Accalmie

le 25 juillet, Auvergne…

Accalmie

Le soleil s’est caché, la température a baissé, le pic de canicule est passé, les visiteurs sont venus… et puis repartis,

mais moi je fais encore du 200 à l’heure….

* * *

Il me faut ralentir,

freiner

souffler

respirer profondément

calmer mes pensées,

pour qu’elles retombent tout au fond

et cessent de troubler

la surface des eaux

de mon être agité

* * *

Comme c’est difficile,

de faire silence…

après des journées intenses,

comme c’est difficile

après avoir écouté les bavardages

tout azimut

de se remettre à entendre

la seule voix qui importe vraiment,

et la laisser nous guider

vers des eaux tranquilles…

Comme c’est difficile,

ou au contraire

peut-être

simple à l’extrême?

il me suffit de lire,

très lentement

les premières lignes,

du tout premier psaume :

 Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des méchants,

qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs

et ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,

mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel

et la médite jour et nuit!

Il ressemble à un arbre planté près d’un cours d’eau:

il donne son fruit en sa saison,

et son feuillage ne se flétrit pas.

Tout ce qu’il fait lui réussit.

Et voilà, le tour est joué !

Sécheresse

le 15 juillet 2022, Auvergne,

C’est sec, sec, sec… de nouveau canicule…toujours pas de pluies à l’horizon

le 14 juillet avec tous ses rituels est venu et est reparti…

Finalement le feu d’artifice du 13 au soir, a bien eu lieu, malgré la sécheresse et le risque de départ de feu, le défilé avec la fanfare locale s’est bien tenu ( même si je ne me suis pas déplacée pour aller le voir), et pour les amoureux des défilé militaires, il y en a bien eu un, retransmis sur les chaînes de télévision, spectaculaire à souhait, pour susciter la fierté nationale et marquer les esprits…. finalement pour les fanas de politique, l’interview du Président l’après-midi, a été l’occasion de multiples commentaires, analyses, et critiques dans les programmes d’actualités et sur les réseaux sociaux… Tout le monde y a trouvé son compte et s’en est sorti à bon prix.

* * *

À côté de cela, le mot du jour, pour moi est un mot en anglais : brokenness et l’expression qui l’accompagne, to embrace our brokenness…Pas très porteur après un jour de fête, de paillettes, de triomphalisme nationaliste, de célébration d’une révolution iconique…qui s’est pourtant soldée par des milliers de morts… mais il a fait son apparition dans la méditation du matin…

Comment faire des expériences douloureuses dans notre vie, qui creusent des sillons au plus profond de notre être, un champ fertile, où peuvent pousser et éclore les vertus de la compassion ?

Ce n’est pas évident…, on peut empêcher de  laisser saigner ses plaies en les recouvrant promptement au risque de les voir s’infecter, créant une réserve inépuisable d’amertume qui justifie tous nos manquements…

on peut les ignorer stoïquement en se forgeant une carapace protectrice à force d’endurance et de contrôle dont le résultat est de nous élever au-dessus du commun des mortels et de regarder ceux qui restent couchés comme des moins que rien…,

Heureusement qu’on n’a pas à choisir entre ces deux seules options aussi néfastes l’une que l’autre….

Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés… disait Jésus

Seules les larmes déversées sans honte ni retenue

qu’elles soient celles de la faute infligée ou subite

peuvent pénétrer jusqu’aux couches les plus profondes de notre être

et amender un terrain stérile et desséché,

pour qu’y viennent fleurir et s’épanouir la bienveillance et la bonté

*   *   *

« Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi »

Que la pluie arrive vite !

( 18 juillet et toujours pas une goutte de pluie, pas même un petit orage!)

Des vacances à la française

le 11 juillet, 2022, Haute Loire,

La sécheresse avance à grands pas : pas de pluie à l’horizon…

Ce soleil radieux, une aubaine pour les touristes mais une catastrophe pour les agriculteurs et la terre assoiffée

La guerre en Ukraine elle, elle continue …

la France part en vacances…

avec tout ce que cela signifie ici et qui est incompréhensible pour ceux qui vivent ailleurs : grèves des trains et du personnel des aéroports, circulation sur les routes annoncée en rouge ou en noir par Bison futé, ruée sur les plages et les aires de camping… et cette année, vacanciers interviewés à la pompe qui se plaignent du coût de l’essence mais qui disent qu’après tout, peut importe, après une année de galères, les vacances sont indispensables.. et d’ailleurs les statistiques le confirment, malgré tous les malheurs qui peuvent s’abattre sur notre planète, les français partiront en vacances en grand nombre cette année (21 millions en juillet), peut-être pas à l’étranger mais au moins, à des centaines de kilomètres de chez eux…

et ceux qui n’y partent pas ? ( oui car il y a des gens qui n’en ont pas les moyens) , on ne les mentionne qu’en passant… (on leur réservera un petit créneau un peu plus tard, histoire de se donner bonne conscience…)

Un nouveau mot de vocabulaire, pour moi et qui a fait la Une des journaux télévisés la semaine dernière : les juilletistes ( c’est écrit dans le Larousse en ligne) que les journalistes interrogent quand ils arrivent sur les aires de camping ( à 3 ou 4 étoiles), et que l’on voit avachis sur des fauteuils pliant à moitié nus … et de plus en plus corpulents ( pardon enveloppés dirait Obélix)… exposant leur chair plus très fraîche, sans complexe et retenue… quand je pense à la pudeur de mes parents….je n’en reviens pas, quand même ! Tout change…

Comme cette Europe, appelée terre chrétienne  à une époque maintenant révolue?

