C’est fou quand même

Le 11 mai, 2022, Auvergne

(le printemps, c’est toujours aussi magnifique!)

Ce matin, je me réveille avec ce mot : transmettre,

Transmettre

le souci premier du disciple,

le maître parle, le maître vit,

le maître montre, le maître explique,

le maître réprouve quelquefois,

approuve dans d’autres,

mais le disciple lui écoute,

observe, pose des questions,

et transmet.

* * *

Une amie juive, une fois m’avait fait la remarque : pourquoi Jésus n’a-t-il pas écrit, les prophètes eux l’ont fait et grâce à ça, on sait ce qu’ils ont voulu dire,

mais Jésus, lui il n’a pas laissé de traces écrites de ses pensées,

comment peut-on savoir ce qu’il a voulu dire vraiment ?

( question sans réponse….est-il mort trop tôt et n’aurait-il pas eu le loisir de le faire tranquillement en s’isolant du monde pour un temps? On parle de l’humilité de Jésus mais on ne sait pas ce que ça veut dire… ça doit signifier sans doute ne pas prendre le temps d’écrire ses idées à soi …)

* * *

Jésus n’a rien écrit, il n’est l’auteur d’aucun évangile,

tout repose sur l’intégrité de ceux qui ont rapporté ses paroles, ses faits et gestes,

tout repose sur la droiture de leur cœur, leur volonté de ne rien falsifier, leur refus de chercher une gloire quelconque dans la rédaction de leur œuvre

on ne les connaît pas vraiment ces écrivains, on n’est même pas sûrs de qui ils étaient et surtout on ne sait comment ils ont rédigé leur texte, quelle a été la genèse de leur écriture,

Qui ont-ils consulté ? Avec qui ont-ils parlé ? Qui ont-ils cru et qui ont-il mis en doute ? Et surtout qu’est-ce qui s’est passé dans leur tête quand ils écrivaient ? Quelqu’un leur a-t-il demandé de le faire ?

Ont-ils beaucoup prié chaque fois qu’ils ont pris la plume ? ( bon ce n’était pas une plume!) Ont- ils écrit tout d’une traite, ou se sont-ils relus et corrigés des dizaines de fois ?

Tant de questions que l’on se pose et auxquelles, on ne peut pas répondre malgré toutes les recherches que l’on peut faire,

C’est dingue quand même !

C’est dingue d’être obligé de s’appuyer sur le témoignage des autres, sur des personnes que l’on ne connaît pas, et d’être obligés de leur faire confiance…

C’est fou !

* * *

Que ce soit l’évangile de Marc ou celui de Jean, il nous faut faire confiance à ces ancêtres lointains (qui n’en sont pas vraiment) ces inconnus, d’un autre temps, d’un autre lieu, d’une autre langue, d’une autre religion même, pour essayer de savoir qui était ce Jésus dont ils nous parlent… car Il est trop tard maintenant pour faire une enquête : on ne peut qu’espérer que leurs contemporains l’aient faite sérieusement pour donner crédence à ce qui a été écrit…

Comment arriver à la conviction qu’ils n’ont pas menti, qu’ils n’ont pas inventé, qu’ils n’ont pas essayé de nous tromper ?

C’est énorme quand même de penser que croire en Jésus Christ, c’est croire aussi en l’intégrité de ceux qui ont cru en lui…

* * *

Dieu seul peut apposer son sceau à nos textes sacrés

Il peut seul en être la garantie

Mais Dieu nous oblige à faire confiance à d’autres

à d’autres comme nous pour transmettre

ses vérités, sa volonté,

La confiance qu’il a mise en nous, c’est fou quand même !

Des églises vides ou presque…

le 9 mai 2022, Auvergne

L’église était vide,

ou presque,

En tout cas, plus vide que ce dont je me souvenais la dernière fois que j’y ai été,

Les même personnes aux cheveux gris ou au faux châtain-roux…

Mais quand même, une jeune femme avec un enfant dans une poussette et deux fillettes…sans homme pour l’accompagner…

On s’est mis à attendre tranquillement un prêtre qui n’arrivait pas…

* * *

Autrefois, il y a bien longtemps semble-t-il, cette grande église dans un bourg de campagne avait dû être pleine à craquer le dimanche,

avec enfants et femmes endimanchés mais aussi quelques hommes, des forts gaillards certainement qui s’asseyaient de préférence au fond pour sortir le plus tôt possible à la fin de la messe rejoindre le bar, toujours là sur la place…où quelques clients étaient assis aux tables…

Sincères ou pas, croyants par conviction ou par habitude, présents pour se faire voir ou se faire élire, on se retrouvait là le dimanche et on y fêtait nombreux, baptêmes, mariages, premières communions et quelques enterrements même, tout étant l’occasion de se retrouver autour d’un repas copieux après avoir échangé à la sortie de l’église les dernières nouvelles avec les habitants des environs…

C’était vivant !

