Ecouter la voix de Dieu

Écouter Dieu

Le 3 juin, 2020, États Unis, Virginie

Thomas Merton, un moine renommé pour ses écrits fait la remarque suivante:

“Comme on ne peut pas entendre la voix de Dieu à chaque moment, une partie du travail du “reclus”  est de prêter attention afin de ne rater aucune nuance de sa voix. Quand on prend conscience du peu qu’on l’écoute et de combien nos coeurs sont récalcitrants et rétifs, on se rend compte de combien ce travail est important et à quel point on est mal préparé à le faire”
(Mon adaptation: A year with Tomas Merton, June 1)

Récalcitrants et rétifs…chaque fois que je me propose de le faire, je me rends compte à quel point c’est une lutte, à quel point il m’est difficile de faire taire les émotions qui m’envahissent, les idées qui me trottent dans la tête (trotte est le bon mot car justement elles se bousculent les unes après les autres à 100 à l’heure)… à quel point j’ai du mal à arrêter de composer mentalement des phrases, des arguments pour exprimer mon indignation et ma colère….surtout en ces jours-ci où il semble qu’à chaque moment,  on voit une image de plus, on entend une déclaration de plus qui au lieu d’apaiser incite à la violence..  et on se demande quels propos incendiaires, quelles décisions outrancières vont être annoncées dans les heures qui suivent…

Et surtout quand la voix de Jésus est bafouée publiquement, manipulée d’une manière éhontée, applaudie par quelques faux prophètes…

Retrouver la sérénité….au milieu de tous ces cris…

Pourtant la violence a commencé à diminuer….car de plus en plus de gens de bien se sont levés pour dénoncer les mensonges et les actes de violence des autorités… pour reconnaître que le racisme est une réalité et une calamité  contre laquelle il faut lutter… pour faire entendre un message de justice, de droit mais aussi d’espoir et d’actions réparatrices.

Le vent a commencé à tourner

Dans le bon sens,

Dieu a écouté nos cris,

Il est temps maintenant que moi j’ écoute sa voix….

P.S: le couvre feu à Washington a été repoussé à 23 heures: hier il était à 19 heures mais comme des milliers de personnes ont continué pacifiquement à manifester, la police n’est pas intervenue….Mais l’atmosphère reste tendue avec toutes cette police militarisée qui occupe des lieux stratégiques de la capitale à laquelle le président a fait appel et qui est sous son autorité…La police locale de la ville de Washington et certaines polices de vicinités locales ont refusé de participer à des actions qui les obligeraient à utiliser la violence contre des foules pacifiques…La question de qui a l’autorité de faire quoi, légalement parlant, n’est pas simple dans la ville de Washington….

Photo de Craig Whitehead

Veillée d’armes: d’une manifestation à une autre

A Washington, à deux pas de chez ma fille...ça flambe

A Washington… ça flambe

Lundi 1er juin, 2020, Virginie, États Unis,

Je suis bien aux États Unis, en Virginie où le gouverneur vient de décréter l’État d’urgence, et où Washington a institué un couvre-feu … Les images des villes qui brûlent, des affrontements avec la police, des manifestants en colère, des pillages font la Une … Good bye coronavirus, bonjour les émeutes, la pandémie est passée au second plan, … on passe sans avoir le temps de se poser d’une crise à l’autre…

Pourtant la date du 1er juin aurait dû être de bonne augure avec le soleil radieux, l’air un peu frais, le déconfinement progressif, on pensait pouvoir passer à autre chose…comme même la possibilité de partir en vacances, mais si c’est le cas en France, ça ne l’est pas ici…on retrouve le même monde d’injustice que celui d’avant…exacerbé semble-til … comme si la pandémie n’avait servi à rien…

Malgré tout au milieu de la tourmente, il y a d’autres photos d’autres scénarios qui émergent: des policiers qui prient avec les manifestants et leur demandent pardon…. ou qui se solidarisent avec eux par des gestes symboliques comme le genou à terre, les actes courageux de ceux qui manifestent pacifiquement ou qui essaient de calmer les esprits… mais elle ne sont pas autant diffusées, elles sont un peu perdues au milieu des flammes… on en est encore au stade de la colère et la rage et comme trop souvent, on ne se rend pas compte de ce que cette violence va coûter en répression…on croit ne plus avoir rien à perdre…alors que justement on a encore beaucoup à perdre.