Car partir en vacances c’est aussi redécouvrir les vielles pierres de tous ses monastères et ses abbayes qui s’élèvent un peu partout, dans le paysage français en tout cas, et qui nous empêchent de nier qu’à un moment donné de son histoire, la France a été terre chrétienne ( catholique) pour le meilleur et pour le pire…

Telle cette abbaye de la Chaise Dieu qui surplombe tous les villages alentour et à laquelle on accède par une route en lacets qui passe au milieu d’une forêt de plus en plus déboisée… S’il y avait du monde dans les rues du village grâce au vide-grenier, en ce mois de juillet il n’y avait pas foule dans l’abbatiale pour la célébration religieuse de 11 heures… ( contrairement à la dernière fois que j’y étais allée)

Faut dire que…, c’était une grand-messe plus tradi et moins accueillante qu’elle ne l’était autrefois, avec maintenant quelques chants en latin, et cette débauche d’encens répandu tout au long de son déroulement : pour moi la ferveur n’était pas au rendez-vous…. alors décidément, je me rangerai du côté du pape argentin qui ne voit pas comment de telles expressions aident l’église à annoncer l’évangile… elles favorisent l’entre-soi et ne font que réconforter ceux qui y sont déjà … donc pas étonnant qu’il n’y ait pas foule…

Évidemment on ne peut pas nier qu’il y ait quelque chose d’imposant et d’impressionnant dans ces énormes pierres qui composent l’édifice, et nous font penser à la foi de ceux qui les ont taillées, transportées et ensuite assemblées pour construire un lieu aussi grandiose, un espace sacré qui s’appelle de ce nom si beau de Casa Dei, la maison de Dieu, surtout quand par-dessus le marché, on peut avoir la joie d’écouter gratis un mini-concert de grandes orgues joué par un virtuose, assis au frais en levant les yeux vers le ciel pour regarder la voûte au-dessus de soi … l’expérience est esthétique sinon spirituelle…

( mais si on lit sur le site officiel toute l’histoire de la construction et de la vie de cette abbatiale, ça détruit un peu l’illusion d’un lieu de prière et de sainteté….A part l’histoire du fondateur un sieur Robert, dûment canonisé et dont la biographie est truffée d’histoires édifiantes de ses miracles et de ses qualités toutes plus admirables les unes que les autres, il semble qu’au cours des siècles, la ferveur religieuse n’était pas toujours au rendez-vous dans ce lieu au beau nom qui a vu des abbés riches et puissants s’y installer… où un pape y a fait construire son tombeau orné de statues avant sa mort comme le faisait les pharaons et autres grands de ce monde…. C’est toujours dommage de découvrir que le passé est aussi peu édifiant que le présent !)

Finalement, on ne peut vivre qu’au temps présent…

Celui qui nous est échu,

à vouloir trop regarder le passé,

on risque de passer à côté,

de la beauté

de ces pierres imposantes

qui nous aident à regarder

vers le ciel,

encore,

envers et contre tous..

Le site officiel de la Chaise Dieu : https://www.abbaye-chaise-dieu.com/

Du rejet à l’inclusion

Le 9 juillet 2022, Auvergne,

(temps chaud et ensoleillé)

Jean 1 : 10-13

Le rejet

 Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain. Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, pourtant le monde ne l’a pas reconnue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie. Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu, puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu.

( La Bible de Jérusalem, donne une traduction différente pour le verset 13 : Jn 1:13 lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu.)

* * *

Ce qui est objet de discussion dans ces lignes

Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, pourtant le monde ne l’a pas reconnue.

Tout d’abord la signification du mot « monde », car très souvent ce mot est utilisé pour parler de ce qui est contraire à Dieu, comme dans l’expression « le prince de ce monde » ( c’est Jésus qui l’utilise en parlant de Satan) au service duquel sont ceux qui commettent le mal. Il est clair qu’ici ce n’est pas le cas, car le monde a été fait par « lui » et si on retourne au texte de la Genèse, après la description de chaque étape de la création on a la phrase « et Dieu vit que cela était bon »

Mais évidemment dans la deuxième partie de la phrase, le monde a le sens plus étroit de personnes humaines qui n’ont pas accueilli ou reconnu qui était le Logos/ la lumière en la personne de Jésus. Le terme est un terme générique et ne cible pas un groupe particulier mais il inclut l’humanité toute entière.

Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie.

Par contre ici, le texte se resserre et on pense naturellement qu’il s’agit de la famille de Jésus au sens large du terme, c’est à dire,  le peuple juif… Cependant certains exégètes contestent cette interprétation et pensent que « les siens » désigne ceux « qui ont été faits par lui » pour éviter me semble-t-il que le texte ne tombe dans un anti-sémitisme de mauvais aloi (qui en plus serait anachronique) étant donné l’usage donné à ces lignes par la suite. On a toujours la Shoa en tête, quand aujourd’hui on étudie ce genre de texte, et il me semble donc que l’intention est de chercher à déminer leur sens pour ne pas faire porter aux écritures la responsabilité de cette entreprise infâme qu’a été la Shoa.

Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu, puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu.

Étant donné le contexte que l’on croit connaître de l’époque où la branche « les chrétiens » se détachait du judaïsme mais à une époque encore où ceux qui croyaient en Jésus Christ était exclus des synagogues, certains insistent sur le fait que cette affirmation de la paternité de Dieu veut souligner , que contrairement à ce que les juifs veulent croire, ils n’ont pas un droit exclusif sur Dieu et que seuls ceux qui ont cru en Jésus peuvent se revendiquer d’être enfants de Dieu.