Maintenant ce sont surtout des enterrements….

* * *

Toujours pas de prêtre en vue…

Faut dire qu’il a plus de 85 ans et qu’il assure encore les messes dans d’autres églises de la région alors qui sait…

Dans la salle d’attente du cabinet médical, où l’on peut s’informer de tout ce qui se passe dans le village, deux femmes discutaient de son état de santé et remarquaient qu’il n’était plus lui-même depuis son dernier accident de voiture…

Faut dire que quand il s’agit de quelqu’un de plus de 85 ans, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il ne perde pas ses billes de temps en temps …

* * *

Les fillettes commençaient à s’impatienter. Pour s’occuper, elles sont allées allumer des cierges sous le regard vigilant de leur maman qui s’est mise à bercer l’enfant dans la poussette qui avait commencé à se réveiller

Trois femmes, un peu plus jeunes que la moyenne, qui avaient l’air d’être chargées de préparer « quelque chose » sont entrées en conciliabule… mais je savais bien qu’elles ne pourraient pas assurer une messe…c’était après tout des femmes, et les messes ne peuvent pas se dire sans un prêtre homme…donc….

On a continué à attendre

* * *

Dehors, on pouvait maintenant entendre la fanfare…

Pourquoi la fanfare ?

Ah c’est vrai, aujourd’hui on célébrait la fin de la deuxième guerre mondiale…même que demain parait-il, Poutine allait faire un grand défilé militaire pour faire valoir le sacrifice du peuple russe pour lutter contre le régime nazi…

(un sacrifice réel d’ailleurs avec des millions de morts …mais comme on le sait tous, le peuple russe a continué à souffrir d’oppression sous l’ère Staline et puis communiste et en plus maintenant de nouveau a été envoyé pour se faire tuer dans une guerre décrétée par un autre dirigeant tyrannique et avide de grandeur… contre un peuple dont il est le cousin germain…)

Alors armistice, pour combien de temps encore ?

* * *

J’ai bien envie d’aller dehors et voir ce qui s’y passe : ça a l’air plus vivant qu’entre ces murs…

D’abord, c’est la marseillaise et ensuite l’hymne européen qu’ils sont en train de jouer, l’hymne à la joie de Beethoven comme on l’appelle quelquefois, bien entraînant sans doute…

Il y a dû avoir un discours du maire et il semble qu’aujourd’hui on a l’intelligence suffisante dans ces allocutions pour ne plus exalter un nationalisme à outrance mais déplorer les nombreuses morts civils et célébrer la paix… surtout qu’aujourd’hui avec l’Ukraine, c’est pas gagné

* * *

Faut- il partir ?

Je vois une des dames se diriger vers la sacristie, allumer les cierges sur l’autel , serait-il arrivé maintenant ? Tout le monde ( enfin c’est une façon de parler) est encore là et a décidé de rester… on s’est déplacé quand même, on ne va pas revenir bredouille !

Je sais en tout cas qu’un monsieur âgé qui vit dans l’ehpad à quelques mètres de là partira pour être sûr de ne pas rater le repas servi à 11 heures et demie…il part systématiquement avant la fin même quand la messe commence à l’heure…

* * *

Finalement,

le prêtre arrive par la porte principale,

tout aussi frêle et menu qu’avant

 il explique en se dirigeant vers l’autel, que sa voiture s’est endommagée quand il a percuté une autre voiture en faisant marche arrière pour sortir du parking , quelqu’un avait dû le ramener…

Je me demande s’il va tenir le coup…

* * *

Il met les vêtements liturgiques, les trois femmes s’affairent, et il annonce au micro après s’être excusé une nouvelle fois, d’une voix étonnement ferme

« aujourd’hui 4ème dimanche après Pâques, nous continuons à célébrer le Christ ressuscité »

L’annonce fondamentale, est faite: la proclamation du Christ ressuscité

* * *

Faut-il regretter le passé, se laisser envahir par la nostalgie de ce qui n’est plus, de cette époque révolue ici en tout cas, où le christianisme paraissait, si pimpant, si allègre, si puissant?

