Regarder

le 4 mars 2025, la Virginie

le printemps continue sa course

mais évidemment il y a des ratés

des retours en arrière

comme avant hier

quand la température a de nouveau chuté

et une énorme branche s’est cassée

d’un bruit sec

juste devant la porte…

***

Certains arbres décharnés ont l’air encore

vraiment morts

mais quand on s’approche,

de minuscules bourgeons

ont fait leur apparition

***

lentement mais sûrement

le printemps vient

réconfort et encouragement

par ces temps troublés…

il suffit de s’arrêter et de regarder.

Vive le carême!

le 3 mars 2025, États Unis

Le week-end a été chaud après cette guerre de mots assassins où l’hôte de passage est humilié vilement devant les caméras du monde entier par les puissants du moment…

Une fois de plus le carême tombe à pic… surtout qu’ il s’écoule en même temps que le Ramadan : le monde a besoin plus que jamais d’entendre l’appel au jeûne et à la prière au milieu de cette cacophonie de déclarations outrancières d’un gouvernement à la dérive….

S’arrêter,

se regarder en face

émonder ce qui dépasse,

rectifier le tracé

Chercher à discerner

Ta vérité, Ta volonté

se repentir

avant de repartir

Ah ! Comme on a besoin d’entendre résonner les paroles de ce fameux Jean Baptiste  qui vivait dans le désert, portait un vêtement de poils de chameau, se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage et prêchait la repentance

«  C’est la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.

Surtout qu’il ne mâchait pas ses mots devant les puissants

Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir?

et ne s’arrêtait pas à faire des vœux pieux

Produisez donc des fruits dignes de la repentance… Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. ..

Alors évidemment, comme on pouvait s’y attendre, il ne s’est pas fait de vieux os et finira décapité par un certain Hérode, le grand de l’époque qui en réalité n’était qu’un faible et un médiocre

Pas étonnant qu’il n’y ait pas beaucoup de Jean Baptiste à notre époque !

En tout cas, bon carême et bon ramadan !

NB Pour aller plus loin : Jean Baptiste est mentionné dans plusieurs passages d’évangile, en voici quelques uns : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Luc%203&version=LSG https://www.aelf.org/bible/Mc/1

et un blog plus long que j’ai écrit sur Jean Baptiste, il y a quelque temps :

https://simone-over-blog-com.over-blog.com/2020/08/la-decollation-de-jean-baptiste-icone-russe-marc-6-14-29-4-5-6-aout-2020-la-virginie-c-est-la-saison-des-ouragans-qui-commence-nous

Frankenstein: regrets du créateur de génie

le 22 février, 2025 banlieue de Washington

Par les temps qui courent, je me retrouve devant ce passage de la Genèse qui sonne tellement juste

 L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal.

L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur.

Je ne suis pas l’Éternel, et je ne sais pas si on peut prêter à Dieu des sentiments humains, mais cette réflexion que l’on trouve dans le livre de Genèse, me fait hocher la tête : il y a tellement de moments dans l’histoire de l’humanité où le mal semble s’emparer de peuples entiers que je ne suis pas surprise de voir exprimer ces mots de regrets.

Pourtant tout avait bien commencé et après un chapitre magnifique sur la création du monde, qui finit par le joyau de cette création celle de l’être humain  « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme »et où l’artiste contemple son œuvre avec satisfaction « Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon », on en arrive à ce regret terrible…

Mais tout compte fait, le Dieu de la Bible n’est pas le seul à exprimer des regrets face à ses créations et découvertes, le plus célèbre d’entre eux étant Einstein que l’on considère, faussement d’ailleurs, comme le père de la bombe atomique, ou encore Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite qui léguera sa fortune pour la création, entre autres d’un prix pour la promotion de la paix … (quoiqu’il soit débattu si vraiment c’était parce-qu’il avait des remords d’avoir gagné sa vie dans l’armement https://www.nobelprize.org/alfred-nobel/alfred-nobels-thoughts-about-war-and-peace/)

Et puis il y a surtout ce fameux Frankenstein, qui continue à peupler nos imagination ayant donné lieu à de nombreux films d’horreur. En fait le monstre en question porte le nom du jeune scientifique dans le roman de Sheilly (1818), , dont le sous titre « le moderne Prométhée » a de quoi nous faire réfléchir à une époque où avec les avancées de la néonatologie et du  « bébé éprouvette », on se trouve face à des enjeux éthiques énormes et des risques multiples . Et pour en revenir à Einstein, son avertissement : « Il est devenu terriblement évident que notre technologie a dépassé notre humanité » prend maintenant tout son sens.