( il faut se rappeler ce que Jésus a souvent dit aux scribes et aux pharisiens quand ils se vantaient d’être fils d’Abraham…,« et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham »)

Il faut noter cependant que l’idée de la phrase n’est pas l’exclusion d’un groupe mais au contraire l’inclusion d’un autre nouveau qui n’est plus basé sur l’ethnicité mais sur la reconnaissance de qui est Jésus. C’est la création d’une identité nouvelle, d’une appartenance vraiment révolutionnaire, surtout si on pense qu’aujourd’hui encore l’identité d’une personne est basée sur son appartenance raciale, culturelle ou nationale…. Comme les juifs ici ne ne sont pas nommément mentionnés, on n’a certainement pas une répudiation du peuple juif tout entier même s’il y avait une critique évidente de ceux qui parmi les juifs, l’ont rejeté. On peut très bien considérer que « les siens » désigne sa famille religieuse et ethnique sans tomber dans le piège de l’anti-sémitisme.

puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu.

J’ai été étonnée de découvrir qu’il y avait deux traductions possibles : celle citée ici et reprise par la version catholique de ALF, et une autre celle de la Bible de Jérusalem…

lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu.

Grosse différence, le premier insiste sur la description des enfants de Dieu et l’autre parle de Jésus ! Différence entre un singulier et un pluriel ! J’ai donc fouillé la question mais une fois de plus, ne connaissant pas le grec et n’étant pas une experte sur les manuscrits….il a fallu que je m’en tienne à lire des articles qui expliquent l’origine de cette différence et la polémique qui en a résulté. Il semble que la plupart des traductions aujourd’hui préfèrent la première version/traduction…je soupçonne ceux qui choisissent la deuxième de vouloir à tout prix en référer à la naissance virginale de Jésus qui est sinon totalement absente de cet évangile… (en tout cas, pour ceux qui veulent en savoir plus je renvoie à un article à la fin qui présente d’une manière savante cette polémique)

Au-delà de ces polémiques…

Tristesse,

C’est le mot pour moi qui se dégage de ces affirmations : s’exprime derrière ces lignes, une profonde tristesse, pas de condamnation particulière, pas de colère envers ce monde qui ne l’accueille pas mais une grande tristesse pour ce « logos/lumière » qui s’humanise de ce fait, à travers ce rejet sur lequel il est insisté, d’abord en termes généraux, mais après en termes plus personnels celui « des siens » ceux de sa famille ou ses proches, ceux dont il se sentait solidaire, ceux qui devraient l’accueillir et qui au contraire lui ont fermé la porte au nez…

Le rejet, une douleur universelle à laquelle on peut s’associer sans problème, surtout quand il s’agit des siens… être rejeté par ses parents, ceux qui nous ont mis au monde et pour lesquels on est censé être un don, un cadeau, une chance… (on sait que certains enfants abandonnés ne s’en remettent pas ou difficilement ), être rejeté par un proche qui refuse de nous voir ou de nous parler, être rejeté par des anciens amis qui nous tournent le dos pour une raison ou pour une autre, pire encore, être rejeté par son église, la famille de la foi ( une des raisons semble-t-il qui a conduit au suicide de ce prêtre à Versailles, la semaine dernière).

Bref, les raisons d’un rejet sont multiples mais conduisent toujours à la même conclusion : notre culpabilité. Le rejet suggère qu’il y a une raison valable pour laquelle on est rejeté, un manque intrinsèque, une faute inavouée, une incapacité à jouer le rôle qu’on nous a assigné…on devient un bouc émissaire sur lequel les autres rejettent tous leurs manquements, leurs désillusions…

Offre étonnante

Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu,

Face à un rejet aussi fondamental, se dresse l’offre d’un droit inaliénable, qui nous remet debout et nous redonne le droit à exister, à avoir une identité, une appartenance, une généalogie mais pas n’importe laquelle, celle de faire partie de la famille « des enfants de Dieu »

et pour ceux qui ont le besoin de l’entendre, tous ceux qui n’ont pas été désirés par un père ou une mère, qu’importe, le texte explicite, insiste

puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu.

Être désiré et recueilli par Dieu, on ne peut pas imaginer de plus grand réconfort que celui-là…

* * *

Pour aller plus loin: Pryor, J. W. (1985). Of the Virgin Birth or the Birth of Christians? The Text of John 1:13 Once More. Novum Testamentum, 27(4), 296–318. https://doi.org/10.2307/1560451)

À saisir…

le 4 juillet 2022

« à saisir »

( nous disent les pubs qui nous incitent à acheter ce dont on n’a pas besoin, simplement parce que c’est en soldes et que demain, ça ne le sera plus …)

Chaque journée de beau temps est à saisir…

Chaque fleur qui s’ouvre

chaque tomate qui mûrit

et qu’on mange à la main

juste après l’avoir cueillie,

chaque crépuscule

où la nature tout entière

est baignée dans une luminosité

qui ravive toutes ses couleurs

juste avant de s’évanouir

devant l’avancée de la nuit

( c‘est quand j’aimerais me faire peintre impressionniste)

À saisir,

chaque coucher de soleil aussi,

avec des orange virant au rouge profond

à chaque seconde qui s’écoule

et pour autant

 impossible de capturer sur écran

tellement ils sont changeants,

( et ces derniers jours, il y en avait un magnifique presque chaque soir)

À saisir,

chaque journée assis dehors,

à passer le temps

en parlant de tout et de rien,

avec les voisins,

et de prendre un verre

éventuellement

les enfants jouant,

tranquillement

tout autour

( sans avoir peur que des bombes nous tombent dessus… )

À saisir,

tout ce qui nous est donné aujourd’hui

et peut- être demain ne sera plus,

À saisir

avec un cœur reconnaissant

l’ingratitude étant vraiment

un mal pernicieux

qui nous dépossède

du bonheur

du moment présent

De la lumière véritable

le 30 juin, 2022, Auvergne,

(Belles journées…)

Jean 1 : 8-9

Il [Jean] n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain.

