the weapons of the spirit

Le 26, février, la Virginie

On ne baisse pas les bras… tout le monde se mobilise contre la guerre après le choc initial…

Appels à la paix qui fusent de partout, condamnations de toutes sortes, manifestations dans la rue, aide humanitaire qui s’organise, veillées de prières œcuméniques qui se tiennent,

Parmi toutes ces réactions celles qui m’émeuvent le plus, ce sont celles qui émanent de la Russie : le courage de ceux qui vont à l’encontre de l’hystérie enivrante de voir se déployer les forces armées de son pays….

De ceux qui résistent l’attrait des nationalismes outranciers et les discours qui font vibrer les foules sur la grandeur, la gloire et l’amour de la patrie par des dirigeants narcissiques qui les haranguent pour qu’ils se battent pendant qu’eux sont bien tapis au chaud, le ventre repu, protégés par toute une armée de gardes du corps …

Devant tous ceux-là  qui n’ont pas peur d’être considérés comme des traîtres, injuriés et battus…

et qui en paient le prix fort par les arrestations qui vont bien souvent jusqu’aux exécutions sommaires..

oui, devant eux, moi, je tire mon chapeau…

* * *

Quel impact peuvent-ils avoir face aux armes de guerre ? Face aux tanks qui avancent dans les rues, face aux bombes qui s’abattent sur les villes ?

* * *

« The weapons of the Spirit » est le titre d’un documentaire sur un petit village de Chambon-sur-Lignon, en Auvergne qui pendant la deuxième guerre mondiale a permis à des enfants juifs d’être épargnés …

The weapons of the spirit : les armes de l’esprit qui sont les seuls que Jésus autorise ses disciples à adopter,

C’est bien difficile de croire qu’ils pourront vaincre…

C’était bien difficile pour les disciples de croire quand Jésus a expiré sur la croix après avoir crié

Seigneur pourquoi m’as tu abandonné ?

Que tout n’était pas perdu…

( et pour ceux qui aujourd’hui vivent sous les bombes et crient aussi…Seigneur pourquoi nous as-tu abandonné ?)

* * *

Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là, et ce cri Dieu l’a entendu, et à ce cri de Jésus, Dieu a répondu … on sait comment…, et il répondra encore à tous ces cris pour la paix, en Ukraine, en Russie et ailleurs…

P.S., le film documentaire : https://weaponsofthespirit.com/

La guerre: when will they ever learn?

illustration: Guernica de Pablo Picasso

Le 24 février, 2022, la Virginie

J’ai beau me boucher les oreilles, éviter de regarder les « live »sur Internet, me distraire de mille et une manières, je ne peux m’empêcher de penser à la guerre en Ukraine…

Une guerre annoncée, une guerre froidement préparée et calculée que certains ont cru pouvoir arrêter ou au moins retarder mais tellement planifiée de longue date qu’il a été impossible de dissuader le maître du Kremlin de la mettre à exécution : les autocrates ont tous les même comportements, les mêmes stratégies, peu importe leurs justifications, leur langage, leurs raisonnements, peu importe leur nationalité, c’est la même soif de puissance et de conquête qui les conduit

la même ivresse, la même folie destructrice

la même indifférence envers les morts qui s’accumulent au cours de leur marche effrénée vers ce qu’ils croient être la gloire…

et bien sûr, ils ne sont jamais seuls, ils sont entourés de toute une armée et de tout un peuple qui, bon an mal an, acceptent de les suivre…

L’armée nous dit-on et nous répète-t-on sur tous les tons…c’est pour faire la paix…

non monsieur, non madame, l’armée ça sert toujours à faire la guerre…la preuve…

* * *

Les guerres, il y en a beaucoup, et il y en a tout le temps mais celle-ci, elle me fait plus trembler, elle m’est plus proche car elle me rappelle qu’il y a une époque pas si lointaine, où ce genre d’action militaire a fini par déclencher la deuxième guerre mondiale…. et combien de morts y a t-il eu au total ? Les estimations sont entre 50 et 70 millions, un nombre inimaginable et combien de souffrance engrangée ? … impossible d’estimer cela : la souffrance ça ne peut jamais se mesurer et se comptabiliser…

Je ne sais plus qu’espérer : qu’il y ait une intervention militaire pour arrêter Poutine et pour dissuader le dirigeant chinois de suivre la même route en annexant les territoires qui « appartiennent » à la Chine en envahissant Taiwan…. ?

L’avenir du monde qui se profile, n’est pas rassurant !

(Du coup, cette fois-ci, on ne peut pas invoquer le motif religieux… ce ne sont plus chrétiens contre musulmans, protestants contre catholiques, orthodoxes russes contre je ne sais qui… ce sont les forts contre les faibles, tout simplement)

* * *

Ce qui se profile c’est un avenir apocalyptique… le commencement de la fin ?

Peut-être que oui ou peut-être que non. Dieu seul connaît le fin mot de l’histoire…..

Mais en attendant, comment vivre… .en se bouchant les oreilles ?

* * *

Ça fait plus de 2000 ans que Jésus nous a enseigné comment vivre en paix et ça fait plus de 2000 ans que l’on continue à s’écharper…

2000 ans…. Et combien de guerres depuis ? Qui saurait le dire ?

(En plus ces guerres, beaucoup d’entre elles se sont livrées au nom de très chrétiens souverains dont les empires se sont étendus de l’Ouest à l’Est et du Nord au Sud…..)

L’amour envers les ennemis passe toujours à la trappe….quand on a envie de se battre….surtout quand c’est pour pour la bonne cause  !

