Du Japon, de la guerre et… du foot

le 11 juillet, 2023 Auvergne

Je regarde le match de football féminin , Japon contre la Suède et évidemment je veux que le Japon gagne, j’étais même émue en écoutant l’hymne national japonais, moi qui ne le connais pas et qui est contre le nationalisme… ( c’est uniquement dans le contexte de matchs de foot que je supporte d’entendre les hymnes nationaux…je me suis même surprise à chanter la Marseillaise à tue-tête le soir où la France a gagné la coupe du monde en 2018…)

Quand je dis évidemment, c’est parce- qu’une partie de ma famille étant devenue japonaise par alliance, le Japon n’est plus pour moi un pays exotique sur lequel on écrit et on fait des émissions à la télévision ( en général flatteuses d’ailleurs) et où quelqu’un explique l’esprit oriental à un public occidental fasciné par les mangas, l’origami, le bouddhisme, les cerisiers en fleurs et je ne sais quoi encore…et insiste sur le fait qu’ils soient tellement différents de nous !

Maintenant, je me rends compte à quel point la question de l’apparence qu’elle soit « race » ou couleur de peau, peu importe le terme que l’on utilise, n’est pas anodine. Quand je vois un japonais, il ressemble à quelqu’un que je connais, quelqu’un de ma famille … et ça change tout… pas à quelqu’un dont j’ai entendu parler dans les livres d’histoire ou que j’ai vu aux actualités…

(1-0 pour l’instant, les japonaises perdent : elles ont tellement plus petites que les suédoises qui les poussent….ce n’est pas juste!)

Ce qui fait que l’autre jour, j’ai été bouleversée….

Quand j’ai lu le récit de cet épisode historique pendant la deuxième guerre mondiale ( que j’ignorais totalement) de l’internement de femmes françaises avec leurs enfants en ce qui était l’Indochine française à l’époque par l’armée japonaise en 1945 ( dans le livre de Caroline Laurent Evelyn Pisier « Et soudain la liberté” cette dernière l’ayant vécu avec sa mère quand elle avait 4 ans)…

Bien entendu, j’avais lu des récits et j’ai aussi vu des films des atrocités commises par les japonais pendant la deuxième guerre mondiale, mais je ne me suis pas sentie particulièrement concernée… c’était arrivé à des gens que je ne connaissais pas et avec lesquels je ne pouvais pas m’identifier….

Mais dans ce cas, j’étais concernée : j’avais aussi eu une amie qui avait vécu et était née dans l’ancienne Indochine française… et en lisant le récit, j’avais envie qu’à un moment donné, l’auteur du souvenir raconte qu’ il y avait un des gardes du camp qui avait eu pitié d’elles, qui avait montré de la compassion… qui avait un visage humain et pouvait racheter les autres méchants japonais….

Mais rien de tout cela : le récit n’était que que trop classique avec ses descriptions atroces de la faim, de la saleté , de la brutalité et comme c’était des femmes, du viol…. semblable à tellement d’autres …

Comment se fait-il que des êtres humains, ni meilleurs ni pires que les autres, quelque soit leur nationalité, leur race, leur statut social puissent se transformer en bêtes sauvages ? Où trouvent- ils cette capacité ? Dans quels puits d’eaux saumâtres et profondes vont-ils chercher ce liquide empoisonné qui les aveugle à la souffrance d’autrui, ou pire leur procure du plaisir à l’observer ?

Et une fois revenus à la vie ordinaire, ils rentrent dans les rangs et retrouvent leur visage humain avec leurs petits manques, leurs petites joies, leurs petits actes de compassion même… comme si de rien n’était… ( Peut-être pas vraiment… )

Faudrait- il pour autant les haïr eux et leurs descendants ?

Ce fléau qu’est la guerre  !

Aimez vos ennemis ! disait Jésus

Le seule vrai anti-dote aux ravages de la guerre ?

Quel défi à relever!

PS : Le Japon a perdu 2-1 et je dois avouer que j’ai pas eu le courage de voir tout le match : elles étaient tellement petites faces à ces grandes suédoises…demain je souffrirai encore quand jouera la Colombie et après la France ! Des émotions en perspective

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