En tout cas il est très clair ( et rassurant à la fois) de lire que l’intention du Dieu de la Genèse n’était pas de créer un monstre : « il vit que tout cela était bon » et que malgré les nombreux dérapages de l’humain après, si on suit le cours de l’histoire racontée plus haut , les regrets de Dieu sont tempérés par la reconnaissance qu’il existait parmi tous ces malotrus, un homme juste, le fameux Noé qui sera sauvé de la destruction grâce à l’arche que Dieu lui demanda de construire pour que lui et les siens survivent le déluge à venir.

Déluge à venir ou pas, l’image du Dieu de bonté , tatouée au cœur de l’humain, ne pourra jamais être effacée…

Heureusement!

N.B pour aller plus loin l’histoire raconte ensuite qu’une fois le déluge terminé, l’arc-en-ciel, sera le signe de la promesse que Dieu fait de ne plus jamais vouloir détruire toute la terre…( mais c’est nous qui nous nous en chargeons..) L’histoire se trouve dans le chapitre 6 du livre de la Genèse…

Le premier grand lâchage: vous aussi vous allez partir?

le 14-18 février 2025, USA

(Toujours la même panique et le même chaos ici avec les déclarations intempestives de la Maison blanche et des membres du cabinet ministériel : on se demande quand les choses vont se calmer. La résistance commence à s’organiser mais rien n’est évident)

Jean 6 : 61-71

Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?

Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !…

C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.

Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.

Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »

Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.

Éclaircissements

Les déclarations choquantes ou scandaleuses, pour reprendre le terme utilisé dans cette traduction, sur « boire son sang et manger sa chair » Jésus maintenant les clarifie pour les disciples, ceux qui le suivent, non sans d’abord leur parler de son retour au ciel, une autre affirmation tout à fait incompréhensible au moment où il le leur aurait annoncé.

Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?

Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !…

C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.

Mais finalement, il dit expressément qu’il ne s’agit pas de chair au sens propre du terme dont il parlait mais d’esprit… pour ne pas créer de malentendu ( d’interprétation qui relèverait du cannibalisme ? ) . Il se s’agit pas de son corps, mais de son esprit qui donne la vie.

Nous voilà rassurés !

Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

Incrédulité, des uns même de ses proches qui ira jusqu’à la trahison , le rapporteur du texte anticipe ce que son entourage ne sait pas encore, montrant bien qu’il ne cherche pas à nous donner un récit journalistique des faits, mais le point de vue de celui qui connaît la fin de l’histoire et qui a interprété à la lumière de l’après, les faits et gestes de Jésus.

Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »

Jésus nous fournit une autre explication de ce qu’il avait dit plus haut, à savoir que c’est Dieu lui-même qui a choisi ses disciples, étant donné que seul Lui pouvait savoir à l’avance qui accepterait son message et qui le rejetterait.

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.

Constatation intéressante qui rappelle, que faire de nombreux adeptes, n’a jamais été un souci de Jésus : son offre de salut est ouverte à tous, ses actes de guérisons sont complètement gratuits, mais la démarche particulière de le suivre, par contre est exigeante et Jésus ne la rend pas plus facile en faisant des promesses alléchantes..

La Grande Question

Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Maintenant, c’est au cercle restreint des disciples qu’il s’adresse et la question formulée montre bien qu’ils ont la liberté de le quitter : elle ne contient aucun reproche ni aucune menace de représailles ou de jugement. D’ailleurs étant donné le contexte socio-religieux, il n’y aurait rien d’anormal à ce que des disciples d’un maître itinérant, à un moment donné décident qu ils ne sont pas intéressés par le message qu’il apporte. Est-ce parce qu’ils ne reconnaissent pas en lui les traits du Messie qu’ils attendaient ?