Un refrain me court dans la tête : celui d’une chanson de Peter Seegers  :

When will they ever learn ? When will they ever learn…

* * *

Jésus a dû savoir qu’on ne l’écouterait pas ou peu, c’est pour ça qu’il nous a prévenu,

« Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin »

Gardez-vous d’être troublés, plus facile à dire qu’à faire, surtout quand c’est chez ses voisins que ça se passe…

Persévérez jusqu’à la fin, dit-il encore, continuez à vivre les valeurs du Royaume de Dieu : la paix , la vérité, la justice, l’amour, la compassion, le partage, le pardon ….

Veillez et priez…

Et quoi encore ?

« N’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde »

Ça, il ne faut surtout pas que je l’oublie…

P.S Pour voir et entendre toutes les paroles de la chanson de Pete Seeger

https://www.azlyrics.com/lyrics/joanbaez/wherehavealltheflowersgone.html

En voilà un couplet

Where have all the soldiers gone, long time passing?
Where have all the soldiers gone, long time ago?
Where have all the soldiers gone?
Gone to graveyards, everyone.
Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Marmotte

Le 22 février, 2022, Virginie USA

Déjà..

Le printemps devrait venir, mais cette fois-ci, je ne sais pourquoi, je ne l’attends pas avec impatience…  je me demande ce qui a pu retenir mon attention ces derniers temps pour ne pas avoir cherché à noter les signes de son arrivée prochaine…

Comme il a fait très froid, est-ce parce que je me suis calfeutrée à l’intérieur et recroquevillée au près du feu pour m’isoler du monde…. ou est-ce que parce que des événements de l’actualité, particulièrement « les guerres ou rumeurs de guerres » en Ukraine ( mais aussi les présidentielles en France) ont capté toute mon attention ?

Pourtant je vis à la campagne et la venue du printemps ça se voit… : il suffit d’ouvrir les yeux et de regarder !

C’est dommage !

* * *

En fait d’une certaine manière, l’hiver quand on a de quoi se chauffer, ce n’est pas si triste : on peut rester bien au chaud et ignorer ce qui se passe de l’autre côté de sa porte…Le monde peut brûler nous ça ne nous concerne pas…tant qu’on est bien à l’abri et que ce n’est pas sa maison à soi qui brûle…

Ce qui veut dire que…

l’arrivée du printemps , c’est devoir sortir de son hibernation et de son engourdissement…arrêter de somnoler et de dodeliner de la tête…

et être obligé d’affronter vents et tempêtes,

Alors, finalement,

l’arrivée du printemps

c’est dérangeant !

* * *

Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus ( dit la fleur du petit Prince)[…]

Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau !

Et le printemps aussi, après tout, c’est tellement beau !

Paroxysme… le cri

Le 17 février, 2022, de retour chez nous..

Marc 15 : 33-38

On en arrive presqu’à la fin…quand la mort qui s’approche apparaît comme un soulagement…mais avant qu’elle n’arrive…

La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.

Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Éloï, Éloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?

Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent: Voici, il appelle Élie.

Et l’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l’ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.

Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira.

Le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas


le premier cri

La dernière phrase que Jésus a prononcé quand on le voit encore combatif mais serein, c’est quand il s’est identifié comme le roi des juifs en répondant à la question de Pilate, le représentant de l’autorité romaine… Pilate l’interrogea: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.

Depuis lors il n’a pas prononcé un seul mot : on le décrit sous les coups des gardes, sous les insultes, sous les crachats, sous les moqueries, affublé d’une couronne d’épines, on le décrit en route vers le Golgotah, on donne même quelques détails sur le moment où on l’attache à la croix, mais il reste silencieux : il encaisse sans rien dire (aucune de ses paroles ne nous est rapporté) jusqu’à ce que finalement, il n’en peut plus… il craque dirait-on…

Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Éloï, Éloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?

Après ce long silence, ce cri est effrayant…. C’est comme si après avoir supporté cette douleur intense, après avoir écouté sans répliquer toutes ces insultes horribles, il n’en pouvait plus de se taire… comme si après avoir tenu le coup si longtemps et si vaillamment, était arrivé le moment où toute la souffrance des dernières heures avaient atteint leur paroxyme et tenaient dans cette phrase terrifiante…

Éloï, Éloï, lama sabachthani? […] Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?

(Ce cri rapporté en araméen, en atteste l’authenticité : c’est dans sa langue maternelle que l’on crie sa souffrance et le fait que ce cri soit un verset d’un psaume ne lui enlève rien de sa spontanéité)

Le Jésus combattant, puis résistant, crie de toutes ses forces sa souffrance, son incompréhension peut-être, sa révolte même devant la dureté de son sort, devant cette coupe qu’il savait allait être amère mais à ce point?

Ce cri, sans aucun doute est un reproche envers Celui qu’il a toujours appelé père et qui à ce moment là le laisse tomber…

Il ne faut pas avoir peur de l’entendre dans toute sa détresse et son désespoir..

* * *

Expérience terrible de l’absence de Dieu,

au moment où l’on a le plus besoin de lui

Mourir est une chose

mais mourir dans l’ignominie en est une toute autre…

* * *

le deuxième cri

Pourtant ce n’est pas encore la fin, face à sa détresse la plus complète, à son questionnement angoissant, aucune empathie ne lui est accordée par ceux qui sont là, c’est l’incompréhension totale, pire encore, le voilà l’objet d’une insulte de plus, d’une dernière moquerie qui souligne son impuissance et son bannissement, son statut de damné…

Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent: Voici, il appelle Élie.

