Quoi d autre sinon merci!

Journal de voyage : l’imprévu

le 9 novembre, Auvergne 2021

avant-dernier soir en Auvergne

Stratégie de départ

Faire semblant de ne pas partir ou plutôt de ne pas savoir que l’on part

se concentrer sur l’immédiat

sur les tâches à réaliser avant de partir…

sans penser à ce qui va nous manquer ou ce qu’on va regretter

emporter le maximum d’affaires dans le minimum d’espace

surtout avoir à portée de la main les documents dont on a besoin pour ne pas avoir à fouiller partout au dernier moment…

donc un seul sac à main…

(et avec le COVID , c’est pas gagné)

Avoir portable et câble pour le recharger…

Essayer de se faire une petite pause entre deux rangements…

Ne pas se mettre à nettoyer quelque chose qu’on n’a pas nettoyé depuis des années et qu’on voudrait faire briller au dernier moment

Bien planifier les derniers repas pour qu’il n’y ait pas de restes… et ne pas être obligé de jeter…

* * *

Le ciel était beau…étoilé magnifique… comme à portée de la main…

* * *

Cocher les listes au fur et à mesure…

Téléphoner

Ne pas s’énerver quand pour les dernières démarches, une voix robotique vous égrène le menu sans qu’aucune option ne corresponde à ce que vous voulez savoir…

Remercier ceux qui sont aimables…( il y en a pas mal en province)

La poubelle. Ou plutôt les poubelles. Être sûr qu’elles sont bien vidées….

Le 13 novembre, Paris

Entre ces deux dates…. L’imprévu….

Accident sur l’autoroute… voiture que l’on voulait donner totalement détruite…on en sort indemne…miracle que l’on soit encore en vie

( c’était moi qui conduisais…

j’aurais dû…. J’aurais pu…)

Automobilistes concernés qui s’arrêtent, sapeurs pompiers, gendarmes, ambulance, CHU, on est transporté et entouré par des anges gardiens de toutes sortes qui nous réconfortent, nous auscultes, demandent de nos nouvelles, nous tiennent au chaud…. un autre nous attend à la sortie de l’hôpital pour nous conduire à Paris où l’on est accueilli avec un grand bol de soupe chaude et un bon lit…

Que dire ?

Rien d’autre, sinon merci !

Et bénis toutes ces personnes qui nous ont accompagnés … et qui le font pour bien d’autres que nous ne connaissons pas mais dont toi tu connais tous les noms..

Le moment du bilan viendra plus tard…

Jésus fragile et inaccessible

Le 22 octobre, 2021, Auvergne

(On s’approche de la Toussaint et aujourd’hui avec la pluie fine qui tombe, le temps est au rendez-vous….mais pas de gros coup de vent comme sur la Normandie ou la Bretagne qui a balayé des. villages et causé de nombreux dégâts…mais finalement il m’a fallu plus d’une semaine pour terminer cette réflexion sur ce passage, on est le déjà 3 novembre..)

Marc 14 : 32-42

J’appréhende alors que j’arrive au seuil du récit de la passion de me retrouver face à la souffrance du Jésus de Marc, ce Jésus un peu lointain pourtant, que l’auteur tient à bout de bras et avec lequel il garde ses distances, dans une crainte respectueuse, soucieux de ne pas s’approcher trop près de lui pour respecter cet espace sacré de son moi privé, de son identité profonde qui lui semble être hors de sa portée… tout le contraire de ce que l’on fait aujourd’hui en voulant analyser ses états d’âme, en essayant de scruter ses pensées, de déchiffrer ses intentions, ( et en particulier sa sexualité) , de l’enfermer dans des théologies bien ficelées ou des dogmes immuables.

Arrivé à ce stade de ma lecture, j’ai l’impression de le connaître, comme quelqu’un d’exceptionnel, et cette distance même, entre nous et lui grâce au regard pudique de l’auteur fait que sa souffrance est d’autant plus difficile à soutenir que l’on est face à un être volontaire, tout entier centré sur sa mission, indifférent semble-t-il au regard que portent sur lui ceux qui l’entourent, qui ne s’épanche pas facilement.

( je pense, à un prisonnier politique qui m’avait parlé de la torture dont il avait été la victime aux mains de l’armée, sans offrir aucun détail, le visage impassible, sauf pour quelques gouttes de sueur sur les tempes…)

Une soirée tristement mémorable

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémane. Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. »

Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse.

Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »

Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui.

Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »

Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?

Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »

De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles.

Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre.

Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.

Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »

Dans l’évangile de Marc, on a très peu de passages où il y a une continuité temporelle envers les événements racontés. L’auteur nous donne des indications sur où Jésus se trouve pour tel fait et geste, mais ce sont des moments morcelés qui ne se suivent pas avec précision., Par contre maintenant depuis le moment où les disciples s’assoient avec Jésus autour d’une table, on le suit vraiment pas à pas. Depuis ce moment là, il est le chef d’orchestre, qui conduit chaque mouvement et celui qui avance d’un pas résolu vers un dénouement que lui semble connaître clairement. Et c’est cela qui continue à me frapper : ce Jésus qui connaît l’avenir, qui sait quel est son destin, et qui met tout en place, comme dans un scénario bien huilé… quelqu’un qui est tout sauf une victime atermoyé et pourtant… il ne veut pas être seul…

Jésus réclame ses disciples

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémane. Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. »

Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse.

Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »

La scène est poignante : il a besoin du réconfort de ses disciples car tout à coup, «il  commence à ressentir frayeur et angoisse » mots qui sont à la fois sobres et forts … Jésus n’a pas encore été arrêté, ni frappé, personne ne l’a agressé mais c’est l’anticipation de la douleur qui l’étreint, ce mal terrible que l’on appelle l’angoisse. On parle aujourd’hui des crises de panique dont certaines personnes sont victimes, on ne sait jamais quels mots mettre sur cette souffrance aiguë et transperçante où la douleur n’est pas dans notre corps mais dans notre tête et pourtant finit par envahir le corps tout entieret de voir Jésus dans cet état là, lui que l’on a vu toujours si solide, si bien calé est certainement troublant : on se sent désemparé, surtout quand on ne comprend pas la raison de son angoisse. Comment nous si faibles, qui nous sommes toujours appuyés sur lui, nous qui l’avons vu chasser les démons et guérir les malades pourrions nous l’aider , nous hommes (et femmes) de peu de foi ? Aucune réaction des disciples nous est donnée : ils sont silencieux. Comment pourrait-il en être autrement…

Il est certainement intéressant de noter que Jésus ne veut pas mettre sa douleur en spectacle et sa pudeur est évidente mais il veut autour de lui ceux dont il se sent le plus proche et l’on voit les mêmes noms Jacques, Pierre et Jean, les intimes qui ont été témoins de son heure glorieuse, au moment de sa transfiguration.

Rien de plus normal humainement parlant de ce désir de Jésus d’avoir des proches près de lui dans ces moments difficiles mais quand même…. surprenant de voir que cette connaissance surnaturelle des événements qui vont se passer ne l’empêche pas pour autant d’en ressentir une angoisse profonde.

La prière de Jésus

(Avant même d’aborder ce passage , je me suis demandé comment a-t-on pu rapporter ses paroles alors que l’on sait que Jésus était seul et qu’il n’y avait pas de témoins à cette prière. Je me suis donc mise à lire un certains nombres d’études sur cet épisode et me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à me poser la question …. et comme d’habitude j’ai découvert des hypothèses compliquées, certaines affirmant, que cette prière avait été élaborée par les premiers chrétiens à partir de psaumes mais n’avait pas été dite par Jésus et d’autres qui affirmaient le contraire… Bref je me suis sentie un peu déroutée…jusqu’à ce que je relise le texte…. Je me suis rendue compte alors que l’image d’un Jésus seul en agonie sans témoins, éloigné de tous, venait de représentations de cette scène et pas du texte biblique)

Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui.

Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »

Cet « allant un peu plus loin » indique bien que Jésus ne s’est pas beaucoup éloigné des 3 disciples… il veut leur présence mais Il a besoin de garder ses distances… pour prier à son père en privé… on peut cependant très bien supposer qu’il a fait cette prière à haute voix et qu’elle ait été entendue par les disciples… . témoins impuissants mais aussi interloqués devant cette souffrance inattendue dont ils n’ont retenu que cette phrase si singulière  qui commence par le mot Abba gardé dans la langue originelle et qui montre cette relation intime de Jésus avec Dieu., une relation singulière, incompréhensible pour celui qui l’observe… surtout quand il demande que si possible la souffrance qui l’attend lui soit évitée!

Qu’est-ce que ça voulait bien dire ? Question que les disciples ont dû se poser et que l’on continue à se poser aujourd’hui …. (et sur laquelle théologiens et exégètes s’interrogent sans fin)

En tout cas pas étonnant non plus que les disciples se soient endormis après un certain temps…

Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?

Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »

La déception de Jésus est palpable dans les paroles qu’il adresse à Pierre qu’il appelle Simon (et non Pierre ) … de nouveau, on se retrouve devant ce va et vient entre un Jésus qui sait ce qui va se passer et semble prêt à affronter son destin , et cet autre Jésus, angoissé, nécessiteux, déçu par ses disciples et qui ne s’attend pas à ce que Simon soit incapable de veiller, alors qu’un peu plus tôt il avait prédit sans sourciller sa trahison. Plutôt qu’un ordre, c’est une supplication que Jésus prononce envers ses disciples…. Mais qui risque de tomber en tentation, les disciples ou lui ?

La même scène est répétée une fois de plus, mais donne une impression de lassitude de la part des disciples et montre bien leur désarroi : car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre.

Finalement, après ce moment de ténèbres où règnent l’angoisse et l’incompréhension autour de la personne de Jésus , on le retrouve rassurant, debout , reprenant la situation en main, redevenant l’auteur de son destin.

Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.

* * *

Cette scène me touche énormément

On découvre ébahis (comme les disciples) la fragilité de Jésus. Rien ne présageait de l’existence de cette fragilité intérieure. Dans tout ce récit de l’évangile de Marc, on n’aurait pu imaginer Jésus dans l’état dans lequel il se trouve à Gethsemane. Il n’a à aucun moment fait preuve de faiblesse ni d’hésitation face à ces adversaires. Rien ne nous a préparé pour le voir ainsi.

Évidemment cette fragilité de Jésus qui a besoin de ses disciples alors qu’il en connaît les limites nous le rend très proche car des crises d’angoisse beaucoup d’entre nous en ont connu… même si les motifs en peuvent être différents, cette peur d’une souffrance à venir qu’elle se réalise ou pas, n’a pas d’égal dans l’expérience humaine…C’est un abîme de souffrance indescriptible…

D’un autre côté on ne peut-être qu’ému par cette supplication qu’il fait à ce Père qu’il appelle Abba, ému mais aussi conscient qu’on se tient au seuil d’un territoire sacré, celui de cette relation Père -Fils, que l’on entrevoit mais qui nous reste inaccessible…. Il nous est impossible de la cerner encore moins de l’analyser et d’essayer de l’enfermer dans nos catégories…

On ne peut que la contempler …. de loin …. en silence

Halloween (re)traverse l Atlantique

1er novembre 2021, Auvergne

Halloween a traversé l’Atlantique… sur le tableau d’annonces de la mairie du village, une note faisait savoir que les enfants viendraient pour s’y réunir à 18 heures pour aller ensuite frapper aux portes de ceux qui voudraient bien leur ouvrir…

Et effectivement…ils sont bien venus, déguisés avec leurs masques et leurs petits sacs, suivis de près de papas et de mamans mi-amusés, mi-exaspérés poussant des plus petits dans leurs poussettes dont les pleurs de certains indiquaient qu’ils auraient préféré être autre part … Quand j’ai proposé aussi aux adultes des sucreries ( en réalité des biscuits), un des papas m’a répondu qu’il préférerait un apéro… ça m’a rassuré ! (Restons français ?)

