Des églises américaines

le 19 novembre 2024

Je m’étais dit que je ne voulais plus remettre les pieds dans une église aux États Unis après le vote massif de beaucoup en faveur du gagnant des élections, particulièrement dans la région rurale où je me trouve… alors quand une amie de longue date dont je connaissais bien les opinions politiques, nous a invité à venir nous réunir avec le groupe auquel elle appartenait….j’ai sauté dessus…

Quand je suis arrivée, certaines tenues vestimentaires des femmes présentes m’ont fait penser peut-être à un groupe conservateur mais quand j’ai vu qu’une femme allait prêcher, je me suis dit que non, ils ne pouvaient pas être si conservateurs que ça… et puis s’il y avait des femmes en jupe longue, il y en avait aussi en pantalon…, la moyenne d’âge était très jeune, des couples de trentenaires avec beaucoup d’enfants en bas âge…

je me suis demandé ce qui réunissait ce groupe, qui ne se retrouve pas dans une église mais dans la salle d’un bâtiment qui abrite pendant la semaine une entreprise de matériel agricole … à part une femme noire, ils formaient un groupe assez homogène, assez typique de ceux qui fréquentent les églises mennonites ici dans leur apparence. Ils n’avaient pas l’air prétentieux, ni fanatiques ( ils ne semblaient pas essayer de promouvoir une agenda où une théologie particulière..), plutôt tranquilles… il n’y a personne qui déteignait : personne n’arborait des tatouages ni non plus des piercings que l’on trouve maintenant un peu partout…

( moi j’ai dû déteindre avec mes grande bottes noires, mon pantalon blanc et mon manteau noir, et aussi mes cheveux teints qui auraient dû être grisonnants comme les quelques femmes de mon âge…, )

Il n’y a pas eu de cérémonial particulier quand ils ont fait la sainte cène: une femme, placée au milieu de la salle a lu le récit raconté dans un des évangiles et a distribué les morceaux d’un gros pain fait par un membre de la congrégation, boulanger parait-il, et à ses côtés se trouvait un homme avec un calice rempli d’un liquide rouge et sucré où l’on trempait le pain  : on a fait la queue, les uns derrière les autres pour les recevoir… comme a l’église catholique, me suis-je dit

Et puis bien sûr, à la fin, il y avait des boissons et du pain à tartiner ( des bagels) et on voyait, qu’íls avaient le souci de servir de la nourriture saine, pas des pâtisseries ultra sucrées que l’on sert dans d’autres églises…pas de gens en surpoids non plus d’ailleurs quand j’y pense…

Qui étaient-ils donc ? Une bande d’amis qui ont décidé de créer une congrégation où ils pouvaient exprimer leur expression particulière de la foi ? qu’est-ce qu’ils cherchent à construire ? Car ils sont bien dans la phase construction : Ils ont annoncé d’ailleurs qu’un membre de la congrégation avait accepté de devenir le pasteur du groupe. Paraît-ils qu’il se retrouvaient avant dans un foyer pour les sans abri et ils nous avaient été présentés, comme « a hippie church »…même s’ils n’avaient pas l’air d’être très hippie selon l’idée que je peux avoir de ce genre de personnes…. mais en une seule visite, c’est difficile à dire.

Est-ce cette décomplexion et cette liberté qu’ils ont à créer une communauté qui reflète leur mode de comprendre la foi chrétienne qui fait que le christianisme continue à être si dynamique aux États Unis ce qui lui permet de se renouveler constamment ?

Évidemment il y a le revers de la médaille qui est de permettre à n’importe qui de créer une pseudo théologie qui conduise à toute sorte de dérapages… comme celle par exemple de voter sans état d’âme pour ne pas dire avec enthousiasme pour un homme qui incarne toutes les valeurs contraires à l’idéal évangélique prônées par Jésus… et aussi d’entériner les divisions ethno-sociales de la société…

* * *

Rentrée à la maison après avoir partagé le repas du dimanche avec nos hôtes je regarde aussi sur le web les cultes du dimanche d’autres congrégations que je connais : groupes homogènes une fois de plus, plus âgés que ceux à l’église à laquelle nous avons assisté et en perte de vitesse, mais plus organisés, avec une liturgie bien précise faite de chants, formules et lectures, caractéristiques de l’église confessionnelle à laquelle ils appartiennent…

C’est au moment où le prédicateur ou la prédicatrice prennent la parole que l’on se retrouve sur le terrain de l’église universelle, pas celle attachée à un groupe ethnique ou national, celle qui est fondée sur Jésus car ce sont les écritures et leur commentaire qui sont au centre de la rencontre. Évidemment après tout la personne qui commente les écritures va donner son interprétation , ce que tout le monde sait et reconnaît d’ailleurs, mais c’est malgré tout le texte biblique qui est au premier plan, et les auditeurs y retourneront plus tard, s’ils le désirent..le prédicateur ou la prédicatrice, s’ils remplissent bien leur rôle disparaissent derrière le texte.