Et l’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l’ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.

Combien de temps s’est- il écoulé entre le premier et le deuxième cri : une éternité ?

Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira.

Finalement, le deuxième et ultime cri, tellement transperçant, tellement déchirant, que « le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas ?

Mais maintenant au moins, le supplice est terminé….l’agonisant s’est tu… on ne l’entendra plus gémir, on ne le verra plus souffrir, tout est fini….

Le récit va se tourner vers les spectateurs ceux qui sont restés là à le regarder, les femmes qui se tenaient à distance et ceux qui étaient chargés de le garder…

* * *

On ne peut pas lire ce récit sans le vivre…

Ce cri de Jésus, il me résonne dans les oreilles car il rejoint tous les cris de ceux qui sont morts après une longue agonie … ces cris effrayants qui retentissent partout depuis bien longtemps,

Dieu pourquoi nous as-tu abandonné ?

Pourquoi as-tu laissé assassiner l’innocent, l’enfant, le faible, le sans défense

Pourquoi n’es-tu pas intervenu pour les descendre de leurs croix et les sauver

Pourquoi ?

Pourquoi n’as-tu pas sauvé ce vieux prêtre des coups de couteau de son assaillant dans l’église de Saint Étienne du- Rouvray …dont  le procès de l’attentat se déroule aujourd’hui en France…

Pourquoi n’as-tu pas sauvé non plus cette petite Maëlys des griffes d’un nommé Lelandais que l’on vient de condamner à perpétuité…

et combien d’autres enfants encore auraient eu besoin d’être sauvés, dont on ne connaît pas les noms et dont on ne retrouvera jamais les corps

Pourquoi ?

* * *

Cette question terrible, il fallait la poser,

Cette question redoutable il fallait oser la hurler

Et où mieux le faire que sur une croix à l’agonie

et qui de mieux pour le faire que Jésus,

Le Fils ?

* * *

Pour cet ultime cri de révolte,

Merci, à toi, Jésus

Tu l’as fait en notre nom

Pour nous tous, tu as hurlé l’angoisse du désespoir

et personne ne pourra jamais faire taire ton cri!

Hospitalité

Le 12 février, 2022, banlieue de Washington DC

Hospitalité 

Tout est prêt : mais cette fois-ci ce n’est pas moi qui reçois, c’est moi qui suis reçue !

Tout est prêt pour vous : comme il fait chaud au cœur ce message que l’on reçoit avant d’arriver, en plus de celui du geste  de l’enfant qui nous offre un bouquet de fleurs cueillies dans le jardin à l’arrivée, ou nous prend par la main pour nous montrer  un grand sourire aux lèvres, la chambre bien rangée et décorée qui a été préparée pour nous…

La joie d’être accueilli à l’arrivée… aussi grande que celle d’accueillir soi-même…

* * *

Les histoires de la bible en sont pleines de ces histoires d’hospitalité, surtout celles offertes à des inconnus qui sont de passage et s’avèrent être des anges ou des prophètes…

« N’oubliez pas l’hospitalité; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir » (Hébreux)

Et au cas où on n’aurait pas envie…

« Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures. »( Pierre)

L’hospitalité spontanée est vraiment une caractéristique des gens des contrées du sud, (en tout cas ce sont eux qui me l’ont enseigné)

* * *

« Tout est prêt pour vous » nous dit Dieu, le Berger, dans ce fameux psaume :

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

(Je ne me souviens que trop bien de ce parfum que l’on m’a aspergé sur les cheveux, quand j’ai été invitée dans la maison d’une famille djiboutienne)

Et il y a la promesse finale , la promesse ultime,

celle de l’hospitalité de Jésus tout à la fin….celle qui me soutient quand je me pose trop de questions sur ce qui pourra bien se passer après la mort au milieu de la cacophonie des milles et une théories et théologies sur le sujet…

« Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi.… » ( Jean 14…)

Que pourrait-on désirer de plus ?

Ignominie

Le dessin est du peintre français d’origine juive polonaise David Olère qui était à Auschwitz

4-8 février, 2022

Les procès : quel rôle jouent-ils ?

(Parenthèse sur l’actualité)

Je m’étonne de voir aux actualités l’importance donnée à ces compte-rendus de procès de meurtres et d’assassinats ( celui du meurtrier Lelandais et les attentats au Bataclan entre autres mais maintenant celui du prêtre assassiné dans son église) et je me demande ce que ça signifie : qu’est ce-que les gens cherchent vraiment dans ces procès ? Que justice soit faite ? Mais qu’est-ce que ça peut signifier surtout quand les coupables sont morts ? Comprendre pourquoi les auteurs ont appuyé sur la gâchette ? Qu’est-ce qu’on essaie de comprendre ? N’étant pas une proche de victimes. Il est possible que je ne comprenne pas pourquoi…

Mais je m’interroge aussi en pensant au procès de Jésus et à l’intérêt qu’il continue à susciter après tant d’années. L’intérêt est-il simplement historique pour essayer de savoir ce qui s’est passé et comment un innocent a pu être condamné ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Ce désir de punir les coupables, et de pouvoir ainsi clore le dossier une bonne fois pour toute ? Ou que les coupables ( ou leurs descendants… tout est là peut-être ) reconnaissent la responsabilité de leurs ancêtres …. comme pour l’esclavage ?

