scepticisme de bon aloi?

9 avril, 2024, Virginie

Le temps passe, la guerre sévit toujours en terre d’Israël avec un bilan de morts impressionnant du coté des civils palestiniens et d’une situation catastrophique de pénurie en tout genre pour cette population . . ce qui m a éloigné de ce texte qui me rappelait trop le scandale d’un tel conflit où la haine s’est emparé de ses habitants et de ses dirigeants comme si… Jésus n’était jamais venu, n’y avait jamais prêché et avant tout n’y avait jamais été ressuscité…

Je m’oblige, alors que je m’apprête à retourner en France après un hiver mouvementé à recommencer l’étude de l’évangile de Jean qui raconte des événements qui se sont déroulés là-bas

Jean, 4 : 44-54

Deux jours après, Jésus partit de là pour la Galilée.

Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays.

Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête.

Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm.

Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant.

Jésus lui dit : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! »

Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! »

Jésus lui répond : « Va, ton fils est vivant. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit.

Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant.

 Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C’est hier, à la septième heure, (au début de l’après-midi), que la fièvre l’a quitté. »

Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils est vivant. » Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.

 Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.


*   *   *
 

Jésus repart en chemin et retourne vers les siens, c’est-à-dire le peuple juif, même si l’auteur nous signale à l’avance qu’il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il y soit bien accueilli

Deux jours après, Jésus partit de là pour la Galilée.

Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays.

Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête.

Il semble donc, contrairement à ce qu’ils avaient anticipé qu’il y a été bien reçu et l’explication qui nous est donnée nous rappelle combien ce texte est écrit au rythme des fêtes du judaïsme auxquels Jésus participait autant que ses contemporains. Chronologiquement parlant il vient bien après le séjour de Jésus à Jérusalem à l’occasion de la Pâque, que seul cet évangile mentionne, les autres mentionnant la Pâque, uniquement dans le contexte de l’arrestation de Jésus.

Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm.

Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant.Jésus lui dit : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! »

On avait presque oublié l’histoire de Cana, mais l’auteur a de la suite dans les idées et nous la rappelle : elle montre ainsi que cette histoire n’est pas une anomalie ( ce qu’elle semble car elle n’est dans aucun autre évangile) mais est ancrée fermement dans le récit.

Apparait cette fois-ci un autre personnage, dont on ne connaît pas le nom propre mais qui comme pour le cas de la Samaritaine est nommé par ce qui le distinguait : un fonctionnaire royal…Ce qui est inattendu c’est la réaction de Jésus face à cette demande  : il n’exprime pas de compassion envers ce fonctionnaire comme si, sa requête pour la guérison de son fils n’était pas authentique ou importait peu, mais était une occasion de le remettre en cause. ( je dois avouer que son hostilité m’a pris de court).  Était-ce  parce qu’il s’adressait à la foule autour de lui, qui peut-être avait exprimé son scepticisme devant la demande de ce fonctionnaire royal ? C’est ce qui me semble le plus plausible car Jésus ne s’adresse pas à lui, mais à eux.

D’ailleurs devant la réaction de Jésus, lui le fonctionnaire royal insiste et fait preuve de sa préoccupation pour la vie de son fils mais aussi de sa foi en la capacité de guérir de Jésus.

Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! »

Jésus lui répond : « Va, ton fils est vivant. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit.

Jésus devant son insistance réagit maintenant comme on est plus habitué à le voir : avec compassion et autorité en lui annonçant que son fils est vivant.

Comme l’auteur semble vouloir établir l’autorité de Jésus devant ses détracteurs, l’histoire ne finit pas là et les détails de la guérison de son fils est confirmée par les serviteurs du fonctionnaire royal, montrant à tous les sceptiques, que le miracle était réel et que Jésus en était bien l’auteur.

Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant.

Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C’est hier, à la septième heure, (au début de l’après-midi), que la fièvre l’a quitté. »

Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils est vivant. » Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.

Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.

Je remarque aussi, que le fonctionnaire en question, avait dû demander de l’aide à Jésus comme ultime recours comme le font des parents avec un enfant malade, sans être convaincu que Jésus soit un envoyé de Dieu et c’est seulement quand on lui dit quand son fils a été guéri, que « Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison »

* * *

Ce que j’en retiens…

« le verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous »… tellement qu’il est regardé avec scepticisme par ceux qui l’entourent, qui ne voient en lui qu’un homme ordinaire qu’ils connaissent parce qu’ils l’ ont côtoyé. Et cette réalité d’homme ordinaire aussi apparaît dans ce récit en nous montrant les aspérités du caractère de Jésus qui s’insurge contre ceux qui le remettent en cause mais que nous les chrétiens l’on s’empresse d’ignorer, gênés par ses éclats d’humeur..

