Daily writing prompt
When you think of the word “successful,” who’s the first person that comes to mind and why?

Je n’aime pas le mot réussite, pas plus que le mot en anglais successful: il reflète les valeurs d’une société qui ne voit que l’apparence et qui est synonyme de privilège , conformisme et richesse… Qu’est-ce que ça veut dire réussite scolaire, financière, familiale, voire personnelle? Qui est-ce qui décide? Comment peut-on mesurer la vie d’un autre être humain?

Vivre, aimer et être aimé, est ce qui me vient à l’esprit

C’est quoi la vérité?

Le 19 octobre, 2023, Bruxelles

Comme chacun le sait, en temps de guerre, la première victime, c’est la vérité : tout le monde ment et particulièrement les dirigeants …

et nous, alors, les citoyens lambda éloignés du front que pouvons nous croire?

En réalité on croit, ce qui nous arrange…

Disait un certain sieur Roland Barthes…

« Je constate que je suis atteint ( parfois même défait) plus facilement par les rumeurs que les nouvelles, car les nouvelles mobilisent immédiatement une raison qui les discute, tandis que les rumeurs me touchent dans cette zone plus basse de mon corps où s’agitent la bile et la peur » ( et j’ajouterai la haine)

En gros ce qui nous arrange, c’est ce qui nourrit notre soif insatiable d’indignation, de scandales, de condamnation des actes d’autrui  etc.. etc…

* * *

Qui a tiré la roquette sur cet hôpital à Gaza qui a fait plus de 300 morts ( les chiffres varient) ?

Si on est pro-Israël, on va croire ceux qui disent que c’est le Hamas, si on est pro-Palestinien, on va croire ceux qui disent que c’est Israël… les deux en sont capables ( de rater un tir ou au contraire de le cibler mais surtout de mentir) … comme c’est la guerre, tout est permis.!

Ceux qui sont morts, par contre, n’ont pas d’opinion…

* * *

Et nous qui sommes vivants, qui croire, quel camp choisir,?

On peut choisir celui qui attise la haine,

en affirmant nous, qui ne pouvons pas savoir, que c’est sûrement celui-ci ou celui-là et rediffuser à l’infini ces images horribles des victimes…sur nos réseaux sociaux …

Ce même sieur Roland Barthes rappelait: « ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois... »

ou on peut rejoindre celui qui cherche à apaiser les esprits

et ça on sait tous comment le faire… pas besoin de mode d’emploi…

* * *

Pas si évidente, la fameuse prière de cet illuminé , ami des animaux et écolo avant l’heure, un certain Francisco d’Assisi

Fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.

Et la vérité, c’est quoi  alors?

Dire haut et fort que tuer des civils et bombarder des hôpitaux est un crime inacceptable et inexcusable…., en temps de guerre ou pas !

La réalité hors du texte: lecture et interprétation

le 18 octobre, 2023 Bruxelles

Il n’y a que le texte que l’on lit et celui ou celle qui le lise qui comptent.

C’est en gros et en forme raccourcie ce que disent les théories littéraires des dernières décennies : le sujet disparaît, l’auteur disparaît, ce qui reste ce sont ces mots écrits qu’un lecteur déchiffre au fur et à mesure, interprète et reconstruit selon ses propres critères et sa propre expérience. Une fois écrit l’œuvre échappe à son auteur : ce qu’il a voulu écrire importe peu, ce qu’il a écrit est ce qui compte et c’est exclusivement cela qui doit être l’objet de notre analyse littéraire. Tout ce qui existe en dehors du texte est peu ou pas pertinent.

Évidemment, les théories sont plus complexes et plus nuancées surtout sur la question du lecteur ( qui peut être virtuel ou réel) et elles évoluent… mais elles sont souvent l’objet de conférences et d’analyses où les auteurs pour impressionner leur auditoire ou leur lectorat ( quelquefois leurs étudiants) abusent de formules choc telles que « la mort de l’auteur » (Roland Barthes) et la toute puissance du lecteur ( prônée par Umberto Eco ) et utilisent un vocabulaire recherché, obscur pour peaufiner leur effet.