(On sait pourtant que ce temps là si joyeux, était aussi un temps de compromissions, de corruption, d’alliances honteuses ,un temps où Jésus aurait pu interpeller les dirigeants de l’église comme il l’a fait des autorités religieuses de son époque pour les traiter d’hypocrites….)

Certainement quand on regarde en arrière, et que l’on voit les affres par lesquelles les églises ont passé, il y a eu des moments de triomphe et de grandeur, des vrais motifs de joie et de réjouissance, mais il y a eu aussi des moments de persécutions féroces où il semblait que pas un seul disciple de Jésus ne resterait debout …

et peut-être pire encore des moments de trahison où l’église participait aux crimes qu’elle devait dénoncer, aux mensonges qu’elle devait démasquer où elle avait cessé d’annoncer quoi que soit de bon au peuple et était juste bonne à être foulée aux pieds comme le sel qui avait perdu de sa saveur…selon la formule de Jésus lui-même

* * *

Souvent au cours des siècles et des siècles de péripéties d’une histoire mouvementée, la transmission du message n’a plus tenu qu’à un fil,

Comme celui de la foi d’un vieux prêtre têtu,

et d’un petit groupe de femmes patientes et résolues,

(toujours ces femmes dont on se plaint mais qui n’ont pas eu peur de s’approcher d’un Jésus agonisant sur une croix, et qui pour cela ont été les premières à être les témoins de la résurrection…)

* * *

L’église était presque vide soit,

mais c’est grâce à ces anonymes qui étaient là en ce jour,

‘Et à tous ceux qui sont venus avant eux,

Que la nouvelle du Jésus ressuscité en Palestine est arrivé jusqu’ ici,

dans cette église presque vide,

et dans tous les là-bas du monde entier

Tous ces anonymes

qui font partie d’une foule immense de témoins comme le disait le texte du jour :

« Moi, Jean, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main [. . .] Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux.Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Livre de l’Apocalypse 7,9.14b-17.

Etude à reculons de l’évangile de Jean

Samedi 7 mai 2022, Auvergne,

Voilà, j’ai bien fini ma lecture et redécouverte de Jésus dans l’évangile de Marc. Le parcours en a valu la peine car il m’a permis de jeter un regard sur le Jésus qui a foulé la terre de Palestine il y a deux mille ans : il me l’a rendu réel, vivant, authentique pour ne pas dire historique. Surtout, ce que j’ai apprécié c’est que l’auteur qui nous le présente, le tient à bout de bras : il respecte son intimité et ne nous permet de nous approcher de lui véritablement qu’une seule fois dans le jardin de Gethsemani… Pour le reste, ses faits et gestes, ses échanges avec les gens qu’il rencontre, nous montrent qui il est sans que lui, Jésus ne nous le dise directement  : il est totalement décentré presque indifférent à la question de son identité tellement il est absorbé par sa mission … c’est à nous de le découvrir en le suivant, au pas de course quelquefois… On ne se sent pas obligé de le faire entrer dans un carcan théologique ou philosophique, face à lui, on est totalement libre de se positionner.

Mais voilà, on ne peut pas ignorer qu’il y a un autre regard, plus intime celui-là, qui est celui de l’évangile de Jean et ce serait malhonnête de ma part de refuser de l’étudier même si a priori, je n’en ai pas beaucoup envie… Il y eut une époque où on le disait écrit plus tardif et donc moins historique ( il semble que certains ces dernières années ont remis en cause cette opinion) et présentant un Jésus régurgité, celui que l’on voit sur les images pieuses, avec un coeur rouge sanguinolent plaqué sur la poitrine ou dans sa version d’objet kitsch que l’on trouve dans la devanture de certaines boutiques.

En fait, je ne sais pas pourquoi mais c’est cette image qu’évoque pour moi l’évangile de Jean, une image d’un être dont les pieds frôlent à peine la terre et qui n’existe pas dans le monde rêche et rugueux dans lequel on vit et on doit se débattre. Je crains que l’évangile de Jean ne me fasse  perdre de vue le Jésus que Marc nous fait voir et qui lui par contre s’inscrit parfaitement dans une expérience de vie humaine.