La polémique créée autour de la personne de Jésus devient le thème central de cette guérison en Galilée, chez lui mais elle l’était aussi dans sa rencontre avec la Samaritaine.

Qui est Jésus ? On n’en finit jamais de poser la question et d’en discuter.

La réponse que l’on donne à la question, pourtant, elle, engage toute la vie…

Rencontres autour d’une tasse de café refusée

(28 mars 2024)

Un vieux monsieur appuyé contre le mur à côté d’un comptoir où l’on vend entre autre, du café et des sandwichs dans le hall d’un aéroport: il se tient là sans bouger sans demander rien à personne. J’essaie de l’ignorer mais bien sûr après un certain temps je me demande s’il a faim et s’il attend que quelqu’un lui propose quelque chose mais je n’en suis pas sûre. Comment l’aborder et lui demander s’il veut quelque chose sans porter atteinte à sa dignité surtout s’il ne fait qu’attendre quelqu’un?

À un moment donné il demande à l’employé s’il peut avoir , je n’entends pas quoi, pour 1 dollar… non, lui dit-il lui indiquant un endroit plus loin où peut-être, il peut trouver quelque chose.

N’y tenant plus après un certain temps, je m’adresse à l’un des employés, un jeune homme, le manager il me semble, pour lui dire de lui offrir quelque chose à boire et à manger que moi je réglerai par la suite.

Quelques minutes après il l’appelle et lui offre une tasse de café avec un petit sandwich…

À mon grand étonnement l’homme refuse : je n’entends pas tout ce qu’il dit mais il me semble qu’il n’apprécie pas qu’on lui offre quelque chose de gratuit…

L’employé n’insiste pas.

Je lui demande après si je dois lui régler quelque chose même si l’homme a refusé l’offre,

-Ne vous inquiétez pas madame, me répond-il, je m’en occupe  (il avait bien compris que la dignité de cet homme était en cause….)

Finalement alors que je m’apprête à partir, l’homme s’approche du comptoir et demande de revoir le dit le sandwich mais insiste pour payer avec son seul (?) dollar … ce que le jeune homme accepte volontiers.

Ce qui m’a touché moi, c’est la délicatesse de ce jeune homme qui avait tout compris…

Un bon samaritain en réalité, me suis-je dit : une rencontre bénie en ce jeudi saint..

Vendredi Saint

28 mars 2024

Demain, vendredi Saint…

Ça serait bien

si on pouvait sauter

le vendredi saint,

Ça serait bien

si on pouvait

le laisser de côté

et oublier l’existence

de tant et tant de personnes en souffrance

et de tant et tant de personnes perverses,

en mal de puissance…

ça serait bien…

Mais l’heure n’est pas encore venue

il faudra attendre quelques jours de plus

pour passer à l’annonce de la Résurrection

et peut-être encore plus longtemps pour la réalisation

de la promesse tant attendue

« de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera »

et où

«  la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu »

Mais pour l’instant,

Foi et espérance

nous accompagnent à chaque moment

dans notre monde qui, lui, a  bien  l’air,  d’être en chute libre…

N.B : pour aller plus loin les citations bibliques complètes et leur référence

Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. 2 Pierre 3:13

Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Apocalypse 21:4

Peine de mort et Passion

le 20 mars, 2024

La semaine sainte…

On y est pas encore mais l’interprétation de l’opéra Dead Man Walking présenté par le Met sur la chaine de PBS, en a été une préparation qui m’a profondément émue.

