2023 à la volée

Le 4 janvier, 2023

L’année 2023 m’a déjà devancée : je n’ai pas eu le temps de terminer l’année 2022 que l’année 2023 a commencé… je suis en retard, le train est déjà parti, il faudra que je le prenne en marche et que j’attende qu’il s’arrête à la prochaine station pour prendre le bon rythme…

Après le 25, il y a la remise en ordre du 26 et ensuite le 29, ( mon anniversaire) et on est déjà au 30, jour où on a repris la route, pour célébrer le 31 et le 1er janvier, dans trois fuseaux horaires différents (japonais, français, côte Est des États Unis) pour retourner le 2 janvier, célébrer un autre anniversaire le 3 et ….bien d’autres choses encore qui m’attendent cette semaine.

Bref, je remets au lendemain de boucler l’année 2022 pour bien commencer l’année 2023 mais je n’ai toujours pas eu le temps de le faire…

Pendant ce temps là, on enterre Pelé le roi du football et Benoît 16 le pape émérite comme on l’appelle. Je dois avouer que je suis totalement allergique à cette exposition de la dépouille mortelle de ce dernier devant laquelle viennent se recueillir des milliers nous dit-on de fidèles… autant que je l’ai été quand il s’agissait de la reine d’Angleterre.

Sobre et solennel dit le Vatican en parlant des funérailles : sobre ça m’étonnerait, ça dans l’église catholique on ne sait pas faire, par contre solennel , oui, pour ça on est très fort.. ( je dois avouer que dans cette histoire de funérailles ce que dira le pape François dans son homélie est ce qui m’intéresse)

En attendant, c’est le chaos dans la chambre des représentants à Washington où les Républicains qui ont la majorité n’arrivent pas à se mettre d’accord, ce qui fait que les démocrates se frottent les mains…

et c’est toujours la guerre en Ukraine…

Maintenant, il me reste à peine une demie heure avant qu’une nouvelle fournée de visiteurs arrive…

le temps au moins de boucler ces quelques lignes

Je commence cette année… à la volée

Noël

le 25 décembre 2022, en Virginie

Noël une fois par an…

Ça fait du bien quand même

Dans ce monde parfois

Tellement

décevant

 

Ces quelques moments

de bonne volonté

Un peu partout

que l’on n’attendait plus

 

Miracle de Noël

petit ou grand

il y en a toujours un quelque part

sur notre planète

abîmée et meurtrie,

 

A toi qui est venu,

Yeshua, יֵשׁוּעַ Issa عِيسَى Yasua , يَسُوع Yesus የሱስ

Merci !

Un Jésus festif ou fêtard?

le 17 décembre 2022, Virginie

Suite et fin de l’histoire,

Jean: 2 6-11

La première partie de l’épisode de cette fameuse histoire des noces de Cana, était surtout centrée sur l’interaction entre Jésus et sa mère et tout ce que ça pouvait susciter comme commentaire sur leurs relations, considérant l’après de l’écriture de ce texte, à savoir le développement de la théologie mariale ou au contraire pas mariale du tout… Personnellement, je l’ai lu en tant que mère qui a des fils adultes… ce qui m’a rendu la scène compréhensible et l’échange très vivant, même si j’appartiens à une autre époque et à une autre culture.

La suite de l’histoire, qui raconte le « miracle » a suscité des commentaires et des réactions d’un autre type : d’abord comme toujours pour tous les miracles parce-qu’ils gênent certains de nos contemporains,  l’historicité de l’événement a été remise en cause … et ensuite peut être à cause de la nature même du miracle, c’est la signification symbolique et théologique de cette eau transformée en vin qui a retenu l’attention  à tel point qu’on a l’impresssion qu’il s’agit d’une parabole plutôt que d’un compte rendu factuel.

‘Pour ma part, il est décevant de voir que trop souvent, on ne s’intéresse pas au récit lui-même et peu de commentaires ( il y en a quand même quelques uns) réagissent au texte dans son sens premier d’une description d’un événement particulier celui d’eau transformée en vin à un mariage où Jésus , sa mère et les disciples de ce dernier étaient conviés…

Voilà donc le texte

Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures.

Jésus leur dit: Remplissez d’eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu’au bord.

Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’ordonnateur du repas. Et ils en portèrent.