Simon Pierre, ( les deux prénoms sont accolés), comme toujours impulsif, se fait le porte parole du groupe, n’hésitant pas à répondre spontanément ce qui lui vient à l’esprit et c’est un cri du cœur qu’il nous donne quand il parle de Jésus, comme le « Saint de Dieu »

(J’ai voulu savoir ce que cette expression voulait dire car en cherchant d’autres traductions, j’ai rencontré la traduction « fils de Dieu ». En fait, c’est vraiment l’expression « Saint de Dieu »qui fait l’unanimité dans les traductions les plus récentes tant catholiques que protestantes qui cherchent à être plus fidèles au texte grec même si j’ai aussi été étonnée de voir que la traduction protestante en espagnol version Reina Valera, la plus utilisée traduit fils de Dieu ( catholiques, AELF, Bible de Jérusalem, et protestants, https://lire.la-bible.net/bible/NFC,NBS,TOB/JHN.6) J’aime la traduction en français courant plus accessible « tu es celui qui est saint envoyé de Dieu »)

En tout cas pour le juif qu’était Simon Pierre, cela signifiait tout simplement qu’il était le Messie.

Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »

Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.

La réaction de Jésus à cette belle déclaration de loyauté et de foi de Simon Pierre n’est pas celle qu’on attendait ( surtout si on lit celle donnée dans l’évangile de Mathieu où Jésus le félicite) : elle apporte un rectificatif à l’unanimité des douze et à l’enthousiasme de Pierre en annonçant la trahison de l’un deux. La vivacité de sa réponse si elle attribue un don de claire voyance à Jésus, reflète des émotions profondes comme la déception, la tristesse voire même la colère envers le futur traître, que l’on imagine mal exister dans quelqu’un comme Jésus…

(Une fois de plus c’est le rapporteur des paroles de Jésus ( l’évangéliste) anticipant sur le reste du récit, qui identifie le nom du « démon » et non pas Jésus lui-même.)

Un traître parmi la garde rapprochée d’un homme admiré et révéré? Quoi de neuf  finalement? 

* * *

Ce que j’en retiens

Un passage très important pour moi car je me reconnais à la fois dans la perplexité des disciples et la déclaration de foi de Simon Pierre : elles correspondent à mon propre ressenti envers Jésus.

D’un côté, dans cet évangile de Jean, sont rapportées des paroles qui en font un leader religieux et un prophète accessible (même si particulièrement noble et digne d’admiration) et d’un autre, un être insaisissable faisant des affirmations sur qui il est, tellement déconcertantes tellement hors du champ de notre entendement, qu’il échappe à toutes nos tentatives de définition ; on en viendrait presque à douter quelquefois de son équilibre mental.

Pourtant en même temps, à la question de Jésus « voulez-vous partir vous aussi » ma réponse est la même que celle de Pierre « vers qui irai-je  ? » c’est celle du oui au pari de Pascal ou du grand saut de Kierkegaard : à vrai dire, tout compte fait, finalement, sans pouvoir vraiment l’expliquer pourquoi, moi aussi je crois que seul lui, a « les paroles de la vie éternelle ».

( et Dieu sait que des paroles qui proclament avoir la vérité, j’en ai entendu beaucoup!)

C’est ce qu’on doit appeler la foi,

un don paraît-il…

Ingratitude

le 11 février 2025, la Virginie

il neige… de nouveau

tout est gris pour l’instant

mais bientôt tout deviendra blanc

***

Pourtant,

je n’attends pas impatiente,

comme la première fois

la beauté incomparable

de la campagne enneigée

***

je ne cours plus

non plus

au bout de l’allée

pour admirer

les derniers rayons mordorés

du soleil couchant

tellement,

ils sont devenus

routiniers

***

Ingratitude

Comment est-il possible

d’en être arrivé là

devant tant de beauté déployée ?

***

Il me faut lever les yeux au ciel

pour retrouver l’Éden harmonieux

d’avant cette chute funeste

de l’humanité

NB: l’illustration est une photo de l’aube prise le 10 février…pas par moi, je suis restée au lit…et pour le coucher de soleil, je ne me suis pas déplacée

Nourriture céleste ou anthropophagie?

Le 16 octobre 2024 (Auvergne)le 10 février 2025, la Virginie

On est maintenant en 2025, le monde a-t-il vraiment changé depuis ? Est-on dans une nouvelle ère avec l’élection du nouveau président que certains regardent comme le messie ici… au contraire de moi, qui le voit plutôt comme le faux messie des temps apocalyptiques étant donné sa capacité à aveugler bien des croyants..