Toujours est- il qu’ils ont eu quand même raison de faire valoir la valeur de l’objet littéraire indépendamment de toute autre réalité et ces théories ont permis d’éclairer les œuvres et de renouveler leur sens. Mettre aussi en valeur l’importance du lecteur dans l’interprétation d’une œuvre vaut la peine d’être étudiée et permet d’insister sur le caractère subjectif des interprétations… Surtout quand on étudie un livre comme la bible qui étant un livre sacré n’est jamais abordé d’une manière neutre …. comme on le voit en ce moment…

* * *

C’est pourquoi justement,

que ce livre qui habituellement pour moi est un livre refuge, ne l’est plus du tout.. car alors que se déchaînent les événements au Moyen Orient, je me rends compte que les livres et particulièrement celui-là ont un socle… un socle géographique, territorial, une réalité historique qui existe en dehors du texte et qui nous oblige à réinterpréter et à nous positionner par rapport à lui. Il cesse d’être de la littérature…

J’aimerais lire et méditer ses mots pour m’éloigner de cette guerre terrible mais il m’y ramène constamment car c’est là que ça se passe, dans cette terre, et les personnes dont on parle et qui s’entre-tuent occupent ses pages…je ne peux pas les ignorer. Particulièrement, la violence qui y est exprimée et décrite n’est pas anodine, pas plus d’ailleurs que les revendications territoriales qui y sont faites.

Je ne peux lire le récit de la vie de Jésus sans l’imaginer autre part qu’en Palestine et à Jérusalem en plein milieu de ce lieu devenu un champ de guerre…

* * *

Heureusement, ô combien heureusement ! il est venu pour rectifier les interprétations guerrières de Dieu de ces écritures par celui d’un Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes »

Heureusement ô combien heureusement, il nous a donné ce discours extraordinaire qui témoigne d’un Dieu qui approuve et bénis « les doux, car ils recevront la terre en héritage. . . ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. . . les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. . . les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu »

Pas les combattants qui eux tuent au nom d’une divinité qui n’est pas le Dieu de Jésus et donc, pas non plus celui d’Abraham…Aucun combattant ne peut se revendiquer fils du Dieu d’Abraham!

Et finalement heureusement ô combien heureusement, (ou peut être malheureusement, si on veut justifier ses actes,) il a banni la haine même envers les ennemis « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent »

 Car il faut le dire quand il dit « vous » il ne s’adresse pas qu’à son peuple car tous les peuples enseignent de haïr ses ennemis en temps de guerre, sinon comment pourraient-ils les tuer !

Et puis il a aussi prôné le pardon coûte que coûte…

* * *

Difficile à entendre quand on nous tire des rockets qui détruisent nos maisons et tuent nos enfants.. On préfère se boucher les oreilles et ne pas entendre toutes ces paroles rapportées  dans l’évangile de Mathieu https://www.aelf.org/bible/Mt/5

Mais qui suis-je moi pour les juger ?

Moi qui vis dans un pays en paix…

Refus de la peur?

le 17 octobre, 2023 , Bruxelles,

7 heures: ce matin je me lève en voyant cette nouvelle sur mon smartphone : attentat terroriste à Bruxelles hier soir, l’auteur n’a pas encore été appréhendé, il a tué avec une arme de guerre, niveau maximum d’alerte à Bruxelles (4) , ne sortez pas disent certains.

On prépare quand même les enfants pour aller à l’école : les écoles flamandes sont fermées mais pas les écoles francophones, les autorités assurent qu’il ne devrait pas y avoir de problème et que tout le monde serait vigilant…

Ma fille hésite… finalement les conduit…la rue est presque déserte quand elle sort…

Tu es sûre que tu devrais les emmener ?

* * *

Je me souviens alors qu’on avait vécu à Medellín et puis à Bogotá pendant des nombreuses années quand il y avait des attentats toutes les semaines.. .quelquefois ciblés par la mafia ou par les groupes de guérilleros ou même simplement des criminels de droit commun mais on risquait toujours de se retrouver au mauvais moment, au mauvais endroit…( une ou deux fois, on a été ciblé particulièrement)

Je me souviens aussi que chaque semaine, dans notre petit groupe de prière, nous et les autres, rendions grâce pour avoir échappé de justesse à une fusillade qui s’était déroulée devant nos yeux, à une arme pointée contre la tempe, ou à une bombe qui venait d’exploser…

C’est bizarre mais ensemble, on n’avait pas peur…

La mort rôdait partout, on ne se croyait pas invulnérable, on connaissait des victimes que l’on pleurait ensemble, mais on avait accepté que oui, la mort était toujours un possible à n’importe quel moment.. et qu’aucune arme, qu’aucun garde-corps, qu’aucun policier ou membre des forces armées n’aurait pu nous protéger

( Ministres, parlementaires, juges surtout protégés par des gardes du corps, des escortes policières impressionnantes, tombaient comme des mouches. J’ai été convaincue plus que jamais que les armes ne protégeaient personne et que la non-violence était la seule alternative raisonnable)

il avait fallu à un moment donné faire le grand saut ( et c’est un saut qui donne le vertige)  celui de la foi pour continuer à vivre… on ne peut pas vivre la peur au ventre.