Quand l’ordonnateur du repas eut goûté l’eau changée en vin, -ne sachant d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs, qui avaient puisé l’eau, le savaient bien, -il appela l’époux,

et lui dit: Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

 Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

*   *   *

Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures.

Malgré le refus de Jésus à la requête de sa mère, celle-ci ne se formalise pas et met son fils au pied du mur : Que va donc faire le fils face à cet ultimatum ? (Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu’il vous dira).

Le texte tout d’abord à la fois explique et décrit avec précision le lieu et les objets en question, et semble-t-il, s’adresse à des personnes qui ne seraient pas juives et ne sauraient pas qu’ils pratiquent des ablutions pour se purifier avant de manger…( comme les musulmans d’ailleurs mais pas au même moment)

 Jésus leur dit: Remplissez d’eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu’au bord.

Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’ordonnateur du repas. Et ils en portèrent.

On nous rapporte donc ce que Jésus dit aux serviteurs et l’ordre qu’il leur donne nous informe que finalement, lui qui avait refusé auparavant, accepte maintenant d’intervenir mais pas d’explication ni de commentaire de pourquoi il aurait changé d’avis.  La seule hypothèse est donc qu’il a décidé de répondre à la demande de  sa mère et son rôle d’intercesseure auprès de son fils est apparent ici quelles que soient les conclusions que l’on veuille en tirer.

Ce qu’il y a aussi de particulier est que Jésus ne prononce pas de bénédiction,  ni ne lève pas les yeux au ciel comme il est noté, par exemple dans le récit de la multiplication des pains. Rien de tout cela ici : il donne un ordre comme si de rien n’était, comme si… il n’était pas en train de faire quelquechose hors de l’ordinaire, comme un miracle,par exemple! Il est extremement discret et ne cherche pas à attirer l’attention sur sa personne.

Quand l’ordonnateur du repas eut goûté l’eau changée en vin, -ne sachant d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs, qui avaient puisé l’eau, le savaient bien, -il appela l’époux, et lui dit: Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

Le récit continue  et c’est au goût de cette eau, que l’on découvre qu’il y a eu miracle. L’auteur insiste sur la véracité du récit en nous rapportant la réaction de l’ordonnateur qui s’adresse à l’époux (montrant bien que la question du vin était bien du ressort de l’homme!)

Finalement vient la conclusion de cet épisode

Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Le premier miracle ? C’est cela qui est étonnant car dans les autres évangiles, ce n’est pas le premier miracle que Jésus fait, ce sont des guérisons ou des expulsions de démons, et cet épisode particulier n’est raconté dans aucun d’entre eux, à cause du fait qu’il ait été écrit plus tard…ou que seulement un proche de Jésus ne pouvait le connaître?  En tout cas, les disciples qui étaient présents et qui venaient juste de commencer à le suivre, ont été impressionné par ce miracle et ont reconnu la  singularité ou la “gloire” de celui qu’ils avaient choisi comme maître.

* * *

Ce qui m’intrigue dans cette histoire est pourquoi ce fait n’est pas relaté dans les autres évangiles…question qui ne peut pas être résolue mais il est tout aussi surprenant qu’elle soit relatée dans cet évangile car changer de l’eau en vin à un mariage, a priori ne colle pas avec un texte qui parle de Jésus en des termes cosmiques à ses débuts  et à propos duquel l’auteur remarque simplement que cet événement, signe ou miracle a scellé la foi des disciples en lui .

Je vais donc le prendre argent comptant car ainsi il casse tous les moules dans lesquels on essaie de le mettre. On voit un Jésus réticent à faire des miracles, et pas désireux du tout de montrer son pouvoir, satisfait semble-t-il de vivre dans l’anonymat, mal à l’aise qu’on le pousse sur le devant de la scène et finalement acceptant d’intervenir, pour faire plaisir à sa mère ou pour tirer d’embarras une famille qui lui était proche ou quoi encore ?

Un vrai contraste avec le Jésus présenté par Marc ( pourtant bien humain) où il part en mission dès le début du récit mais dont les premiers actes sont des guérisons et des expulsions de démons, ce qui le situe bien dans la lignée des prophètes qui se sont distingués dans ce domaine ( plutôt d’ailleurs les guérisons que les expulsions de démons) ce qui donc ne surprenait personne .

Mais un Jésus festif et fêtard ?