C’est rassurant d’une certaine manière de retrouver Jésus avec ses disciples, et d’entendre ces paroles de vie, sur ces terres qui sont dévastées maintenant mais où heureusement, il y a un cessez-le-feu même s’il est encore fragile…

Guerre, paix, destruction, reconstruction, ces pays en ont vu des armées aller et venir. C’est peut-être aussi ça l’incarnation : Jésus est venu habiter parmi nous, pas dans un havre de paix mais au milieu de la tourmente dans une région où la paix est toujours fragile et ne tient qu’à un fil…

Jean 6 : 48-60

Moi, je suis le pain de la vie.

Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.

De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.

Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? 

Des propos de plus en plus inintelligibles

Moi, je suis le pain de la vie.

Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus reprend ici le langage imagé qu’il a commencé à utiliser plus haut et qui est celui de la nourriture. Il adresse directement son entourage immédiat (juif bien sûr) quand il parle de « vos pères » et fait allusion à l’histoire de la traversée du désert de ce peuple. L’idée que Jésus soit le symbole du pain vivant n’est pas véritablement choquant mais quand il dit « ma chair » il passe semble-t-il du symbole au littéral et c’est là que « les juifs » réagissent en se demandant comment interpréter ses paroles.

Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est une vraie nourriture, et mon sang est une vraie boisson.

La réponse de Jésus à leurs questions comme il arrive souvent n’en est pas une mais surtout au lieu de minimiser ce qu’il vient de dire et de l’expliquer, il insiste en développant la métaphore, utilisant des termes encore plus crus, ce qui ne fait qu’augmenter la perplexité de ses interlocuteurs et la mienne d’ailleurs! (je ne peux pas m’empêcher d’y voir des connotations anthropophages)

Ici au symbolisme de la chair, qui nous renvoyait au pain de vie, il ajoute celui de la boisson et du sang ce qui est encore plus déconcertant… le sang lui-même est symbole à la fois de la vie et de la mort, mais l’idée même de boire du sang, particulièrement celui des animaux qui devaient être complètements saignés pour pouvoir être consommés, est certainement inacceptable. Il parle là d’enfreindre un tabou majeur dans le judaïsme.

(j’ai trouvé cet article intéressant sur la symbolique du sang dans la tradition juive, com représentant à la fois la vie et la mort: https://rabbinchinsky.fr/2017/04/02/torah-paracha-tsav/)

En tout cas, la dimension spirituelle de ce qu’il dit, ne fait pas de doute car il ne parle pas de la vie ici-bas, mais il explique bien qu’il parle de la vie éternelle, ce qui n’était pas le cas pour la manne qui elle était une nourriture concrète qui a permis aux hébreux de survivre dans le désert.

S’il est donc clair qu’il ne s’agit pas d’une nourriture physique (et par conséquent qu’il ne parle pas d’un acte d’anthropophagie) les images qu’il évoque sont quelque peu surprenantes et ont de quoi faire réagir. Comment l’expliquer sans faire recours à l’élaboration de thèses plus tardives sur la ritualisation de l’eucharistie et le dogme catholique de la transsubstantiation au lieu de le laisser dans son contexte originel qui est celui du judaïsme du 1er siècle ?

Le côté provocateur de Jésus, surtout face aux scribes et aux pharisiens peut-être une piste valide car il n’hésite jamais à démonter leur suffisance par des questions pièges ( peut- on sauver une vie le jour du sabbat ?) et dans le cas présent, en partant d’un symbolisme qui leur était accessible pour en arriver à des affirmations difficilement intelligibles , serait-ce qu’il cherche à créer une telle confusion dans leur esprit qu’il les laisse incapables de répliquer ?

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Maintenant, il semble s’adresser à ses disciples en reprenant le thème de sa relation avec le Père : la relation qu’il offre à ses disciples en utilisant les termes de nourriture est similaire à celle qu’il a avec son Père qui est à la source de sa vie. Et c’est dans cette communion profonde avec lui qu’eux aussi pourront recevoir le don de la vie éternelle qui vient du Père. Il explique donc d’une certaine manière comment comprendre la métaphore qu’il a utilisé.