(En fait mon incompréhension c’est peut-être, parce que ayant vécu dans des pays où la justice était bafouée, je n’attends rien des tribunaux… pas de vraie justice et encore moins de vérité : la justice elle sert surtout la cause des grands ou/et des riches qui eux grâce à leurs avocats payés à coup d’or peuvent être innocentés ou tout au moins éviter la condamnation. Et si l’argent n’est pas nécessairement l’entrave, c’est la raison d’État qui permet de protéger un tas de personnes et de ne pas révéler les dessous d’une affaire…)

Marc 15 : 21-32

Une fois l’arrestation terminée, l’attention de l’évangéliste se tourne vers la mise en œuvre de sa sentence et rapporte alors tous les détails connus sur la crucifixion de Jésus. Contrairement aux délibérations des tribunaux, juifs ou romains ou seul un cercle restreint de personne assistait ….( pas de caméras dans le tribunal ou très peu de témoins) , on est dehors, au vu et au su de tous …

Et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.

ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).

Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.

Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.

C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.

L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».

Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient : « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,

sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »

De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même !

Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

Simon de Cyrène…le héros ?

et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.

Apparaît tout à coup, pour la première fois, dans ce récit un total inconnu…inconnu pour nous mais qui devait être connu de ceux à qui on rapporte les événements, car il est nommé, mais plus que nommé, puisque pour que l’on sache bien de qui on parle, on donne le nom de ses enfants, ce qui est un peu inattendu. On pourrait penser que les auditeurs connaissaient, leurs fils pour faire partie peut-être d’une assemblée à Rome ce qui expliquerait la mention de leur nom. D’ailleurs pour ajouter à l’incongruité de la situation, ses noms ne sont pas des noms juifs, l’un est grec et l’autre romain…

( un article intéressant sur la question, car bien entendu, ce Simon de Cyrène a été l’objet de recherche surtout qu’il ne semble réapparaitre nulle part dans les écrits canoniques.Westall, R. (2010). SIMON OF CYRENE, A ROMAN CITIZEN? Historia: Zeitschrift Für Alte Geschichte, 59(4), 489–500. http://www.jstor.org/stable/25758325)

Pour moi ( et peut-être pour d’autres aussi) qui ont vu dans Simon de Cyrène un héros que l’on devrait imiter en aidant Jésus à porter symboliquement sa croix, il est remarquable que son intervention soit mentionnée sans commentaire ( mais après tout c’est le style de Marc)…En fait contrairement à la manière dont on le dépeint, il ne s’est pas porté volontaire : Il a été obligé de porter la croix de Jésus et on ne sait s’il l’a fait de bon ou de mauvais gré.

Cette obligation de porter ou transporter des équipements sur l’ordre de l’armée romaine était effectivement de rigueur : il ne pouvait donc pas refuser. Cette rencontre d’ailleurs semble tout à fait fortuite, car il revenait des champs précise le texte, ce qui donne l’impression qu’il a été choisi au hasard, parce-qu’il passait par là et qu’il a rencontré en chemin cette file de prisonniers condamnés à mort qui portaient leur croix .Le texte ne lui attribue pas un mérite particulier : il nous donne seulement une identification précise et une explication des circonstances.

Ce qui devrait donc plus nous étonner et nous intriguer est de penser qu’un soldat romain ait demandé que l’on aide Jésus… Est-ce qu’il aurait suscité la compassion d’un centurion romain, qui aurait dit plus tard que c’était le fils de Dieu ? Il semble que là vraiment l’auteur nous rapporte l’information pour être fidèle à ce que l’on raconte mais pas pour aucune autre raison théologique ou pédagogique…

Surenchère autour d’un verre de vin

Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). ls lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.

Le récit continue, sans aucun commentaire, sans aucune analyse, sans aucune référence à des citations bibliques, seule l’explication du nom du lieu où Jésus est crucifié. On a un certain nombre d’informations les unes après les autres, sans que l’auteur s’y arrête… En réalité on voit Jésus de loin… ni soupirs, ni plaintes ni expressions de douleurs ne sont notés pas de description de son visage souffrant non plus… le texte est d’une très grande sobriété…( contrairement à ce film de Gibson…mais aussi bien d’autres images et peintures du Christ de la Passion…)

Marc n’essaie pas de nous attendrir sur le sort de Jésus…. ce texte n’était pas utilisé pour conduire l’auditoire à la culpabilité ou à la prise de conscience de leur nature pécheresse … Ses auditeurs n’avaient pas besoin de détails et savaient très bien de ce qu’il en retournait : des exécutions publiques ils en avaient certainement vus et en connaissaient l’horreur. Un Jésus humilié et souffrant n’était pas une image particulièrement plaisante à contempler.

Cependant, le détail sur le refus de Jésus de boire le breuvage qu’on lui offre avant de le crucifier a été l’occasion pour beaucoup de suppléer au manque du texte…En effet ce mélange de vin et de myrrhe avait un effet analgésique et était donné aux suppliciés dans le souci de diminuer leur douleur avant de les crucifier. À ma grande surprise, certains disent que Jésus a refusé cette boisson parce qu’il ne voulait pas être soulagé de ses douleurs mais qu’il voulait souffrir, et qu’il devait vivre pleinement et en toute conscience sa crucifixion… pour que nous, nous puissions être absous de nos péchés ! ( certains aussi disent qu’étant Nazaréen, il refusait de boire du vin)

Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce genre de raisonnement ! Comme éloge malsain de la souffrance, on ne fait pas mieux ! Mais je ne devrais pas m’étonner car si d’un côté on a un évangile de la prospérité qui nous promet une vie facile et agréable, il y a d’un autre côté un évangile du sacrifice qui lui fait de la surenchère autour de la souffrance particulièrement celle de Jésus…

L’ignominie est totale

Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.