Pas vraiment, (on ne le voit ni boire ni danser), mais un Jésus bien présent au milieu des siens, dans un événement majeur de la vie sociale que peut être un mariage dont le miracle qu’on pourrait considérer futile d’une certaine manière, contraste avec un Jean Baptiste mentionné plus haut qui ne buvait pas d’alcool et se nourrissait de sauterelles. On ne trouve pas d’antécédent dans le judaïsme d’un tel miracle. Pas étonnant donc, qu’il ait fallu donner à cet épisode un sens symbolique, en y voyant souvent, l’annonce de la vie nouvelle représentée par cette eau transformée en vin  Le laisser tel quel aurait été vraiment gênant.

Bref, même un évangile, qui est abondamment cité pour étayer tous les dogmes élaborés par la suite de l’église chrétienne nous présente un Jésus d’une humanité étonnante et toujours aussi énigmatique mais certainement bien sympathique!

Malgré tous nos efforts de raisonnements et toutes nos supputations pénétrantes et subtiles, le mystère Jésus reste tout entier.

Tant pis ou tant mieux pour nous!

Pour aller plus loin : Dillon, R. J. (1962). WISDOM TRADITION AND SACRAMENTAL RETROSPECT IN THE CANA ACCOUNT (Jn 2,1-11). The Catholic Biblical Quarterly, 24(3), 268–296. http://www.jstor.org/stable/43711210. L’auteur cite de nombreux ouvrages en français qui malheureusement ne sont pas accessibles en ligne…

Éloge du foot

le 18 décembre 2022, Virginie

trois petits tours et puis s’en vont…

La coupe du monde est venue et la coupe du monde est repartie…Je m’étais dit que je la boycotterai ( et je n’étais pas la seule) mais finalement quand la France a commencé à gagner et que l’Argentine est arrivée en finale après que le Japon ait été éliminé, je me suis dit que…ça ne ferait de mal à personne si je regardais un ou un deux matchs…

Le foot : on ne peut pas ne pas aimer le foot quand on a été élevé dans une famille où l’on avait des frères qui étaient des fanas, parce-qu’ils jouaient mais aussi parce-qu’ils s’époumonaient devant l’écran de télé pour encourager les uns mais surtout pour critiquer et insulter les autres, surtout les arbitres qui étaient tous des vendus !

On ne peut pas ne pas aimer le foot non plus quand on a vécu en Argentine, et puis en Colombie et qu’on a vu les enfants jouer au ballon dans la rue rêvant pour quelques quelques instants de devenir des grands champions … sans parler des cris de gooool qui résonnaient sur toutes les radios du quartier en fête quand l’équipe nationale gagnait…

et on ne peut pas ne pas aimer le foot quand maintenant que l’on est dispersé aux quatre coins du monde et que malgré les distances, on peut tous participer et échanger nos commentaires sur un tchat et vivre en communion à des milliers de kilomètres… ( surtout que c’était le dimanche et pour certains d’entre nous qui vivions dans un fuseau horaire différent, ça voulait dire ne pas aller à l’église)

Évidemment, je sais bien que la FIFA est pourrie, que les joueurs gagnent trop d’argent, que cette année au Quatar, la corruption battait tous les records et que les droits humains ont été particulièrement bafoués. …. et que le foot c’est fait pour distraire le peuple qui devrait plutôt se préoccuper des grands problèmes de notre temps comme le réchauffement climatique, la disparition des baleines, les injustices sociales, etc… etc…

Mais il y a des moments, où on a envie de dire ça suffit ! Laissez-nous nous enthousiasmer, laissez nous nous scandaliser par ces joueurs qui se roulent par terre et sont passé maîtres dans le faire semblant et de ses arbitres qui accordent des penalty indûment à l’équipe adverse ( celle que l’on veut voir perdre)… laissez nous siffler les uns et encourager les autres…

ça ne fait de mal à personne

et ça nous fait tellement de bien !

Demain on pourra toujours retrouver un quotidien insipide , ou recommencer la lutte jamais achevée des grandes causes humanitaires

mais pour aujourd’hui

s’il s’agit du vivre ensemble

quoi de mieux que ces moments de bonheur volés autour d’un match de foot avec des millions d’autres fanas disséminés dans le monde entier ?