Le drame, c’est que quand celui ou celle qui prend la parole est quelqu’un à la personnalité trop charismatique voire flamboyante, alors le texte est déplacé et se retrouve en arrière plan. S’il n’y a pas de dogmes d’infaillibilité ni de près ni de loin dans aucune de ces églises, il y a certainement, psychologiquement parlant, une tendance à considérer leur parole comme vérité absolue, (soit parole de Dieu) pour des écoutants impressionnables.

Donc vive les les prédicateurs et prédicatrices ennuyeux qui donnent envie de dormir ? Ils sont certainement moins dangereux que les autres mais aussi moins efficaces…..

* * *

Toujours est-il que je suis de retour dans cette Amérique qu’ il y a à peine une semaine, tous les médias et réseaux sociaux en France analysaient à longueur de journée et tout un chacun se décrétait un expert sur les questions de l’élection, ce que j’avais fini par ne plus supporter : ils avaient tout compris, alors qu’ils n’y vivaient même pas et surtout comme ils ne pouvaient pas voter, leur opinion n’avait aucune importance…Croyaient-ils vraiment que ce qu’ils pouvaient dire aurait une influence quelconque outre-atlantique ? Je ne crois pas qu’ils aient été si ignorants, mais personne ne les empêchait de faire semblant de participer à un débat auquel ils n’étaient pas invités : Ils et elles (aussi bien sûr) prenaient surtout plaisir à s’écouter parler !

Retourner aux États Unis et s’y replonger, c’est assister le dimanche à un service religieux dans une de ses nombreuses communauté chrétiennes, surtout quand on vit dans une des régions de la fameuse « bible belt »

Voilà donc qui est fait…

Maintenant, il est temps de penser à la fête de Thanksgiving et de planifier un repas qui aura au dernier décompte, 17 personnes et ne pas me laisser trop perturber par toutes les déclarations intempestives de l’insensé qu’ils viennent d’élire…

Retour, là-bas

Le 16 novembre, chez nous en Virginie,

les arbres n’ont pas de nationalité,

ils ne font pas de politique non plus

ils vivent, c’est tout

De ma fenêtre je vois leurs feuilles s’agiter au gré du vent

elles sont jaunes et vertes

encore accrochées aux branches

en ce jour tardif d’automne

la nuit s’est dissipé et le ciel est de plus en plus clair

une nouvelle journée commence

leur calme présence

silence mes peurs et ma tristesse

en ce premier jour du retour

là-bas

Toujours là!

le 14 novembre 2024, banlieue de Washington DC,

Toujours là,

la maison, le quartier, les voitures garées dehors, et en cette époque de l’année, les feuilles mortes qui jonchent le sol,

toujours là,

les chaussures et chaussons bien alignés à l’entrée ( les nôtres)

les deux escaliers intérieurs : celui qui conduit en haut dans les chambres et celui en bas dans le sous-sol aménagé,

toujours là

la cuisine aux comptoirs blancs, la salle de séjour au grand canapé d’angle et coussins bordeaux dans lesquels on s’enfonce confortablement

toujours là surtout,

les occupants du lieu : les enfants qui sont de plus en plus grands et leurs parents, où la culture de l’un et celle de l’autre s’entrecroise pour créer un espace unique, mosaïque de l’ici, du là-bas et d’ autres ailleurs encore,

et puis ce matin, en attendant le car scolaire,

toujours là,

ces enfants de toutes les origines qui se courent après, délaissant leurs sac à dos sur le bord de la route pour mieux gambader , les plus jeunes tenant encore de la main leurs parents dont certains, se connaissant bien échangent quelques mots,

( les hommes parlaient avec animation ce matin d’un match de football américain qui allait avoir lieu ce soir)

Et tout à coup un des parents s’écrie: le bus !