On y a vécu pendant plus d’une dizaine d’années… Et on ne sait pas pourquoi, nous tous avons été épargnés…

Mais d’autres pas…

(Évidemment, il y a eu des séquelles… des traumatismes que l’on porte tous, chacun de nous, tout au fond …)

* * *

10 heures… l’alerte est passée, celui qui a commis le crime a été « neutralisé » ( je déteste cette expression, elle cache toujours une action meurtrière des forces de l’ordre..)

Soulagement pour l’instant mais jusqu’à quand ?

La peur, elle est utile pour faire face à un danger imminent comme éviter le bolide qui fonce vers vous …

mais il y a une autre peur, celle qui s’installe sournoisement au plus profond de nous-même et qui ne nous lâche plus…

celle-là, il faut la chasser à tout prix

* * *

Tu as appris quoi , au cours de religion, avait-t-elle demandé hier à sa fille de 8 ans … Qu’on est jamais seul a-t-elle répondu, Jésus est toujours avec nous !

Leçon qui tombe à pic par les temps qui courent !

« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »

« Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde »

Pour connaître mieux le contexte de ces citations: https://saintebible.com/matthew/28-20.htm https://saintebible.com/john/16-33.htm

Le jour d’après: dona nobis pacem

https://www.youtube.com/watch?v=7ncchJcMMBU

Cette voix magnifique, ce sont toutes les voix des mères de tous les peuples ravagés par la guerre qui s’élèvent vers le ciel..

le 16 octobre 2023, Bruxelles

Misere nobis, aie pitié de nous!

mais aussi

Dona nobis pacem, donne nous la paix!

C’est la prière qui s’est élevée de toutes parts dans les églises du monde entier, hier dimanche,

Aujourd’hui, lundi, même si les bombes continuent à tomber et les bottes des soldats à résonner, les voix pour la paix se font de plus en plus nombreuses,

La première flambée de haine passée, le temps est à pleurer et à enterrer les morts…


*   *   *

en France

On pleure de nouveau un attentat terroriste contre un enseignant qui a donné sa vie pour protéger ses étudiants… et on lui rend hommage

*   *   *

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux »  lit-on dans ce livre écrit par les ancêtres de ce pays mis à feu et à sang

un temps pour tuer, et un temps pour guérir […]

 un temps pour pleurer, et un temps pour rire;

un temps pour se lamenter, et un temps pour danser [. . .]

un temps pour la guerre, et un temps pour la paix [. . .]

*   *   *

On est encore loin du temps pour rire ou pour danser ou même pour la paix….

Mais il viendra,

Si on s’y met tous !

(en France aussi, les fans de rugby déplorent la défaite et élimination par un point seulement de leur équipe de la coupe du monde, une déception rassurante en réalité, preuve que la vie continue avec son lot quotidien de petites et grandes déceptions)

PS : le texte cité vient du livre de l’ecclésiaste dans la Bible ch:3

La violence: une puissance traîtresse

e 13 octobre 2023, Bruxelles, après un long voyage

Je n’arrive pas oublier ce qui se passe là-bas.. leurs cris arrivent jusqu’à moi.

Pourtant, je m’interdis de regarder des images diffusées sur les sites d’actualités (ou ailleurs), je jette à peine un coup d’œil sur les grands titres des journaux mais surtout je n’écoute pas les déclarations des hommes et femmes politiques : autant d’incitations à la haine semble-t-il  Mais impossible d’ignorer ce qui se passe et cette clameur qui vient pourtant de loin!

Qu’est-ce qui leur a pris ?

Ils ont dû avoir un moment d’euphorie triomphante après avoir pu pénétrer dans le territoire de leurs ennemis… les combattants… tellement ils avaient été humiliés…, tellement ils avaient dû baisser la tête … tellement ils avaient dû assister impuissants à chaque arrestation, à chaque destruction à chaque fouille humiliante,…

Mais qu’est-ce qu’il leur a pris de s’en prendre à des femmes, des enfants et des vieillards sans défense et de s’en vanter après sur les réseaux sociaux …

d’où est venue cette folie meurtrière qui a effacé en eux toute trace d’humanité et de compassion,

Car maintenant, qui va défendre leurs cause ?