Il est rare de se trouver face à une œuvre qui présente le cœur du message de l’évangile et de la difficulté de le vivre avec tant de justesse et tant d’authenticité. L’histoire de cet homme condamné à mort pour avoir tué deux jeunes dont une jeune fille qu’il a aussi violée, et de cette religieuse qui veut l’accompagner jusqu’à son exécution pose toutes les bonnes questions sur la signification ou même le bien fondé du pardon versus la condamnation sans appel, le désir de justice de la famille des victimes versusle respect de l’humanité et la dignité du criminel, sans oublier les motivations de ceux qui s’ auto-désignent sauveurs des dits-criminels…

Le personnage de la mère de Joseph qui apparaît sur scène ( il s’appelle Joseph dans cet opéra mais dans la vie, il était Patrick Sonnier) flanqué de deux jeunes pré-ado taciturnes est particulièrement prenant : une femme au visage marqué par une vie difficile, semblable à toutes celles que j’ai vues faire la queue pendant des heures devant l’entrée de prison en Amérique du sud et qui continuent à croire en la bonté de leur fils ou quelquefois même en leur innocence.

Mais ce qui m’ a frappé c’est que quand elle parle du petit garçon heureux et insouciant qu’il était et qui pour elle existait encore caché dans cet homme endurci, elle pose la question que je me suis souvent posée quand je vois des petits, les yeux pleins de soleil et le cœur tendre : comment se fait-il qu’un jour certains d’entre eux pourront devenir ces personnes cruelles, insensibles à la douleur qu’ils infligent à autrui, ou pire quand ils  trouvent un plaisir pervers à les voir souffrir… ?

Contrairement à une doctrine ( mal comprise de certains à mon avis), je ne crois pas au péché originel dans le sens d’une corruption intrinsèque qui se manifesterait dès la naissance, mais par contre en ce qui concerne les enfants, je me souviens des paroles dures et même effrayantes prononcées par Jésus:

« Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. 6Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer. »

Malheureusement, c’est la parole que l’on a souvent utilisé pour demander aux victimes d’abus sexuel dans l’église de rester silencieuse, comme si c’était elles qui étaient la cause du scandale et non pas les prêtres qui les avaient agressées… Le scandale, c’est l’acte qu’ils ont commis mais non pas la révélation de leur faute… On continue ainsi à blâmer la victime jusqu’au bout

L’autre aspect qui m’a aussi interpellé dans cet opéra est la question des victimes auxquelles on permet de s’exprimer. Le père adresse des reproches à la religieuse pour sa défense passionnée de l’assassin de sa fille quand elle semble ne pas se préoccuper de leur souffrance à eux qui sont tourmentés jour et nuit. En même temps il en profite pour attaquer l’église qui ne leur offre pas de consolation (les parent étaient catholiques, ils avaient mis leurs enfants dans une école catholique) et leur demande de pardonner…Surtout elle, en tant que religieuse, qui n’a jamais eu d’enfants et qui ne peut pas comprendre la douleur d’un parent…

Le personnage de la religieuse est présenté avec honnêteté mais sans concession: authentique, ni héroïne, ni hypocrite, elle passe par tous les affres du doute quand ces motivations sont remises en cause par l’aumônier de la prison, ou sa naïveté est moquée par celle du directeur de l’établissement, ou par la crudité des propos d’un prisonnier coupable de nombreux viols qui fait fi de sa virginité de femme consacrée mais qui pourtant lui a demandé d’être son directeur spirituel et de l’accompagner jusqu’à la chambre d’exécution.  Elle s’affère de toutes ses forces à sa foi au pardon offert en Christ mais sans avoir livré une lutte acharnée contre toutes ce émotions.

Elle vit une véritable descente aux enfers…

(mais contrairement à Jésus que les disciples abandonnent, elle est réconfortée par une religieuse de sa congrégation, un autre moment fort de cet opéra)

C’est à ce moment là que je me suis souvenue de la passion de Jésus qui non seulement a accompagné les condamnés à mort jusqu’à leur exécution mais aussi est mort avec eux, condamné  comme eux… 

* * *
 

« il est descendu aux enfers » dit-on dans le credo… pas seulement spirituellement parlant, mais concrètement et réellement.

Pas besoin de paroles ni d’explications, tout est dit dans cet acte : devant la croix, on ne peut que rester silencieux…

______________________

N.B. C’est vraiment un plaisir de voir une œuvre artistique qui représente avec justesse la foi chrétienne, loin des productions à grand spectacle Hollywoodiennes et des prédicateurs qui exaltent le succès et le bien-être prônant l’élection d’ hommes politiques sulfureux pour construire un royaume de ce monde réservé à quelques-uns et bâti sur la souffrance des autres.