Alors ils se précipitent pour récupérer leur sac à dos, quelques-uns d’entre eux disant au revoir à leurs parents, par une étreinte, un simple toucher ou un signe de la main

et hop les voilà montés dans le car ( bus en anglais) !

La conductrice attend en regardant dans son rétroviseur que tous soient bien assis avant de redémarrer ! Et tout le monde dehors pousse un soupir de soulagement en le voyant s’ éloigner !

( mais moi j’ai une pensée émue pour ceux et celles qui les recevront et devront canaliser leur énergie toute la journée…!)

* * *

Toujours là,

les enfants qui jouent, les arbres qui perdent leurs feuilles, la nuit qui tombe de plus en plus tôt…

les saisons qui continuent à se bousculer indifféremment,

Alors élection ou pas élection, résultats décevants ou pas

ce ne sont pas, eux «  les gens d’en haut », qui font la pluie et le beau temps,

Dieu merci,

c’est encore Toi !

Help me God

11 novembre, Paris,

D’habitude être à Paris me fait rêver, mais pas cette fois-ci : j’ai beau ne pas vouloir y penser ça me reste en travers de la gorge ; impossible d’ignorer ces résultats d’élections qui me font craindre le pire, c’est comme un cauchemar que l’on essaie de secouer au petit matin mais qui refuse de s’éloigner. J’ai envie d’arrêter le temps, ou de le faire reculer : mais je ne peux empêcher sa marche effrénée vers un je ne sais où…

Peut-être que finalement, ce ne sera qu’un moment anodin dans l’histoire , une parenthèse qui sera vite oubliée et l’histoire retournera dans la bonne direction , pas un de ces évènements dont on dira plus tard, tout a basculé ce jour là…

« Le nez de Cléopâtre, dit un certain Pascal, s’il eut été plus long, la face du monde en eut été changé.. »

A quoi tient le cours de l’histoire ? Quel concours de circonstances fait basculer un pays ou un autre vers une ère de bien être ou de catastrophes en série dont la guerre est toujours le point culminant ?

Qui en tire les ficelles ? Les grands qui montent au pouvoir, les petits qui les ont choisis et qui les pousse vers un destin qui finira par les écraser ? Et les justes, ceux qui se démènent pour faire advenir un monde meilleur, ont-ils vraiment un impact ?

Évidemment on a tous ces psaumes qui proclament la souveraineté de Dieu et sa condamnation des puissants…

Maintenant, rois, comprenez, reprenez-vous, juges de la terre. Servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant. Qu’il s’irrite et vous êtes perdus (2) ;

ou encore

Tu n’es pas un Dieu ami du mal, chez toi, le méchant n’est pas reçu.  Non, l’insensé ne tient pas devant ton regard. Tu détestes tous les malfaisants,tu extermines les menteurs ;  l’homme de ruse et de sang, le Seigneur le hait. (5))

Mais, il y a de longs moments, très longs, trop longs où ce ne sont pas les bons qui gagnent et les mauvais qui perdent mais tout le contraire,

la victoire des arrogants, elle m’est insupportable…

Comment Dieu peut-il les laisser gagner, comment peut-il les supporter  ?

Cette question, je me la suis souvent posée,

La réponse je ne sais si je ne l’aurais jamais

mais quoiqu’il en soit demain,

je prendrai l’avion, je quitterai Paris et partirai là-bas…

Help me God !

Déflagration

Le 6 novembre 2024, Auvergne

Déflagration.

Je ne sais pas si le mot est français ou anglais, ( en fait les deux) mais c’est le mot qui me vient à l’esprit en ce 6 novembre 2024 quand j’ai appris le triomphe de l’homme aux cheveux oranges à la présidence des États Unis.

Je m’attendais à tout sauf à ça : à des résultats contestés certainement, mais pas à cette victoire écrasante…

Qui, mais qui donc, a bien pu voter pour lui, sachant qui il était, ce qu’il avait fait, ce qu’il avait dit, l’ayant écouté vociférer, mentir et insulter la moitié de la planète pendant ces dernières semaines ?

Serait-ce le machisme pur et dur de bon nombre d’hommes (mais aussi des femmes qui cherchent à leur plaire) qui leur rend inconcevable l’élection d’une femme à la présidence de leur nation ?

Était-ce surtout le discours anti-immigrant virulent qui les a convaincus, hypocrisie foncière, pour eux qui sont tous enfants et petits enfants d’immigrants sur cette terre américaine ?