***

La violence, ils se sont laissé piégés par son pouvoir illusoire et la satisfaction de revanche qu’elle prétend offrir,

la violence, cette puissance trompeuse qui attire les jeunes gens dans ses bras, leur promettant d’étancher leur soif de vengeance et de construire un royaume où ils seront rois (bâti sur les ruines de leurs ennemis…)

la violence,

une fois qu’on l’invite à sa table,

elle se charge de vous servir à profusion

la haine,

son breuvage de prédilection

un vin empoisonné qui enivre et fait perdre la raison…

* * *

Ne connaissaient-ils pas leurs ennemis, ne savaient-ils pas comment ils réagiraient ?

Maintenant ce sont leurs enfants, leur femmes, leur vieillards qui sont les victimes… et ils sont multipliés par 10, par 100, par mille… les voilà chassés de leur territoire…

Qui va arrêter les mains vengeresses ? Qui va leur dire ça suffit ?

Seigneur, fais qu’au milieu de ton peuple et des nations environnantes se lèvent des hommes et des femmes de paix !


Miserere Nobis

Incertitudes et promesses

9 octobre 2023, Auvergne

Personne ne s’y attendait…

À cette attaque du Hamas sur Israël, même pas les services d’intelligence d’Israël, pourtant eux qui sont tellement performants…

(Personne ne s’attendait non plus à la pandémie de Covid-19 et n’aurait pu imaginer que le monde s’arrête pendant quelques semaines…)

Et pour la guerre en Ukraine ? Quoique l’on savait la Russie prête à attaquer on ne s’attendait pas à revoir sur le sol européen les défilés de réfugiés fuyant les bombardements comme en 40 et maintenant plus d’un an après une guerre des tranchées qui s’installe…. comme en 14-18…

* * *

Paix et guerre : la roue de ce cycle infernal qui nous reconduit à la guerre inéluctablement et que l’on croit pourtant avoir arrêté une bonne fois pour toute, après chaque traité, se remet en marche lentement sans qu’on y prête attention et quand on s’en rend compte, il est trop tard pour l’arrêter…

Paix et justice…

Avec la paix forcée par les armes du pays vainqueur sur le pays vaincu, c’est au prix de l’injustice qu’elle peut s’accomplir.  Le pays vainqueur, vindicatif oublie les souffrances énormes de la guerre et devenu prospère et puissant ne veut pas voir que sa réussite s’est faite au détriment de ceux qu’il a vaincu ou qu’il opprime encore…

La paix permet quelquefois à l’injustice de s’installer impunément et invisiblement,

La fameuse Pax Romana pas le Shalom promis par Dieu à travers la voix ses prophètes et qui n’est pas cet équilibre précaire protégé par des barbelés , mais un règne de paix, de justice et d’harmonie à l’intérieur et extérieur des frontières…

* * *

Il n’y a jamais eu de Shalom établi durablement entre Israéliens et Palestiniens

Depuis la création de l’État d’Israël, rêve enfin réalisé pour les survivants de l’épisode le plus cruel de l’histoire du peuple juif, la Shoa, une vraie paix durable aurait pu s’établir entre le peuple qui occupait les lieux, les Palestiniens et ceux qui les ont délogés pour y retrouver une nouvelle existence.

Mais malheureusement, au cours des années, les uns enhardis par leur succès militaire et économique, devinrent de plus en plus gourmands, les autres de plus en plus désespérés virent en la violence leur seul voie de salut … et la Jérusalem reconquise et retrouvée au lieu d’être le centre où toutes les nations viendraient adorer Dieu , est devenue la Jérusalem exclusive et barricadée…

* * *

Je dois avouer que cette attaque sur Israël, c’était vraiment étrange, surréaliste autant qu’horrible et inattendue dans son ampleur : c’était comme lire des événements décrits il y a plus de 2000 ans dans les livres des prophètes et de les voir se dérouler maintenant sous mes yeux…Jérusalem, entourée par les armées et menacée qui se lamente et puis Jérusalem reconquise et restaurée qui se réjouit (mais finit par délaisser son Dieu affirme-t- Il ) et Jérusalem qui de nouveau pousse des cris de douleur et enterre ses morts

Voilà que la Jérusalem qui pleure ses enfants, ce n’est pas celle racontée dans un livre sacré écorné, mais celle qu’aujourd’hui l’on voit sur nos écranset celle qui s’acharne en représailles et fait pleurer les enfants des autres, ce n’est pas celle dénoncée par les prophètes d’antan, mais bien celle d’aujourd’hui qui laisse exprimer toute sa colère : le cycle infernal est reparti et est en pleine accélération..