Je m’étonne quand même de la rapidité avec laquelle cette fête de déguisements et de quémande de bonbons, a pris ici et je ne m’attendais pas à ce qu’en l’espace d’à peine quelques années, on voit apparaître dans tous les magasins, un nombre incalculable de gadget avec des images de citrouille ( jack’o lantern), de sorcières, de squelettes, ainsi que des promos pour les bonbons et les costumes de personnages pas toujours très recommandables…

Alors que les grandes enseignes fassent la promotion de tout ce qui peut leur rapporter de l’argent et incite les gens à acheter ce dont ils n’ont pas besoin, en ciblant les enfants qui sont devenus des éternels quémandeurs…. ça ne m’étonne pas, mais que le public français le plébiscite aussi facilement, ça m’a vraiment surpris!

( ça ne doit pas être tous des intellectuels de gauche, ni des célibataires ou des couples mais des familles qui ont à gérer des enfants turbulents 24 heures sur 24 heures pendant les vacances et sont prêts à accueillir tout ce qui peut les distraire…ce qui finalement n’est pas si mal ! )

Pourtant d’une certaine manière ça ne devrait pas m’étonner, d’ailleurs, tout le monde y va de son analyse et je me rends compte que j’avais aussi analysé le phénomène mais c’était à peine il y a trois ans étant aux États Unis, et à ce moment -là je ne pouvais imaginer qu’il ferait une entrée triomphale en France…

https://simone-blog.org/2017/10/la-toussaint-halloween-el-dia-de-los-muertos-obon-la-mort-et-la-vie.html

J’en recopie cet extrait :

Si la fête en question est exploitée à fond par les commerçants et s’est mondialisée […] la fascination pour les morts est universelle. La version mexicaine de la Toussaint  « el día de los muertos » en est  l’illustration : c’est une fête où l’on consomme allègrement crânes et squelettes en sucre mais aussi où l’on offre des offrandes aux âmes des morts dans un syncrétisme religieux, chrétien et indien étonnant qui a donné naissance à une fête populaire et joyeuse où l’on prie, l’on boit et l’on mange beaucoup! Mais même au lointain Japon on fait aussi la fête pour les morts aux environs du 15 août quand on invite les ancêtres à revenir chez soi (le festival Obon) et on les fait repartir après quelques jours, dans des lampions que l’on met sur les rivières et qui symbolisent leur retour au monde des morts ( et qu’est-ce qui se passe s’ils ne veulent pas retourner ai-je demandé une fois?) .

La fascination pour les morts n’est donc pas l’apanage d’une seule culture, ( la mode des zombie en est une autre indication) elle est une des marques de l’humanité, el homo religio  et c’est une fois de plus  ce qui nous distingue des animaux : quelque soit le nom qu’on lui donne, l’âme ou l’esprit, ce plus qui nous fait croire en notre immortalité quand la nature tout autour de nous, proclame le contraire…comment l’expliquer autrement.

*   *   *

Avoir peur et se faire peur, se déguiser et porter des masques, vouloir conjurer la mort et tout son cortège d’esprits plus ou moins maléfiques, en dehors de toute promotion commerciale touche en nous quelque chose d’inavoué qui nous échappe : cette fête permet une espèce de catharsis communautaire de ce qu’il y a d’inquiétant dans la condition humaine et qu’on préfère aborder en se moquant, et en aidant les enfants, le meilleur gage de notre immortalité à se déguiser en monstres et à en rire tout en se gavant de sucreries. Quand Dieu est mort, il faut bien faire face le mieux possible à notre mortalité et à ces démons qui hantent nos nuits.

Il y avait ce week-end quand même, en dehors du Halloween qui vient d’Outre Atlantique, la fête des morts, veille de la Toussaint, traditionnelle à la française… le lundi sur la place du marché, plantes et fleurs étaient vendues en grand nombre et le cimetière du village doit être bien fleuri (même si je n’ai pas eu le temps d’y aller.)

* * *

Les enfants entament maintenant leur deuxième semaine de vacances ici en France, mais pour moi après une semaine bien remplie où j’en ai accueilli des bien vivants, la maison est redevenue calme… Joie de les avoir, joie aussi de pouvoir retrouver la tranquillité !

Il y a un temps pour tout…

N.B. Il paraît qu’en fait l’origine d’Halloween viendrait d’une fête celte du côté de l’Irlande Samhain mais l’origine du mot est bien chrétien “All Hallows’ Eve” veille de la Toussaint, fête christianisée depuis le 12ème siècle…

P.S. Avec mes étudiants dans mon cours en ligne ( aux États Unis) on a parlé de cette fête Halloween et de ce qu’elle pouvait représenter. Comment expliquer le mot sorcière, fantôme ( ça c’était pas très difficile) etc…à des Afghans, yéménites et irakiens….bref, l’une d’entre eux m’a dit qu’elle comprenait ce dont on parlait car elle avait lu ….Harry Potter qui a été traduit en de nombreuses langues…. ce qui fait que finalement… !

Beauté automnale

le 19 octobre, 2021, Auvergne

Journée d’automne magnifique,

On ne l’attendait pas cette journée après les gelées qui avaient fait tomber la température au-dessous de 0 pendant la nuit et osciller autour des 10 pendant la journée. Un soleil radieux, un ciel bleu azur, une douce chaleur…

Au milieu des informations inquiétantes sur le réchauffement climatique, les abus sexuels dans les églises, les discours mensongers de campagne présidentielle, les tirs de missile de la Corée de nord, et je ne sais plus quoi d’autre encore… l’automne s’entête à revenir, peut-être un peu plus tôt, ou un plus tard qu’on s’y attendrait mais il continue, malgré tout à nous offrir ces journées d’une beauté exceptionnelle,

En tout cas ici, où les moutons paissent tranquillement dans les prés,

où il existe encore des chemins pierreux entourés de haies,

où l’on n’entend pas les voitures klaxonner,

ni non plus le hurlement des sirènes qui parcourent les villes

l’automne on n’a pas encore pu l’empêcher d’arriver

il est là sans qu’on l’appelle,

il arrive tout seul

quand il en a envie

indépendamment  de nos désirs,

et nous surprend !