Après avoir mentionné le témoignage de Jean, on continue avec cette déclaration de foi en Jésus, et il faut que je me souvienne… que la question de l’authenticité ou de l’historicité de cette déclaration n’est pas à l’ordre du jour : ce ne sont pas les paroles de Jésus qui nous sont rapportées, mais celles d’un disciple de Jésus ( au sens a minima d’un adepte du mouvement de ceux qui croient en Jésus, qu’il ait été lui-même témoin oculaire ou pas) et que les membres de ce groupe naissant que l’on appellera plus tard l’église, ont décidé qu’il fallait garder car ils énonçaient une vérité fondamentale sur qui était Jésus.

On se retrouve de nouveau, devant un élément incontournable de la lecture ou de l’étude de l’évangile, celui des intermédiaires : on ne peut aborder ces textes qui parlent de Jésus sans faire confiance aux hommes et femmes de foi témoins oculaires de sa vie, à ceux qui les ont entendus raconter ce qu’ils ont vécu, à ceux qui les ont rapportés et transmis, et à tous ces anonymes qui ont contribué à l’écriture, à la validation et à la sauvegarde de ce texte qui est parvenu jusqu’à nous.

(Qu’aujourd’hui des exégètes s’intéressent à leur élaboration et essaient d’en percer le mystère et d’en discerner les motivations ou cherchent à connaître la mentalité de leurs lecteurs, n’a aucune raison d’entamer notre attitude de foi et de confiance en leur validité… à moins que le but soit nommément de chercher à les discréditer pour des raisons qui n’ont rien d’une attitude scientifique. Les nouvelles thèses d’interprétation , éclairent mais ne remettent pas en cause leur ensemble, elles portent sur des questions secondaires. Depuis la découverte des manuscrits des caves de Qumran on n’a pas trouvé d’autres documents qui remettent en cause ceux des textes de l’évangile que l’on a. On doit donc faire avec…)

« la vraie lumière/ ou la lumière véritable »

Après, le Logos, la Parole, le Verbe, l’auteur revient à parler de Jésus comme la lumière. Jésus n’est pas présenté comme celui qui sauve mais celui qui éclaire….c’est vraiment une nouveauté… en tout cas par rapport à Marc où l’on parle de fils de David, de « Fils bien aimé », de fils de Dieu, de Messie mais pas de lumière…Même si ce n’est pas un concept nouveau dans la littérature juive de parler de lumière à propos de quelqu’un de notable, il est appliqué à Jésus, d’une manière absolue : il est la lumière…

« vraie/véritable »

et l’auteur continue à insister sur le caractère unique de Jésus comme lumière en le contrastant semble-t-il avec Jean…qui n’était qu’un témoin. Pourtant le texte ne suggère pas que Jean était une fausse lumière, mais la précision montre qu’il y a une insistance de la part de l’auteur sur le fait que Jésus, le Verbe, le Logos, est la lumière pour qu’on ne s’y trompe pas qu’on n’en mette pas un autre à sa place

qui éclaire tout être humain,

Il y a une universalité étonnante….c’est à l’humanité toute entière…que cette lumière est dirigée, et non pas à un groupe particulier d’hommes et de femmes, à une époque où la distinction juifs/non juifs était au centre de l’appartenance identitaire des disciples. Ils auraient bien été incapables de dire si être juif était une appartenance religieuse, culturelle, ethnique, ou encore nationale et politique, tellement tous ces éléments étaient présents dans leur identité. Le concept de laïcité, à la française, leur aurait été totalement étranger et l’idée de tolérance comme on l’entend aujourd’hui incompréhensible aussi. La tolérance était exprimée dans la loi juive au niveau pratique à travers les devoirs énoncés envers les « étrangers »

(« Tu n’exploiteras ni n’opprimeras l’immigré car vous avez été des immigrés au pays d’Égypte. » (Ex 22, 20). « Six jours, tu feras ce que tu auras à faire. Mais le septième jour, tu chômeras afin que ton bœuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle »Ex 23)

Mais la tolérance n’avait rien à voir avec approuver les croyances et convictions des autres . Là-dessus, la loi était très claire : tu n’adoreras qu’un seul Dieu et c’est le Dieu d’Israël…tout le reste était idolâtrie…et donc condamnable.

On a du mal à comprendre aujourd’hui ce qu’avait pu signifier pour les disciples de Jésus d’accepter parmi eux des personnes qui n’étaient pas juives : on cite l’expérience de Pentecôte où des gens parlant des langues différentes comprenaient le message des disciples, mais c’était probablement des juifs de la diaspora qui étaient venus à Jérusalem pour les fêtes. La grande découverte de Paul, et le grand mystère qui lui a été révélé, c’est que le salut en Jésus Christ était aussi ouvert aux non juifs car c’était la grâce qui le rendait possible. Il est le seul parmi les disciples ( n’étant pas lui-même un vrai disciple d’ailleurs car il n’a pas suivi Jésus de son vivant) à avoir cette vision…Évidemment quand cet évangile a été rédigé, il y avait déjà beaucoup de « chrétiens » qui n’étaient pas juifs, le grand pas avait donc été franchi.