Espoir

le 13 décembre 2022, Virginie

En vrac

Espoir, le mot du jour,

Espoir d’un monde encore en marche, ces jeunes femmes bénévoles rencontrées aujourd’hui dans un centre médical , infirmières, docteurs et assistantes sociales à l’écoute de personnes de toutes origines, sans-papiers certains, malades et désemparés ; le soin qu’elles prennent pour qu’elles gardent toute leur dignité dans ce pays où les services médicaux sont hors de portée…

Espoir, ces autres personnes, bénévoles aussi, que je n’ai pas vues, parce-qu’elles étaient dans les coulisses et qui ont monté un spectacle de danse avec des jeunes un peu patauds et qui pour l’occasion ont brillé sur scène avec leurs costumes rutilants de princes et de princesse, tout ce qu’ils ne sont pas dans la réalité mais qu’ils sont devenus pendant ces quelques heures magiques…

Espoir, ce jeune pasteur qui y croit encore et commence sa carrière dans une église où il sait qu’il n’ aura ni promotion ni augmentation de salaire mais surtout des défis de toutes sortes à relever

Espoir même, cet humoriste sud-africain arrivé au pinacle de la popularité et qui dans un discours d’adieu à son public, épelle le mot gratitude pour résumer son expérience ; gratitude en particulier, envers ces femmes noires dit-il à commencer par sa mère et sa grand-mère qui l’ont élevé à l’époque de l’Apartheid, lui dont le père était blanc… et fait l’éloge de toutes les autres anonymes qui vivant dans des systèmes d’oppression … ne baissent pas la tête…

( des femmes ancrées dans la foi , cette fameuse foi chrétienne tellement décriée quelquefois, et qui ont élevé et continuent à élever toute une génération d’hommes et de femmes qui grâce à leurs efforts ont pu sortir de la misère et atteindre les plus hautes sphères de la société)

Espoir toujours ou devrais-je dire espérance, dans l’attente de Celui qui « ne jugera pas sur l’apparence ; ne se prononcera pas sur des rumeurs. ( particulièrement celles qui courent sur les réseaux sociaux) Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays […] La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins »

et maintenant qu’il est venu

Espoir que sa voix puisse encore être entendue au milieu du tintamarre des scandales et des apostasies de toutes ces églises qui sur les plateaux de télévision, les chaînes youtubes et les réseaux sociaux se revendiquent d’être ses porte-paroles et ses représentants…

Et cet espoir là, il ne peut être nourri et soutenu que par la foi !

N. B. La citation vient du livre d’Isaïe, ch. 11 

L’humoriste en question est le Sud-Africain Trévor Noah qui a une époque s’est écharpé avec l’ambassadeur de France qui lui a reproché d’avoir dit que ce n’était pas la France qui avait gagné la coupe du monde mais l’Afrique…pour en savoir plus sur cette polémique https://www.tf1info.fr/culture/video-l-afrique-a-gagne-la-coupe-du-monde-l-humoriste-trevor-noah-a-t-il-ete-mal-compris-2093704.html

P.S : J’écris cela aujourd’hui sachant que demain, c’est la demie-finale France-Maroc en espérant qu’il n’y ait pas des débordements !

Le cri de l’Avent

le 8 décembre, 2022, Virginie

Venez, divin Messie…

Au milieu des paillettes de ces fêtes de fin d’année qui envahissent les magasins même quand on y va tout simplement chercher des œufs et du lait …

je retrouve ce vieux chant qui tout à coup semble bourré de sens…

C’est l’expression d’une attente, celle des juifs de Palestine, d’ il y a deux mille ans, et particulièrement celle des disciples de Jean le Baptiste qui annonçait la venue imminente du royaume de Dieu et qui en rencontrant Jésus a cru voir l’accomplissement de cette promesse,

( peut-être sans le divin quoique… le terme n’est pas excessif même dans la tradition du judaïsme tant qu’il n’est pas attachée a un dogme trinitaire)

Venez divin messie…

n’est pas attaché à l’image d’une crèche entre un bœuf et un âne avec au-dessus une étoile en papier argenté

