Vive les oiseaux!

Samedi 16 mai, 2020, la Virginie

Dehors, j’attends la pluie qu’on nous a prédit mais qui n’est pas encore arrivée…

Au-dessus de ma tête, les oiseaux sont vraiment bruyants: je les entends mais je n’arrive pas à les voir… Un peu plus loin, il semble que la paire de cardinaux a eu des petits…ils viennent maintenant picorer les graines qui sont dans le mangeoire au milieu du jardin,

(Finalement, j’arrive à voir l’un d’entre eux, c’est un rouge-gorge)

Ils vivent leur propre vie..totalement indifférents à la nôtre…comme si on n’existait pas…, ils vivent, se déplacent à leur propre rythme, picorent, volettent, sautillent, s’appellent, se répondent…

Et je ne sais pas pourquoi mais ça m’étonne,

Qu’ils nous soient indifférents?

Qu’ils échappent à notre contrôle?

Qu’ils puissent exister loin de notre regard?

Que nos émotions et nos préoccupations ne soient pas les leurs?

Parce-que c’est vexant, qu’on ne soit pas au centre de leur monde?

C’est pourtant rassurant…

En les regardant, on peut vivre loin de la pandémie, loin des discours des hommes politiques, loin des images des manifestants en colère arborant des armes..

Leur indifférence nous enseigne notre futilité,

L’illusion de notre importance, les limites de notre pouvoir,

La vacuité de nos angoisses

(Surtout que maintenant que la phase 1 du déconfinement a commencé, j’entends le bruit des voitures qui passent sur la route qui ces derniers temps s’était tu ou presque…pas de poids lourd semble-t-il encore mais des motos qui vont à toute allure)

Vive les oiseaux!

On ne peut pas mentionner les oiseaux sans citer ce poème de Prévert! Pour le plaisir!


Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Répétez! dit le maître

Deux et deux quatre
Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize…

Mais voilà l’oiseau-lyre
Qui passe dans le ciel
L’enfant le voit
L’enfant l’entend
L’enfant l’appelle :

Sauve-moi
Joue avec moi
Oiseau!

Alors l’oiseau descend
Et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre…

Répétez! dit le maître

Et l’enfant joue
L’oiseau joue avec lui…

Quatre et quatre huit
Huit et huit font seize
Et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
Et surtout pas trente-deux
De toute façon
Et ils s’en vont.

Et l’enfant a caché l’oiseau
Dans son pupitre
Et tous les enfants
Entendent sa chanson
Et tous les enfants
Entendent la musique

Et huit et huit à leur tour s’en vont
Et quatre et quatre et deux et deux
A leur tour fichent le camp
Et un et un ne font ni une ni deux
Un à un s’en vont également.

Et l’oiseau-lyre joue
Et l’enfant chante
Et le professeur crie :

Quand vous aurez fini de faire le pitre!

Mais tous les autres enfants
Écoutent la musique
Et les murs de la classe
S’écroulent tranquillement.

Et les vitres redeviennent sable
L’encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseau.

“Page d’écriture”, tiré du recueil “Paroles”

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