* * *

Pourtant, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, la promesse de Dieu continue à tenir pour que Jérusalem soit un lieu de paix et de justice où tous les peuples de la terre accourront :

 « Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, Et la gloire de l’Éternel se lève sur toi.[. . .]

Des nations marchent à ta lumière, Et des rois à la clarté de tes rayons [ . . .]

Je ferai régner sur toi la paix, Et dominer la justice.

On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, Ni de ravage et de ruine dans ton territoire; Tu donneras à tes murs le nom de salut, Et à tes portes celui de gloire.

Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, Ni la lune qui t’éclairera de sa lueur; Mais l’Éternel sera ta lumière à toujours, Ton Dieu sera ta gloire » ( Isaïe 60 : 2…19)

La Jérusalem rêvée ?

* * *

En tout cas en attendant,pour qu’elle devienne un lieu de paix durable et remplisse sa vocation de lumière pour les peuples, cette terre qui a été celle du Christ, le Prince de la paix, il nous est demandé à nous qui nous disons être ses disciples, d’être plus que jamais des instruments de réconciliation… et non d’attiser les flammes de la haine en justifiant les crimes et la violence des uns ou des autres…

À bon entendeur salut ! ( mais qui saurait l’entendre ?)

PS : aujourd’hui, 11 octobre alors que l’on commence à compter les morts et que les cadavres continuent à s’accumuler, pas de discours: c’est le temps de prendre le deuil  et de faire monter nos suppliques vers le ciel

L’abolition de la guerre sainte c’est maintenant

le 6/7 octobre 2023, Auvergne

( l’automne est là, pendant la nuit, mais il repart pendant la journée…plus inquiétant ici la sécheresse s’installe : pas une goutte de pluie à l’horizon… mais voilà que la guerre sainte a repris au Moyen Orient !)


Jean 4 : 21-24

Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.

Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.

Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.


* * *

La dernière fois, https://simone-blog.org/2023/09/la-samaritaine-et-jesus-une-pair-hors-norme.html je me suis centrée sur l’échange entre Jésus et la Samaritaine, maintenant je veux reprendre le texte, pour me concentrer sur d’autres aspects des déclarations de Jésus

Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.

Il semble selon un article que je viens de lire que les ruines du temple qui avait été détruit par Hyrcanus un chef juif, en 127 avant Jésus Christ, était visible du puits de Jacob à l’époque de cette rencontre et qu’on peut imaginer que Jésus et elle se soient tournés ou aient montré du doigt le lieu dont ils parlent. (Bull, R. J. (1975). An Archaeological Context for Understanding John 4:20. The Biblical Archaeologist, 38(2), 54–59. https://doi.org/10.2307/3209464 )

Ce n’était donc pas anodin de pouvoir observer les vestiges du conflit entre ces deux peuples de l’endroit où Jésus et la Samaritaine se trouvaient et ça permet de situer cet échange dans un cadre géographique historique réel qui rehausse la signification de cette rencontre.

( Voilà d’ailleurs des précisions sur cette guerre entre les juifs et les Samaritains qui s’était terminée par la défaite des Samaritains et selon certains textes avaient été pris en esclaves (un extrait de l’article de wikipedia.. « Lors de sa troisième campagne (vers 108-107) il (Hyrcanus, grand prêtre juif) conquiert la région de Samarie […] Les Hasmonéens ne se contentent pas de détruire la ville de Samarie, mais selon Flavius Josèphe, ils « l’inondèrent à l’aide de torrents : par des affouillements, ils la firent ébouler dans les ravines et firent disparaître toutes traces indiquant qu’une ville s’élevait jadis en cet endroit». [ … ] Les fouilles archéologiques ont confirmé la destruction du sanctuaire samaritain du Mont Garizim. » .(https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Hyrcan_Ier pour consulter un site et un point de vue du judaïsme sur Hyrcanus https://www.jewishvirtuallibrary.org/johanan-john-hyrcanus)

En tout cas pour ce qui me concerne, il m’aide à effacer ces images de tableaux à encadrure dorée dans des musées ou des églises où des personnages inoffensifs ont l’air de flotter dans un monde religieux irréel sorti de l’imagination d’un auteur de fiction sans aucun rapport avec le monde dans lequel on vit.

Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.