Heureusement !

* * *

« A toi est le jour, à toi est la nuit; Tu as créé la lumière et le soleil.

Tu as fixé toutes les limites de la terre, Tu as établi l’été et l’hiver »

(Pas l’automne ? Pas du côté de chez le psalmiste en tout cas…)

Rapport Chauvé, prophéties et repentance

Illustration de la repentance de Pierre, sanctuaire du Valcluse

Le 7 octobre 2021, encore en Auvergne … pour l’instant !

Actualités

Pour garder une certaine sérénité, j’évite de lire les sites d’informations…mais malgré tout, je ne peux pas ignorer des événements qui se passent dans le monde, en tout cas dans les pays dans lesquels j’habite…alors évidemment, les résultats de la commission Chauvé qui a montré l’ampleur des crimes de pédophilies et d’abus sexuels dans l’église catholique… Ce n’est réjouissant pour personne, quelle que soit la communauté chrétienne à laquelle on appartient (catholique ou pas) elles sont toutes éclaboussées par le scandale et en plus un jour ou l’autre, c’est une d’entre elles qui peut se retrouver sur le banc des accusés.

( je me souviens du commentaire d’un bon catholique français quand les scandales avaient commencé à éclater outre atlantique qui disait qu’il était sûr qu’en France ça n’arriverait pas ! On croit toujours que son groupe à soi, national, ethnique, ou confessionnel est mieux que les autres. Alors on tombe de haut, quand ça devient tout proche de soi  ! La condition universelle de ce qu’on appelle, faute d’un terme plus approprié l« le péché » est malheureusement bien universelle, aucune communauté n’y échappe! Faut pas rêver!)

Le temps maintenant est à la repentance…

Je ne peux m’empêcher de penser aux prophètes de l’ancien testament et de leur langage outrancier quand ils dénonçaient les fautes du peuple d’Israël et leur annonçaient la venue du châtiment tout aussi horrifique que leurs fautes, avec des descriptions qui vous donnent la chair de poule ! Ces gens là ( inspirés nous dit-on) ne mâchaient pas leurs mots. Peut-être un des passages les plus connus est celui qui ouvre le livre du prophète Isaïe qui a trait spécialement à l’hypocrisie religieuse…

Malheur à vous, nation pécheresse, peuple chargé de fautes, engeance de malfaiteurs, fils pervertis ! Ils abandonnent le Seigneur, ils méprisent le Saint d’Israël, ils lui tournent le dos.

Où donc faut-il vous frapper encore, vous qui multipliez les reniements ? Toute la tête est malade, tout le cœur est atteint ;

de la plante des pieds à la tête, plus rien n’est intact : partout blessures, contusions, plaies ouvertes, qui ne sont ni pansées, ni bandées, ni soignées avec de l’huile. [ . . .]

Écoutez la parole du Seigneur, vous qui êtes pareils aux chefs de Sodome ! Prêtez l’oreille à l’enseignement de notre Dieu, vous, peuple de Gomorrhe !

(huuum…Sodome…pédophilie)

Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir..[ . . .]

Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous demande de fouler mes parvis ?

Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n’en peux plus de ces crimes et de ces fêtes. [ . . . ]

Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang.

Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.

Mais tout aussi impressionnant était la réaction des peuples ou des individus quand ils décidaient de se repentir, ils n’y allaient pas non plus mollo…C’était les grands moyens… On connaît l’histoire de Jonas, qui lui ne voulait pas annoncer le châtiment de Dieu aux habitants de Ninive, ennemis de son peuple car il avait peur qu’ils ne se repentent vraiment et donc que Dieu, miséricordieux comme il l’était, ne leur pardonne. ’Il pensait ( comme nous bien souvent) qu’ils méritaient d’être punis ! Et comme Jonas le craignait, comme ils se sont repentis, ils ont été graciés !

Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »

Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac.

La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre.

Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront pas et ne boiront pas.

Hommes et bêtes, on se couvrira de toile à sac, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence.

Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! »

En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

Le texte est vraiment étonnant quand on le lit… car le jeûne commence d’abord par le peuple ( les petites gens, comme on dit d’une manière un peu méprisante) et ensuite termine par le roi qui décrète un jeûne même des animaux ! Mais aussi qui ne supplie pas Dieu comme le ferait un Abraham pour qu’il épargne la ville, (en tant que roi d’un peuple païen, il n’a pas de relation privilégiée avec Dieu) mais espère seulement que Dieu « se repentira »utilisant un langage qui lui était familier.

* * *

Il me semble que si l’église catholique française ne demande pardon qu’ aux victimes, elle rate quelque chose de fondamental  car l’église n’est pas une institution humaine comme les autres: c’est à Dieu qu’elle doit aussi et surtout demander pardon, c’est contre lui qu’elle a pêché, Dieu est le premier concerné non seulement parce-que Son nom a été sali mais parce-qu’en abusant des plus petits qu’Il leur avait confié, ils ont pêché directement contre Lui . Ils pourront peut-être apaiser la colère des victimes en faisant des réparations financières mais comment vont-ils pouvoir apaiser la colère de Dieu, Dieu ne s’achète-t-il pas ?

C’est à ça qu’ils devraient penser.

Comme le roi de Ninive, le pape, chef de l’église ne devrait-il pas décréter une année de repentance, en utilisant tous les symboles rituels qui sont entre ses mains et dont l’église catholique est si riche pour que ce ne soit pas qu’un exercice de piété de plus ?