Un autre geste de plus, qui montre bien tout ce qui entoure la réalité des exécutions ….et particulièrement l’impuissance de Jésus faisant ressortir le statut social auquel il appartenait : il est dépouillé de tout et le peu de valeur que peuvent sortir les gardes de ses possessions, un vêtement, est tiré au sort….

( évidemment me reviennent à l’esprit toutes images de la Shoah et ces vêtements jonchés au sol et les gardes qui ramassaient avant et après tout ce qu’ils pouvaient trouver de valeur …mais même sans aller jusque là, récupérer une bague ou un anneau sur un mort…. n’est pas si surprenant)

Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

L’ignominie de cette mort de Jésus est mise en valeur à chaque phrase, sans qu’on ait besoin d’en rajouter.Tous les détails s’accumulent : le récit continue et note un autre détail : le fait qu’il soit entouré de deux criminels, ce qui n’est pas étonnant car finalement on était condamné à mort si on avait commis des crimes… mais cette précision renforce en quelque sorte la descente aux enfers de Jésus, ou comme on dit aujourd’hui dans le langage familier « c’est la totale »

C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.

Autre connotation qui a intrigué, car si on essaie d’établir un horaire précis de ce qui s’est passé depuis l’arrestation de Jésus avec sa parution devant les deux tribunaux, ça paraît impossible… tout est dans cette recherche d’établir un horaire précis comme on essaie de le faire quand on veut reconstituer un crime pour en découvrir l’auteur…après 2000 ans c’est une recherche vaine…ou qui ne pourra jamais donner de certitudes. Ma seule remarque c’est que les disciples de Jésus se seraient souvenus bien précisément de l’heure de la crucifixion, ça il n’aurait pas oublié contrairement à d’autres informations … alors est-ce que le passage de Jésus devant les tribunaux se serait tenu plutôt la veille que le jour de sa crucifixion, pourquoi pas …

Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient : « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,

sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »

De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même !

Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.


Après cette description un peu atone, finalement pour couronner le tout, on retrouve les moqueries déjà mentionnées pendant la séance des coups, non seulement des passants mais aussi des « méchants » , les grands prêtres et les scribes, qui réapparaissent pour venir contempler leur victime et se réjouir … Pas de pitié pour le perdant… il leur a tenu la dragée haute pendant tellement longtemps, c’est le moment de leur revanche … Peut-être avaient-ils craint jusqu’au dernier moment qu’il y ait un soulèvement populaire dirigé par ses disciples pour venir le sauver ? Mais cette fois-ci , ils ont vraiment gagné…

* * *

Je continue à avoir du mal à lire ce récit et à l’analyser et n’ai vraiment pas envie de m’y attarder tellement il est réel pour moi , ce Jésus de Marc au cours de ma lecture est devenu un être en chair et en os…  et il me rappelle trop ce que je préférerai oublier :la capacité de cruauté monstrueuse de l’être humain et les souffrances atroces qu’elle cause à ceux qui en sont victimes. C’est pour cela que les polémiques que cette histoire suscite au niveau de la rédaction du texte ou de l’historicité de tel ou tel détail ne m’intéressent pas vraiment…Pour une fois les mots sont bien en deçà de la réalité décrite. Peu importe les détails, Jésus a souffert une ignominie innommable et ça devrait nous suffire !

On lui doit le respect… en ne le contemplant que de loin !

Supplique!

Mercredi 2 février, Bridgewater,

Hier soir, le ciel était ensanglanté …

Pour pleurer le décès de ces deux hommes abattus sur le campus de l’Université d’à côté par un tireur solitaire qui après les avoir blessés s’est enfui à toutes jambes ?

On a reçu l’alerte dans l’après-midi qu’un homme armé avait pris la fuite et qu’on devait rester chez nous…

Que se passe-t-il dans la tête d’une personne qui prend une arme et part à l’assaut de on ne sait quel ennemi qui n’existe peut-être que dans son imaginaire ?

(On connaît son nom maintenant, son âge, ancien élève marathonien de l’université…. mais aucune idée du motif,)

Que se passe-t-il ?

* * *

Il est inutile, ici, dans ce pays, de dire et répéter que la facilité avec laquelle on peut se procurer une arme est la cause de tant de meurtres et de suicides…

car tout est là…

Une balle ça ne pardonne pas: une fois qu’on a appuyé sur la gâchette, on ne peut pas se rétracter, on ne peut revenir sur ses pas, on ne peut se reprendre et faire mieux la prochaine fois, on a beau s’excuser, avoir des remords, demander pardon même, on ne peut redonner la vie à celui qu’on a tué,

la mort, c’est définitif,

pour lui, c’est fini

(et pour les siens aussi)

Pas d’espoir de lendemain …

* * *

Toute la petite ville est en émoi,

les familles seront bien entourées

les hommes tués étaient des agents de sécurité,

appréciés de tous, nous dit-on

qui travaillaient en tandem,

l’un blanc, l’autre noir…

pendant ce temps là

Le même jour au soir

Une voisine vole au secours d’un ami qui veut se suicider… Celui-là en réchappera…

mais il y en a tant d’autres à sauver!

Seigneur, viens à notre secours !