Et les soit-disant chrétiens, surtout : ils ont pourtant déjà obtenu leur loi anti-avortement dont ils rêvaient tant … serait-ce que leur dénonciation du «wokisme» entre autre est un prétexte pour cacher leur racisme, leur misogynie, leurs intérêts économiques, leur «entre-soi» sans concession qu’ils veulent défendre les armes à la main, eux les défenseurs de la vie…Une autre hypocrisie de première !

Pourtant Obama a bien été élu deux fois…. !

Je suis à des milliers de kilomètres en ce moment, et je n’arrive pas à imaginer ce qui s’est passé. Le fait de ne pas avoir été sur place pendant la campagne électorale, m’a empêché de sentir le vent tourner, même si les prédictions disaient que le scrutin était très serré : je n’y croyais pas !

J’essaie de me distraire, de prendre mes distances avec mes émotions…. de ne pas penser… de ne surtout pas lire toutes les analyses du pourquoi .. mais le paradoxe est que je suis en train de boucler mes valises et de nettoyer la maison… et comme c’est pour retourner aux États Unis, il faudra donc que je fasse face, que je confronte la réalité : je n’ai pas le choix…

Alors en attendant…

Déflagration peut-être

supplique certainement

Foi en tout cas,

en Toi qui hait, le mensonge, l’injustice, la corruption

en Toi qui aime l’étranger et les opprimés,

Ce qui fait qu’en attendant,

S’il te plaît

Prends pitié de nous !

Déception…et réconfort?

Le 31 octobre 2024, Auvergne

On est tous déçus à un moment ou à un autre par le pays auquel on appartient, quand il prend un virage dangereux où les valeurs auxquelles on croit sont bafouées et quand les dirigeants avec l’approbation de l’opinion publique prennent des mesures injustes qui favorisent les intérêts des plus riches et muselle les opinions de ceux qui le défient. On craint le résultat des élections et on a du mal à accepter que nos compatriotes puissent être aussi haineux pour certains, indifférents pour d’autres ou ignorants parce-que aveuglés, pour beaucoup….  On se sent impuissant .

Pour nous les européens, surtout ceux de la génération après guerre, on est encore traumatisé par la montée d’Hitler au pouvoir en Allemagne (et du régime Pétainiste en France) , et ces derniers temps on commence à faire face aux horreurs de la guerre d’Algérie au sujet de laquelle on s’est longtemps voilé la face…

Comment cela a-t-il été possible ? On a vraiment honte! C’est pas nous ça, ce ne sont pas nous valeurs, on est mieux que ça , a-t-on envie de crier! Et évidemment, aux États Unis que Trump ait tant de partisans m’est incompréhensible, en dépit de toutes les analyses possibles et imaginables qu’on fait!

On est encore plus déçu, quand la confession chrétienne à laquelle on appartient adhère à ces projets politiques qui vont à l’encontre des enseignements du Christ. On a envie de pouvoir dire : nous, les protestants au moins… ou nous les cathos au moins… ou nous les évangéliques au moins…! Mais quand on lit les discours des dirigeants religieux qui se disent chrétiens qui se rangent derrière les dictateurs en puissance ou les programmes ultra sécuritaires , on est d’autant plus déçus. On ressent à la fois une profonde colère et une grande tristesse : on a envie de se lamenter et de pleurer …

Alors, tout à coup en lisant la lecture du jour (le 31) , je me suis rendue compte que Jésus avait ressenti la même chose quand il avait pleuré sur Jérusalem :

«  Jérusalem, Jérusalem, tuant les prophètes et lapidant ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! »

ou encore,

Lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix !

Déception envers son peuple, déception envers ses dirigeants religieux, désir profond de protéger et de sauver ses coreligionnaires et ses compatriotes qu’il aimait certainement, de leur aveuglement…, tristesse et impuissance … Tout y est, même si les circonstances et les raisons étaient différentes de celles que l’on peut vivre aujourd’hui : Jésus nous conforte dans nos ressentis et les rend légitimes.

Pour autant, il n’a pas baissé les bras : il a continué à remplir sa mission coûte que coûte et si beaucoup des siens ne l’ont pas écouté , d’autres ont ouvert grand leur cœur… et relevé le défi.. ce qui fait qu’aujourd’hui son message a dépassé les frontières nationales et religieuses de son époque pour arriver jusqu’à nous.