*   *   *


Ici la manifestation s’est bien passée: elle était silencieuse selon la consigne qui avait été donnée avec beaucoup de panneaux ” black lives matter” et une foule jeune en général,  avec quelques uns qui étaient venus avec des enfants dans des poussettes…

Les organisateurs avaient prévus des masques pour ceux qui n’en auraient pas , des bouteilles d’eau, des consignes de sécurité qui entre autres disaient, ne parlez pas aux policiers…ne répliquez pas s’il y a des groupes de contre manifestants….si vous êtes arrêtés demandez pourquoi….

Quelques discours avec applaudissements avant de démarrer…il faisait beau,…même avec les masques, on a reconnu des gens qu’ on connaissait mais qu’on n’ avait pas vu depuis longtemps…la marche était tranquille, une marche de solidarité plutôt que de revendication…, de nouveau quelques discours avec applaudissements à la fin avec quelques appels au changement et puis tout le monde est retourné chez soi….

(Pendant ce temps-là à Washington… on me dit que les hélicoptères tournent au-dessus de la ville, les sirènes hurlent et le Président…n’en parlons pas, il ne vaut mieux pas en parler...)

*   *   *

Ce matin, j’avais relu avec étonnement l’histoire d’ Hanna, cette femme qui supplie Dieu de lui donner un enfant, une histoire de femme tellement réaliste, avec des émotions qui sonnent tellement vraies….surtout la réaction du prophète Elie qui la prend pour une femme ivre tellement elle prie avec ardeur dans le temple..( on est tous des hystériques les femmes, super émotives, c’est bien connu)…et quand on la retrouve après la naissance de son fils, s’acquittant de son voeu envers Dieu en laissant son fils Samuel auprès du prophète pour qu’il le serve…elle récite cette louange extraordinaire:

Nul n’est saint comme l’Éternel; Il n’y a point d’autre Dieu que toi; Il n’y a point de rocher comme notre Dieu.
Ne parlez plus avec tant de hauteur; Que l’arrogance ne sorte plus de votre bouche; Car l’Éternel est un Dieu qui sait tout, Et par lui sont pesées toutes les actions.
 L’arc des puissants est brisé, Et les faibles ont la force pour ceinture.
 Ceux qui étaient rassasiés se louent pour du pain, Et ceux qui étaient affamés se reposent;

Un Dieu qui est Saint, qui détruit le pouvoir des arrogants, qui pèse et juge toutes les actions des hommes qui défend les faibles et qui nourrit ceux qui ont faim…

Au milieu de ces foules en colère qui réclament justice pour leurs enfants et leurs petits enfants…et des puissants qui veulent les écraser

Merci, Hanna!

Tu nous rappelles en qui nous croyons…

Tu nous rappelles qui règne…

Tu nous rappelle de supplier de toutes nos forces:

Que ton règne vienne que ta volonté soit faite sur la terre!

(On en revient toujours là)

.PS. Cette femme qui a parlé du podium aujourd’ hui demandant qu’ on fasse justice pour que ses enfants et ses petits enfants (mâles surtout) ne grandissent dans un pays où il aient peur d’être tués seulement parce-qu’ils sont noirs …elle avait la vigueur et la conviction d’une Anna…

Le pardon n’est pas un dû

Jeudi 28 mai 2020, Etats Unis,

Quand on est submergé par le quotidien, on n’a pas le temps de s’indigner sur la vie politique et les triomphes journaliers de l’injustice et de l’arrogance…

Est-ce une bonne chose, de vivre le nez sur le guidon, dans sa bulle?

Aujourd’hui et hier à la Une…

Les sujets d’indignation ne tarissent pas et semblent toujours les mêmes ici…un noir de plus tué par un policier blanc de plus… avec à l’appui, l’image de la vidéo qui montre le policier lui mettre le pied sur le cou alors qu’il crie : je ne peux pas respirer! Suivi des appels au calme plus ou moins écoutés des manifestants le lendemain qui demandent justice…et les commentaires, encore les commentaires de toutes les célébrités .., et les images, encore les images de la vidéo vue des milliers de fois…

D’ un autre côté , la vindicte populaire et l’hystérie haineuse envers cette femme blanche dans un parc à New York qui laisse son chien courir sans laisse et qui appelle la police parce qu’un homme noir (précise-t-elle bien dans son appel au secours: african-american) lui demande de le tenir en laisse et qui se sentant menacée quand il filme la scène est prise de panique car tout le monde le sait “ils” ne peuvent être que dangereux ceux-là... réveillant toute une lourde histoire d’ hommes noirs faussement accusés d’être des prédateurs de femmes blanches…

L’indignation qui conduit à la violence et à la haine…

(Même la victime condamne la virulence des réactions, dans ce cas précis)

Comment peut-on être des défenseurs de la justice, des pourfendeurs de l’injustice sans tomber soi-même dans la haine, la vengeance et la violence?