* * *

En tout cas pour moi au 21ème siècle, que Jésus soit présenté comme la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain, ça me parle directement….car le besoin d’y voir clair me semble fondamental et tellement difficile à obtenir étant donné l’offre infinie d’articles qui nous sont proposés, par des auteurs se présentant comme ayant la lumière, la révélation, ou tout simplement le remède ou la solution à notre mal du moment, et cela bien souvent en opposition aux autres qui selon eux ne disent que mensonge et sont à éviter comme la peste…C’est difficile de s’y retrouver ! Parler de Jésus comme celui qui nous permet de voir clair est un soulagement, un lieu de confiance, une citadelle de certitude dans un monde de confusion et de contradictions.

D’autre part, le fait que Jean ait été présenté comme celui qui n’est pas la lumière mais un témoin de la lumière, nous donne un enseignement fondamental en faisant une mise en garde nécessaire  : on a tellement la tentation de traiter quelquefois les prédicateurs, théologiens ou pourquoi pas prophètes de renom, parce qu’ils parlent bien, parce qu’ils maîtrisent le sujet, ( et on dit dans le langage courant, qu’ils sont des lumières) comme s’ils savaient tout, comme s’ils ne se trompaient jamais, comme s’ils pouvaient nous donner une réponse à toutes nos questions… comme s’ils pouvaient nous diriger sans qu’on ait à penser pour nous-même… Aussi bon soient-ils, ( et Jean était quelqu’un d’extraordinaire), ils ne sont pas la lumière… ils ne font que rendre témoignage ! N’en faisons pas nos idoles….

Pour aller plus loin : l’article ne traite pas particulièrement de l’évangile de Jean mais de l’attitude d’un croyant envers le texte biblique.

Sonnet, J.-P. (2013). La Bible et l’histoire, la Bible et son histoire: une responsabilité critique. Gregorianum, 94(3), 455–477. http://www.jstor.org/stable/24432853

Time goes by

le 28 juin, 2022, Auvergne

Moins une minute !

Moins une minute annonce d’une voix indifférente une femme dont on ne voit pas le visage…

Moins une minute…

l’annonce m’a fait sur sursauter !

on commence le compte à rebours, me suis-je dit,

le temps avance

le temps s’écoule,

ou au contraire recule-t-il ?

*   *   *

C’est normal en fait qu’il y ait une minute de moins de soleil

l’autre jour c’était le solstice d’été,

et c’était rassurant d’entendre

avant

une minute de plus,

puis une autre, puis une autre,

rassurant d’entendre

que l’obscurité s’éloignait

et la lumière elle, elle avançait…

* * *

Évidemment, il y a des pays où le soleil se couche toujours à la même heure, ça m’avait profondément dérouté au début : le ciel s’assombrissait, les nuages arrivaient, et je croyais que c’était la pluie qui s’annonçait… mais non, c’était tout simplement la tombée de la nuit…

et puis, il n’y avait pas de printemps, ni d’été, et surtout pas d’automne et encore moins d’hiver, et moi instinctivement, j’attendais le froid qui ne venait pas…et qui nous donne envie de nous recroqueviller et entrer dans notre carapace…

le corps vivait à un autre rythme, à un autre cycle, celui des fleurs multicolores qui ne cessent de pousser, des feuilles qui ne tombent pas et ne jonchent pas le sol, des paysages toujours verdoyants,

de la vie qui surgit de partout…

pas seulement le corps mais aussi la tête en étaient altérés

et malgré les malheurs, malgré la violence, malgré les disparitions, malgré les assassinats, la vie reprenait le dessus, la mort ne s’installait pas et n’empêchait pas à la vie de resurgir sans devoir passer par le temps obligé des hivers longs et tristes…

la Résurrection n’était jamais loin,

même si on faisait honneur à la Passion avec larmes, gémissements et processions,…

(Alors moi aussi, je m’y suis habituée)

* * *

Mais voilà ici c’est différent…

Il y a quelque chose d’angoissant

à l’idée que la lumière va s’amenuisant

et l’obscurité grandissant….

une minute de moins de soleil….

Est-ce une minute moins de vie ?

* * *

L’hiver cependant est encore loin,

et le froid encore plus,

alors en attendant

qu’une minute de moins,

redevienne une minute de plus,

avant qu’elles ne s’égrènent toutes,

une par une

je saurai marcher allègrement

dans la lumière éphémère

du jour d’aujourd’hui

* * *

« Jésus leur dit: La lumière est encore pour un peu de temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point: celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va »

Dimanche, jour de repos

Dimanche après-midi, 26 juin 2022, Auvergne

Je devrais faire ceci

ou cela

ranger ces affaires qui traînent

ou cette vaisselle sale

laissée

en attente,

dans l’évier,

***

je devrais peut-être aussi,

regarder mes mails accumulés dans ma boîte,

en lire quelques uns,

répondre à certains

et en supprimer d’autres

***

je devrais certainement,

chercher pour demain,

les vêtements dont j’aurais besoin,

et établir une liste,

de ce que je dois impérativement

terminer la semaine qui vient,

***

mais on n’est pas encore

lundi,

ni dimanche soir,

le soleil ne s’est pas couché

et il ne fait pas nuit,

on est seulement,

dimanche après-midi,

***

Alors, j’ai le droit de traîner,

encore un peu

si j’en ai envie,

***

dimanche, jour de repos

dit-on

alors,

ça doit servir à ça,

les dimanches après-midi….