Génération pourrie que la nôtre? Pas tous, bien sûr : il y en a toujours qui se lèvent pour défendre le bon droit, peu importe leur nombre. En tout cas, les puissants ne durent pas éternellement…

« tu renverses les puissants de leur trône » disait une certaine Marie, inconnue, anonyme à l’époque qui ne comptait pas pour grand-chose dans ce peuple vaincu et soumis par le puissant empire romain

Et de toutes façons, c’est finalement Dieu qui aura le fin mot de l’histoire.

Que Ton nom soit acclamé

le 27 octobre, 2024, Auvergne

le crépuscule,

je l’ai vu

ce moment magique

où toute la campagne baigne dans une luminosité diaphane,

et aussi

au fur et à mesure de son avancée

j’ai vu

levant les yeux, au ciel

les couleurs flamboyantes

du soleil couchant !

* * *

(Je continue à m’émerveiller que Toi qui es aux cieux ne te lasses pas de nous offrir ce spectacle époustouflant à nous les humains, qui ne prenons pas le temps de le regarder !)

* * *

Pour la beauté des couchers de soleil,

toujours renouvelée

Que ton nom soit sanctifié !

PS : mais aussi par les temps qui courent, que ton règne de paix et de justice viennent !

Il y a un temps pour tout

le 26 octobre 2024, de retour en Auvergne

je reprends mon rythme de croisière,

après des jours affairés, passés en ville

entourée d’enfants qui courent, d’adultes qui se pressent,

de bus, de métros, de trains qui défilent,

où il faut monter, descendre, attendre

et faire attention …. d’aller dans la bonne direction… !

***

Il s’agit maintenant, tout simplement,

de marcher dans les sentiers déjà tracés

et de regarder où en sont les feuilles des arbres,

dans quel pré sont passé les moutons

si les vaches sont déjà rentrées

ou s’il faut presser le pas pour ne pas se faire doucher…

***

« Il y a un temps pour tout » dit l’auteur du livre biblique, l’Ecclésiaste, « et un temps pour chaque chose sous le ciel »

et il ajoute un peu plus loin :

« Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, mais celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite du début jusqu’à la fin. J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie. »

* * *

Alors, évidemment, le conseil donné ici de se réjouir et de prendre du bon temps a gêné plus d’un rabbin qui y voyait une morale trop épicurienne…surtout que ce livre est plein de réflexions qui semblent provenir d’un esprit cynique et désabusé car l’auteur dit que « rien ne sert à rien »…. Même la poursuite de la sagesse qui aujourd’hui fait l’objet de tellement de blogs sur le web ou de l’offre de cours et séminaires…

« Moi, Qohèleth, j’étais roi d’Israël à Jérusalem. J’ai pris à cœur de rechercher et d’explorer, grâce à la sagesse, tout ce qui se fait sous le ciel ; c’est là une rude besogne que Dieu donne aux fils d’Adam pour les tenir en haleine.J’ai vu tout ce qui se fait et se refait sous le soleil. Eh bien ! Tout cela n’est que vanité et poursuite du vent […]Alors je me suis dit : « Si le sort du fou et le mien sont les mêmes, à quoi bon avoir été si sage ? » Et j’ai pensé en moi-même : Cela aussi n’est que vanité ! [… Comment se fait-il que le sage meure aussi bien que le fou ?

Du vrai nihilisme…

Pas étonnant donc, qu’à travers les âges, les rabbins se soient posé des questions sur le bien fondé de l’inclusion dans un livre aussi sacré que la Torah, d’ un tel texte qui remet en cause des valeurs morales universelles… même s’ils n’ont pas osé remettre en cause sa raison d’être…

(un article qui résume les polémiques à propos de ce livre https://www.thetorah.com/article/is-kohelets-wisdom-vanity-of-vanities)

Mais moi, je l’aime bien ce livre … justement parce-qu’il n’est pas plein de pensées pieuses et convenues et qu il décrit les différentes saisons de la vie avec ses hauts et ses bas, ses questionnements et ses découragements, ses moments de sidération quant à voir le chaos et l’injustice qui règne autour de nous, on a envie de lever les bras au ciel en disant à quoi bon ?

Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?

Eh oui, on se le demande bien !