Mais bon je ne suis pas le pape…

En tout cas, il y a de quoi prier….

Que ta volonté soit faite sur la terre comme aux cieux…

Que ta volonté soit faite sur la terre, particulièrement dans tes églises,

(car il y en a bien plusieurs, ce qui est une chance pour que la proclamation de l’évangile puisse être entendue encore dans le monde d’aujourd’hui en France et ailleurs !)

Art et Beauté

5 Octobre 2021, Auvergne

Pourquoi tant de beauté ?

Et surtout tant de beauté gratuite ?

(C’est ce que je me suis dis ce matin quand j’ai reçu cette photo de ce magnifique coucher de soleil en Virginie)

Un spectacle offert tous les soirs quelque part dans le monde

Il le savait bien le petit Prince pour qui il suffisait de se déplacer de quelques mètres sur sa planète minuscule pour voir un coucher de soleil!

* * *

La beauté

Pour qu’ elle soit complète

doit être non seulement offerte

mais aussi reçue,

Elle n’existe pas sans le regard

de celui qui la contemple !

Le peintre nécessite d’un admirateur

pour que sa toile devienne

œuvre d’art

* * *

Quand nous levons les yeux au ciel

Quand nous contemplons la magnificence du soleil couchant

Quand nous le capturons sur la toile ou sur l’écran

Nous parachevons l’œuvre de Dieu

l’Artiste

Nous la transformons

Et elle devient

Sous notre regard

Art et Beauté

Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains.

Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.

Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende;

mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.

Faut-il encore que nous puissions le comprendre !

Des paroles déchirantes

e 30 septembre 2021, Auvergne,

Dernier jour de septembre : le temps était au rendez-vous, le thermomètre est tombé à 3 ! Évidemment, on a allumé le feu….hier soir les voisins faisaient le plein de sacs de granulés de bois … ici, on ne jure que par les poêles à granulés …

Marc 14 : 22-26

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.

Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.

Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. 

Nous voilà donc devant un autre texte fondateur, non seulement de la foi chrétienne mais de par son usage liturgique à travers les siècles, dans les communautés du monde entier, du christianisme universel au sens le plus large du terme. Alors, il ne faut pas s’étonner que sur ce texte se soient bâtis des pans entiers de théologie chrétienne et donc de polémiques quant à son sens, mais aussi de représentations visuelles plus ou moins artistiques et plus au moins réalistes ( plutôt moins que plus).

Ce que l’on sait en tout cas, si les exégètes se demandent quels ont été les mots exacts de Jésus ( comme par hasard) c’est que quand Marc a rapporté cet épisode, la pratique chrétienne dans les groupes de disciples de faire mémoire de ce moment particulier existait déjà même s’il n’était pas ritualisé. Pour cela, on mentionne la lettre de Paul aux Corinthiens où il leur reproche de se réunir pour faire ripaille au détriment des plus pauvres, et donc de tourner en dérision, ce moment déjà considéré comme si important et sacré.

Je ne veux pas oublier pourtant que dans le texte rapporté, il reste quelque chose du déroulement de l’événement où l’on peut retrouver le regard de ceux qui l’ont vécu sans savoir ce qu’il pouvait signifier, étant donné qu’ils ne réalisaient pas que Jésus, leur maître, allait être livré et crucifié et encore moins allait ressusciter. Mais ce qui me frappe, encore une fois, c’est la sobriété du texte.

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Pas de transition avec le texte précédent, pourtant si troublant et si lourd de conséquences, pas de mention ( ici) sur ce qui se passe à ce Judas dont les intentions de livrer Jésus viennent d’être dévoilées à l’intéressé lui-même, l’auteur enchaîne tout de suite avec le récit de la bénédiction du pain… 

Un repas pas comme les autres?

« pendant le repas »

En guise d’introduction ou d’entrée en matière, c’est maigre mais aussi de mise en scène…ce n’est ni au début, ni à la fin… rien pour l’anticiper, sans donner à ceux qui l’entourent le temps de se préparer spirituellement, de se recueillir, de faire une pause…tout le contraire de ce qui se passe dans nos églises quand on en vient à revivre ce moment ( ce n’est pas un reproche ou une critique)…et si l’on en croit les reproches de Paul mentionnés plus haut , les premiers chrétiens n’entouraient pas cet acte commémoratif avec les égards qu’il méritait!

Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna…

Il faut signaler que bénir le pain, le rompre et le distribuer à ceux qui sont autour de soi, par un père de famille ou un maître (prêtre) est une pratique qui s’inscrit dans les rites des fêtes  juives et  n’est pas une « invention » particulière de Jésus. Si Marc ne nous donne aucun détail sur le déroulement de cette bénédiction, on peut trouver sur n’importe quel site du judaïsme, des explications en ce qui concerne le quand, le comment et le pourquoi de ces bénédictions, qu’elles se fassent quotidiennement, le jour du sabbat ou le jour de la pâque juive. Les autres évangiles nous donnent plus de détails sur l’événement et certains donnent à penser que le repas n’était pas celui de la pâque juive (le texte de Jean) quand d’autres celui de Luc ou Mathieu semblent l’indiquer…L’important de remarquer, est qu’il n’y avait rien de hors norme dans les gestes que fait Jésus, sauf évidemment les paroles particulières qu’il prononce…

Des paroles qui choquent

« Prenez, ceci est mon corps. »

D’ailleurs pour attester de la singularité de ce que Jésus dit ici, je cite ce texte (en français, une fois n’est pas coutume!) trouvé sur le site du mouvement massorti en français qui insiste bien sur le sens juif de la bénédiction du pain et du vin qui contraste avec la conception chrétienne: « Ainsi quand nous énonçons la bénédiction dite du pain ou du vin, nous n’opérons pas ce qu’on appelerait un sacrement qui conférerait à l’objet béni un statut suréminent ou sacré. Ce n’est en fait ni le pain ni le vin qui se trouvent “bénis” mais Dieu Lui-même qui est reconnu comme source de bénédiction de sorte que le fidèle qui accomplit la bénédiction prend acte et conscience de la puissance agissante de Dieu dont le produit est en l’occurrence la jouissance du pain et du vin »