Mais bien sûr, je sais que l’impression globale que j’ai de cet évangile est fausse et que je dois la corriger : je ne peux pas faire l’impasse sur un texte qui a une si grande valeur ne serait-ce que littéraire et a nourri la foi de tellement de croyants. Il faut que je le lise et l’étudie plus à fond pour me débarrasser de toutes ses fausses images et ses représentations pieuses qui y sont attachées, de toutes ces théologies et ces constructions humaines qui ont servi de base à un mysticisme de mauvais aloi et à des polémiques sans fin… ou carrément à un gnosticisme qui a trouvé dans ce texte un bois suffisamment abondant pour alimenter son feu et qui aujourd’hui trouve un regain d’intérêt : du new age, à l’orientalisme, aux sciences ésotériques, sans oublier la franc-maçonnerie…

Il faut que j’essaie d’effacer de ma mémoire et de mon expérience ce Jésus mielleux qui conduit à des extases mystiques, avec lequel on échange des regards langoureux et un vocabulaire amoureux qui est intimement mêlé pour moi à celui dont parle toutes ces femmes « saintes et vierges » ( les deux étant toujours étroitement liés) isolées du monde que l’on nous donnait en exemple mais que je ne voulais surtout pas imiter….

Bref, me voilà donc au seuil d’une nouvelle étude, après avoir essayé d’analyser le mieux possible les « raisons » ( qui sont tout sauf raisonnables) de mes réticences et mes préjugés que j’expose ici… Qui vivra verra…

Une nouvelle aventure, en tout cas !

Sortie de nuage

le 4 mai 2022, Auvergne,

Quelquefois,

je ne sais pas pourquoi,

J’ai l’impression de naviguer dans un épais brouillard

Tout est pesant,

Avancer est difficile,

Chaque pas est un effort,

autour de moi l’atmosphère est lourde,

il me faut baisser la tête, rentrer les épaules,

ignorer la fatigue

ignorer les doutes

ne penser à rien d’autre que la tâche à accomplir

ne regarder ni à droite, ni à gauche,

et surtout pas en arrière…

C’est comme si

je me trouvais prise

dans le nuage gris

d’un mauvais génie

*  *   *

Et puis tout à coup,

le nuage passe,

et je peux voir la clarté de l’atmosphère

la beauté des collines qui se profilent à l’horizon,

les couleurs éclatantes des prés, jaunes et verts

les multiples fleurs qui poussent de partout…

Tout à coup,

je peux entendre le chant des oiseaux,

Tout à coup,

je peux relever la tête,

et m’émerveiller…

*   *   *

Pour ces journées inattendues de légèreté et de clarté,

Merci, mille fois merci !

L’unique certitude

le 2 mai, 2022, Auvergne, il fait beau,

Jésus continue à marcher à nos côtés…

En vrac,

L’élection présidentielle est venue… les résultats ont été ce qui avait été anticipé mais pas ce que certains espéraient et que d’autres, comme moi craignaient… après l’élection de Trump aux États Unis, on savait que tout était possible… on retrouve donc un semblant de normalité.

La guerre en Ukraine continue… on n’est plus choqué par les morts, les blessés, les torturés et les nombreux réfugiés mais heureusement pour les ukrainiens, la solidarité ne semble pas faiblir…

Les vendeurs d’armes se frottent les mains : ce sont toujours les grands gagnants…

Hier c’était le 1er mai… défilés un peu partout dans les grandes villes, avec malheureusement des casseurs qui font des leurs ( mais calme plat aux États Unis où le premier mai, journée de revendication des travailleurs a été bannie et est devenu « labor day » qui n’a rien à voir)

Fête du muguet : ici pas de muguet mais des iris qui sont prêts à fleurir et le beau temps a accompagné autour du four à bois, un échange de graines entre gens du village, avec buvette, pain et pizza cuits sur place,

Départ des mes visiteurs venus de la grande ville, qui m’ont rappelé une autre vie, celle avec des enfants pleins de vie, faite de luttes quotidiennes pour les mères qui essaient le mieux possible de les élever et de pourvoir à leurs besoins matériels, et qui continuent à être celles qui portent le fardeau le plus lourd même quand elles ne sont pas seules…

Il semble que féminisme ou pas, libération ou pas, progrès technologique ou pas le monde ne change pas beaucoup et les clivages entre celles qui ont les moyens, et celles qui ne les ont pas continuent à peser lourd dans la balance…

Les enfants eux grandissent, tant bien que mal, pour toujours marqués par ces adultes que nous sommes, nous les mères ( et aussi les pères) et qui avons du mal quelquefois à gérer nos propres frustrations, nos déceptions et nos illusions perdues,

(Ces enfants qu’on nous a donnés et qui nous appellent toujours à nous dépasser… que l’on puisse le faire ou non)