Venez divin messie

ça signifie

viens nous sauver de nos jours infortunés,

comme le dit bien le cantique

Attente mais aussi supplique toujours renouvelée

à travers les siècles de pogroms, d’expulsions et de déportations,

de foules poussées vers la mort dans des fourgons à bestiaux…

***

Venez divin messie

Sauver nos jours infortunés

Attente et supplique aujourd’hui de ceux qui vivent en Ukraine sous les bombes, dans le froid et l’obscurité…

et de ceux en Somalie

au milieu de terres désséchées,

dans la terreur et la famine

mais aussi de tous les autres,

lointains et proches

courbés sous le poids de l’oppression,

de l’injustice et d’abus de toute sorte,

et qui sont tellement nombreux

qu’on ne pourrait tous les nommer…

***

et le chant continue et insiste

et au fur et à mesure se fait plus pressant,

exprimant ce que l’on ressent,

quand on est tombé au fond

et qu’on n’a plus la force

de se relever

***

Ah ! Descendez, hâtez vos pas!
Sauvez les hommes du trépas;
Secourez-nous, ne tardez pas!

Secourez-nous, ne tardez pas!

C’est le cri de L’Avent,

qui maintenant

reprend tout son sens

au milieu des dorures et des paillettes

des sapins scintillants et des étables somptueuses

le tout recouvert bien évidemment

des incontournables et artificiels

flocons de neige …

N.B : Pour aller plus loin : comme tous ces cantiques populaires, il y a de nombreuses versions quant aux paroles, j’ai repris celles de mon enfance… Pour l’histoire de ce chant :

.https://www.voix-nouvelles.com/chant-histoire/2020/9/7/venz-divin-messie

Bah! Humbug!

1er décembre, Virginie, USA

Il fait froid comme il se doit

au mois de décembre.

Les vitrines sont illuminées,

les sapins de Noël déjà décorés,

tout est doré et scintillant.

Tout est colorié en rouge brillant

et en vert émeraude

pour mieux attirer le client,

au son d’une musique légère et gaie,

enjouée à souhait…

***

Tout épelle pour moi

le mot « Artificiel »

en lettres majuscules

avec tous ses dérivés

car tout me semble faux, factice

superficiel

dans cette époque dite de Noël,

( Christmas season ici, fêtes de fin d’année, en France, laïcité oblige)

***

Je fais partie de ces rabat-joie

qui déplorent les dépenses inutiles

le matérialisme ambiant

les imitations mauvais goût,

les faux semblants,

la joie au rabais

des cadeaux offerts

et reçus

surtout quand ils sont laids,

qu’ils soient bon marché

ou au contraire

luxueux et coûteux…

***

Et pourtant,

je sais que pour les enfants,

(et pas qu’eux)

riches ou pauvres,

les fêtes de Noël,

leur mettent de la lumière

plein les yeux,

même si leur joie n’est qu’éphémère

autant que leurs jouets

qui durent à peine quelques heures

avant d’être jetés ….

***

Il faudra que je fasse un effort

car parait-il

que pour entrer dans le royaume des cieux,

il faut se lâcher

et redevenir

simple et joyeux

comme un enfant émerveillé

un matin de Noël !

Mariage: une mère et son fils, portrait intime

30 Novembre 2022, en Virginie, USA

On vient de célébrer la fête de thanksgiving, la seule qui ne soit pas devenue une fête de la consommation, même si on y mange beaucoup et que ses origines ne sont pas si innocentes que cela. Si elle est propre aux États Unis, il y en a d’autres qui sont universelles, ce sont celles des mariages…

Jean 2 : 1-5

Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là,

et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples.

Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin.

Jésus lui répondit: Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue.

Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu’il vous dira.

Un mariage comme les autres ?

Après nous avoir fait monté au ciel avec son prologue et donné l’idée d’un récit mystique, désincarné, spiritualisé à mort et juste après le récit de la constitution d’un groupe de disciples pour accompagner Jésus, la première chose qui nous est raconté est que Jésus les emmène avec lui à une fête de mariage… de quoi nous déboussoler nous et peut-être aussi les contemporains de Jésus ! Qu’il aille avec ses disciples à un mariage n’est pas vraiment étonnant, mais pour les premiers chrétiens ceux qui n’avaient pas connu Jésus en personne, cet épisode de fête de mariage a dû être difficile à avaler pour eux qui étaient en train de vivre une époque de persécution…peut-être aussi pour les disciples de Jean qui lui jeûnait et ne buvait pas d’alcool….est-ce pour cela que cet épisode est totalement absent des autres évangiles canoniques ?

Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là,

et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples.

Comme toujours, on n’est pas obligé de prendre à la lettre les indications de temps ( mais on peut le faire si on le désire, ça ne change rien à la suite de l’histoire) ce qui peut-être important de comprendre c’est que ça s’est passé tout de suite après que Jésus ait commencé à avoir un petit groupe de disciples. Que Jésus soit invité avec ses disciples à un mariage où était convié sa mère, n’a rien d’ anormal ni d’étonnant pour les contemporains de Jésus, seuls les exégètes d’aujourd’hui ont besoin de se poser des questions pour savoir si c’était un voisin de la famille ou au contraire un parent et comment se fait-il aussi que ses disciples aient été invités… car toute personne qui vit au sud du pourtour méditerranéen ne trouverait rien d’étrange à que soient invités à un mariage, les amis des amis ou des proches.

Il est intéressant de noter ici que les disciples qui l’ont accompagné ne sont pas nommés ce qui a été fait précédemment : peut-être que Pierre n’y était pas ( il aurait pu très bien refuser l’invitation ou en être empêché) ce qui pourrait aussi expliquer que cet épisode n’est pas raconté dans l’évangile de Marc ni dans aucun autre évangile non plus…

Évidemment, que la mère de Jésus soit aussi présente attire notre attention, car elle n’est pas mentionnée avant, contrairement aux autres évangiles, étant donné que les circonstances de la naissance de Jésus sont passées sous silence. La généalogie de Jésus ici, qui n’en est pas une commence à la Genèse « Au commencement » et ce début a tendance à nous aveugler en nous empêchant de voir ce que pourtant il affirme, « et le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » ce qui concrètement parlant signifie que Jésus était aussi un homme ordinaire et appartenait à une famille.

Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin.

Jésus lui répondit: Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue.

Il faut le dire tout de suite…cet échange rapporté entre Jésus et sa mère a fait couler beaucoup d’encre à cause de l’importance théologique que Marie a pris par la suite et la place qu’elle continue à occuper dans l’église catholique mais aussi orthodoxe, place qui lui est contestée dans les milieux protestants et évangéliques… et aussi parce que Jésus n’y fait pas preuve d’amabilité… C’est dommage car quand on lit cet échange, on n’y trouve rien qui ne soit naturel … et c’est donc en tant que mère ( et pas théologienne) qui a aidé à organiser des mariages ( ceux de mes enfants mais aussi ceux d’amies) que moi je lis ce passage.

D’abord que Marie se soit rendue compte qu’il manquait du vin n’a rien d’étonnant …

( ça aurait pu être autre chose, c’est tellement difficile de calculer combien de nourriture il faut avoir pour une grande fête, on a toujours peur qu’il n’y en ait pas assez…comme moi la veille de Thanksgiving qui ait été tout d’un coup prise de panique en me demandant si la dinde que j’avais achetée ne serait pas trop petite… elle ne l’était pas, on mange encore les restes)

Essayer de se demander comme l’ont fait certains, comment Marie était au courant de ce manque me semble un exercice vain. Les femmes s’entraident dans des circonstances semblables et savent quand il manque quelque chose à manger ou à boire même si ce sont plutôt les hommes qui sont chargés du vin…. (et semble-t-il, ils avaient mal calculé ou ils ne s’en souciaient pas trop occupés à festoyer… )

la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin.

Un échange naturel mais qui en dit long sur la relation de Jésus et de sa mère : Marie s’adresse à son fils mettant en relief l’absence du père ( que l’on imagine décédé) dont il assume le rôle et fait appel à lui en donnant une information qui est une manière à peine déguisée de lui dire d’intervenir. À Jésus, homme adulte qui a peut-être même déjà quitté le domicile familial pour commencer sa vie de prédicateur itinérant, elle ne va pas donner un ordre direct. La réponse de Jésus montrera bien qu’il n’est pas dupe et qu’il comprend qu’elle lui demande d’intervenir.

La question que l’on peut se poser et que de nombreux exégètes et théologiens se sont posés et est-ce que ça signifie qu’elle lui demandait de faire un miracle…de changer l’eau en vin ? Personne ne peut répondre à cette question, ce qui est sûr c’est qu’elle avait suffisamment confiance en lui pour penser qu’il trouverait une solution sinon elle ne le lui aurait pas signalé .