( Le mouvement massorti a éditer un siddour à la fois riche en textes et pédagogique. Préface du rabbin Rivon Krygier)

Certainement, les disciples ont dû être étonnés par cette déclaration et ce n’est qu’après que Jésus soit exécuté qu’il s’en sont souvenus et qu’elle ait commencé à prendre du sens…Mais ici, aucun commentaire, aucune réaction, cette sobriété s’expliquant peut-être parce que les personnes à qui Marc s’adressaient, soit connaîtraient les coutumes juives donc n’auraient pas besoin d’explication sur ce type de bénédiction, soit à des non juifs, auxquels ils n’étaient pas nécessaire d’expliquer dans le détail ces rites, le coeur du texte étant les paroles de Jésus….

Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.

Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.

Pour ce qui est du vin, Jésus élabore un peu plus que pour le pain, et donne la signification du symbole de son sang en parlant d’alliance… ce qui l’inscrit tout à fait dans le contexte du judaïsme où la notion d’alliance entre Dieu et son peuple est fondamentale, et le symbole du sang est éclairée par l’histoire de la fuite d’Égypte quand il leur a été demandé de mettre le sang d’un agneau sur le linteau des portes pour être épargné de la mort de leur premier né.

Mais en général d’ailleurs, on peut bien le dire, d’un point de vue anthropologique, le sang versé dans de nombreuses cultures est un symbole fort de vie et de mort mais aussi des liens d’appartenance : on ne peut que penser à toutes ses cérémonies rituelles où un acte d’allégeance est scellé entre les personnes par un pacte de sang.

(On peut aussi penser à ce poème de Prévert qui commence ainsi:

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s’en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de saoulographie alors..
.le sang n’arrête pas de couler
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués… des humiliés…
des suicidés… des fusillés… des condamnés…
et le sang de ceux qui meurent comme ça… par accident. )

SAUF QUE,

Jésus ne demande à personne de verser son sang ou de se faire « une saignée » pour prouver une allégeance quelconque envers lui ( surtout quand on sait que Pierre le reniera et que Judas a déjà promis de le livrer) c’est lui qui s’engage, c’est lui qui scelle cette alliance envers « la multitude »…. sans qu’il ne lui soit rien demandé à elle, … et il le fait en se donnant totalement, corps et âme : c’est son être de chair tout entier qui est garant de sa promesse. Les disciples n’ont fait que manger le pain et boire la coupe que Jésus leur avait offert sans savoir à ce moment-là la signification qu’il allait leur donner.

Tout à coup l’expression « se donner en sacrifice » prend ton son sens…

Mais la manière dont Jésus le communique, n’est ni ostentatoire ni présomptueux : ce n’est pas par un discours ou une annonce qu’il le fait. En utilisant les symboles du pain et du vin, qui appartiennent aux rites du judaïsme, il fait preuve d’une grande pudeur et d’ un refus de faire valoir le coût de son sacrifice tout en exprimant des sentiments d’amour si forts qu’ils en sont déchirants envers ses disciples et cette “multitude” inconnue!

Jésus révèle son identité profonde

Le Jésus que l’on a vu impatient, pressé, exigeant, distant parfois, capable d’opérer des miracles et des guérisons, de chasser les démons et de tenir tête à ceux qui viennent le confronter, pas sentimental pour deux sous, révèle tout à coup, d’une manière à la fois forte et pudique la profondeur de son amour pour eux « et les multitudes ». Il révèle à ce moment-là son identité de « Sauveur».  Il est celui qui sauve  au prix de….sa vie. Son nom ( Jeshua en hébreu, Dieu sauve » ) colle parfaitement à son identité. En faisant le don total de sa personne sans qu’on ne lui ait rien demandé. c’est un acte volontaire sans attente de retour ou de reconnaissance qu’il annonce. Le mot sacrifice pour qualifier la démarche de Jésus prend toute sa valeur de radicalité dans ses paroles qu’il prononce. Ce n’est pas un acte liturgique (même s’il le deviendra après) On ne peut pas se méprendre sur leur signification même si ce n’est qu’après coup !

Émouvant !

« Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »

Jésus insiste qu’il s’agit bien de sa mort dont il parle et que ce repas est son dernier. Il n’y a pas de méprise possible .

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. 

Pas de réaction donc de la part des disciples qui nous est rapporté. Comme il est de coutume pour un repas juif rituel, le repas se termine par un psaume. On reste bien dans le cadre traditionnel d’un rite juif mais avec Jésus au centre . C’est ça qui est l’essentiel et que rien d’autre ne vient distraire. La demande n’est pas faite ici qu’ils revivent ce moment « en mémoire de lui » même si de nouveau, l’affirmation de Paul dans la lettre aux Corinthiens, atteste que ce moment était rappelé au cours des repas célébrés par les premiers chrétiens.

* * *

Ce texte est incontournable dans la révélation de l’identité de Jésus sans pouvoir tout autant en sonder la profondeur. Sa sobriété et le fait que les paroles et les gestes de Jésus y soient présentés sans réaction, sans analyse, sans commentaire mettent en relief la radicalité de ses propos et du symbole qui les accompagne : ce que j’y découvre, ce n’est pas l’origine d’un rite qui deviendra essentiel dans les célébrations des chrétiens, mais le moment sacré où Jésus fait connaître son identité comme le Messie sauveur, le Messie serviteur, le Messie sacrificiel.

