et les sédentaires alors?

Et les sédentaires ?

Le 31 juillet 2024, Auvergne,

La sécheresse est au détour du chemin après ces quelques journées de canicule et de soleil intense pourtant tant attendues,

je remarque déjà quelques touffes d’herbe jaunie..

Alors si personne n’arrose pendant qu’on sera parti et que le ciel décide de ne pas envoyer des pluies rafraîchissantes, quand on reviendra ( si Dieu nous prête vie ! ), on risque de retrouver une terre desséchée sans herbe, ni fleurs, ni légumes …

C’est là que je me suis dit : c’est bien beau le nomadisme à la Abraham mais il faut bien que quelqu’un reste pour arroser les plantes…

On sait bien que dans beaucoup de pays, en période de sécheresse, c’est la guerre entre les cultivateurs et les nomades, ces derniers ne trouvant pas assez d’herbe pour nourrir leurs animaux, s’aventurent sur les terres cultivées des pauvres sédentaires que leurs animaux détruisent en piétinant…

En essayant de trouver un héros, qui serait un pendant sédentaire à l’Abraham nomade que l’on trouve dans la bible, je dois avouer qu’aucun nom ne m’est venu à l’esprit…. on a des bergers à foison dont le roi David est le plus connu, mais des cultivateurs à proprement parler, on n’en trouve pas des masses… j’ai même lu quelque part que Caïn représentait le clan des cultivateurs et Abel celui des bergers mais comme non seulement son offrande n’a pas été reçue par Dieu et que par jalousie il a tué son frère Abel, ce n’est pas très porteur comme exemple…

(Faut dire que de savoir pourquoi Dieu avait reçu le sacrifice d’Abel et pas celui de Caïn , est une question que je me suis posée… et de toute évidence, je ne suis pas la seule à l’avoir faite car le thème a suscité bp d’hypothèses … sans jamais arriver à aucune explication satisfaisante, selon mon opinion …)

À vrai dire, l’histoire du peuple d’Israël, n’a jamais été très sédentaire : si la terre promise y est un thème constant, il n’en a pas profité pendant longtemps, et l’exil comme la traversée du désert occupent de longues pages dans le récit de leur histoire mouvementée..

Finalement, le cultivateur dont on nous parle souvent, c’est Dieu lui-même qui semble priser particulièrement la culture de la vigne (allégoriquement parlant bien entendu) et se plaint souvent qu’elles ne donnent pas le fruit que l’on pourrait attendre d’elle ( la vigne représentant le peuple d’Israël) étant donné tous les soins qu’il lui prodigue..

Il faudra chercher ailleurs pour trouver des héros du sédentarisme… ou peut-être se rappeler des phrases célèbres du livre d’Ecclésiaste…

« Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher.[…] Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter. »

Il doit y avoir un temps pour rester et un temps pour partir aussi…

Et comme la valise est bouclée et la maison rangée ( enfin à peu près), demain ce doit être le temps de partir,

alors ne vaut-il mieux pas arrêter de se poser tant de questions et aller se coucher ? …





















































Quand Abraham tombe à pic!

le 28 juillet 2024, Auvergne

Abraham qui revient sur le tapis

Le pasteur de service, ( en été on s’attend que ce soit une personne qui le remplace) qui était une vraie pasteure en réalité, (je veux dire une femme du métier ) nous a ressorti l’histoire bien connue d’Abraham qui quitte le pays de ses ancêtres, pour aller vers l’inconnu car il a cru à la promesse d’un Dieu qui n’était pourtant pas celui de ses pères ( on révérait la lune dans le lieu où il vivait)

La foi un cheminement, qui nous demande de sortir des sentiers battus pour aller vers un avenir que nous ne connaissons pas mais où Dieu nous assure que nous serons bénis… ce qui n’empêche pas, a-t-elle bien précisé qu’il y ait des moments difficiles sur le parcours…

Un saut dans l’inconnu, c’est exactement ce que nous nous apprêtons à faire cette semaine avec tous les imprévus que les voyages supposent qui nous conduira jusqu’en Colombie ( même si c’est un pays qui ne nous est pas inconnu) après un passage obligatoire par Paris … pour suivre un projet fou…

(Et évidemment, le passage par Paris, ne me réjouit pas particulièrement à cette époque où les jeux olympiques battent leur plein et où éviter la capitale semble être la moindre des précautions …)

Mais dans cette famille où l’on est d’un peu partout, il y en a qui partaient dès ce soir pour retrouver des parents qui n étaient plus très jeunes et dont les jours étaient comptés… Les revoir une dernière fois peut-être pour certains…ce n’est certainement pas du luxe…

* * *

Abraham l’ancêtre,

le père des croyants, (des trois monothéismes nous a rappelée la pasteure)

Descendants d’Abraham …

C’est pour ça qu’on a la bougeote ?