Jésus ici réaffirme quand même la suprématie juive… qu’il avait l’air de remettre en cause en disant plus haut que ni Jérusalem, ni le mont où adoraient les Samaritains n’étaient le lieu où il fallait adorer Dieu. Quelque soit les recherches qui aient été faites sur les Samaritains et leur commune origine, le Jésus du texte semble épouser ce que les juifs de l’époque estimaient, à savoir que les Samaritains ne faisaient pas partie du peuple légitime juif auquel Dieu avait promis d’envoyer un sauveur…L’ancrage de Jésus dans son époque et d’une certaine manière porteur de ce que nous considérons aujourd’hui comme des préjugés, est toujours troublant, nous qui voudrions le voir, justement comme dans ces peintures de musée ou d’église, flottant au-dessus du temps et de l’espace…

(L’explication donnée pour ce manque de connaissance est que les Samaritains ne reconnaissaient pas d’autre textes sacrés que ceux du Pentateuque ( les premiers cinq livres de la Torah) et donc le dernier prophète était Moïse : leurs écritures n’incluaient pas les livres de prophètes. Les exégètes semblent satisfaits de mentionner que cela prouve que le texte n’est pas anti-juif…mais moi , je voudrais le comprendre mieux… je découvre donc ce site étonnant car je croyais que les Samaritains n’existaient plus… avec beaucoup d’informations sur les Samaritains… car ils existent encore semble-t-il… je leur laisserai donc la parole: a priori, …https://www.israelite-samaritans.com/)

Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.

Heureusement, Jésus se rattrape par cette déclaration extraordinaire qui représente un tournant décisif ou même encore plus l’inauguration d’une nouvelle ère dans l’histoire des religions mais particulièrement pour le judaïsme… « en esprit et vérité :  »  Jésus par cette formule abolit une fois pour toutes le lien étroit et meurtrier entre religion et territorialité, entre défense du territoire national et défense de son patrimoine religieux.

La suprématie de Jérusalem et son appartenance au peule juif , comme lieu central de l’adoration et de la pratique du judaïsme, on la trouve réitérée à toutes les pages ou presque des livres des prophètes où la promesse de Dieu est toujours de le lui restituer.

Pourtant cette affirmation de Jésus remet en cause son importance et oblige à relire les textes et à voir Jérusalem non plus comme une entité territoriale mais un lieu spirituel et symbolique ( la Jérusalem céleste). C’est à ce prix, que la la réconciliation et le dialogue est possible entre une samaritaine et un juif.

Ce message qui a été compris par les premiers disciples du Christ, surtout après que Jérusalem ait été détruite, a totalement été oublié et bafoué dès que les chrétiens ont accédé au pouvoir politique, en faisant de Rome ( et aussi Constantinople ) un centre territorial de la chrétienté et donc à défendre par les armes (même s’ils n’ont pas oublié Jérusalem quand les croisés ont détruit tout sur leur passage pour la réinvestir au nom d’un tombeau…. vide !)

Cette affirmation, qui arrive au cours de cet échange, simplement, sans crier gare, opère une véritable révolution dans la pensée religieuse dont on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences.

* * *

Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité

Tout d’abord, je me réjouis, ayant parcouru le monde et  rencontré des centaines de personnes incarcérées d’avoir pu leur dire que Dieu peut être adoré n’importe où…. même dans un cachot et qu’aucune nation aussi puissante qu’elle soit ne peut prétendre avoir l’exclusivité de l’accès à Dieu, ce Dieu appelé Père par Jésus. « En esprit et en vérité » permet à qui que ce soit où qu’il soit de s’en remettre à lui : tous égaux devant Dieu, tous frères et sœurs.

Je redécouvre aussi  combien cette déclaration est percutante et révolutionnaire, presque autant sinon plus que celle de « aimez vos ennemis » car elle s’inscrit en plein milieu d’une réalité historique et concrète dans un dialogue où Jésus se trouve face à face avec une personne, qui en ce cas le considérait comme son ennemi .

Je suis d’autant plus attristée de constater que 2000 ans et des centaines de guerres politico-religieuses après, avec leurs millions de morts,  cette affirmation de Jésus rapportée ici ait été totalement délaissée et n’ait pas été enseignée comme une vérité fondamentale de cette « nouvelle religion » issue du judaïsme et qu’on a appelé le christianisme… Et ça continue dans les discours guerriers au Moyen Orient et partout ailleurs.. ! Si Isaïe se plaignait que son peuple avait la nuque raide et désobéissait constamment aux enseignements de Dieu, la même chose est vraie des chrétiens, ce peuple adopté…

Cette déclaration de Jésus aurait dû sonner le glas de toutes les guerres saintes

Maintenant a dit Jésus, maintenant,

c’est quand ce maintenant ?