On aime citer encore et toujours Martin Luther King et on a raison: comment se demande-t-on ( ou plutôt je me demande) a-t-il pu continuer à diriger tout un peuple dans l’action non violente quand on voit encore ces images horribles de la police rouant de coups des marcheurs silencieux et dignes ou ces images de foules de blancs hurlant des insultes….

On ne dira jamais assez son courage… C’est plus que de l’héroïsme c’est le fait d’une foi inébranlable, une foi à toute épreuve (quelque soient les défauts qu’on pouvait lui reprocher), une foi que me semble-t-il je serai incapable d’avoir … quand il s’agit de la mettre en pratique comme il l’a fait.

( en théorie évidemment, c’est toujours facile la foi quand on est assis bien tranquillement , écoutant un beau sermon dans une église le dimanche matin… ou devant son écran!)

 Car moi qui ne suis pas noire ne pourra jamais comprendre ce que ça signifiait à l’époque et ce que ça signifie aujourd’hui non plus…

Victime d’injustice je ne l’ai jamais été de cette façon, ni aucun des miens…

(Des petites vexations peut-être…mais pas de cette injustice systématique, ciblée, imméritée, incessante et gratuite, qui continue à se manifester à chaque coin de rue…)

Ça je ne le connais pas…

*   *   *

On n’a pas le droit de leur demander de pardonner encore et toujours...comme si c’était un dû, une obligation,

On n’a pas le droit…

A moins d’avoir soi-même payé le prix de l’injustice,

comme l’a fait Jésus

 Assassiné sur une croix…

Au vu et au su de tous,

(Sinon il vaudrait mieux se taire)

P.S, Moi qui d’habitude n’aime pas des représentations de Jésus, et particulièrement de son visage, j’ai trouvé son regard éloquent…peut-être parce qu’il n’est pas représentation mais symbole? C’est une peinture d’Alix Beaujour, haïtien né à Port-au-Prince, avec comme légende, le texte de Luc “pardonne-leur père car ils ne savent pas ce qu’ils font”

P.S. Aujourd’hui, 30 mai de nombreuses villes se sont embrasées malgré les appels au calme…on est déjà post- coronavirus et rien n’a changé….

Quand les nuits sont difficiles…

Coucher du soleil, mardi 26 mai, 2020

Mercredi 27 mai, 2020

(Ce matin à 6 heures : pourquoi , demanda-t-il, la douleur semble-t-elle se dissiper au petit matin? Y-a-t-il quelque chose de magique dans la lumière du jour qui se lève?)

Pourquoi pour les malades les nuits semblent-elles si longues?

Et pour les insomniaques?

Que se passe-t-il au moment de la tombée de la nuit qui engendre la crainte, qui fait que les tout petits se mettent à pleurer à ce moment là et demandent d’être consolés?

Est-ce la peur que la nuit reste nuit à tout jamais et que la lumière ne revienne pas?

Est-ce parce que la nuit semble être un prélude à la mort, et la mort aux ténèbres éternelles?

*   *   *


Les psaumes sont pleins de terreurs nocturnes, de cris de douleurs au milieu de la nuit, d’interrogations, de doutes…et dans le livre de Job, ce grand souffrant révolté qui exige de Dieu des explications pour toute la misère du monde, on trouve cette remarque inquiétante d’un de ceux qui étaient venus pour le réconforter..

Au moment où les visions de la nuit agitent la pensée, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Je fus saisi de frayeur et d’épouvante, Et tous mes os tremblèrent. Un esprit passa près de moi…. Tous mes cheveux se hérissèrent…

(Job 4; 13-15)

Quel est cet esprit qui se promène la nuit pour semer la terreur auprès des êtres qui n’arrivent pas à s’endormir?

Le même esprit qui a torturé Jésus dans sa nuit au Golgotha où aucun de ses compagnons n’a pu rester éveillé pour l’accompagner dans sa souffrance et sa solitude?