Jésus, victime impuissante

vendredi 28 janvier- 1er février, 2022, en Virginie

( on a de nouveau de la neige… je ne m’en plains pas)

Je continue à lire en marge de cette réflexion des articles sur l’arrestation et le procès de Jésus et les différentes théories sur ce qui a pu se passer (ou pas), où et quand, en étudiant les lois juives et les relations entre les autorités religieuses et le pouvoir romain à cet époque,… ce que j’en retiens et auquel je n’avais pas pensé, c’est qu’il était important aux yeux du peuple, pour discréditer Jésus qu’il soit condamné par le Sanhédrin….la condamnation du gouvernement romain seule en aurait fait un martyr mais la double condamnation des autorités religieuses et politiques auraient dû pouvoir mettre fin à son influence sur le peuple et empêcher que ses disciples puissent continuer à propager ses idées. Beaucoup de discussions portent sur le fait qu’il ne semblait pas possible que Jésus puisse comparaître le même jour devant le Sanhédrin et ensuite soit crucifié : ça semble trop rapide, mais on sent très bien qu il y a toujours en toile de fond l’enjeu de qui est responsable de sa condamnation à mort : ses compatriotes et coreligionnaires ou les romains…

Marc 15 : 16-20

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde,

ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.

Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! »

Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier

J’ai entendu parler du film sur la passion de Jésus de Mel Gibson, porté aux nues par les uns critiqués par les autres… moi je n’irai jamais le voir, à cause de ce que j’ai entendu dire sur le réalisme des scènes de la passion… Les scènes de violence, de tortures sur autrui, particulièrement celles qui mettent en évidence la souffrance des victimes, me sont insupportables surtout quand elles représentent des faits qui se sont passés et que la victime par sa nationalité ou son appartenance me rappellent des personnes que j’ai connues de près ou de loin…

Il y a , nous disent certains, un phénomène de catharsis salutaire pour les scènes de violence àl’écran car elles nous aideraient à évacuer nos désirs de vengeance ou nos pulsions meurtrières … mais ce n’est vrai que quand le spectateur, malgré tout le réalisme de la séquence, sait que ce qui est sur l’écran est finalement une illusion. Quand le film est terminé, il sait qu’il retrouvera le monde concret et réel de sa vie où les personnages du film perdront de leur consistance et retourneront dans l’univers fictif et inoffensif de l’imaginaire.

Mais si l’histoire racontée est basée sur des faits réels et que les victimes ressemblent trop à celles-là que l’on a connues, il n’y a plus de distance entre les deux mondes : un ancien combattant de la guerre au Vietnam me disait qu’il ne voyait aucun des films sur ce sujet et les survivants de la Shoah ont souvent critiqué les films qui mettent en scène cette tragédie… y voyant une instrumentalisation de leur souffrance ( pas que pour le films d’ailleurs, il y a eu toute une polémique sur l’écriture de romans )

En tout cas, cette scène qui nous est décrite de Jésus qui est moqué et frappé dans le prétoire… est une scène tellement vraie…. dans le sens que des gardes qui s’acharnent sur un prisonnier et se moquent de lui est tellement monnaie courante …. qu’elle m’est personnellement insoutenable…

*   *   *

il y a très longtemps…

« Madame, ( en réalité, c’était en espagnol) pourquoi rigolaient-ils quand ils nous frappaient alors qu’on était suspendu par les poignets et qu’on avait tellement mal !?»

C’est la question que m’avait posé un jeune homme dans la prison qui m’avait fait jurer que je ne le raconterai à personne…

Infliger une telle douleur à quelqu’un et rigoler en entendant ses plaintes et ses cris de douleur, ça pour lui c’était totalement incompréhensible…

( Je ne me souviens plus de ce que j’ai pu lui dire, je ne me souviens plus de son nom non plus, je me souviens uniquement de sa détresse profonde et de son regard tourmenté…)

* * *

Ce qu’il m’a enseigné en tout cas c’est que ce n’est pas la douleur physique qui est le pire ( on finit par s’évanouir), c’est l’humiliation… la moquerie… le mépris… et cette scène qui nous est rapportée, elle en comporte tous les éléments …. Le type de moquerie des gardes est en cohérence totale avec ce qu’on l’accusait d’être, un roi mais un roi déchu …on va se sentir fort en pouvant humilier quelqu’un qui a fait l’admiration des foules et qui a eu des prétentions ( en tout cas pour eux) d’appartenir à la cour des grands…

Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! »

Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements.

( on ne note pas dans le texte les gardes qui ne se sont pas joints aux autres…mais dans un groupe, il y en a toujours un ou deux qui ne se sentent pas à l’aise et ne participent pas… ou quelqu’un de gradé qui vient et dit : ça suffit !)

Cette séquence se passe d’explications tellement elle est évidente…. Ce qui est différent par rapport à ce qui nous ait rapporté au cours de son procès et c’est peut-être pour cela que ça me touche particulièrement, c’est qu’on voit ici un Jésus finalement victime passive, incapable d’éviter les coups qui lui sont assénés , complètement à la merci de ses bourreaux qui s’en donnent à cœur joie… comme ça se passe avec tellement de prisonniers et dont cette commémoration récente d’Auschwitz nous rappelle l’actualité pas si lointaine que cela, des souffrances du peuple juif…

C’est presque un soulagement, quand à la fin du texte, on nous dit,

puis de là ils l’emmenèrent pour le crucifier.