Pour aller plus loin

https://www.sisterhelen.org/biography

La sœur Helen Prejent a semble-t-il au moins une prédécesseure, une certaine Catherine de Sienne, docteure de l’église, sainte canonisé, qui a accompagné des hommes à l’échafaud : « Femme de la tête aux pieds, elle est celle que ses disciples nomment tendrement : “Dolce Mamma ” (douce Maman); celle qui accompagnera jusqu’à l’échafaud un jeune condamné à mort, Nicola Toldo, avec les gestes et les prévenances d’une mère; et celle qui dit tout bonnement : ” Voglio! ” (je veux!), au Seigneur afin d’obtenir le pardon des pécheurs. »

http://dominicains.ca/figures-dominicaines/sainte-catherine-de-sienne/

Gratitude

Le 18 mars 2024, la Virginie

Le printemps éclate de toute part…

et hier soir nous a été offert le spectacle d’un coucher de soleil flamboyant

(impossible de capter sur la caméra de mon smartphone l’intensité des rouges qui se déployaient au fur et à mesure : je suppose qu’avec une caméra professionnelle, il y aurait un meilleur rendu)

En m’extasiant sur sa beauté, je me suis souvenue de l’amour qu’avait le petit Prince pour les couchers de soleil :

« Ah! petit prince, j’ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers du soleil. J’ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m’as dit:
-J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil…
-Mais il faut attendre…
-Attendre quoi?
-Attendre que le soleil se couche. »

Comme, je n’habite pas sur la planète du Petit Prince, non seulement je ne peux pas voir un coucher de soleil à n’importe quelle heure mais encore moins en commander un pour qu’il me soit livré sur le pas de ma porte au jour et à l’heure demandés par une de ces sociétés géantes et tentaculaires qui parcourent la planète pour satisfaire nos désirs les plus futiles…

Les couchers de soleil sont toujours un don gracieux du ciel à accueillir avec gratitude !

D’un autre côté…

(Après ce magnifique coucher de soleil, j’ai fait une descente aux enfers par l’intermédiaire de ce petit chef d’œuvre d’opéra deJake Heggie and Terrence McNally.  : « Dead man walking » présenté à la télévision https://operawire.com/metropolitan-opera-2023-24-review-dead-man-walking/)

mais ce sera pour un autre jour…

Éloge des arbres endormis

Éloge aux arbres endormis

le 6 mars, 2024

Moi qui en suis toujours à l’hiver, je n’ai pas vu l’arrivée du printemps…

j’attends toujours des chutes de neige qui ne viendront plus,

je prépare dans ma tête des plats réchauffants qui n’ont plus raison d’être,

je remarque à peine que les journées s’allongent au petit matin quand j’ouvre les yeux

et même quand je sors, je ne me rends pas compte, toute emmitouflée que je ne suis plus accueillie par un froid mordant…

Pire, je vois à peine les primevères qui se fraient un chemin parmi les feuilles mortes et les jonquilles qui ont commencé à fleurir…

et les oiseaux qui reviennent ?

Je ne les ai jamais vus partir…

J’ai perdu le rythme des saisons…

Que m’arrive-t-il ?

Heureusement, les feuilles des arbres ne sont pas encore au rendez-vous et leurs branches dénudées continuent à peupler le paysage …

J’ai le temps de me rattraper !

Immolation et Passion

Le 28 février, 2024, USA

« il s’est immolé »

Aux informations, le week-end dernier, cet ingénieur de l’armée de l’air américain s’est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël…C’était un acte qu’il a voulu public puisqu’il s’est filmé en chemin et a expliqué son geste, je le cite dans le texte “I will no longer be complicit in genocide [in Gaza]. I am about to engage in an extreme act of protest,” Quoique rapidement des pompiers soient venus éteindre le feu, il est mort quelques heures plus tard de ses blessures… Certains l’ont vu comme un héros, d’autres comme un malade mental, d’autres comme un extrémiste dangereux…

J’ai tout de suite été frappée, en français ( ce n’est pas le cas en anglais) comme la formule « s’est immolé » renvoyait à celle que l’on utilise pour décrire la mort de Jésus et la signification de cette mort, surtout en cette période liturgique de carême où l’on s’apprête à commémorer sa passion…

Mais en relisant les textes plus attentivement, je me suis rendue compte que les textes disaient (en français) a été immolé et non pas s’est immolé ce qui donne une idée très différente : ce n’est pas un acte volontaire de sa part comme serait celui d’un acte suicidaire, mais on l’a tué, ce sont ses ennemis qui l’ont crucifié, lui s’est laissé faire, il a mis en pratique d’une manière extrême l’enseignement qu’il a prêché lui-même dans le texte connu des béatitudes : « ne résistez pas au méchant ».