*   *   *


Et pourtant…, hier soir, il y avait eu un de ces couchers de soleil à vous couper le souffle auquel aucune photo ne pourrait rendre justice, le ciel passant de l’orange au rouge embrasant l’horizon tout entier,

Couronnement d’ une belle journée de printemps et signe avant-coureur d’un lendemain prometteur,

Ou d’un sommeil réparateur…


Et pourtant…, dit la Genèse… “Il y eut un soir, il y eut un matin  et Dieu vit que cela était bon” …

“Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles.
Dieu les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon”

* * *

Alors, non!

Les nuits  de notre planète n’appartiennent pas au monde des ténèbres,

Ni aux esprits des morts auxquels elles seraient livrées et qui pourraient hanter les humains en toute liberté….

Tu les as créées avec des luminaires pour les éclairer,

C’est Toi qui présides à la nuit autant qu’au jour

Et pour terminer de nous en convaincre,

Pour qu’ on doute encore moins de ta présence et de ta bienveillance pendant nos nuits

Pour éclairer nos ténèbres et dissiper nos peurs nocturnes,

Tu nous a donné Jésus,

La vie, la lumière du monde…

(Il faudra que je m’en souvienne la prochaine fois)

Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie”

La fête des escargots

Dimanche 24 mai, 2020

C’est parait-il la fête des escargots aujourd’hui…dixit la page de facebook de l’ambassade des États Unis à Washington…Je ne sais pas où ils ont été cherchés ça!

En tout cas, comme aujourd’hui, il a plu, ces messieurs les escargots se sont pavanés sur le trottoir et ont fait une séance photo dont voici le résultat

Et comme on parle d’escargots, je me suis souvenue de ce fameux poème de Prévert, plein d’optimisme, en cette saison d’enterrements… un beau rappel, que la saison des feuilles mortes ne dure pas toujours et qu’après reviendra le printemps et même l’été où l’ on pourra trinquer de nouveau sur les terrasses de café…de Paris et d’ailleurs.

Chanson des escargots qui vont à l’enterrement d’une feuille morte
Jacques Prévert

A l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s’en vont dans le soir
Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent
C’est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le cœur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L’autocar pour
Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C’est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l’œil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C’est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l’été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir
Un joli soir d’été
Et les deux escargots
S’en retournent chez eux
Us s’en vont très émus
Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un p’tit peu
Mais là-haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

How does one navigate the US healthcare system?

May the 21st, Virginia, USA

After a sleepless night…

It was not because of Covid-19 but…

How does one navigate the American healthcare system?

What do you do in the middle of the night if somebody is having excruciating pain? What do you do when you are in the US and know that no doctor is going to get out of bed and come to your house to attend to you or your loved one? Where do you go and how do you get there?

Call 911 is what all the answering machines of all the doctor’s offices or hospitals tell you…or more exactly , if it is an emergency call 911…

But how do you know when it is an emergency… how can you, who is not a medically trained person know (besides an obvious heart attack or stroke)?

Is excruciating pain an emergency?

And if it is not a life and death issue why would you want to bother people who are often volunteers to attend to your medical needs in the middle of the night, should you not let them attend more pressing issues, like a shooting, a fire, a death threat…? Why call the rescue squad with all of its flashing lights which is going to wake up and alarm the whole neighborhood?

Bewildered!

For some reason, I thought that not living anymore in a so-called third world country I could count on the American super advanced scientific knowledge, state of the art technology, know-how efficiency…etc, for medical needs…especially in the light of all those advertisements on TV of smiling and professionally looking doctors with their satisfied and healed patients ( or customers ?) who now look so happy because of the miracle drug they were given, or the miracle surgery they underwent….!

I am sorely disappointed!

I guess I will go back to my old method of dealing with pain and medical needs….

PRAYER!

(At least it is free and you don’t get a recorded message with 15 different options to choose from, and if you have the wrong accent, the machine does not tell you again and again…sorry I did not get that, could you repeat?)

PS: Of course, when you do get to a professional health care worker, they are usually very good and very caring… but to reach them is like having to run a marathon …. and I did not even mention the cost…!

La communion des saints

Mardi 19 mai, la Virginie (encore là)

J’ai l’impression de vivre dans un sous-bois: le ciel est bas, l’ humidité est palpable, et même s’il ne pleut pas vraiment, l’herbe est mouillée et les arbres et buissons à côté de la maison sont maintenant tout recouverts de feuilles vertes…plus une atmosphère d’été que de printemps. Il fait gris et on est obligé d’allumer la lumière dans la maison.