* * *

Poussés ou appelés peu importe,

le Dieu qui s’est manifeste est tout le contraire des dieux confinés à un seul lieu, à un seul peuple, à une seule nation, à un seul souverain,

toute la terre est son royaume

et le nôtre aussi !

Alors marchons !

P.S: pour plus de détails sur l’aventure colombienne, en anglais..

.http://blogging4peace.org/archives/151

Vœux pour les vacanciers de passage

Le 25 juillet 2024, Auvergne

On est au milieu de l’été

les roses qui s’étaient fanées recommencent à former des boutons,

la salade verte, elle, qui a monté, est inutilisable‘

par contre les tomates commencent à rougir…

et dans les champs,  les premières moissons sont récoltées

***

le soleil qui chauffe à plein temps

sèche en moins de deux le linge des visiteurs repartis

la maison reprend son aspect familier de tranquillité

après les tablées pleines d’adolescents affamés

installés dans le jardin du devant

avec les quelques adultes affairés,

à la préparation (et répartition) de repas pantagruéliques

***

Cousins tous ( et une seule cousine) de pays qui vont d’Amérique à l’Asie ( même si certains manquaient à l’appel)

aux croyances et habitudes contrastées

s’accueillant les uns les autres sans se poser de questions

partageant jeux ( vidéos… mais pas que..) et conversations

( et dévorant aussi tous le St Nectaire fermier avec le même enthousiasme!)

* * *

Moments de grâce, de bonheur et de paix

dans un monde où les dirigeants de leurs pays ou de leur appartenance ethnique et religieuse ne perdent jamais une occasion de s’étriper…

Puissent-ils continuer à grandir en se souvenant, que cette fraternité qu’ils ont vécu en famille, doit s’étendre à la famille humaine toute entière…

Toi qui étais là au milieu de nous

Garde-les tous dans ton amour et dans ta paix !

C’est les vacances?

avec un beau coucher de soleil comme celui-là, on doit quand même être en vacances…

Le 19 juillet, 2024, Auvergne

Même en vacances, l’actualité ne nous laisse pas de répit…

L’attentat raté de Donald Trump occupe les Unes mondiales, et le roi de la com se retrouve au centre du monde, une fois de plus…

(pourtant un jeune, blanc par surcroît, qui s’empare d’un fusil acheté par son père pour tirer sur une foule, aux États Unis, c’est devenu tellement banal que ça ne faisait plus la Une depuis longtemps)

Pendant ce temps là son grand rival, Biden l’octogénaire entêté et incontournable dit-on, attrape le Covid et malgré tout s’accroche à une candidature  de plus en plus problématique

Quant à la France, plus ça change et plus c’est la même chose… ceux à droite qui ont poussé des cris d’orfraies contre les macronistes, se sont alliés à eux pour réélire au perchoir, une de leur partisans

( impossible de laisser passer un député communiste près du peuple, susceptible de préconiser des augmentations d’impôts pour les plus favorisés)

et pour couronner la semaine, on découvre que l’abbé Pierre, la dernière grande icône catholique française, (personnage préféré des français, répétait-on avec fierté pendant des années dans les milieux cathos) tout prêtre qu’il était, aurait eu des pulsions sexuelles plus qu’ incontrôlées…

sauf que cette fois-ci, après un ras-le bol de scandales à répétition, c’est la levée de bouclier pour défendre l’abbé en question, mort depuis belle lurette, il faut bien le dire, qui conduit à un déchaînement du discours anti-féministe dans certains cercles de la cathosphère et dont font les frais ces pauvres femmes qui ont osé raconter leurs déboires…

( dans le cas de l’abbé Pierre, ce n’était pas de la pédophilie, mais le fait d’un homme célibataire, ayant fait le vœu de chasteté qui est à la base du problème…idolâtré et considéré comme un saint, on voit facilement comme il aurait pu faire, ce qu’on appelle pudiquement des écarts de conduite, ce qui d’ailleurs se savait de son vivant mais ne se disait pas)

Faudrait-il rappeler à tout un chacun, particulièrement, les cathos du dimanche (mais aussi les évangéliques qui encensent des hommes politiques à la morale plus que douteuse) et même aux laïcs de tout bord, ces lignes répétées jour après jour, semaine après semaine, année après année, dans l’ordinaire de la messe

Car Toi seul es saint,
Toi Seul es Seigneur,
Toi Seul es le Très-Haut : Jésus-Christ….

Alors d’où nous vient cette manie de distribuer des prix de sainteté à tout bout de champ ?

D’où nous vient cette précipitation à nous agenouiller devant de simples mortels si populaires et beaux parleurs soient-ils ?

Serait-ce parce-qu’ils flattent nos egos meurtris assoiffés de reconnaissance mais aussi d’admiration béate  ?

Entre ceux qui recherchent un messie politique et les autres un père spirituel terrestre tout puissant,ma foi, on est bien mal loti !

Bonnes vacances quand même !





































