jésus sort de la ville et retourne dans le lieu où il demeurait…

Mais comment ne pas penser aux disciples et ne pas imaginer leur perplexité ? Jésus leur a annoncé qu’il serait fait prisonnier et livré aux autorités… et voilà que c’est Jésus, le Messie traditionnel, roi des Juifs, comme ils se le sont toujours imaginé qu’ils voient défiler sous leurs yeux et qui semble prêt à prendre le pouvoir. Que croire, ou qui croire ( ne serait-ce qu’un mauvais rêve cette annonce…ou une vérité qu’il ne faut pas prendre littéralement) ? En tout cas pour l’instant, ce Jésus-là, ce Messie acclamé leur convient très bien.

* * *

A vrai dire, cet épisode ne m’inspire pas particulièrement…il m’est plus facile d’imaginer un Jésus rejeté qu’un Jésus acclamé…je ne sais pas ce que ce passage dit sur l’identité et le caractère de Jésus, mais ça en dit long en tout cas sur le caractère de celle qui le lit et le commente…..

Rendez-vous raté

21 avril 2021, la Virginie

Décès,

Quand on n’est pas là

alors qu’on aurait voulu y être,

et qu’il aurait suffit d’un rien pour qu’on y soit…

Je ne te laisserai pas mourir seule lui avais-je dit

Je serai là, pour toi…

Mais je n’y étais pas,

Et puis après,

Pas de sépulcre

Personne pour recueillir le corps

Heureusement,

Tu avais envoyé quelqu’un

Pour lui prendre la main

et faire avec elle

la prière de l’adieu

Heureusement,

Tu l’as accueillie

Toi

Après

Dans ton paradis…

Alors,

Au revoir

À toi

mais plutôt

A Dieu!

En route?

Le 27 avril 2021, banlieue de Washington

En route ?

La grandeur de l’univers, nous renvoie à la grandeur de Dieu qui elle non plus n’a pas de limites, ou plutôt on devrait dire s’ils en ont, nous les humains ne sauraient où les mettre : chaque fois qu’on en met on est obligé de les déplacer parce que l’on découvre qu’elles sont trop rapprochées… on a beau ajouter des 0 et inventer des nouvelles mesures pour essayer de les cerner…

C’est peine perdue !

Mais qui dit grandeur de l’univers et de Dieu, dit nécessairement petitesse de l’être humain…

Et pourtant,

Alors que je m’apprête à prendre l’avion, son ingénuité, sa créativité est incontestable… et va bien au-delà de ce qu’on pourrait attendre d’un être aussi petit, aussi fragile, aussi insignifiant, dans le temps et dans l’espace,

Mais d’un autre côté encore,

On se sent tellement important, tellement grand, tellement indestructible à l’intérieur de soi,

que la conscience de notre existence réduit celle de ce qui nous entoure en son objet, en sa chose, en son invention,

pas l’Univers, car on ne peut pas le nier,

mais de Dieu car on ne le voit pas,

et que dans notre arrogance on croit pouvoir ignorer ou carrément

Radier.

Voler au-dessus des montagnes et des océans,

des villes et des villages,

des usines et des centrales électriques…

et des milliers, et des milliers d’êtres de toutes sortes

nous conduit à  parler de mystère,

devant cette équation insolite,

Univers, Dieu, être humain,

Qui saurait la résoudre ?

Éternel, notre Seigneur! Que ton nom est magnifique sur toute la terre! Ta majesté s’élève au-dessus des cieux [ . . .]

Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, La lune et les étoiles que tu as créées:

Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui? Et le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui?

Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, Et tu l’as couronné de gloire et de magnificence.