***

Vive les dimanches après-midi!

Des limites de la sagesse

22 juin, 2022, Auvergne

En vrac,

Hier c’était le solstice d’été : on est donc officiellement en été… après la canicule, on nous annonce encore et toujours des orages mais peine perdue : le ciel s’assombrit, on entend les coups de tonnerre et encore plus déconcertant, sur mon portable la météo montre qu’il pleut ici, mais pas une seule goutte d’eau, ou au moins si peu que la terre est à peine mouillée…c’est toujours aussi sec…heureusement quand même que les tuyaux qui conduisaient aux fontaines du village ont été débouchées…alors l’eau est revenue et on peut au moins y puiser pour arroser les jardins…

Actualités

Évidemment après les résultats inattendus des élections législatives, surtout la percée du parti FN ( même pour la cheffe du parti qui ne s’attendait pas à avoir tant de sièges) les experts s’en donnent à cœur joie avec leurs analyses… et leurs prédictions de fin du monde. Moi je trouve que ça risque d’être vivant et qui sait où va conduire ce renouvellement de la classe politique française … C’est bien que ceux qui étaient dans la rue maintenant soient représentés au parlement et tout le monde va être obligé de mûrir … y compris le Président…. il va falloir proposer, discuter et essayer de construire au lieu de hurler des insultes…ou de se mépriser… Bref, il y a du travail sur la planche : c’est pas gagné d’avance !

De l’autre côté de l’Atlantique, la Colombie a connu un séisme politique mais sans violence, de quoi se réjouir ! Pour la première fois dans son histoire un gouvernement de gauche a été élu avec comme président, un ancien du groupe guérillero M19… après que leur premier candidat après l’amnistie de 90 se fasse assassiné la même année avec beaucoup d’autres …

Je me rappelle bien « les exploits » du M19 à l’époque où beaucoup finissaient en prison… lieu où j’en ai rencontré quelques uns .. . pas l’actuel président qui n’y a jamais été , … mais je me souviens encore de conversations que j’avais eu avec eux et de leurs rêves pour ce qu’ils appelaient à l’époque « el proyecto histórico »… mais de cela ça fait 30 ans déjà et ils n’auraient jamais cru que l’un des leurs devienne un jour président… je déplore seulement que trop de sang a coulé depuis….de part et d’autre !

Et plus au nord, c’est toujours la cata…. je ne me fais pas beaucoup d’illusions que les révélations ( qui n’en sont pas vraiment ) sur la prise du Capitole au 6 janvier et la tentative de Trump et de ses collaborateurs de renverser les résultats des urnes pour garder le pouvoir, fassent changer d’avis les inconditionnels de ce président. Quand on est complotiste, il n’y a ni évidence, ni témoignage qui tienne. Il devrait être jugé et inculpé pour acte de sédition mais je doute qu’il le soit…. En plus je viens d’apprendre que la Cour Suprême vient de statuer en faveur du lobby des armes… de quoi être dégoûté, pour un groupe de juges qui se disent « prolife »contre l’avortement mais aussi « proguns »….l’hypocrisie religieuse n’a pas de bornes…. ( trois de ces juges sont des catholiques bien pratiquants)

Pendant ce temps, la guerre en Ukraine continue, presqu’en sourdine maintenant, elle ne fait plus la Une des journaux : les gens continuent de mourir, les soldats continuent de tuer, de torturer et de violer, les villes continuent d’être détruites, les enfants (et pas seulement eux) continuent de pleurer….et les vendeurs d’armes continuent de se frotter les mains. Une fois qu’un pays entre dans le cycle de la guerre, qui arrivera à l’en sortir… On veut négocier seulement après avoir gagné des victoires militaires sur le terrain et pour cela, il faut détruire et détruire, tuer et tuer…

* * *

La pluie tant attendue est finalement venue et la terre a étanché sa soif… après la pluie le beau temps dit-on dans nos pays où on l’on se prosterne l’été devant le roi soleil en se faisant bronzer la pilule…., mais dans d’autres où la sécheresse est le pain quotidien, le beau temps c’est la pluie…

(comme me l’avait expliqué un des mes élèves quand je lui demandais de me décrire un jour de beau temps…)

La roue tourne : les êtres humains se battent et se réconcilient, détruisent et reconstruisent, on se croirait en plein milieu de ce livre de la bible appelé l’Ecclésiaste dont on n’est pas très sûr quel est l’auteur ( comme par hasard) et qu’on s’étonne qu’il ait trouvé sa place dans les livres sacrés de la Torah…mais qui comme il dit des choses qui sont encore vraies aujourd’hui, il pourrait être n’importe quel sage,

Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel:
un temps pour naître et un temps pour mourir,

un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté,

un temps pour tuer et un temps pour guérir,

un temps pour démolir et un temps pour construire,

un temps pour pleurer et un temps pour rire,

un temps pour se lamenter et un temps pour danser,

un temps pour lancer des pierres et un temps pour en ramasser,

un temps pour embrasser et un temps pour s’éloigner des embrassades,

un temps pour chercher et un temps pour perdre,

un temps pour garder et un temps pour jeter,

un temps pour déchirer et un temps pour coudre,

un temps pour se taire et un temps pour parler,

un temps pour aimer et un temps pour détester,

un temps pour la guerre et un temps pour la paix.