* * *

Raconter cette séquence, une fois, ça suffit…. Mais la répéter jour après jour, surtout vouloir la rejouer périodiquement, devient du voyeurisme… .qui me semble malsain ou inopportun….et qui risque de raviver les sentiments de rejet envers « les juifs » …. car les chrétiens, voient d’abord en Jésus, le fondateur du christianisme et pas le juif qu’il était

Il y a cette espèce d’interprétation anachronique, sous-jacente, que Jésus est persécuté parce-qu’il est chrétien comme eux ( ou comme nous), c’est donc avec ce Jésus chrétien qu’on s’identifie et on prend partie pour lui… contre ses ennemis, les juifs…

(C’est pour cela que le film de Mel Gibson sur la passion de Jésus a été critiqué dans certains groupes du judaïsme quand il est sorti…car ils ne reconnaissent pas Jésus comme un des leurs…( parait-il aussi que le réalisateur a tenu des propos anti-sémites en plusieurs occasions mais ça c’est une autre histoire)

* * *

Deux mille ans plus tard, considérant qui ce Jésus torturé est devenu… il nous est difficile de comprendre ce que cette condamnation à mort a pu signifier pour les juifs de cette époque, particulièrement pour ses disciples et ses sympathisants. Il nous est difficile aussi d’élucider les raisons profondes pour lesquelles les autorités ont voulu l’éliminer et de savoir comment ils s’y sont pris pour que cette condamnation soit possible…et encore plus d’imaginer ce qui a pu se passer dans les coulisses entre les autorités juives et romaines . sachant que finalement ils cherchaient tous, avant tout à défendre leurs intérêts.

Ce qui est sûr est que Jésus après avoir gardé jusqu’à sa condamnation, une dignité et une grandeur qui forcent l’admiration, est devenu maintenant dans cet épisode une victime impuissante, semblable à des millions et des millions d’autres victimes, juives ou non, aux mains de leurs ennemis tout puissants…

L’histoire du Jésus de la Passion, est la mise en scène aux yeux du monde entier…d’un des pires maux dont souffre l’humanité et de ses conséquences dévastatrices

celui de l’abus de pouvoir,

(et qui pire est, avec les encouragements des autorités religieuses..)

illustrant cette tragique vérité :

« l’homme est un loup pour l’homme »

et dans ce sens, on a raison de ne pas l’oublier…

( et qui pourrait dire  après ça que l’humanité n’a pas besoin d’être sauvée ? 

P.S : Deux articles: Magne, J. (1998). JÉSUS DEVANT PILATE. Revue Biblique (1946-), 105(1), 42–69.

http://www.jstor.org/stable/44089366 Jaubert, A. (1964). Les séances du sanhédrin et les récits de la passion. Revue de l’histoire Des Religions, 166(2), 143–169. http://www.jstor.org/stable/23667805

Auschwitz et nous

Peinture de Olèle, survivant du camp de Auschwitz

jeudi 27 janvier, Virginie 2022

aujourd’hui, il y a 77 ans….  libération du camp d’Auschwitz…

Qu’est-ce que l’homme : un monstre ?

Le peuple juif a survécu,

malgré la solution finale, cette volonté féroce de leur anéantissement

( ce n’était pas la première fois que se manifestait une telle volonté…le pharaon avec l’ordre de tuer tous les enfants mâles à leur naissance…sachant que dans cette civilisation les enfants appartenaient au peuple du père et pas de la mère… donc, les femmes elles, on pouvait les garder, elles feraient des enfants pour le peuple du vainqueur… Ce n’est semble-t-il qu’après la deuxième destruction du temple de Jérusalem en 70 que les rabbins ont décidé que les enfants d’une mère juive pouvaient être juifs car beaucoup avaient été violées par les romains ou étaient devenue veuves…pour une opinion sur ce thème….https://massorti.com/Est-on-juif-par-sa-mer:

ils ont donc perdu les ennemis du peuple juif mais à quel prix après tant de souffrance et tant de morts !

il y a une impénétrabilité fondamentale, un mystère incompréhensible ( pour nous qui ne le sommes pas) dans la relation entre Dieu et son peuple, une relation sur laquelle, nous qui n’en faisons pas partie n’avons pas le droit de discourir… Il y a toutes ces questions que pose Job à Dieu sur l’injustice de sa souffrance et pour toute réponse, les questions que Dieu lui pose à son tour…. Questions sans réponses….

( je pense à la chanson de Bob Dylan… the answer my friend is blowing in the wind)

Mais cette incompréhension première, cette impénétrabilité fondamentale, elle s’étend à tout le genre humain : comment est-il possible que le genre humain, auquel nous appartenons soit capable de tant de barbarie, de tant de cruauté, d’une volonté aussi profonde d’éliminer l’Autre… avec un A majuscule puisqu’il s’agit d’une peuple tout entier? Il y en eu d’autres génocides dans l’histoire,,, ce n’est malheureusement pas une anomalie…. même si la Shoah est unique par son ampleur et les moyens déployés pour l’exécuter !

Comment est-ce possible ?

Ce n’est pas la question de Dieu qu’Auschwitz pose d’abord, c’est la question du genre humain …

Qui sommes nous ?

Ayons le courage de nous poser la question et de nous regarder en face…

(Sans faire de l’existence de Dieu un alibi ou carrément un bouc émissaire, en le blâmant pour nos fautes, ce serait trop facile!)