Un pique-nique pas comme les autres

le 10 juillet 2024, Auvergne

On est finalement en été avec de la chaleur et des orages… mais aussi en période de vacances ce qui signifie, que les maisons se remplissent de visiteurs, y compris la nôtre. Difficile pour moi de prendre du temps pour me concentrer et réfléchir… ce qui n’est pas plus mal… et comme je dois assurer l’intendance pour donner à manger à ceux qui viennent, cette histoire de la multiplication des pains tombe à pic !

Intro

Avec ce nouveau chapitre ( découpage artificiel bien entendu) je me retrouve sur un terrain plus facile à appréhender après toutes ces considérations théologiques à la mode judaïque sur l’identité de Jésus…

Évidemment, comme c’est un miracle dont il s’agit, on ne peut pas vraiment dire que l’on s’aventure sur un sol tellement ferme mais cette histoire de la multiplication des pains est tellement connue, étant donné les nombreuses œuvres artistiques qu’elle a suscités, que je n’ai pas l’impression de me retrouver en terra incognita..

Comme pour tous les phénomènes surnaturels, toute la question de l’historicité du récit, qui revient toujours à se demander si ce Jésus a vraiment fait un miracle ou si c’est un Jésus imaginé, rêvé, reconstruit avec les yeux de la foi qui l’aurait fait, elle a été abordé par beaucoup et aboutit à des conclusions différentes selon la théologie des Écritures de leurs auteurs. Tout le monde s’accorde au moins sur le fait que les rédacteurs et les rapporteurs directs ou indirects de l’événement croyaient en son authenticité… En tout cas, cette même histoire est rapporté dans les autres évangiles et ce qui est donc intéressant, c’est de savoir en quoi cette version est différente de celle de Marc, par exemple à laquelle je me suis intéressée

Jean 6 : 2-15

Après cela, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »

Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »  Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

Un récit comme les autres

Après cela, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.

Comme à l’accoutumée le texte nous indique avec assez de précision où l’événement va se dérouler mais le quand est assez flou. Après cela permet simplement de passer d’un thème à un autre et le marqueur temporel, à savoir la mention de la proximité de la Pâque, le situe dans son contexte historique d’une société qui vit au rythme des fêtes religieuses. (On note une explication de ce qu’est la Pâque qui rappelle que le texte est adressé à des lecteurs/auditeurs, qui ne seraient pas tous juifs et donc ne sauraient pas de quoi il s’agit…) La scène décrite avec la mer de Galilée, la montagne et une foule qui suivait Jésus à cause de ses dons de guérisseur, nous est devenue familière : rien donc, en tout cas qui le distingue de ce qu’on a déjà vu et entendu.

Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »

Si on compare ce texte avec celui des autres évangiles, on a beaucoup moins de détails sur cet événement mais on a un commentaire du rédacteur qui explique la question de Jésus en anticipant la suite que l’on ne connaît pas encore : le miracle que Jésus va faire, alors que les disciples ne le savent pas. C’est aussi la connaissance surnaturelle de Jésus qui y est soulignée.

Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.

Ce que je remarque, dans la suite de ce récit c’est qu’il est assez sobre : il ne se focalise pas sur l’acte magique/miraculeux de Jésus en lui-même, prit les pains et après avoir rendu grâce) mais sur les directives pragmatiques qui sont données et qui permettent tout naturellement que tous les gens présents puissent manger à leur faim, comme si ça allait de soi .

Jésus le maître de l’anti-gaspillage

Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

Je n’ai pas pu m’empêcher de mettre ce titre, même si je sais que c’est facile et que l’intention du texte est d’insister sur l’ampleur du miracle…pas sur l’importance de ne rien jeter…mais c’était trop tentant ! Je note, qu’il y avait des restes de pain, mais pas de poisson…ce qui est le cas souvent dans les grands repas.

La réaction du public

À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »

En fait dans tout ce récit, moi ce qui m’intéresse le plus, c’est la réaction de l’assistance. On n’est plus devant les spécialistes de la loi, les scribes et les pharisiens, mais devant des gens curieux qui n’ont rien d’autre à faire que de suivre un prédicateur itinérant pour le voir guérir des malades ou demander de se faire guérir soi-même, et auxquels Jésus sans crier gare, décide de donner à manger ! Eh bien sûr ce sont eux qui reconnaissent que Jésus est le Messie, alors que l’on vient de nous donner tout un discours théologique compliqué qu’il a prononcé devant les maitres de la loi pour prouver qu’il était vraiment envoyé de Dieu : pas besoin de grand discours, on a mangé à notre faim, pas besoin de nous poser de questions sur la légitimité ou pas de ce « signe ».

Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

Avant tout c’est cette dernière phrase qui m’interpelle : le peuple veut faire de lui leur chef politique, soit ici leur roi mais Jésus refuse…

Ce que j’en retiens

( comme on vient d’avoir des élections en France qui resteront dans les annales…)

D’abord l’enthousiasme de la foule, du peuple, ce groupe de personnes que les élites méprisent toujours en disant qu’ils ne savent pas voter, qu’ils ne savent pas choisir leurs dirigeants, qu’ils sont naïfs, crédules, qu’ils sont incapables de se projeter dans le long terme, qu’ils veulent des solutions immédiates, qu’ils aiment le spectaculaire et l’extraordinaire etc.… qu’ils sont prêts à suivre le premier venu tant qu’ils leur promettent de leur remplir les poches ou l’estomac… ( sauf que Jésus ici n’a rien promis, il a actuellement pourvu)

Eh bien oui, la foule qui suivait Jésus elle était comme ça : ni plus ni moins

Et pourtant elle a fait mieux que les élites : elle a reconnu qui était Jésus tellement et si bien qu’elle a voulu en faire son roi, (son dictateur, son despote ?.)

Mais finalement ce n’est pas elle qui sort grandie de cette épisode ( même s’il faudrait rappeler aux antisémites que la foule qui a reconnu Jésus comme le Messie, était juive!) c’est encore Jésus.

Jésus l’incorruptible

Son attitude tellement exemplaire, tellement différente des grands de ce monde qui ne veulent pas descendre du trône sur lequel ils sont un jour montés…

Cette capacité à résister à la tentation du pouvoir… qu’on lui offrait sur un plateau… cette tentation si dangereuse, si destructrice, qui fait perdre la tête à tant d’êtres humains et les conduit à tous les coups bas, tous les compromis, (et tous les meurtres… ) tentation véritablement satanique que Jésus a dû confronter dans ce face à face qui nous est raconté dans les autres évangiles ( ça vaut la peine de le relire : Mathieu 4 : 1-11)

Tentation qui atteindra certainement son paroxysme quand il sera arrêté, jugé, torturé et finalement mis à mort,

Résister

à la popularité, au désir d’être adulé, reconnu, encensé

Qui à travers l’histoire a été capable de résister aux chants de toutes ces sirènes…? Quel homme religieux a refusé le pouvoir temporel/politique quand on le lui a offert ? Ceux qui ont succombé se comptent par milliers!

* * *

La prière que Jésus a enseigné à ses disciples est toujours d’actualité :

Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre nous du malin… sous quelque forme qu’il soit

NB: ma réaction à la multiplication des pains quand j’ai lu le texte de Marc https://simone-blog.org/2020/08/donnez-leur-vous-memes-a-manger.html

Miscellaneous

le 4-6 juillet 2024, de retour en Auvergne

En vrac,

la démocratie en danger aux États Unis

( avec la décision de la cour suprême sur l’immunité du président…quand viendra le retour de bâton qui permettra à l’ère Trump tellement toxique pour les États Unis mais aussi le monde entier…de terminer…)

en France ?

( moins évident car malgré les avancées du RN, la réaction est encourageante et la politique ne se résume pas entre deux partis qui existent à coup de millions de quelques milliardaires trop puissants… )

* * *

un séjour éclair à Paris pour aller chercher un vacancier à l’aéroport,

et me rappeler que j’aime encore Paris…

plus tous les gens rencontrés en chemin,

des jeunes avec leurs audiophones sur les oreilles, des touristes avec leurs grosses valises, des travailleurs de l’ombre qui voyagent tôt le matin nettoyer les lieux publics et qui n’ont pas l’air du tout du français «de souche » imaginaire qu’on voudrait préserver à tout prix ….

Deux amis colombiens qui commentent en espagnol leurs déboires amoureux d’un ton pas très tragique, à la table d’un café parisien, ne s’imaginant pas que moi , à côté peut suivre toutes les péripéties de leurs mésaventures..

des gens aimables et des gens pas aimables du tout,

la France qui gagne son match de foot de l’Euro contre la Belgique à la dernière minute…

le train, encore le train et les sandwiches trop chers achetés à la dernière minute dans la gare

des gens inquiets qui passent la tête dans un TER qui s’apprête à partir demandant aux passagers si le train s’arrêtera dans leur patelin car ils ne peuvent trouver personne qui puisse les renseigner sur le quai…

* * *

de retour dans le petit village après cette virée outre-terre

des roses et des roses qui ont fleuri comme par magie

pendant tout ce temps là…

* * *

Demain on ira voter,

la France est en demie-finale après un match poussif contre le Portugal, grâce à une séance de tirs au but…

et pour le reste…

Il y aura comme toujours des gagnants et des perdants,

Moi, toi, nous, vous, eux, ils, elles ?

Qui le dira ?

les roses de mon jardin se faneront seule certitude

autant les regarder et oublier le reste…

Imposture et faux semblants

le 28 juin, 2024, Auvergne

(Presque la fin du mois, la chaleur est enfin venue!)

Jean 5 : 31-47 : fin du chapitre

Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ;

c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai.

Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité.

Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés.

Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière.

Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé.

Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face,

et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.

Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage,

et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

La gloire, je ne la reçois pas des hommes ;

d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu.

Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez !

Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ?

Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.

Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit.

Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? »

Intro

Cette partie des affirmations de Jésus m’a moins dérangée pour expliquer sa légitimité en tant qu’envoyé de Dieu car là il ne fait plus d’affirmations sur la plénitude de ses attributs divins mais cependant pour la comprendre il faut bien connaître les lois du judaïsme qui régissent la question du témoignage pour tester, entre autres, s’il s’agit d’un vrai ou d’un faux prophète .

N’étant pas du tout familiarisée avec cette question, il a fallu donc que je fasse des recherches dans ce domaine pour en comprendre la portée ou la raison d’être. Le motif du Père et du fils faisait appel à des motifs universels, tandis que là, le raisonnement se place à l’intérieur des écritures juives et de leur fonctionnement. L’un des articles que je cite en fin de cette étude m’a beaucoup éclairé.

L’idée principale est que dans la loi juive, pour accuser quelqu’un, quelque soit le crime, il faut qu’il y ait plusieurs témoins, mais aussi on peut trouver que pour défendre un prophète accusé d’être un faux prophète, on doit faire appel à des témoins pour sa défense et ce n’est que si personne ne peut le défendre qu’ il peut être définitivement condamné à mort. ( c’est un très gros raccourci de ce que j’ai lu mais bon… les articles à la fin donnent plus d’informations).

* * *

Jean Baptiste revient sur le tapis comme premier témoin

Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ;

c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai.

Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité.

Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés.

Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière.

Comme précédemment, Jésus ne se met pas en avant et reconnaît que pour être authentifié, il a besoin des autres. Maintenant Jésus s’adresse directement aux maîtres de la loi dont on avait presque oublié la présence et qui étaient à l’origine de ce discours. Il semble donc que les autorités religieuses aient fait toute une investigation auprès de Jean le Baptiste pour savoir ce qu’il pensait de Jésus et c’est donc à eux spécifiquement qu’il s’adresse et même si ce n’est pas devant un tribunal qu’il parle, c’est en termes juridiques qu’il va s’exprimer pour défendre sa cause.

Jean Baptiste dont on a parlé beaucoup au début de cet évangile réapparaît ici, ancrant ce développement dans un contexte historique contemporain aux déclarations de Jésus. On retrouve cette admiration pour Jean et sa popularité mais l’utilisation du passé, semble impliquer que Jean avait été exécuté ?

« Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. »

Dieu, le Père lui- même comme deuxième témoin.

Après le premier témoin, Jean fait appel à un deuxième, qui est Dieu lui-même, car les « œuvres » ou on dirait les miracles qu’il peut faire en sont la preuve.

Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face,

Ses paroles ressemblent étrangement à celles de Moïse :

«  Alors, Moïse dit : « À ceci vous saurez que c’est le Seigneur qui m’a envoyé pour accomplir toutes ces œuvres, je ne les accomplis pas de moi-même » Nombres 16 : 28 ( c’est ce que notent certains exégètes)

Mais il revient aussi aux affirmations précédentes sur sa proximité avec Dieu en la contrastant avec celle de ses interlocuteurs qui « n’ont jamais entendu sa voix, ni vu sa face », sous entendu alors que lui si…étant donné qu’il est le Fils avec lequel le Père partage tout.

3ème témoin : les Écritures

et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé. Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

La défense de Jésus face à ces adversaires continue à se faire dans le cadre de la loi juive, sauf qu’il ne cite pas quelles écritures en particulier lui rendent témoignage. Il y fait allusion. Il n’entre pas dans un texte précis, comme on aimerait qu’il le fasse, ( ou si c’était vraiment devant un tribunal ce qui se passera plus tard) mais cela suppose tout un stratum qui est connu des personnes présentes et sur lequel, nous ne pouvons que spéculer. En tout cas voilà un texte qui est cité quelquefois auquel Jésus faisait peut-être allusion:

« Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte […] Peut-être te demanderas-tu : « Comment reconnaîtrons-nous que le Seigneur n’a pas dit cette parole ? »Si le prophète parle au nom du Seigneur, et que la parole reste sans effet et ne s’accomplit pas, alors le Seigneur n’a pas dit cette parole : le prophète l’a dite avec présomption. Tu ne dois pas en avoir peur » Deutéronome 18 18…

Parenthèse : Remise en cause de la légitimité de ses accusateurs 

La gloire, je ne la reçois pas des hommes ;

d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu.

Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez !

Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ?

Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.

Maintenant Jésus passe à l’attaque : il décrédibilise ses accusateurs en montrant quels sont leurs intérêts et leur véritable motivation: la gloire, ou la popularité, ils ne cherchent pas à représenter Dieu sinon à se faire valoir eux-mêmes et leurs pairs . Je suis frappée à quel point il dénonce cette mentalité de l’entre-soi des liders religieux qui sont des sociétés d’admiration mutuelles ( mais aussi de rivalité féroces, ce qui est la même chose car c’est sur eux-mêmes qu’il se concentrent…)

Les Écritures encore

Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? »

Son plaidoyer termine en faisant appel à ce qui est au cœur de l’identité juive : les tables de la Loi transmises à Moïse par Dieu. C’est le plus grand reproche qu’il peut leur faire…surtout si on se rappelle que Moïse les avaient détruites une première fois quand, en descendant de la montagne où Dieu lui avait parlé car il avait découvert le peuple en train de se prosterner devant un autre dieu qu’ils avaient érigé en statue… le fameux veau d’or !