(« Vous avez appris qu’il a été dit: oeil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.[..] »)

Sa mort est le résultat de sa non-résistance à son arrestation qu’il a accepté parce que c’était ce que Dieu, qu’il appelle Père, attendait de lui…

Voici ses paroles :

« Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre: tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père »

Pourtant le langage théologique pour interpréter sa mort peut prêter à confusion tellement on insiste sur l’aspect rédempteur de la mort de Jésus et on passe sous silence les circonstances historiques concrètes et réelles et de sa mort… Il a été fait prisonnier et a été jugé et a été condamné à mort, on l’a obligé à porter sa croix , il y a été crucifié…il ne s’est pas immolé..

En fait si on veut parler de figure christique, la mort du dissident russe Alexeï Navalny serait plus proche de celle de Jésus, dans la mesure où il ne s’est pas soustrait à ses ennemis quand il a décidé de revenir en Russie, sachant qu’ils cherchaient à le tuer…

* * *

J’en reviens à ce jeune homme de 25 ans Aaron Bushnell, qui s’est immolé « in an extreme act of protest » parce-qu’il ne voulait pas être complice du génocide des palestiniens : il n’y a aucun doute sur la motivation altruiste et sacrificielle de son acte, caractéristique me semble-t-il d’un jeune anarchiste aux racines chrétiennes qui pourtant avait décidé de s’engager dans l’armée …

(mais comme il arrive très souvent ici, ceux qui décident de s’engager viennent de famille qui ont peu de moyens et le coût des études universitaires étant tellement élevés, ça leur permet d’obtenir de poursuivre des études gratuitement.)

En tout cas, il n’est pas le premier à le faire : l’immolation la plus connue a été celle de ce moine bouddhiste en 1963 pour protester contre la persécution des bouddhistes par le gouvernement du Sud du Vietnam… mais moi je connais au moins un cas d’un américain chrétien qui s’est suicidé pendant la guerre en Iraq se sentant profondément responsable des morts causées par les bombardements : selon ses proches il avait des problèmes de dépression et ne cherchait pas particulièrement à protester… ce qui n’était pas le cas semble-t-il pour ce jeune homme qui avait mûrement réfléchi.

* * *

J’en reviens à la passion de Jésus.. et à tous ceux qui parce-qu’ils ont décidé de le suivre, ont la conviction erronée qu’ils doivent l’imiter dans ces moindres faits et gestes ( le plus courant est le célibat mais le plus restrictif est le fait qu’il soi un homme  qui fait que seuls les hommes peuvent devenir prêtres selon l’église catholique) et on voit chaque année ces scènes horrifiques des gens qui se flagellent ou se font flageller et crucifier le vendredi saint…

Il n’y a rien de masochiste chez Jésus même pas dans sa passion , il n’a pas cherché à souffrir : la souffrance qu’il a subie est venue du fait que sa mission lui a valu d’être confronté aux forces du mal voire du malin (autant la dénonciation de l’hypocrisie des dirigeants religieux que l’expulsion des esprits mauvais). Il y a un niveau qui rend le sacrifice de Jésus unique, inimitable et finalement incompréhensible: il ne l’a pas cherché, il aurait pu l’éviter… En fait peut-être le plus incompréhensible est l’attitude du Père qui lui a demandé le sacrifice de sa vie et en même temps lui a donné le choix de le refuser…

Pour terminer…

d’un côté, je suis profondément touchée par le sacrifice de ce jeune homme qui s’est immolé pour tenter d’arrêter le massacre de milliers d’innocents et d’un autre, reconnaissante que celui de Jésus n’a pas été auto-infligé empêchant de créer une culture mortifère qui aurait encouragé les plus fragiles à en terminer avec leur vie. Même dans la mort, Jésus reste l’apologiste de la vie.

Des meubles et des vivants

le 24 février, 2014, USA

Sauver les meubles…

Cette expression me revient à l’esprit alors que je regarde ma chambre à coucher retrouvée…

ces îlots du passé

rescapés du déversement des eaux usées

je n’y croyais pas y être attachés

mais leur familiarité est réconfortante.