* * *

Qu’aujourd’hui soit un moment de lutte ou de joie inattendue,

De réussite ou d’échec…

d’abondance ou de précarité,

De guerre ou de paix

Jésus qui continue à marcher à nos côtés…

en ce nouveau mois de mai

Est notre unique certitude

À suivre…

21 avril, 2022, Auvergne, jeudi après Pâques, fin de l’évangile de Marc

Marc 16 : 9-20

Le temps liturgique a rattrapé mon temps de lecture de l’évangile de Marc : le tombeau vide et l’annonce de la résurrection. Les exégètes s’accordent semble-t-il, (une fois n’est pas coutume) sur le fait que les versets de 9 à 20 auraient été ajoutés plus tard et ne feraient pas partie du texte écrit par Marc. La question reste de savoir pourquoi Marc aurait terminé son récit par la réaction des femmes et la mention qu’elles n’auraient rien raconté à personne et non pas par une apparition de Jésus. Toutes les hypothèses possibles ont été imaginées entre autres qu’il avait l’intention de la terminer mais n’en a vraiment pas eu le temps. Bien sûr on ne le saura jamais. Voilà donc ce texte :

Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d’abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons.

Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s’affligeaient et pleuraient.

Quand ils entendirent qu’il vivait, et qu’elle l’avait vu, ils ne le crurent point.

Après cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.

Ils revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

Enfin, il apparut aux onze, pendant qu’ils étaient à table; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

Puis il leur dit: Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.

Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.

Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues;

ils saisiront des serpents; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.

Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.

Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient.

C’est vraiment d’un épilogue ce dont il s’agit  qui commence par un résumé  de tout ce que l’on a appris sur ce qui s’est passé après la résurrection, des différentes apparitions de Jésus à commencer par celle à Marie Madeleine qui souligne l’incrédulité des disciples  … pour enchaîner sur les dernières directives de Jésus avant de disparaître une bonne fois pour toute, et terminer finalement par les débuts de la prédication des disciples.  Une tentative en un paragraphe d’apporter une conclusion au texte de Marc.

C’est comme s’ il y avait une pause dans le temps entre l’écriture de« Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur » et ce qui suit «  Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d’abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons » 

On passe maintenant à une autre étape. Marc a raconté la vie de Jésus en détail jusqu’à sa mort et nous a donné la première réaction à l’annonce de sa résurrection : il a rempli son cahier de charges, son travail est fini, c’est une autre histoire qui commence. Est-ce pour cela que Marc aurait fait une pause en prenant le temps de réfléchir pour savoir comment il allait terminer son évangile sans pouvoir le faire? Ou est-ce que les récits des apparitions étant multiples et bien connus, il ne voyait pas le besoin de s’y attarder ?

On retrouve quand même deux éléments qui assurent une continuité avec le texte précédent : les femmes qui ont reçu la primauté de la résurrection ( donnant l’identité de Marie Madeleine) et l’incrédulité des disciples hommes..

 Enfin, il apparut aux onze, pendant qu’ils étaient à table; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

Les reproches de Jésus envers les disciples, sont en cohérence avec le Jésus que Marc a présenté tout au long de son évangile un Jésus qui n’avait pas peur de leur montrer leurs manquements et leur incapacité à le comprendre. On retrouve bien l’homme exigeant d’avant la résurrection et si l’on considère que le témoignage de Pierre d’une manière ou d’une autre est à l’origine de cet évangile, on peut être étonné qu’il n’y ait rien de dit sur les rencontres entre Jésus et Pierre, en particulier quand celui-ci lui demande par trois fois s’il l’aime…

Pudeur de Pierre ou rappel de sa honte, respect de l’évangéliste qui prend ses distances avec tout ce qui est un peu trop intime sur les personnes dont il parle ? On ne le saura jamais non plus. En tout cas, maintenant le message qui est donné est celui d’un autre moment de l’histoire qui commence quand l’église se met en marche et Jésus, celui en chair et en os que Marc nous a fait connaître passe à l’arrière plan… Implicitement la dernière phrase de cet évangile, nous dit de ne pas regarder en arrière et regretter ce Jésus mort mais qui maintenant est ressuscité. Il nous dit de nous mettre en marche. Il me rappelle ces paroles dans Actes :

Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel.

* * *

Du début jusqu’à la fin, dans cette lecture de Marc, j’ai rencontré un Jésus en chair et en os, au caractère bien trempé, au pas résolu, ne refusant pas la confrontation, loin, très loin des images pieuses, un Jésus brut, qui n’avait pas encore acquis de dimension mythologique, qui n’avait pas encore été examiné à la loupe pour se mouler ou se conformer à des présupposés théologiques, philosophiques ou idéologiques qui ont transformé son image et qui maintenant après plus de deux millénaires de christianisme lui collent à la peau et faussent notre regard.