* * *

Ce que je retiens.

On peut difficilement comprendre certaines affirmations de Jésus si on ne les remet pas dans le contexte des écritures juives et des débats autour de ces écritures à son époque. En fait, pour moi c’est rassurant car j’avais été laissée avec cette impression, que cet évangile était tellement une construction théologique à la lumière de la pensée grecque que je le voyais complètement détaché de la réalité historique (surtout étant donné qu’il était daté plus tard que les autres évangiles ce que conteste d’ailleurs certains aujourd’hui)

Mais en ce qui concerne la personnalité de Jésus, ce que je retiens de tout cela, c’est ce paradoxe fondamental : d’un côté, une humilité sans concession et une soumission sans faille et de l’autre , une témérité inouïe dans la déclinaison de ses attributs divins.

Comment peut- il maintenir ces deux pôles, comment les réconcilier sans faire entorse à la vérité ?

(En réalité, c’est peut- être à ce prix seulement qu’elle peut-être énoncée par quelqu’un qui s’identifie comme le Fils !)

En tout cas pour l’instant, deux phrases me resteront à l’esprit : La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; contrairement à vous, (les autorités politiques et religieuses) « qui recevez votre gloire les uns des autres ».

En cette période électorale en France et aux États Unis où les candidats et leur entourage cherchent à nous convaincre de leurs capacités et de leur qualité de Sauveurs, ça fait énormément de bien d’entendre Jésus dénoncer l’imposture et les faux-semblants !

* * *

Pour aller plus loin

BÜTTGEN, P. (2015). Une autre forme de procès La vérité et le droit dans l’exégèse du Nouveau Testament. Revue de l’histoire Des Religions, 232(3), 325–338. http://www.jstor.org/stable/24776688

Manns, F. (1985). EXÉGÈSE RABBINIQUE ET EXÉGÈSE JOHANNIQUE. Revue Biblique (1946-), 92(4), 525–538. http://www.jstor.org/stable/44088777

ATKINS, J. D. (2013). The Trial of the People and the Prophet: John 5:30-47 and the True and False Prophet Traditions. The Catholic Biblical Quarterly, 75(2), 279–296. http://www.jstor.org/stable/43728176

Père et Fils: le paradoxe d’une filiation exemplaire

le 24 juin 2024, Auvergne

Jean 5 : 19-30

Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.

Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement.

Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut.

Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger,

afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé.

Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie.

Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront.

Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ;

et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.

Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ;

alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.

Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé.

Intro

Me voilà donc confrontée à ce texte majeur , où Jésus parle de sa relation avec Dieu et d’essayer de le décortiquer, consciente bien entendu, que je ne pourrais pas l’appréhender, juste tourner autour. Pourtant, étant donné que ce texte a conduit à un moment donné au fameux dogme trinitaire qui a fait couler tant d’encre, je ne peux pas, ne pas le regarder en face, et faire comme si il n’existait pas.

Mais il m’est difficile de le lire, en faisant fi de ce dogme, que ce soit pour le justifier ou le récuser, car que je le veuille ou non affleurent à mon esprit toutes les polémiques qu’il a suscité. Je vais quand même essayer de le faire : après tout je cherche avant tout à être honnête avec moi-même. C’est l’avantage d’écrire un blog que personne ne lit ( ou pas grand monde) et de ne pas publier un article dans une revue où il faut se positionner par rapport à leur ligne éditoriale.

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Père et Fils

Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.

Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement.

Ce que Jésus affirme ici, c’est d’abord « qu’il ne peut rien faire de lui-même » : c’est très fort ce qu’il dit là… dans cette phrase il ne se met aucunement au-dessus de Dieu, il ne s’attribue aucune prééminence, (il n’est pas en concurrence avec lui … Dieu est premier, car il est le Père et lui, son Fils, ne peut exister sans lui, c’est pourquoi il lui est totalement soumis. )

La question de l’égalité avec le Père n’est pas du tout évoquée : ce n’est pas une catégorie qu’il cherche à analyser ou à démontrer… la question n’est pas là.. le raisonnement qu’il présente est pour répondre à une polémique sous-jacente, celle de savoir si oui ou non, il a été envoyé par Dieu ce que certains des religieux contemporains niaient. C’est en ces termes que la question se posait..

ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.

C’est dans le « faire » que Jésus est égal à Dieu mais seulement parce- qu’il a appris à agir en le voyant…

Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement.