Jésus lui répondit: Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue.

Cette phrase aussi a fait couler beaucoup d’encre et a été l’occasion d’analyses linguistiques pointues pour qualifier la valeur du mot grec traduit en français par « femme » qui donne un ton peu respectueux à l’adresse de Jésus ( ce que certains contestent) mais qui est certainement souligné par sa question qui remet en cause la légitimité ou le droit de sa mère à lui faire une telle requête.

(Pas de maman chérie ou adorée, un Jésus qui ne dit pas oui à sa maman et ne lui parle pas gentiment, c’est troublant et va à l’encontre de l’image bisounours que l’on se fait de lui…que l’on soit ou pas un fan de Marie…)

On ne peut pas nier en tout cas, que la réponse de Jésus à sa mère fasse preuve d’agacement et ne suscite pas son enthousiasme même si on hésiterait à dire qu’il l’envoie balader ( en tout cas dans les traductions que j’ai pu lire) . Pourtant son refus n’est pas gratuit, il n’est pas dû à un caprice de sa part ou à une saute d’humeur injustifiée : son explication est du même ordre que celui qui est cité dans l’évangile de Luc du Jésus pré adolescent à ses parents. Pour ceux qui ne connaissent pas l’anecdote elle nous renvoie au moment où Jésus répond à ses parents inquiets qui l’avaient cherché pendant trois jours et le retrouve en train de discuter avec les scribes dans le temple :

Quand ses parents le virent, ils furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit: «Mon enfant, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous? Ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.» Il leur dit: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père?» Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait .

Nous non plus, on ne comprend pas bien sa réaction : par contre, cette fois-ci, Marie ne semble pas se formaliser de la réaction quand il lui répond :

Mon heure n’est pas encore venue.

Cette explication change tout car avec elle on passe d’une échange naturel entre une mère qui fait appel à la bonne volonté d’un fils et use de l’ascendant qu’elle a sur lui pour lui demander une faveur, à un autre niveau, à une autre histoire, celle d’un homme que Dieu a destiné à une mission exceptionnelle et à qui a été le donné le nom de Jésus pour le signifier.

Il semble bien donc avec cette explication que Jésus fait allusion à quelque chose que tous les deux, savent : il n’est pas n’importe qui, il a été appelé à devenir Quelqu’un, peu importe le terme particulier que Marie a retenu, mais ce Quelqu’un, un jour ou l’autre se révélera être appelé à jouer un rôle majeur dans la vie du peuple juif. Peut-être que le fait même que Jésus vient de se constituer un groupe de disciples a fait croire à Marie justement que « son heure était venue »…

 Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu’il vous dira.

En tout cas, la réaction de Marie à la réponse négative de son fils est notable car elle ne se laisse pas démonter: c’est la réaction d’une mère qui connaît suffisamment bien son fils pour savoir que même s’il refuse en un premier temps, il prendra le temps de la réflexion et pourra revenir sur sa décision. Et contrairement à beaucoup de mères que je connais, elle montre un profond respect envers son fils adulte : elle ne le supplie pas, ne lui fait pas des longs discours remplis de reproches pour l’obliger à faire sa volonté.

( un de mes enfants disait toujours non quand je lui demandais de faire quelque chose mais finalement le faisait, par contre celui qui disait oui, ne le faisait pas…) ,

Marie est une mère qui n’est ni timorée, ni passive ( et c’est dommage qu’on la représente ainsi) semblable à la femme syro-phénicienne qu’on rencontre dans l’évangile de Marc et qui n’hésite pas à argumenter avec Jésus quand il semble refuser au premier abord sa requête de chasser un démon de sa fille.

« Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit:Laisse d’abord les enfants se rassasier; car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants. Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille »

Marie connaît son fils et en plus croit en lui au sens fort du terme même si je m’interdis de définir ce que théologiquement parlant ça peut vouloir dire. Elle prend un risque énorme en disant aux serviteurs de faire ce qu’il dira et en même temps, très habilement met Jésus au pied du mur.