Ce qui me frappe, c’est qu’il soit inscrit au cœur du judaïsme ( ce qui ne devrait pas me surprendre !) et ce qui m’émeut c’est ce mélange de retenue quand Jésus parle de son sacrifice en même temps qu’il donne à travers le symbole du pain et du vin, corps brisé et sang versé, une image crue, poignante et réaliste de ce qu’une mort humaine cruelle signifie…avec le corps torturé, vidé de son sang, laissé à mourir lentement, qui est le sort de tellement de victimes de violence et qui sera aussi le sien L’expression que j’avais entendu tellement de fois du « sacrifice de Jésus » cesse d’être une formule suspecte devenue larmoyante à force d’être répétitive, et reprend maintenant tout son sens et tous ses droits dans le contexte de ce repas partagé avec ses disciples la veille de son arrestation.

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.

Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. »

P.S : la version de Paul dans l’épître aux Corinthiens : « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain,et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. »

Il suffit d un rien

24 septembre 2021

Il suffit de pas grand-chose pour qu’on aille bien,

les rayons de soleil qui pénètrent dans la maison,

les géraniums et les roses qui fleurissent encore,

pas de démarche administrative pressante à faire

pas de rendez-vous médical non plus

rien de cassé dans la maison qui ait besoin d’être réparé en urgence,

pas de courrier auquel il faudrait répondre tout de suite

pas de contrariété en perspective…

une journée sans obligation

sans affolement,

sans imprévu de prévu…

et sans bug informatique !

(Enfin pour l’instant)

Le calme avant la tempête ?

L’accalmie entre deux orages ?

Peu importe !

maintenant, c’est maintenant

aujourd’hui, c’est aujourd’hui

et demain

ce sera demain,

Pourquoi dit Jésus, les amis de l’époux jeûneraient-t-ils

quand l’époux est avec eux ?

Demain il vous sera enlevé, alors à ce moment là

Vous pourrez pleurer…

Mais pour ce moment de grâce,

attendu ou pas attendu

mérité ou pas mérité,

Merci !

De la fascination pour Judas et … autres malfaiteurs

Le 8 septembre 2021, Auvergne

Temps ensoleillé magnifique mais la terre est sèche : les maïs disent les agriculteurs ont besoin de pluie… J’ai ramassé des mûres et on a commandé du bois pour l’hiver : malgré le réchauffement climatique, c’est quand même rassurant le passage des saisons qui lui continue son train tranquillement….et l’actualité ? Début du procès fleuve sur les attentats du 13 novembre à Paris qui a fait 130 morts et plus de 150 blessés.

Marc 4 : 10-16

Il me va être difficile de lire les lignes qui suivent dans ce récit de Marc sans ne pas y surimposer tous les commentaires, analyses et nombreuses œuvres d’art qui ont été faites sur une période de la vie de Jésus qui est au centre de la foi chrétienne : la Passion ( comme on l’appelle) … J’ai la tête peuplée de représentations visuelles, de souvenirs de cérémonies religieuses rythmées à la récitation de formules convenues dans des églises diverses mais aussi de la lecture d’articles polémiques sur le déroulement des événements et leur signification ( sans mentionner leur historicité).

Comment lire ces lignes dans toute leur simplicité et sobriété sans en rajouter, sans penser au sens qui lui a été donné après coup, pendant des siècles et des siècles… Comment faire table rase de 21 siècle d’histoire chrétienne ? Impossible bien entendu ! On ne peut pas le faire même si on le voulait !

En tout cas, ce que je peux faire c’est de me laisser le plus possible porter par le rythme du texte, m’imprégner de toute l’histoire décrite jusqu’à ce moment, lire et relire le pas à pas de ce récit du souvenir qui a été confié à un de ces disciples qui voulaient transmettre le mieux possible, l’histoire de « Jésus, fils de Dieu, » qu’il avait décidé avec d’autres de suivre et de croire.

(quand je lis un roman, je me laisse transporter le temps du livre dans le monde décrit par l’auteur, tant et si bien que j’échappe au temps et à l’endroit dans lequel je me trouve… mais bien entendu, l’évangile de marc n’a rien d’un roman!)

Alors évidemment quand apparaît le personnage, traitre, sulfureux, incarnation du malin, objet de la haine des foules ( surtout pendant les processions religieuses de semaine sainte au Moyen âge) mais qu’on a plutôt voulu chercher à réhabiliter ces dernières décennies…difficile de garder sa neutralité…

Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus.

À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »

Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,

et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”

Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »

Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.

Judas Iscariote : le flou de sa motivation

Première fois, me semble-t-il qu’il fait son apparition dans l’évangile de Marc ? mais non …. le fait que je ne m’en souvienne pas au premier abord montre qu’il disparaît totalement du paysage… En fait, il est le dernier nommé sur la liste des disciples au chapitre 3 de cet évangile !

Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons. Voici les douze qu’il établit: Simon, qu’il nomma Pierre;… André; Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas; Jacques, fils d’Alphée; Thaddée; Simon le Cananite; et Judas Iscariot, celui qui livra Jésus.

Contrairement aux autres disciples où Marc nous donne des informations assez précises sur certains des disciples ( le nom que Jésus leur donne ou plutôt le surnom ) pour Judas, sa présentation anticipe sur la fin du récit car il est identifié comme celui qui « livre Jésus » alors que le lecteur lui ne le sait pas…

(en réalité c’est faux de dire cela car les auditeurs pour lesquels cet évangile était destiné, connaissaient certainement l’histoire de Judas, étant des « disciples de Jésus membres d’une communauté, au courant de l’histoire de la  Passion dans ses grandes lignes…)

L’origine du mot Iscariote est discutée ou plutôt contestée.. beaucoup estiment qu’il s’agit d’un nom qui désigne un lieu d’origine, d’autres qui décrit son caractère et signifierait «  le faux »