Cette déclaration est pour le moins étonnante  ( Jésus nous prévient lui-même que nous serons dans l’étonnement ! ) ou en tout cas inattendue, car elle est présentée comme une vérité fondamentale, sans explication aucune…

Dans l’Ancien testament, on voit de temps en temps, des termes de « fils de Dieu » utilisés pour désigner Israël et aussi ses rois accompagnés d’une exigence de soumission totale ( comme ici d’ailleurs)

Il faut souligner qu’il n’y a jamais de suggestion, comme dans les mythologies despeuples avoisinants, qu’elle est acquise par une relation charnelle où les dieux auraient des enfants engendrés par des relations sexuelles avec une femme : il est important de le dire car c’est ce qui fait grincer des dents certains musulmans quand les chrétiens utilisent ce terme pour désigner Jésus.

Cette affirmation de l’amour du Père pour le fils est présentée ici comme une évidence (que j’ai du mal à saisir car le mot amour est pour moi du domaine de l’émotion ) dont la caractéristique est le partage total de la part de Dieu de ses connaissances avec le fils . C’est bien une figure de père humain qui est utilisée, celle qui est familière à ceux qui l’entourent où le père transmet tout son savoir à son fils sur le métier qu’il pratique pour que le fils prenne la suite de ses affaires ( ça existe encore aujourd’hui).

Le paradoxe

Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut

Ce que Jésus en tire comme conséquence est à la fois logique et étonnant (on aurait envie de dire gonflé) certainement provocateur, qui susciterai naturellement une réaction : affirmer que l’on peut relever les morts et donner la vie va très loin : guérir oui, c’est du possible et presque du normal pour un homme religieux mais donner la vie « comme bon lui semble » ça c’est un attribut de Die…. mais qui lui estdonné par Dieu. C’est là tout le paradoxe

et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.

Jésus, parle de lui-même à la troisième personne et s’identifie maintenant comme fils de l’homme : tout d’abord il a attribué son pouvoir de donner la vie par l’amour du Père, il affirme maintenant que son droit à juger vient du fait qu’il est le fils de l’homme soit le représentatif du genre humain ?

On va de surprise en surprise, comme un espèce de crescendo dans les attributs que Jésus dit qu’ils lui sont donnés: il persiste et signe en ajoutant donc un autre attribut divin celui du jugement et pas n’importe quel jugement, le jugement dernier !

Ne soyez pas étonnés (effectivement, il y a de quoi être étonné) ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ;

alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.

Et finalement, Jésus revient à cet autre pilier de son raisonnement qui est sa dépendance totale du Père, sans qui il ne peut rien faire, une dépendance qui est caractérisée comme soumission totale à sa volonté de ce Père  comme si il avait peur qu’on le méprenne quand il parle des pouvoirs extraordinaires et voient en lui un rival de Dieu ?

( il faut se souvenir que dans la tradition, Satan/Lucifer/ le démon/ a été déchu car il a voulu justement être l’égal de Dieu, ou plutôt son rival)

Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé

La capacité de Jésus à juger ne lui est pas propre : son origine n’est pas en lui. Pourtant cette soumission n’apparaît pas du tout suspecte, car elle ne découle pas de la tyrannie d’un Père qui serait abusif, comme ça peut être le cas dans l’expérience humaine : il a bien précisé que c’est par amour que le Père partage avec le fils : ni rival, ni esclave non plus.

( Il faut me semble-t-il clarifier cela car la figure humaine du père est bien souvent caractérisée par l’abus du pouvoir sur ses enfants : on sait que le Pater familias, dans le droit romain avait droit de vie et de mort sur eux mais aujourd’hui encore, bien des fils ( et des filles aussi ) ont fait l’expérience de traumatismes profonds dus aux attentes et à l’exigence de soumission de pères tyranniques. C’est d’ailleurs ce qui rend cette image du père difficile pour certains. )

Ce que j’en retiens,

Impossible de faire entrer tout ce que Jésus y dit dans des schémas de pensées qui satisfassent notre besoin de tout réduire à des propositions simples. Ce qu’il dit semble tellement paradoxal: pouvoirs divins illimités d’un côté , dépendance totale de l’autre… Pas étonnant que les philosophes et les théologiens aient passé des siècles à débattre de ce texte et continuent encore à le faire!

Ce qui me frappe c’est que Jésus présente son identité en termes relationnels, compréhensibles pour son audience en utilisant l’image de la relation filiale. Il met en valeur les liens privilégiées et de réciprocité qu’il a avec le « Père, » un être tellement au-dessus de tout qu’il est indéfinissable, innommable et de plus interdit de toute représentation visuelle dans la tradition juive. Face à cette réalité, Jésus qui existe en chair et en os et se tient devant eux, cherche avant tout à affirmer son droit et sa légitimité à le représenter et à agir en son nom. Mais ce qui est étonnant et scandalisant, c’est qu’il le fasse d’une manière aussi totale et complète : aucun autre prophète n’était jamais allé aussi loin.