(Ça ne l’empêchera pas certainement de se poser des questions quand son fils sera condamné et crucifié, mais elle se comportera aussi comme toutes les femmes que j’ai rencontrées dans les prisons : on n’ abandonne pas un fils même s’il est condamné à mort et honni de tous)

Le miracle iconique va donc se produire et l’eau se changera en vin,

* * *

Les détails du reste de l’histoire, me sont tellement familiers que je ne veux pas les aborder pour l’instant, toute mon attention est retenue par cet échange entre mère et fils à l’occasion d’un mariage où les préoccupations de la mère autant que la réaction de son fils m’ont paru compréhensibles une fois que l’on dépoussière l’épisode et on le débarrasse de tous ses enjeux et interprétations théologiques… En tant que femme, je m’y retrouve…

Cette scène aussi me permet de découvrir le visage de celui qui l’a rapportée : un intime de Jésus. Seul quelqu’un qui se trouvait là juste à coté d’eux aurait pu être témoin de la scène, les autres invités ne se sont certainement pas rendus compte de ce qui se passait comme c’est toujours le cas dans des fêtes comme celles-ci. Autant avec l’évangile de Marc on avait l’impression d’un rapporteur qui gardait Jésus à distance et où se dessinait derrière le visage de Pierre, source principale selon certains de ce qui y est rapporté, autant ici ce n’est pas un Pierre qui se dessine, un homme bourru et réservé, peu enclin aux épanchements, mais un tout autre homme, sentimental, sensible, artistique dont la tradition parle comme du disciple aimé…

Quant au visage de Jésus ? il est vraiment descendu du trône du prologue (« et le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ») et redevient accessible, un de nos semblables. Dans cet épisode, d’ailleurs il ressemble au Jésus de Marc qui n’est pas toujours aussi aimable ( selon les critères de la bienséance sociale) qu’on souhaiterait qu’il le soit. Il n’en reste pas moins énigmatique et cet évangile nous donne l’opportunité de le redécouvrir à travers les yeux d’un intime.

Et quoi de plus intime que Jésus en face à face avec sa mère Marie !

N.B Pour aller plus loin : Cet article résume les interprétations faites de la réponse de Jésus à Marie et conteste que sa réponse ait été un refus. WILLIAMS, R. H. (1997). The Mother of Jesus at Cana: A Social-Science Interpretation of John 2:1-12. The Catholic Biblical Quarterly, 59(4), 679–692. http://www.jstor.org/stable/43723111

Offertoire

Le 27 novembre, 2022, dimanche, en Virginie

offertoire…

ce beau mot que l’on utilise dans la liturgie catholique

et auquel j’ai pensé ce matin

dans cette communauté perdue en pleine campagne,

sans clocher ni croix,

sans pierres taillées

sans portail d’entrée

faite de gens

à la vie cabossée,

***

offertoire

cette litanie de pétitions,

échantillon des souffrances

des gens du commun

maladie chronique des uns,

décès prématuré des autres,

familles déchirées

naissances mal venues,

emplois exténuants et incertains,

***

offertoire

ces prières tournées vers Toi

chacun plaidant la cause,

d’un voisin, d’un parent,

d’un ami, d’un collègue,

au fardeau quotidien,

devenu trop lourd à porter,

***

pas besoin d’autre liturgie

que celle-là

pour se retrouver ensemble

dans ce lieu

en ce dimanche matin,

triste, froid et pluvieux.

Ici et là-bas

Le 19 novembre 2022,

les arbres sous ma fenêtre

sont mon horizon

ils occupent tout entier

mon champ de vision,

***

j’avais oublié

leur immobile présence

leur complète indifférence

à tout ce qui les entoure,

***

Ils sont là et c’est tout,

ils occupent tout leur espace

sans bouger

sans broncher

imposants, impassibles

leur énorme tronc

ignorant le mouvement ostensible

de leurs branches dénudées

***

À cette époque de l’année,

sans leurs feuilles aux vives couleurs

On croirait qu’ils sont morts

***

Là-bas c’était les nuages que je voyais,

toujours changeants, toujours fuyants

impossible de les arrêter

impossible de les attraper

impossible d’en approcher

les yeux levés au ciel en marchant,

ils défilaient.

pressés

sous mon regard extasié…

***

Ici les arbres bien plantés dans la terre,

là bas, les nuages flottant dans le ciel

et la mer ?

Je l’ai perdue il y a longtemps…

on ne peut pas tout garder !

***

Nous sommes si petits

et notre planète est tellement grande 

Comment s’y retrouver?