Ça n’empêche cependant que la réaction des disciples, qui pourtant ne lui sont pas hostiles, soit la perplexité :

Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut la comprendre.

On verra d’ailleurs par la suite que beaucoup de ses disciples à ce moment là décidèrent de ne plus le suivre

***

Ce que j’en retiens : d’abord, les termes et les images que Jésus ( manger sa chair et boire son sang) utilise, m’ont mis mal à l’aise car je ne peux m’empêcher d’y voir une dimension anthropophage (pour ne pas dire cannibale) … Peut-être que ce malaise est dû au fait de la croyance catholique du dogme élaboré plus tard (1215) de « la transsubstantiation » à savoir que miraculeusement le pain et le vin deviennent réellement corps et sang du christ auxquels on demande au fidèle de communier (https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2019-11/la-transsubstantiation-dogme-central-de-la-foi-catholique.html)

Pourtant comme il s’agit de paroles prononcées dans le contexte du judaïsme ou du christianisme primitif, on ne peut attribuer à ces paroles un sens qui ferait allusion à des pratiques rituelles d’anthropophagie. qui leur étaient totalement étrangères et de toutes façons condamnables . Mais je ne suis rendue compte que je n’étais pas la seule à avoir cette réaction et que d’autres, qui comme moi, ne peuvent s’empêcher de surimposer aux paroles de Jésus des croyances et des interprétations beaucoup plus tardives, ont eu la même inquiétude.

( À partir du 16 ème siècle, toutes sortes de mythes cannibales plus édifiants les uns que les autres ont apparu dans les récits d’explorateurs aux Amériques et en Afrique utilisés bien entendu pour montrer l’infériorité et la sauvagerie de leurs habitants. Aujourd’hui, les pratiques rituelles où la consommation de la chair et du sang d’autrui sous une forme ou sous une autre existent, continuent à fasciner beaucoup de chercheurs de sciences humaines ce qui fait qu’il existe toute une réflexion sur la question.)

Alors qu’est-ce que Jésus a voulu enseigner en utilisant des termes aussi crus ?

Certainement annoncer par anticipation, le sacrifice de sa vie dont il parlera au cours de son dernier repas. Et étonnement, pour moi, c’est la lecture du témoignage d’un des survivants de l’accident d’avion en Uruguay de ces joueurs de rugby (1972) qui avaient décidé, non sans remords de consommer la chair de leurs camarades morts pour survivre, qui a mis en relief le fait que l’offre de Jésus signifie le sacrifice complet de sa personne :

«… le jour est arrivé où nous n’avions plus rien à manger, et nous nous sommes dit que si le Christ, pendant la Cène, avait offert son corps et son sang à ses apôtres, il nous montrait le chemin en nous indiquant que nous devions faire de même[…] : C’est ce qui nous a aidés à survivre » (version française.. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_Fuerza_A%C3%A9rea_Uruguaya_571)

Même si son raisonnement théologiquement parlant était discutable, concrètement parlant, la mort des uns avait pu permettre la vie des autres et la consommation de leur chair même si elle n’avait pas été offerte volontairement est ce qui les a sauvés. ( ce qu’on appelle, le cannibalisme de survie)

Bref,

Non je ne crois pas que Jésus demande à ses disciples de participer à un acte rituel d’anthropophagie, mais cette expression si crue et si choquante, exprime bien l’idée du don total de Jésus à ses disciples, non seulement celui de son esprit mais de son corps à un moment où ils ne pouvaient encore imaginer qu’il mourrait, condamné à mort et exécuté.

Le Jésus de l’évangile de Jean continue à être déconcertant et dérangeant : déconcertant dans l’affirmation de sa proximité avec le « Père » qui en fait un être « extra terrestre » dérangeant dans l’insistance de la réalité charnelle du corps et du sang qui coule dans ses veines et dans lequel il habite pleinement. On en revient à cette affirmation du début de l’évangile :

« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous »

Incompréhensible !