Mais j’aime surtout quand l’auteur ( qui est supposé être Salomon) montre que sa recherche de grandeur, de gloire, de richesse et de plaisirs ne l’a mené à rien… comme il fait bon l’entendre, quand on sait qu’on est tous fascinés à un degré ou à un autre par les célébrités, dont la vie est étalée devant nos yeux, apparaissant comme le summum de nos désirs secrets, avec leurs maisons luxueuses, leurs habits clinquants et leur sourire étincelant, affichant un bonheur que l’on croit sans faille  :

J’ai encore amassé de l’argent et de l’or, la fortune des rois et des États. J’ai eu des chanteurs et des chanteuses et ce plaisir des fils d’Adam : une compagne, des compagnes…

Je me suis agrandi, j’ai surpassé tous mes prédécesseurs à Jérusalem, et ma sagesse me restait.

Rien de ce que mes yeux convoitaient, je ne l’ai refusé. Je n’ai privé mon cœur d’aucune joie ; je me suis réjoui de tous mes travaux, et ce fut ma part pour tant de labeur.

Mais quand j’ai regardé tous les travaux accomplis par mes mains et ce qu’ils m’avaient coûté d’efforts, voilà : tout n’était que vanité et poursuite de vent ; rien à gagner sous le soleil !

De la vanité de la poursuite du bonheur par le plaisir et la richesse: là il a vraiment raison de nous le faire savoir !

Le problème avec les textes bibliques, est qu’on en cite des extraits et on ne lit jamais tout le chapitre où même le livre … et dans ce livre d’Ecclésiaste, je vous l’assure, il y a des vraies perles …

Ces rabbins ou scribes anonymes finalement, ont bien été inspirés de ne pas le censurer et de l’inclure dans cette bibliothèque sacrée que l’on appelle bible pour qu’on puisse le lire aujourd’hui. Dieu semble-t-il, n’est pas du côté de la censure ni des faux semblants

* * *

La conclusion du texte ( appelé Ecclésiaste chez les chrétiens et Qohèleth chez les juifs est celle-ci

« Pour conclure ces paroles, et tout bien considéré, crains Dieu et observe ses commandements. Tout est là pour l’homme. ».

Mais pour les réflexions d’aujourd’hui, je lui préfère cette autre phrase citée lus haut :

« Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, mais celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite du début jusqu’à la fin. J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie. »

Et il est bon aujourd’hui d’apprécier la beauté et la tranquillité de l’automne, à la campagne ici en Auvergne. On verra un autre jour !

Nous on s’en fout?

( la photo: marché à Bruxelles au petit matin)

Le 18 octobre, 2024, Bruxelles,

La folie furieuse continue et fait tâche d’huile au Moyen Orient,

C’est au tour du Liban maintenant

Ça canarde de partout …

Quand est-ce que ça terminera ?

On ne parle même plus de cessez-le-feu

Quand écouteront-ils la voix de la sagesse et de la raison

ou au moins celle des cris de leurs peuples terrorisés?

***

L’autre folie furieuse, est la dernière ligne droite de la campagne présidentielle aux États Unis…

Incroyable la popularité de cet homme inculpé et poursuivi par la justice de son pays

Tout le monde retient son souffle, ici, là-bas et partout ailleurs…

surtout au Moyen Orient…

en attendant qu’ils… ou elles… décident,

(espérons que ce soit elles ?)

* * *

Pourtant la vie continue,

Les enfants rient et courent à la sortie de l’école,

les adolescents eux, discutent en essayant d’avoir l’air cool,

les petites mamies traînent leur sac de course à roulettes entre les allées du supermarché

les caissiers et caissières échangent quelques mots avec les clients pressés

Aux abords du métro les gens marchent au pas de course pour aller au travail…

Dans la rue, quelques personnes font la manche assis sur le trottoir

Des motos toute rutilantes sont garées sur la place

et aujourd’hui , jour de marché, les vendeurs ont déjà installé leur étal !

***

Mais ce sont surtout les arbres qui m’étonnent,

Leurs feuilles ont viré à l’orange et au rouge,

annonçant tranquillement que oui, l’automne est là

et que eux, ils ne bougent pas, ils continuent

malgré tout,

à marquer le rythme des saisons,

lentement et sûrement

indifférent semblent-ils

à la folie de nous, les êtres humains…

Peut-être est-ce parce que eux, ils obéissent

au grand Maître Horloger,

qu’ils sont aussi sereins ?


( mais nous, du Grand Horloger, on s’en fout?)

P.S. Je suis à Bruxelles, mais pendant ce temps, crues historiques en Haute Loire