Et nous…on ne peut avancer que par la foi

Retour

3 mai 2021, Auvergne, France…

Retour

On y est arrivé…mais c’était pas gagné d’avance…otite la veille du départ…et les résultats du test Covid négatifs ne sont arrivés que quelques heures avant d’aller à l’aéroport …mais tant pis, cette fois-ci on s’était dit qu’on tenterait le coup après plus d’un an de vols annulés et reportés…il faut un jour ou l’autre se jeter à l’eau même si elle risque d’être froide sinon, on reste planté, interdit devant l’horizon qui nous fait signe…

( j’ai de nombreux souvenirs d’avoir été malade comme un chien les veilles de départ…et de maintes péripéties pendant les voyages… sans parler des arrivées où le fonctionnaire zélé ou corrompu de service demande des papiers que l’on n’a pas… .surtout quand on est seule avec des enfants en bas âge… je pourrais en écrire tout un livre… C’est ce qui arrive quand on décide de quitter son nid pour attacher ses pas à l’étranger de passage et que les enfants doublent ou plutôt triplent la mise en épousant eux aussi des vrais ou des faux étrangers (selon le côté de la frontière où l’on se trouve)… on passe son temps à faire ses valises et à affronter les contrôles multiples et les tracasseries sans fin du passage aux frontières. Il faut bien pourtant faire l’effort de se séparer des uns pour pouvoir retrouver les autres…!)

Une fois entrée sur le territoire français, nous qui avions bien lu toutes les consignes et qui nous étions bien munis du fameux Sésame, imprimé et signé selon les instructions du consulat…on ne nous l’a jamais demandé, même pas dans le train où le wagon était …presque plein…( même si tout le monde portait des masques) à ne rien y comprendre…

* * *

Dans le jardin, la nature avait repris ses droits : on reconnaît une maison abandonnée par son jardin en friche, envahi par les mauvaises herbes où l’on devine à peine l’allée qui conduit à la porte d’entrée et où s’attend à y trouver des fantômes…ou si on est un rêveur des princesses endormies….

Mais rien de tout cela, le portail s’est ouvert, la porte n’a pas grincé et il a suffit d’un tour de clef pour qu’elle cède…

Le premier jour on est tout à l’émerveillement des retrouvailles, des êtres comme des choses : on avait oublié la sonorité d’une voix, l’expression d’un visage et dans une maison endormie, une odeur familière, un objet qui traînait encore, un fauteuil, une chaise, une nappe …

Et ce soir, devant retrouver mes étudiants, tous des exilés, via internet, à minuit heure française, pour un séance d’alphabétisation, je pense à ceux qui ne pourront jamais revenir chez eux….

Je rends grâce pour ce privilège qui m’est échu, à moi qui ne l’ai pourtant pas mérité et que je reçois comme une grâce !

Pâques

Lundi de Pâques, 2021, la Virginie

On n’arrivera jamais à épuiser toute la richesse de l’histoire de Pâques…

Pas de triomphalisme,

des femmes encore,

qui vont rendre hommage au corps

du défunt

en apportant du parfum

encore

pour l’embaumer,

cette fois-ci

elles continuent à être fidèles

et faire leur devoir

de femme

le travail qui leur est échu

selon la tradition,

malgré leur chagrin

malgré leur déception,

malgré leur incompréhension

Et la pierre,

cet obstacle insurmontable,

Pour elles qui sont frêles

tout à coup,

elles s’en souviennent,

alors qu’elles sont déjà

parties,

alors qu’elles sont déjà

en chemin,

Puissions nous aussi

comme elles,

partir en chemin,

malgré nos déceptions,

malgré nos incompréhensions,

et trouver comme elles,

la pierre roulée

de côté

et le tombeau vidé,

Puissions nous comme elles

au bout du chemin

découvrir le miracle,

Inconcevable

Incompréhensible

et inespéré

de la

Résurrection

Ecce homo

Vendredi saint, 2 avril 2021

Endeuillé est le mot du jour…

On ne peut-être qu’endeuillé,

Attristé, profondément attristé,

Déçu surtout,

« il en a sauvé d’autres pourquoi ne peut-il pas se sauver lui-même ? »

Il reste muet,

ne répondant qu’une ou deux fois aux accusations,

pour affirmer une vérité scandaleuse

qui leur fait déchirer leurs vêtements

tellement elle est impensable

acrimonieuse

l’image de ce fils de Dieu ,

Vaincu

Battu, moqué, craché dessus

avec sa couronne d’épine,

Ridicule, grotesque

tellement différent de l’autre,

vigoureux,

à la répartie facile, à la parole mordante,

au pouvoir surnaturel,

Celui-là,


il n’est plus que

l’Ecce homo

répudié

abandonné

Que voilà