Apparemment, si on en restait là, comme on a tendance à le faire, quand par paresse on ne lit qu’un passage du texte …l’auteur semble un de ces sceptiques, désabusés, qui ne trouvent ni queue ni tête à ce monde dans lequel on vit, où l’être humain règne en partage pour le meilleur mais surtout pour le pire… où la résignation ne semble plus que la seule issue… ou plutôt le jouir quotidien si on ne retient que cette option de vie en apparence toute épicurienne…

Mais il ne faut pas en rester là… si l’auteur nous partage ses observations qui ne sont pas particulièrement optimistes mais que lui qualifierait de réalistes, il n’en conclut pas pour autant en l’absurdité du monde ni non plus que l’on doive baisser les bras ou se lamenter …

«  J’ai vu quelle occupation Dieu réserve aux humains.
Il fait toute chose belle au moment voulu. Il a même mis dans leur coeur la pensée de l’éternité, même si l’homme ne peut pas comprendre l’oeuvre que Dieu accomplit du début à la fin.

J’ai reconnu que leur seul bonheur consiste à se réjouir et à bien agir pendant leur vie,
et que, si un homme mange, boit et prend du plaisir dans tout son travail, c’est un cadeau de Dieu 
»

La sagesse humaine, si elle reste seulement humaine ne conduit nulle part, elle nous fait tourner en rond, elle est vide et vaine et elle ne pourra jamais étancher notre soif. Ça l’auteur de ce livre étonnant de la bible le dit haut et fort…Car finalement la conclusion de tout ce discours qui s’étale pendant 11 chapitres:

«Crains Dieu et respecte ses commandements, car c’est ce que doit faire tout homme.
En effet, Dieu amènera toute œuvre en jugement, et ce jugement portera sur tout ce qui est caché, que ce soit bon ou mauvais.»

Ce n’est pas une appel à craindre ou à croire en un Dieu, père fouettard qui termine ce livre mais en l’assurance que la vie a un sens car il y a et il y aura une vraie justice dont Dieu est le garant même si au jour le jour, de notre point de vue humain limité ça ne semble pas être toujours le cas. Le pragmatisme de l’auteur est que ça vaut la peine de continuer à vivre dans l’intégrité quoiqu’il arrive …. et aussi pourquoi pas de profiter de la vie au jour le jour…

* * *

Pour aller plus loin,

lire tout le livre en entier…https://www.universdelabible.net/lire-la-segond-21-en-ligne/ecclesiaste

Dell, K. J. (1994). Ecclesiastes as Wisdom: Consulting Early Interpreters. Vetus Testamentum, 44(3), 301–329. https://doi.org/10.2307/1535209

En anglais un article qui explique comment ce livre a été compris et commenté

FAURE, P. (1998). JOSEPH LE TOBIADE, INSPIRATEUR DE L’ECCLÉSIASTE? (Flavius Josèphe, Ant. Jud., XII, 160-224). Revue Des Études Grecques, 111(1), 331–333. http://www.jstor.org/stable/44261548

Un texte court qui débat sur l’identité de l’auteur de ce livre et la raison pour laquelle il a été difficilement inclus dans les écritures.

Contre les prophètes auto proclamés

le 16/20 juin 2022, Auvergne,

(Canicule mais chance d’être à la campagne et  dans une vieille maison en pisé et en pierre, il fait 35 + dehors mais 20 dans la maison… Pendant ce temps là, les colombiens ont élu pour la première fois un président de gauche… les français ont élu des députés de partis reconstitués qui remettent en cause la majorité présidentielle ce qui n’est pas si mal )

Je continue à lire des articles sur cet évangile de Jean et à m’étonner qu’ils soient légions… ce qui me retire toute prétention si j’en étais tentée, de faire de ces lignes, une véritable étude biblique qui serait une parole innovante ou définitive sur la question, expression d’une autorité divine quelconque. Ces lectures me recadrent et m’obligent à rester dans mon intention première de partager mes interrogations et mes certitudes, mes émerveillements et mes perplexités et surtout ma tentative plus générale de trouver dans l’évangile un guide de vie qui jette un éclairage sur ce qui me semble obscur et confus dans le monde qui m’entoure (une lumière qui éclaire mais n’aveugle pas).

Ces réflexions sont un simple compte rendu de mon compagnonnage avec le texte..

* * *

Jean 1 : 6-9

Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean.

Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

Celui-là n’était pas la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière.

Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde.

(Cette fois-ci je retiens la traduction de la bible de Jérusalem en français : je la trouve plus poétique)

On redescend sur terre, on se retrouve dans la Palestine du 1er siècle, étonnamment pour un texte qui a commencé aux origines et surprenant aussi car c’est de Jean ( le baptiste comme on l’appelle quelquefois) que l’auteur commence par nous parler et pas de Jésus. En ce sens, cet évangile qui semble être aux antipodes de celui de Marc le rejoint  : pas de généalogie comme chez Mathieu, ni de vierge Marie ou de Joseph sur lesquels on s’attarde comme chez Luc, mais la mention de Jean, dès la première phrase du texte si son considère que « l’évangile de Jésus, fils de Dieu » est un titre :

« Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés »

En ce sens, cet évangile à ce moment là s’inscrit dans l’histoire pour ne pas dire devient « historique » car il introduit l’existence de quelqu’un qui est connu, ( mentionné d’ailleurs dans des sources indépendantes des évangiles dans les écrits de Flavius Joseph) même si l’auteur de cet évangile ne nous donne pas de détail à ce moment là ( il le fera plus tard) contrairement à Marc qui s’attarde sur lui dès le début : on continue sur le même mode allégorique et poétique.