Des images inoubliables

Toute mon enfance et mon adolescence est remplie de ces images en noir et blanc de ces files de familles juives, enfants, parents, grand-parents, oncles et tantes, bousculés, poussés par des hommes en uniforme, les armes à la main , qui les conduisaient vers un destin qu’ils ne connaissaient pas et que nous qui regardions ces images savions que c’était une mort certaine  dans les camps et leurs chambres à gaz…. Et surtout ces images de trains, de fourgons où ils étaient entassés et que l’on refermait sur eux comme des tombeaux ambulants où leurs cris désespérés cessaient peu à peu de se faire entendre…  ce trains.traversant dans la nuit des paysages de campagne glacée et de villages silencieux …

Et puis aussi ces quelques héros, trop peu nombreux sans doute, au courage hors pair, mus par on ne sait quelle passion, qui essayaient de les sauver… .mais se faisaient abattre à leur tour….

(Et dont moi, je j’imaginais faire partie…. Sauf que je ne mourrais pas, bien sûr !)

Et maintenant quoi ?

Heureusement la paix est revenue et on se dit après coup, que ce n’est pas possible, que ça n’a pas pu vraiment se passer, qu’ils ont dû inventer ça, que ça ne pouvait pas être si horrible … même ceux qui l’ont vécu ne veulent pas en parler…

Ces images moi pourtant, je ne les ai pas oubliées…

c’est cette épée de Damoclès qui a été suspendue au-dessus de chacun de nous, pendant des années…

et que l’on savait pouvoir nous tomber sur la tête à n’importe quel moment !

Mais le temps passe … et cette épée au-dessus de nos têtes, on l’oublie….

* * *

C’est pourquoi le son des bottes en Ukraine, m’affole… il réveille toutes ces peurs…

Être un instrument de paix, est le projet de toute une vie…

Combattre tout ce qui conduit à la guerre.

Est un devoir fondamental,

Ceux qui vivent sous les bombes et grossissent les files de réfugiés affamés qui partent sur les routes vous le diront,

la guerre c’est une horreur !

(Et pourtant…. comme c’est tentant de vouloir empoigner les armes à un moment donné de notre histoire pour des causes que l’on croit toujours justes…. comme c’est tentant ! Demandez-le à ces jeunes fougueux qui se portent volontaires dans toutes les armées du monde, régulières ou pas … )

* * *

Plus jamais ça disent les survivants de la Shoah, plus jamais !

Amen, Amen devons nous tous répondre, à l’unisson !

Actualités et Annonciation

le 19 janvier, 2022, La Virginie

Actualités,

S’informer ou ne pas s’informer….  ( that is the question)

Il y a des jours où je me demande si je devrais m’informer de ce qui se passe dans le monde…

Ça rime à quoi ? Ne pourrais-je pas m’isoler et me détacher de ce qui s’y passe pour me concentrer sur ce qui m’arrive à moi et à ceux qui vivent autour de moi ?

Si moi je vais bien, pourquoi me gâcher la journée en lisant les compte-rendus des catastrophes et des malheurs des gens qui habitent à des milliers de kilomètres de chez moi ? Mais surtout, de supporter d’entendre les mensonges éhontés des hommes politiques et de voir l’étalage indécent du train de vie luxueux des multimillionnaires ?

Ça me plombe le moral pour le reste de ma journée ou de ma soirée !

Pourquoi ce besoin d’être au courant de l’actualité?

Qu’est-ce que je cherche en épluchant les dernières nouvelles, qu’est-ce qui me ferait plaisir de pouvoir lire  et voir?

* * *

Me vient à l’esprit, cette phrase prononcée par Marie après l’annonce de l’ange Gabriel lui disant qu’elle enfanterait un fils qui serait le sauveur de son peuple…

 Il renverse les puissants de leurs trônes … il renvoie les riches les mains vides…

En réalité, je m’en rends compte, c’est ça que je cherche à pouvoir lire dans les informations : la nouvelle de la chute d’un des puissants de ce monde, d’apprendre finalement qu’il a perdu son poste, qu’il a été contraint à la démission, qu’il a été convoqué devant les tribunaux et jugé pour ses crimes, qu’il n’a pas pu une fois de plus grâce à son argent échapper à la justice….

Mais tous les jours, je suis déçue,

Ils sont encre là tous debout, arrogants, se pavanant, narguant sans fin mon désir de justice….

« Vous ne m’attraperez jamais, vous ne m’aurez jamais, j’ai des relations dans les hautes sphères que ce soit de la finance, de la politique ou de la justice »

ou pire,

j’ai le pouvoir de vous écraser, de vous faire taire, de vous faire tremble de peur, en vous mettant en prison, en vous torturant, ou en vous éliminant…

et c’est cela que l’on risque d’entendre dire quand tous les jours on essaie de prendre la température du monde dans lequel on vit en faisant le tour des actualités….

*   *   *

Heureusement qu’il reste cette promesse, cette assurance,

Il renverse les puissants de leurs trônes … il renvoie les riches les mains vides…

Et qu’en attendant que cette promesse s’accomplisse, on peut suivre le conseil de celui qui nous dit :

« Ne t’irrite pas contre celui qui réussit dans ses voies, Contre l’homme qui vient à bout de ses mauvais desseins. Laisse la colère, abandonne la fureur; Ne t’irrite pas, ce serait mal faire. Car les méchants seront retranchés […] Encore un peu de temps, et le méchant n’est plus; Tu regardes le lieu où il était, et il a disparu. ! » ( psaume 37)

*   *   *

Les actualités, c’est finalement bien ça… que des actualités… rien de plus!

Ce qui est aujourd’hui ne sera pas demain, encore moins après-demain, ni après-après-demain,

Un jour ou l’autre,

les puissants seront renversés de leur trône…

Alors pourquoi ne pas s’informer avec sérénité, compassion et espérance… de ce qui se passe dans le monde…