NB : sur le sujet de l’anthropophagie et religion en français

https://www.persee.fr/doc/asdi_1662-4653_2016_num_11_1_1064

https://www.france-catholique.fr/Eucharistie-et-cannibalisme.html

Vade retro Satana

le 7 février 2025, USA

Quelle semaine !

les clameurs sont de plus en plus fortes dans ma tête…

Faut dire que tous les jours, derrière son bureau, le stylo à la main, les annonces de plus en plus menaçantes, de plus en plus insensées et les mensonges de plus en plus outranciers qu’il profère, sont orchestrés et répétés à l’envi par les médias du monde entier

il me faut boucher les oreilles pour ne pas les entendre

mais trop tard !

elles sont déjà entrées dans ma tête,

elles tournent et tournent

comme les manèges à la foire du Trône

et leur course folle s’accélère

jusqu’à ce que….

***

Stop ! Stop !

Silence ! Silence !

Je m’écrie de toutes mes forces

Vade retro Satana !

***

Le soleil brille dehors,

le fleurs commencent à pousser,

j’irai les admirer…

Despotisme et servilité: une concoction dangereuse

le 31 janvier, 2025, USA

Plus ça va, plus j’apprécie qui était Jésus quand il était sur terre, surtout face aux ravages du narcissisme dangereux du président actuel, mais avant tout face à la servilité et la lâcheté de son entourage, de toute une classe politique et religieuse qui renforce son pouvoir, chaque fois qu’il ouvre la bouche et qu’eux et (elles!) , se taisent ou s’inclinent (pour ne pas dire se prosternent) devant lui !

Jésus n’a jamais plié devant les puissants qui deviendront ses adversaires : ni dans ses nombreuses joutes théologiques avec les religieux de son époque, ni à son procès devant les accusations portées contre lui, ni même pour éviter la peine de mort. Il n’a jamais renié qui il était, il n’a jamais plaidé coupable, comme on le conseille tellement aux accusés aujourd’hui pour obtenir une réduction de peine.

Jésus n’a pas plié non plus devant ses partisans pour leur plaire : son refus d’arrêter sa mission comme le voulait sa famille…son refus de devenir chef politique comme le voulait la foule admirative, son refus d’utiliser la force comme le voulaient ses disciples, particulièrement Pierre, quand il a coupé l’oreille d’un des gardes du temple.

La formule « Jésus est mort pour nos péchés » malheureusement occulte la réalité socio-politique de sa condamnation et exécution, et avant de sauter trop vite à l’interprétation spirituelle de sa mort avec tout un vocabulaire religieux, il faudrait regarder la réalité en face et donner tout son poids à la dimension historique de sa vie qui révèle justement la présence du mal et du pêché dans l’usage du pouvoir politique et religieux.

(Ah! qui dira l’attrait du pouvoir!)

Sinon, on se laissera berner par les hommes politiques qui se revendiquent, pro-chrétienté ; on fera ce qu’une certaine compréhension de la laïcité nous demande de faire : confiner le religieux à nos « petits péchés personnels et familiaux » et laisser que les péchés collectifs envers notre prochain se perpétuent. On oubliera le sens des paroles «  que ton règne vienne et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » récitées tellement de fois sans y penser ; on permettra et applaudira que se construise au contraire, l’autre royaume celui que Jésus a dénigré et dénoncé, mais certainement pas celui qu’il est venu annoncer

Jésus, le seul antidote efficace, pour le monde d’aujourd’hui!

Un témoignage poignant et étonnant

l’illustration est la peinture célèbre ” El dos de mayo” du peintre espagnol Goya

le 28 janvier, 2025, la Virginie

Hier c’était le 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et je me suis tue,

j’ai laissé les qui-de-droit parler : j’ai voulu les écouter, une fois de plus…

A l’occasion, j’ai vu l’histoire étonnante d’une femme qui à l’âge de 6 ans avait été victime avec sa sœur jumelle des expériences inhumaines conduites à Auschwitz par le trop fameux docteur Josef Mengele : elle a remué ciel et terre une grande partie de sa vie, d’abord pour que soit connu le traitement qui avait été réservé aux enfants jumeaux mais pour aussi le retrouver afin qu’il comparaisse devant la justice, et qu’elle puisse lui crier au visage : tu vois tu as raté ton coup, j’ai survécu… (ce qu’elle ne pourra jamais faire…)