Pourtant, aujourd’hui semble un jour de repos après la journée d’hier. Aujourd’hui, je peux reprendre mon souffle et ma routine: je n’ai pas besoin de me débattre pour rester à flot. C’est drôle qu’il y ait des journées comme ça…

Si on pouvait être toujours raisonnable quand on n’arrive pas à l’être, si on pouvait se calmer quand on est énervé, si on pouvait retrouver notre chemin, quand on tourne en rond, si on pouvait garder notre enthousiasme quand le mesquin et le bête, la désillusion et la laideur nous entraînent dans leur spirale descendante…Si on pouvait seulement en claquant les doigts, faire disparaître les uns et conjurer les autres…

Quelquefois on arrive à se secouer et se dire. Bon, ça suffit, il est temps de se reprendre…quelquefois on laisse couler en se disant, à quoi bon aujourd’hui, la journée est ratée, autant l’accepter, demain on verra…

Et quelquefois, la grâce nous tombe dessus on ne sait ni pourquoi ni comment…

(quelle prière a été faite pour nous, à notre insu, ce jour là ou un autre jour… d’un de ces saints connus ou inconnus qui nous vaut ce moment de grâce?)

Pour celui-là ou celle là, un grand merci!

” Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues ( ou églises, ou mosquées) et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra”

Rattrapage

Lundi 18 mai, 2020, après 22 heures

Comment rattraper une journée ratée?

En essayant avant de se coucher de retrouver le silence qui a été perdu toute la journée…

Écrire quelques mots

Ensuite

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Et voilà!

Admirer le travail accompli!

P.S. (Surtout ne pas réveiller, le malade, ou l’enfant qui s’est finalement assoupi)

Vive les oiseaux!

Samedi 16 mai, 2020, la Virginie

Dehors, j’attends la pluie qu’on nous a prédit mais qui n’est pas encore arrivée…

Au-dessus de ma tête, les oiseaux sont vraiment bruyants: je les entends mais je n’arrive pas à les voir… Un peu plus loin, il semble que la paire de cardinaux a eu des petits…ils viennent maintenant picorer les graines qui sont dans le mangeoire au milieu du jardin,

(Finalement, j’arrive à voir l’un d’entre eux, c’est un rouge-gorge)

Ils vivent leur propre vie..totalement indifférents à la nôtre…comme si on n’existait pas…, ils vivent, se déplacent à leur propre rythme, picorent, volettent, sautillent, s’appellent, se répondent…

Et je ne sais pas pourquoi mais ça m’étonne,

Qu’ils nous soient indifférents?

Qu’ils échappent à notre contrôle?

Qu’ils puissent exister loin de notre regard?

Que nos émotions et nos préoccupations ne soient pas les leurs?

Parce-que c’est vexant, qu’on ne soit pas au centre de leur monde?

C’est pourtant rassurant…

En les regardant, on peut vivre loin de la pandémie, loin des discours des hommes politiques, loin des images des manifestants en colère arborant des armes..

Leur indifférence nous enseigne notre futilité,

L’illusion de notre importance, les limites de notre pouvoir,

La vacuité de nos angoisses

(Surtout que maintenant que la phase 1 du déconfinement a commencé, j’entends le bruit des voitures qui passent sur la route qui ces derniers temps s’était tu ou presque…pas de poids lourd semble-t-il encore mais des motos qui vont à toute allure)

Vive les oiseaux!

On ne peut pas mentionner les oiseaux sans citer ce poème de Prévert! Pour le plaisir!


Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Répétez! dit le maître

Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Mais voilà l’oiseau-lyre
Qui passe dans le ciel
L’enfant le voit
L’enfant l’entend
L’enfant l’appelle :

Sauve-moi
Joue avec moi
Oiseau!

Alors l’oiseau descend
Et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre…

Répétez! dit le maître

Et l’enfant joue
L’oiseau joue avec lui…

Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize
Et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
Et surtout pas trente-deux
De toute façon
Et ils s’en vont.

Et l’enfant a caché l’oiseau
Dans son pupitre
Et tous les enfants
Entendent sa chanson
Et tous les enfants
Entendent la musique

Et huit et huit à leur tour s’en vont
Et quatre et quatre et deux et deux
A leur tour fichent le camp
Et un et un ne font ni une ni deux
Un à un s’en vont également.

Et l’oiseau-lyre joue
Et l’enfant chante
Et le professeur crie :

Quand vous aurez fini de faire le pitre!

Mais tous les autres enfants
Écoutent la musique
Et les murs de la classe
S’écroulent tranquillement.

Et les vitres redeviennent sable
L’encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseau.

“Page d’écriture”, tiré du recueil “Paroles”