( La question est d’autant plus d’actualité aujourd’hui 7 octobre 2023 quand vient de se déclencher un énième conflit entre le Hamas et Israël …

https://www.lemonde.fr/international/live/2023/10/07/en-direct-attaque-contre-israel-vingt-deux-personnes-tuees-par-les-frappes-du-hamas-des-civils-pris-en-otage-en-violation-du-droit-international_6192981_3210.html

Seigneur, prends pitié !

Éloge de l’ignorance: sus aux experts!

le 29 septembre, 2023. Auvergne

( la chaleur est revenue… mais surtout la sécheresse, même si la fraîcheur du soir nous rappelle qu’on est en automne)

« Que nul homme ne rougisse de son ignorance »

Je trouve cette perle dans un texte écrit par un certain Cyrille, évêque de Jérusalem en l’an 400 et des poussières…

Il parlait de notre ignorance en ce qui concerne la nature de Dieu… car seul Jésus, « le Fils » pouvait avoir une connaissance complète de qui il était vraiment...

* * *

C’était à l époque où les chrétiens , après avoir été persécutés par les empereurs romains pendant de longues années, vivaient finalement en sécurité, ce qui fait qu’ils avaient profité de ce calme bien venu pour utiliser leur énergie à …. se disputer entre eux!

Et se disputer, ils l’ont fait sur tous les sujets possibles et imaginables… et avec l’essor du christianisme et son influence dans la société, tous les enjeux dits doctrinaires étaient presque automatiquement doublés d’enjeux politiques et de luttes de pouvoirOn ne brûlait pas encore les hérétiques mais on les exilait et les relevaient de leurs postes de responsabilités ( en général les évêques)

Un des sujets qui cartonnait ( et qui cartonne encore d’ailleurs) à l’époque, était celui de la relation entre la divinité de Jésus et son humanité : qu’est-ce que ça signifiait ? Avait-il deux natures, l’une à côté de l’autre ou une seule où les deux étaient fusionnées sans qu’on puisse les séparer ( de quoi en perdre le sommeil ?) 

Bref, même s’il n’y avait pas encore les réseaux sociaux, ça divisait au point où ils se jetaient mutuellement des anathèmes pour se discréditer entre eux ( preuve qu’on n’a rien inventé) et le gouvernement devait intervenir quelque fois pour y remettre de l’ordre…

* * *

Confesser notre ignorance, reconnaître les limites de notre connaissance quand il s’agit de Dieu : quoi de plus sage et de plus raisonnable, et quelle arrogance est la nôtre dans nos déclarations sur qui il est et encore pire à quoi il ressemble… d’où la sagesse de l’interdiction juive et protestante ( et aussi musulmane) de le représenter visuellement, selon le commandement inscrit par Moïse sur les tables de la loi et que les israéliens de l’époque se sont empressés à enfreindre ( il faut ajouter aussi qu’avec l’avènement du Christ, l’interdiction a été réévaluée et a été le sujet de polémiques qui durent encore aujourd’hui… ) .

Si notre intelligence nous est utile, sans faire de l’anti-intellectualisme, elle nous égare surtout quand on l’utilise pour montrer notre supériorité et l’intelligence la vraie est de reconnaître nos limites ( « ce que je sais est que je ne sais rien » aurait dit Socrate, d’après Platon). Mais l’avouer publiquement nous empêcherait de nous pavaner sur les plateaux de télé et sur les réseaux sociaux nous présentant comme des experts qui ont réponse à tout…il y a en chacun de nous un gourou qui dort et qui est prêt à se manifester à la moindre occasion surtout sur les questions religieuses….

(D’ailleurs, j’ai découvert que notre cher Cyrille, à ma grande déception, pourtant considéré comme un saint par les orthodoxes comme les catholiques, n’aurait pas mis en pratique ( comme par hasard) ce qu’il enseignait… ayant chassé juifs, païens et hérétiques qui étaient sous sa juridiction : il est un des pères de l’église les plus controversés, et les opinions sur sa personnalité et son œuvre sont encore très contrastées.)

En tout cas, je me tourne vers Isaïe qui a si bien proclamé la grandeur de Dieu et l’impossibilité pour l’être humain de le sonder….

Qui a sondé l’esprit de l’Éternel, Et qui l’a éclairé de ses conseils?

 Avec qui a-t-il délibéré pour en recevoir de l’instruction? Qui lui a appris le sentier de la justice? Qui lui a enseigné la sagesse, Et fait connaître le chemin de l’intelligence?.[. . .]