Quelque soit les conclusions que l’on puisse en tirer sur l’identité de Jésus, en ce qui me concerne, j’y vois une vérité fondamentale : que lui et lui seul peut nous dire et nous montrer qui est vraiment Dieu, quelle est sa volonté, quels sont ses commandements car il est le « Fils »au sens plein du terme.

Croire en Jésus-Christ, c’est croire en cette coïncidence totale entre le messager et celui qui l’envoie, entre l’envoyeur et l’envoyé

C’est lui et lui seul qui a les clefs de l’interprétation de cette révélation divine qu’est la Torah dont se revendique, le peuple juif, et plus particulièrement en son sein, ses scribes,ses pharisiens et ses rabbins…

Épilogue

Par les temps qui courent avec cette guerre horrible qui continue de se dérouler entre Israël et le Hamas, d’aucuns voudraient justifier le droit de tuer toute une population au nom d’une interprétation des textes de la Torah (interprétation récusée par certains exégètes juifs d’ailleurs). Heureusement que les déclarations radicales de Jésus sur le sujet des ennemis, coupent court à toute velléité de justification d’actes belliqueux, même si personne n’en tient compte ( chrétiens inclus)

« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

On ne peut pas être plus clair

Pour aller plus loin : une vision du judaïsme sur l’appellation fils de Dieu dans le psaume 2

(https://www.thetorah.com/article/psalm-2-is-the-messiah-the-son-of-god

Insouciance?

19 juin 2024, Auvergne

Insouciance,

je m’étonne toujours, du calme qui règne ici, quand je m’aventure dehors

de l’absence de bruit autre

que les chants des oiseaux,

et le bruissement de feuilles,

je m’étonne

de l’absence

d’immeubles et de bâtiments en béton

avec des champs comme unique paysage

et des nuages comme unique horizon,

***

Sur les talus, les coquelicots rouge écarlates

qui contrastent avec le vert environnant,

rehaussant les couleurs du tableau

révèlent une vraie touche de peintre

signature indéniable

du Maître pourtant absent

qui nous laisse seuls

admirer sa création

***

les coquelicots,

qui demain

disparaîtront du chemin,

beauté éphémère

qui pourtant dressent fièrement leur tête,

symboles vivants,

d’une insouciance confiante,

en celui qui les a créés

***

mais malgré ce calme et cette beauté qui me sont offertes,

je ne peux pas oublier

que sous les mêmes cieux,

sans ou avec des coquelicots

le vacarme des bombes et les ruines de la destruction

sont l’unique réalité alentour

* * *

Ce ne sont pas les cieux qu’il faut interroger,

ni encore moins le Peintre de ces si beaux tableaux

mais les être humains qui y habitent

Qui sommes-nous donc,

nous qui peuplons cette terre,

pour continuer à transformer

cet Éden de prés verts,

en un cimetière de gémissements et de pleurs?

Non! je ne pourrais jamais oublier,

ces gens que j’ai connus de près ou de loin,

qui vivent sous les mêmes cieux que les miens,

mes frères et mes sœurs,

mes enfants et mes petits-enfants,

qui aujourd’hui comme hier

vivent sous les feux de la guerre

sans espoir de lendemains sereins

Supplique

O Seigneur aie pitié de nous,

Sauve-nous de notre appétence funeste pour la destruction et la violence

nous qui pourtant avions été crées

pour vivre dans l’insouciance et la confiance

des champs verdoyants et paisibles

où s’ouvrent sans faire de bruit

les corolles écarlates

des coquelicots frivoles et coquets








































































































































































































Portes ouvertes, portes fermées

le 13 juin 2024, Auvergne

( le thermomètre est descendu à 2 cette nuit!, mais au moins, on a du soleil ce matin..)

Quand on naît toutes les portes sont ouvertes,

mais peu à peu,

une par une

elles se referment,

lesquelles ?

Celle de la confiance

en est une des premières

ou peut-être une des dernières

car comment peut on grandir sans faire confiance à quelqu’un ?

Celle d’abord qui vous tend le sein

et celle ou celui qui ensuite vous donne la main

pour vous apprendre à marcher…

***

L’enfant s’acharne à faire confiance

malgré les revers et les blessures

qu’il accumule au fur et à mesure,

sinon, il ne pourrait jamais arriver en vie

à l’âge adulte…

Mais il y a aussi des mauvaises portes qu’il ouvrira pour faire face,

la méfiance bien sûr,

la peur certainement,

l’amertume en tout cas

mais aussi l’agressivité

la méchanceté, même, quelquefois!

Il est méchant ce gosse, dira-t-on !

***

Maintenant, je ne suis plus toute jeune…

Quelles portes ai-je fermées ?

Seigneur, que la certitude de ta bonté infinie

m’empêche de ne jamais fermer la porte qui communique avec toi !

Comment pourrai-je sinon continuer à vivre dans la lumière ?

***

“Car je connais les projets que j’ai pour vous dit l’Éternel, des projets de paix et d non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance”  Jérémie le prophète…