Même si le récit de Marc garde ses distances avec lui et peut-être à cause de cela, il m’a fait valoir que Jésus avait bien existé, qu’il n’était pas une invention de disciples en quête de reconnaissance ou encore moins arborant un désir inavoué de conquête mais de quelqu’un de bien réel. Il m’a permis de rencontrer, même si la formule semble excessive ou inappropriée (dans le contexte des débats des exégètes) un Jésus véritablement historique.

Et ce Jésus historique force l’admiration par ses qualité humaines, sa critique virulente des autorités religieuses et de leur hypocrisie, son intransigeance dans les principes qu’il énonce, son autorité sans excuse, sa capacité à ne pas juger selon les apparences qui le conduit à donner en exemple autant un centurion romain qu’une femme dépensière, et qui nous surprend pour sa compassion et son étonnant intérêt pour les petits enfants…

Mais à la fin de ce récit, ce Jésus qui ne sort pas vraiment du cadre de son époque, ressuscite… et tout à coup, tout bascule : ce qui au cours de ce récit en faisait un être au-dessus du commun, que l’on admirait pour ses pouvoirs de guérisseurs et d’exorciste, éventuellement capable de calmer une tempête et même de nourrir une foule affamée, prend une toute autre dimension. D’autres moments dans le récit sur lesquels, l’auteur ne s’appesantit pas, comme celui de son baptême où une voix venant du ciel le désigne comme le fils bien aimé, ou encore quand il est transfiguré en haut de la montagne, ont besoin qu’on s’y attarde et nous font réfléchir. Comme les disciples, on est étonné de découvrir que la prédiction de son arrestation et de son exécution viennent à se réaliser et encore plus de sa résurrection. D’une certaine manière, on croyait le connaître, on croyait pouvoir le cerner mais il nous échappait.

Maintenant, il nous faudra tout relire…

En fait, je me rends compte que c’est ce qui s’est passé dans l’histoire du christianisme : le Jésus ressuscité a totalement éclipsé le Jésus vivant et prêchant de la Palestine du premier siècle… et ce Jésus là qui passe à travers les murs, qui apparaît et disparaît, décrit comme un espèce de fantôme mort-vivant, est tellement fascinant qu’on en oublie celui terre à terre qui tient la dragée haute à ses adversaires mais finit par se faire flageller et se faire exécuter.

C’est vrai que la résurrection ça change tout… mais comment tenir en même temps les deux bouts : si on lâche l’un, l’autre bat de l’aile…

À la fin de cette lecture, je ne peux qu’exprimer ma gratitude pour l’auteur, l’évangéliste Marc, à propos duquel on continue à s’interroger mais qui n’a pas essayé de falsifier ce Jésus dont on lui a parlé, dont on lui a raconté les faits et gestes ( et qu’il a peut-être aperçu lui-même ? ), et qui a fait de son mieux pour rapporter fidèlement ce qu’il avait entendu dire sur lui , qu’il ait ou non compris l’importance et la valeur de tout ce qui lui avait été transmis. Je le remercie pour son travail assidu, pour sa volonté de s’effacer devant son sujet pour mieux nous le montrer, pour avoir répondu si humblement à la tâche qui lui avait été demandée, à l’appel qui lui était parvenu de la part de Dieu dans des circonstances qui ont pu être quelquefois difficiles, sans se douter que 2000 ans après on continuerait à examiner chaque mot, chaque lettre de ce qu’il avait écrit pour mieux comprendre ce Jésus Christ, fils de Dieu qui quoique bien réel, semble toujours aussi insaisissable…

Que faire d’autre sinon de reprendre ma route avec lui,

À suivre

Et après, quoi?

Le 20 avril 2022, Auvergne

Temps gris et morose…

Pâques est venu ….et après ?

Sur le calendrier liturgique, est écrit, lundi de Pâques, mardi après Pâques, 1er dimanche après Pâques…

Mais qu’est-ce qui ça change vraiment au quotidien ?

Aujourd’hui, il fait gris, la guerre en Ukraine continue, les élections présidentielles qui s’annoncent ont l’air tout aussi inquiétantes et le cahier de charges de notre vie est toujours plein à craquer, avec ses factures à payer, ses frictions journalières avec nos proches, ses préoccupations de toutes sortes pour le lendemain…

Et alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant que la récréation est finie ?