La mention de Jean apparaît donc à première vue comme une intrusion ( on se demande ce qu’il vient faire là au milieu d’un hymne au « Logos » qui existe de toute éternité ) mais il est essentiel pour faire revenir sur terre ce début d’évangile et lui donner un socle solide et ainsi permettre qu’on ne s’égare pas dans le monde imaginaire et imaginé du gnosticisme avec sa terminologie de lumière et ténèbres qui appartiennent à des courants de toutes sortes et qui réapparaissent aujourd’hui regroupés sous le vocable générique du new age…

(certains exégètes voient dans cette mention le fait que Jean étant encore très populaire, il fallait rectifier la donne et ne pas permettre qu’il supplante Jésus.)

Toujours est-il que dans deux autres évangiles, celui de Mathieu mais surtout celui de Luc, c’est la mère de Jésus qui ancre le récit dans la temporalité et la réalité concrète d’une grossesse vécue et assumée même si le fait qu’elle soit associée à une conception virginale brouille un peu les pistes. Ici la filiation humaine de Jésus est complètement laissée de côté, c’est Jean, ce homme un peu fou, vêtu en peau de chameau, qui donne son sceau d’authenticité à l’existence terrestre du Logos, appelé lumière, qui est venu dans le monde pour éclairer les hommes. Personne ne saurait douter de l’existence de Jean, ni qu’il ait prêché ni qu’il ait connu Jésus dont le nom n’a pas encore été mentionné….

Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

Quelle belle formule ! Rendre témoignage à lumière, même pas la refléter, encore moins se l’approprier, mais diriger le regard des autres dans une direction qui ne soit pas nous-même…quel privilège aussi de jouer ce rôle , quelle belle mission que celle-là….

* * *

Cette histoire de Jean qui apparaît au milieu de ce texte m’a un peu déconcerté au début car on a l’impression qu’il arrive comme un cheveu sur la soupe… ( encore une fois, je ne doute pas qu’il puisse y avoir des raisons contextuelles historiques pour qu’il soit mentionné) mais après coup la nécessité de son existence m’a ouvert des perspectives intéressantes.

D’abord ça en dit long sur Dieu …

(considérant que le sceau de l’Esprit Saint est sur ce texte…sinon s’il n’est que le résultat fortuit d’une rédaction individuelle, dictée uniquement par les circonstances extérieures et le talent de l’écrivain, alors il vaut mieux passer son chemin… il n’y a pas de lecture méditative possible sur ce passage, seulement une analyse froide et conceptuelle…)

La mention de Jean, montre que son existence est aussi l’initiative de Dieu, programmée de longue date puisque le point de départ de cette réflexion est la Genèse. Dieu a estimé que Jésus avait besoin d’un messager dans Marc, devenu témoin ici qui le précède : il ne l’a pas parachuté tout d’un coup sans nationalité, sans affiliation religieuse comme un extra-terrestre, il arrive après une longue histoire, celle du peuple juif où Il se révèle de mille et une manière dans un monde où empires et royaumes se font et se défont. Celui qui n’est pas encore nommé arrive annoncé… Il n’est pas une notion, une idée, une pensée chimérique, malléable à souhait, créée par un auteur particulièrement doué pour susciter l’imaginaire du lecteur potentiel.

La deuxième est que l’humilité de Jésus dont on parle bien volontiers est inscrite dans son ADN . Il ne pouvait pas se présenter tout seul et dire « me voici »…ou « je suis là » ou « c’est moi » ou encore « je suis la lumière » comme ça, tout de go, il fallait que quelqu’un d’autre le dise d’abord et en fasse l’annonce… Dieu n’a pas voulu qu’il puisse venir sur terre et se présenter comme un être auto suffisant, autonome, indépendant,qui en quelque sorte aurait été auto engendré…

Est-ce parce que la tentation aurait été trop grande, une fois sur terre, de vouloir être un rival de Dieu, comme l’est devenu un certain Lucifer qui a pu entraîner à sa suite le premier homme et la première femme avec les conséquences catastrophiques que l’on connaît ?

Il n’y a rien de plus dangereux pour l’humanité que les prophètes ou gourous de toute sorte auto proclamés, qui réclament souvent une soumission et une loyauté sans faille et qui alors qu’ils promettent la vie et la lumière, finissent par entraîner leurs adeptes sur un chemin de ténèbres et d’auto destruction…

Il n’y a rien de plus dangereux aussi pour nous de nous auto proclamer prophète… à peine témoin devrait-on être et c’est déjà beaucoup…

N.B. Mes commentaires sur le texte de Marc (http://simone-over-blog.over-blog.com/2019/09/marc-1-6-9.jean-baptiste-prophete-exemplaire.ecolo.html)

Quelques lectures…Amphoux, C.-B. (2017). L’IDENTITÉ ET LA FONCTION DE JEAN LE TÉMOIN (JN 1, 6). Revue Des Sciences Philosophiques et Théologiques, 101(1), 31–48. http://www.jstor.org/stable/44630270

Boyarin, D. (2001). The Gospel of the Memra: Jewish Binitarianism and the Prologue to John. The Harvard Theological Review, 94(3), 243–284. http://www.jstor.org/stable/3657424

Ed. L. Miller. (1993). The Johannine Origins of the Johannine Logos. Journal of Biblical Literature, 112(3), 445–457. https://doi.org/10.2307/3267744