Sauver les meubles…

Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai entendu cette expression mais il doit y avoir bien longtemps…car il me semble qu’aujourd’hui, on n’a plus de meubles… on met ses vêtements dans des placards ou des dressings….

En tout cas plus d’armoires ni de commodes, d’ailleurs on peut en acheter par dizaines pour une bouchée de pain aux ventes aux enchères par ici, après le décès du dernier survivant de ces grandes maisons de campagne où plus personne ne veut vivre…

* * *

Au milieu des décombres des villes bombardées, on voit ici et là des objets familiers que les survivants ramassent pour essayer de sauver un peu de leur vécu avant de s’acheminer vers des destinations inconnues.

Ces clichés des survivants au milieu des ruines cherchant à retrouver des objets perdus, on les connaît tous : ils ont de nouveau envahi nos écrans, il y a deux ans avec la guerre en Ukraine et ils se sont multipliés par dix depuis les bombardements de la bande de Gaza …. Le film « Jeux Interdits » qui avait rendu célèbre des histoires d’enfants pris au piège de la guerre et de la mort an’a rien perdu de son actualité

alors…

On peut se réjouir d’avoir sauvé les meubles…

Mais pour ceux qui n’ont pas pu sauver les vivants ….

bien maigre consolation !

Carême, Jonas et Alexeï

le 15 février, 2023, chez nous

Le carême a commencé hier et il tombe bien ce carême…

Car il y a de quoi prendre le deuil, se couvrir la tête de cendres ( pas qu’un petit peu sur le front), s’habiller de sacs de jute et faire un jeûne de 40 jours…

(comme l’a fait le peuple de Ninive en entendant Jonas leur annoncer qu’ils devaient se repentir de leurs actions, sinon ils périraient…)

et aujourd’hui, c’est l’humanité toute entière, qui a besoin de se repentir

(pas quelques grand-mères cathos qui se privent de chocolat, ou quelques autres quidams zélés qui cessent de s’adonner à une activité pas très cool pour redonner de l’éclat à leur petit âme souillée…)

à commencer par…

tous ceux qui ordonnent et participent à cette guerre en Israël déclenchée par le Hamas et qui s’est transformée en un massacre des palestiniens de la bande de Gaza d’une ampleur jamais imaginée,

tous ceux avides de gain qui s’en foutent que la planète se réchauffe et …récupèrent des millions pour l’exploitation du pétrole et autres ressources du sous-sol de notre planète…

tous ces PDG de l’industrie agro-alimentaire qui empoisonnent toute la chaîne de la nourriture avec leurs pesticides et leurs produits de consommation qui conduisent à l’obésité…

Tous ceux qui échappent à la justice avec leur armée d’avocats payés à prix d’or…

et les hommes politiques ? Il ne vaut mieux même pas en parler !

Le carême, c’est pas pour les petits qui grignotent sur leurs maigres revenus tout au long de l’année

le carême c’est pour les grands!

*   *   *

Dans l’histoire de Jonas, c’est le roi qui a pris la décision du repentir collectif pour les violences commises…on ne dit pas son nom…sauf qu’il était roi….
 « Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. La chose parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre. Et il fit faire dans Ninive cette publication, […] ; Que les hommes et les bêtes, les bœufs et les brebis, ne goûtent de rien, ne paissent point, et ne boivent point d’eau! ( même les animaux..intéressant! ) Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et qu’ils reviennent tous de leur mauvaise voie et des actes de violence dont leurs mains sont coupables!

Aujourd’hui, quel gouvernant décrétera jeûne et repentance pour son pays , lequel dénoncera les fautes commises par sa nation au lieu de souffler sur les flammes du patriotisme en faisant des migrants ou toute autre population les boucs émissaires ?

* * *

Maintenant on est le 16… La mort du dissident Alexeï Navalny vient d’être annoncée… Son carême à lui avait commencé de puis longtemps, jeûne, enfermement, sévices de toute sorte , c’est dur et dangereux d’être prophète…

(aujourd’hui déjà le 19 et son corps n’a toujours pas fait son apparition…)
 

* * *

Je viens de relire de nouveau l’histoire de Jonas… en fait ce n’est pas le roi qui a pris l’initiative du jeûne, c’est le peuple… le roi n’a fait que suivre le chemin qu’ils avaient tracé!

Donc…, je ne peux pas moi dire qu’il n’y a que les grands qui doivent faire carême: il va falloir que je m’y mette!