* * *

On nous raconte aujourd’hui l’histoire de deux personnes en chemin, attristées par la mort de Jésus qui rencontrent ce voyageur qui les accompagne et les console en leur expliquant le sens de cette mort…

On connaît bien sûr la suite de l’histoire…ce voyageur, c’était le Jésus ressuscité qui marchait avec eux…

Le Jésus ressuscité, discret, tellement discret qu’on risque de ne pas remarquer sa présence… marche avec nous, il est à nos côtés, c’est aussi simple que ça…

Mais on ne s’attendait pas à ça,

On aurait certainement préféré un Jésus lumineux, brillant de lumière qui nous fraye le chemin et le déblaie de tous ses obstacles au fur et à mesure que l’on avance… un Jésus magique, super héros… comme dans les films à grand spectacle, un Jésus chevauchant sur un beau cheval blanc…

Pas ce compagnon de route, anonyme, à nos côtés

* * *

On s’est trompé sur toute la ligne…

Et on se trompe encore, même après la résurrection…

Le Jésus ressuscité, on le voudrait autrement,

Mais nous voilà renvoyés à nos pénates,

Avec une différence quand même,

Le Jésus ressuscité,

vit

à nos côtés…

* * *

Luc 24 : 29-32

« Mais ils le pressèrent, en disant: Reste avec nous, car le soir approche, le jour est sur son déclin. Et il entra, pour rester avec eux. Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux. Et ils se dirent l’un à l’autre: Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures? »

L’invraisemblable

Dimanche 17 avril, Pâques, Auvergne

Belle journée ensoleillée

La résurrection…

Chaque fois que je relis le récit de la résurrection, surtout le texte lapidaire de Marc,

je remarque à quel point cette résurrection ne fait pas dans le spectaculaire… elle est tellement loin des Te Deum solennels d’intronisation…

Comme elle est discrète ! Comme elle se fait loin du regard des hommes ( littéralement) ! Nul témoin de ce moment précis, seulement après…

et même après

Pas de triomphalisme, pas de revanche,

Pas de manifestation auprès des grand prêtres pour leur reprocher leur incrédulité,

Ni auprès de Pilate pour lui reprocher sa lâcheté,

Ni auprès du peuple pour leur reprocher d’avoir demandé la libération de Barrabas,

pas de manifestation non plus,

Auprès des gardes qui l’ont flagellé, qui se sont moqués de lui, qui lui ont craché dessus, pour leur faire honte…

« Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » nous dit Pierre

Seulement à ses amis, à ses proches

en commençant par les femmes…

même à Pierre qui l’avait renié trois fois…

C’est Dieu qui a choisi ceux qui ont bu et mangé avec lui après la Résurrection, qui les a triés sur le volet, selon ses critères à Lui pas les nôtres, dans ce cercle d’intimes qui l’ont suivi cahin-caha

et qui nous oblige à croire en la parole de ces femmes et hommes lointains, vivant à une autre époque,

Rustres certains, de mauvaise réputation pour d’autres, lâches pour la grande majorité, mais des gens qui avaient bien les pieds sur terre… sans qu’on compte aucun illuminé dans la liste semble-t-il…

Et c’est sur la foi de cette poignée de témoins que tout repose, sur cette base d’hommes et de femmes fragiles, imparfaits, inconstants, bornés quelquefois,

que s’est bâtit, cet immense édifice qu’est l’église qui dure maintenant depuis des siècles pour continuer à annoncer cette nouvelle…

C’est fou quand on y pense…

que c’est sur la foi de gens comme eux

(et comme nous ? )

ni pires, ni meilleurs, ni plus malins…

que tout a reposé

(et que tout repose encore?)

Totalement fou, totalement incompréhensible, totalement invraisemblable !

Aussi invraisemblable que la résurrection elle-même !

( bon j’exagère peut-être)

N.B : lecture du jour, à la messe : Livre des Actes : 10 : 37 etc.

Et nous ( c’est Pierre qui parle) nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice,

Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester,

non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.

Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts.

Le silence du samedi

Samedi Saint : le samedi de tous les silences…

Que peut-on dire après un Vendredi Saint ? Après la souffrance, la déception et les questionnements d’un jour comme celui-là ?

Après que ce que l’on craignait le plus au cours de ces journées tragiques devienne la réalité d’une condamnation sans appel et d’une exécution humiliante…

Après que toute une série de circonstances adverses s’enchaînent pour arriver à cette dégringolade insoutenable…

Que peut-on faire de plus sinon se taire ,

en attendant la suite,

ou plutôt, en n’attendant plus de suite…

Car la mort, on le sait bien, c’est le point final.