Toutes les nations sont devant lui comme un rien, Elles ne sont pour lui que vanité […]

 A qui voulez-vous comparer Dieu? Et quelle image ferez-vous son égale?

 Ne le savez-vous pas? ne l’avez-vous pas appris? Ne vous l’a-t-on pas fait connaître dès le commencement? N’avez-vous jamais réfléchi à la fondation de la terre? [. . .]

 A qui me comparerez-vous, pour que je lui ressemble? Dit le Saint.

 Levez vos yeux en haut, et regardez!

(Isaïe 40 : 13…26)

Bref ! Arrêtez de dire n’importe quoi ! Taisez-vous et contemplez sa gloire !

* * *

N. B : pour aller plus loin…. En ce qui concerne l’attitude de Cyrille face à ses contemporains, comme par exemple la question de l’expulsion des juifs, les sites en français la passent plutôt sous silence mais ceux en anglais qui reflètent plus une opinion critique protestante du personnage en font état :Wilken, R. L. (1966). Exegesis and the History of Theology: Reflections on the Adam-Christ Typology in Cyril of Alexandria. Church History, 35(2), 139–156. https://doi.org/10.2307/3162279

Berten, I. (1968). CYRILLE DE JÉRUSALEM, EUSÈBE D’ÉMÈSE ET LA THÉOLOGIE SEMI-ARIENNE. Revue Des Sciences Philosophiques et Théologiques, 52(1), 38–75. http://www.jstor.org/stable/44409485

L’extrait cité de Cyrille…est dans l’évangile au quotidien du 29 septembre 2023

https://levangileauquotidien.org/FR/gospel/2023-09-29

Captures d’écran

les moutons automne, Auvergne

Exécutions sommaires…

Le 26 septembre,2023

D’un côté,

le paysage paisible des moutons qui broutent dans le pré au détour du chemin…

D’un autre

les ruines de pays sous les bombes, les cortèges de réfugiés, les naufragés qui s’accrochent désespérément à un bout de bois à la dérive…

D’un côté

la beauté toujours renouvelée du ciel étoilé dans le silence de la nuit

D’un autre

la laideur des trottoirs malodorants où des sans abris, essaient de dormir emmitouflés dans des vieilles couvertures …

Comment ces deux mondes peuvent-ils exister côte à côte ?

Comment se fait-il que l’être humain puisse produire les deux : la paix et la guerre, le bien-être et la misère… les prés d’herbe verte et les trottoirs malodorants ?

* * *

On nous promet une apocalypse, mais peut-on encore rêver d’un autre monde ? Où l’on peut admirer la beauté de la nature autour de soi et simultanément vivre sur une planète

« l’on n’ entendra plus le bruit des pleurs et des cris…

où ils ne bâtiront pas des maisons pour qu’un autre les habite, ils ne planteront pas des vignes pour qu’un autre en mange le fruit, ils ne travailleront pas en vain et n’auront pas d’enfants pour les voir périr…

un monde où le loup et l’agneau paîtront ensemble (ce fameux loup qu’on réintroduit dans nos montagnes et qui continue à attaquer les troupeaux qui fait que s’affrontent les « écolos » et les agriculteurs dans nos campagnes)

un monde où le lion comme le bœuf mangera de la paille et le serpent de la poussière pour nourriture… (tous végétariens ou même végans!)

et surtout un monde où de leurs épées, ils forgeront des socs et de leurs lances des faucilles,. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée, ils n’apprendront plus la guerre… »

* * *

Toutes ses promesses d’un monde de paix et de justice, je les redécouvre dans ce livre extraordinaire qu’est celui du prophète Isaïe : c’est Dieu qui les fait et qui promet de les accomplir dans le monde qu’il a créé et dont la beauté proclame sa gloire. Les deux y sont réconciliés sous son regard bienveillant…même si

( c’est aussi un monde où règne la corruption, la cupidité, la soif incontrôlée de richesse et de pouvoir, l’injustice, l’oppression, la violence, un monde apocalyptique de souffrances inouïes, semblable à celui dans lequel nous vivons, qui nous est décrit, face auquel la colère de Dieu se déchaîne…surtout quand les auteurs de ces crimes croient pouvoir se laver les mains en participant ostensiblement à des actes religieux…)

* * *

Je prendrai donc ce qui m’échoit : contemplation de la beauté qui m’entoure, compassion et partage avec mes semblables rencontrés en chemin.

Mais désespoir non !

N.B. Les paroles citées, se trouvent dans Ésaïe 65 : 19-25 ; 2: 4