« L’étymologie du mot « Iscariote » peut éclairer le rôle et l’histoire de Judas par rapport à ceux de Jésus lui-même. Selon une première explication, le terme se comprend : Ish-Qeriyyot, « homme de Kerioth » (cité du Sud judéen) ; Judas serait alors un disciple originaire de Judée, à la différence des autres apôtres qui étaient galiléens. Une deuxième explication fait dériver le mot de l’araméen ishqarya, le « faux ». Enfin, une troisième voit la matrice du nom d’Iscariote dans le latin sicarii (« sicaires », « hommes au couteau », de sica), terme utilisé par Flavius Josèphe, à côté de lêstai (« brigands »), pour désigner les zélotes : ho Iskariôtès serait la corruption de ho sikarios et, dès lors, Judas serait un ancien zélote. Bien que suspectée d’anachronisme, cette thèse paraît la plus séduisante sinon la plus plausible”

—  André PAUL Encyclopédie Universalis)

En tout cas, ici la présentation de Judas est très succincte et son désir de trahison ( le mot n’est pas mentionné) est présenté dans cette rencontre avec les grands prêtres, sans que l’état d’âme de Judas soit expliqué ni la raison de sa décision ( ce qui permet, bien entendu les extrapolations de toutes sortes) : il relate tout simplement des faits . L’auteur s’attache plutôt à nous montrer la réaction des grands prêtres et met en exergue leur perversion ce qui cadre bien avec le reste du texteet ici ce n’est pas Judas qui leur demande de l’argent ce sont les grands prêtres qui le lui offrent pour le récompenser… pas de 30 pièces d’argent pour vendre Jésus, ce qui fait que ce court texte sur son échange avec les grands prêtres ne permet pas d’expliquer sa motivation pour des raisons de cupidité.

Jésus : le maître de son destin

Tout de suite après, l’auteur passe à autre chose, et nous explique quels préparatifs Jésus a fait pour la fête de la Pâque ( juive bien entendu) .

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »

Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,

et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”

Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »

Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.

Les directives qu’il donne aux disciples, ressemblent beaucoup à celles données pour son entrée à Jérusalem sur un âne dans leur précision et montrent bien que  c’est lui qui a pris l’initiative de chercher un lieu ( comme il l’avait fait de trouver un âne) pour qu’ils se réunissent sans qu’on nous raconte comment il l’a fait et les disciples sont simplement envoyés à mettre en œuvre ce que lui même a anticipé et a préparé. Il a certainement quelque chose derrière la tête qu’il veut faire ou dire au moment de la Pâque. C’est un acte délibéré, une mise en place d’un scénario qui montre de la part de Jésus une maîtrise totale des événements à venir, tout le contraire d’une victime impuissante devant sa « Passion ». Contrairement au sens latin étymologique du mot (en latin « pati» ou pathos en grec) qui désigne une souffrance subie , c’est Jésus qui prend l’initiative des derniers moments de sa vie. Et la mention plus haut de l’accord entre Judas et les grands prêtres, montre bien le fait que Jésus était au courant ….a-t-il choisi ce lieu particulier en pensant à son arrestation prochaine ? Qui le dira…

Et nous ?

En tout cas, on est là au seuil d’actes, d’événements et de paroles prononcées par Jésus qui deviendront les fondements de ce qu’on appelle aujourd’hui le christianisme sous toutes ses formes et dans toute sa diversité. Judas réapparaîtra, un peu plus tard avec la même sobriété …. et l’évangéliste ne fait pas ce que les médias ont finalement compris après les attentats du 13 novembre dont le procès vient de s’ouvrir aux assises de Paris : on ne fait pas un héros d’une personne qui a commis un crime au dépend de ses victimes innocentes… on n’en fait pas un monstre non plus…

Nos médias dans leurs reportages auraient beaucoup à apprendre de la sobriété du rédacteur de l’évangile de Marc et la littérature prolixe sur le personnage de Judas devrait nous alerter sur notre fascination pour les « méchants » car c’est cette fascination qui alimente leurs rubriques même si on préfère les blâmer pour être le miroir grossissant de nos désirs pervers inavoués

Contrariété

le 15 septembre, 2021, Auvergne

Contrariété

Une journée d’automne qui s’annonçait sereine commence par une contrariété qui me met dans tous mes états : un document sur lequel je travaillais apparaît tronqué de nombreuses pages et je n’arrive pas à en récupérer la version complète. Moralité, heures de créativité perdues qui ne sont pas remplaçables ni non plus récupérables…

Alors quelqu’un de plus avisé que moi pourrait probablement la récupérer cette version précédente dont j’ai dû sans le savoir effacer tout un tronçon…mais je ne peux que compter sur moi aujourd’hui et mes recherches sur la section « help »du logiciel n’aboutissent à rien … sauf que je me rends compte que je ne sauvegardais pas de backup au fur et à mesure que j’écrivais…donc je coche cette option pour la prochaine fois.

Comment se reprendre en main après ça ? Toute ma journée me semble foutue !

Les ratés de l’informatique ont le don de vous faire perdre patience… autrefois c’était un outil qui se cassait qui nous mettait en rogne, maintenant c’est l’Internet qui ne marche pas, un nouveau logiciel qu’on ne sait pas utiliser ou qui est défectueux… Il y a de quoi en perdre son latin ( disait-on autrefois) : les outils informatiques sont difficiles à manipuler et il semble qu’au lieu de se simplifier, ils deviennent de plus en plus complexes. Enfin pour ceux qui ne sont pas des pros de la programmation!

Mais j’ai bien dit bien contrariété, pas tragédie, pas drame…pas de quoi fouetter un chat.

(intéressant que me revienne cette expression qui aujourd’hui serait censurée au nom de la lutte contre la cruauté aux animaux…)

Après tout, c’est l’automne, la saison de la douceur, sans les excès du soleil brûlant ni le froid glacial de l’hiver. Il suffit de sortir et de se promener pour se sentir enveloppé de la bienveillance discrète de sa présence.

Alors vraiment, pourquoi se laisser démonter par un bug informatique!