Face à la mort, prendre le temps nécessaire du silence,

sans sombrer dans le désespoir…

Tout est là….

Sans sombrer dans le désespoir !

C’est facile aujourd’hui

quand on est le lendemain et que l’on connaît la suite…

Mais pourtant,

chaque fois que le tragique entre dans nos vies

on se retrouve là, au bord du précipice,

prêts à sombrer…

On oublie,

On oublie que le silence désespéré d’un samedi quelconque

est devenu le silence prometteur du Samedi Saint…

Alors, Vive le Samedi Saint !

Une semaine incontournable

le 12 avril 2022, Auvergne,

La semaine Sainte tombe toujours bien, ou plutôt à pic quand on en a besoin…

En 2019, les parisiens mais non seulement eux, tous les amoureux de la beauté des cathédrales ont vu Notre Dame brûler…bon ce n’était qu’un bâtiment et il n’y a pas eu de morts à déplorer mais c’était un moment impressionnant, où le monde entier a vu cette flèche qui s’élevait si fièrement au dessus de la cathédrale s’affaisser en un instant dans un nuage de flamme et de fumée… Une cathédrale qui brûle une tragédie ? Un rappel à l’ordre de l’église en ce début de Semaine Sainte ? Un témoignage pour les nations ? Les analyses n’ont pas manqué et moi aussi j’y ai apporté ma pierre…

https://simone-blog.org/2019/04/renaitre-grace-au-feu-qui-purifie.html

En 2020, on était en plein milieu de la pandémie quand les gens tombaient comme des mouches, les hôpitaux étaient pleins à craquer et le monde du progrès technologique et scientifique était désemparé.  Nos voitures avaient cessé de circuler, nos avions de voler, et nous tous étions terrés dans nos maisons…. (en relisant, je me rends compte qu’il y avait aussi un million de réfugiés Syriens qui se pressaient aux portes de l’Europe qui leur avait fermé les frontières)

https://simone-blog.org/2020/04/la-semaine-sainte-a-quoi-bon.html

En 2021, rebelote : la pandémie que l’on croyait terminée est revenue et cette fois-ci c’est la polémique sur les vaccins qui nous agitent mais aussi la guerre en Éthiopie qui apporte son lot de morts et de blessés…

Et puis maintenant, semaine sainte, 2022, c’est l’Ukraine qui brûle et les images de tout un peuple en souffrance…

*   *   *

Souffrance des êtres humains victimes de la guerre et de l’injustice, mort d’innocents emportés par la folie meurtrière des puissants, cruauté qui s’étale devant nos yeux, entre ceux qui sont fascinés par le spectacle et ceux qui veulent détourner la tête, entre ceux qui veulent se laver les mains pour se disculper, et ceux qui trahissent les leurs pour sauver leur vie, l’histoire de la crucifixion et de la passion est toujours d’actualité, elle revient incessamment même si les acteurs changent de visage, de contrée et de religion.. On aimerait bien pouvoir sauter à pied joints au-dessus et en arriver tout de suite à la résurrection…

Mais si Jésus n’avait pas percé le ciel de ce cri déchirant au moment de sa mort… on n’aurait que des platitudes à offrir à ceux qui souffrent…

Si au dernier moment un groupe d’hommes armés et résolus étaient venus lui sauver la vie et le descendre de la croix pour que justice soit faite, on croirait que miraculeusement la justice triomphe toujours et l’injustice est punie instantanément…

Si ça avait été un autre que Jésus qui avait été condamné on penserait que les victimes finalement ont toujours quelque chose à se reprocher et méritent le sort qui leur est échu…

En un mot, on n’aurait que des réponses toutes faites et bien ficelées au problème du mal… comme les avaient eues ces hommes pieux et certainement sincères qui ont essayé de consoler Job de tous ses malheurs…

https://simone-blog.org/2022/02/paroxysme-le-cri.html


*  *   *

Heureusement que la semaine sainte ne dure qu’une semaine et que le carême qui la prépare que 40 jours, car ce n’est pas agréable de patauger dans la souffrance et la culpabilité, mais s’il y en a qui ont besoin de s’en souvenir, c’est bien nous les chrétiens qui voudraient nous désolidariser du monde qui nous entoure nous croyant un cercle privilégié qui ne pourrait pas être atteint par les maux qui frappent le reste de l’humanité …

Célébrer la résurrection sans passer par la passion, ce serait s’interdire de croire quand on se trouve au milieu des ténèbres qu’elles ne pourront jamais nous engloutir… Et de cette foi-là, tenace et obstinée, on aura toujours besoin !