Pourtant la fin de son histoire est tout à fait inattendue…

Le documentaire suit son parcours et les différentes étapes de sa lutte mais aussi sa singularité et sa vivacité, elle qui ne s’encombrait pas des règles de bienséance pour faire avancer sa cause et n’hésitait pas à interpeller, hommes politiques et journalistes en public. Un moment particulièrement troublant a été filmé quand elle a interrompu une cérémonie en hommage aux victimes de la Shoah dans l’enceinte du capitole à Washington DC, en présence de tous les dignitaires du moment, au point où elle a été sortie manu militari par un policier: on entend ses cris stridents de terreur alors qu’Élie Wiesel ( d’origine roumaine comme elle) l’invité d’honneur s’apprête à parler au podium et s’arrête interloqué…

Pour beaucoup, cet incident l’a rendue infréquentable…

( elle a raconté plus tard qu’elle a eu un flash back et qu’elle croyait que le policier allait l’exécuter)

Mais le plus étonnant ( et le plus polémique), est certainement quand elle annonce à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp auquel elle se rendait ( elle y allait tous les ans) qu’à titre personnel, elle avait décidé de pardonner aux nazis. Quand elle visite le camp cette fois-là, elle le fait aux côtés d’ un médecin allemand, ancien nazi, et collègue de Mengele qui avait été acquitté des crimes commis après la guerre pour son attitude bienveillante envers les prisonniers ( il a continué à être un objet de polémique lui aussi surtout à la fin de sa vie https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Wilhelm_M%C3%BCnch )

Évidemment, ça n’a pas été du goût de beaucoup de survivants de la Shoah, particulièrement les jumeaux et jumelles qui avaient été victimes des mêmes sévices… mais qu’importe pour elle… ayant fait l’expérience d’avoir été libérée de sa haine ( c’est elle qui le dit), elle décida d’élargir son organisation « Candles » créée à la mémoire des victimes , en incluant un message sur les bienfaits du pardon…et jusqu’à sa mort elle se démènera pour faire connaître son histoire et son message…( elle, est décédée en 2019 à l’âge de 85 ans) Ici le site de son organisation qui existe encore

https://candlesholocaustmuseum.org/our-survivors/eva-kor/her-story/her-story.html/title/read-about-eva-s-road-to-forgiveness

Je dois avouer que je ne m’y attendais pas du tout : ce qui m’a surpris mais que j’ai aussi apprécié c’est qu’elle ne sermonne personne car en ne donnant pas de justification religieuse pour sa décision très personnelle, explique-t-elle de pardonner, elle ne condamne pas ceux et celles qui ne le feraient pas et évite du même coup toutes les controverses sur la compréhension juive du pardon versus celle chrétienne ( dans le documentaire des rabbins discutent de la question..) .

https://www.pbs.org/show/eva-7063

* * *

Quant à moi, qui ne prétend pas être une porte-parole pour les victimes et leurs descendants, ce qui m’interpelle le plus dans cette tragédie monstrueuse, c’est la profondeur des ténèbres qu’elles révèlent exister, au tréfonds de l’être humain : certains parlent de la banalité du mal (Hannah Arendt, ) en expliquant comment l’obéissance à des ordres enlève tout esprit critique. Cette explication ne me satisfait pas car, j’ai eu l’occasion d’en mesurer la profondeur chez d’autres êtres humains sans qu’elle soit liée à des ordres donnés… seulement à un contexte social et politique qui permet à nos instincts les plus vils de faire surface et les autorise à se donner libre cours, surtout en temps de guerre où les victimes d’hier deviennent trop facilement les bourreaux du lendemain…

En tout cas, à l’heure d’aujourd’hui, ce qui m’inquiète, c’est la réalité indéniable de ces ténèbres qui se manifestent autour de moi, par la facilité avec laquelle, des braves gens qui a priori ne feraient de mal à personne, manipulés par une propagande toxique et mensongère, orchestrée par la classe politique au pouvoir, justifient et applaudissent la haine, la persécution et la poursuite d’un groupe de personnes devenues les boucs-émissaire de toute une nation …

(Évidemment, les déportations massives et musclées, ici aux États Unis, en sont un exemple flagrant qui ne présagent rien de bon… surtout dans un pays où les gens sont armés jusqu’aux dents et où un salut nazi à l’inauguration d’un président est considéré comme une maladresse anodine même s’il a été applaudi par de nombreux groupes qui eux ne cachent pas leur affiliation ),

Bref,

« Délivre-nous du mal »

L’éternelle prière !